HISTOIRE L'homme ne vit pas que de pain. C'est ce qu'ont enfin compris, après cinquante années de suprématie de l'histoire économique et sociale, les historiens. L'histoire politique revient au premier plan. Chacun redécouvre l'importance de la philosophie politique et des sciences administratives et juridiques pour comprendre les règles et les écarts du développement politique occidental.
Quelle est la nature du pouvoir moderne : a-t-il emprunté au droit romain, à l'Empire allemand ? Et comment contrôler la croissance de l'Etat ? A ces questions redevenues essentielles, Blandine Barret-Kriegel répond en examinant le processus d'élaboration du pouvoir. Elle explique comment l'Etat administratif l'a emporté sur l'Etat de justice et ce que notre citoyenneté démocratique actuelle doit à l'Ancien Régime.
Brillant et incisif, les Chemins de l'Etat renoue avec la grande tradition de l'Ecole française d'histoire politique et permet de saisir l'origine et les structures de notre Etat-providence.
Pour la première fois dans l'histoire, l'humanitaire fait la guerre. Mais Restore Hope, le débarquement spectaculaire des marines sur les plages de Mogadiscio et la relève prise par l'ONU, désormais engagée dans des « raids punitifs », n'auront été qu'un entracte entre deux catastrophes : la famine, résultat d'une guerre civile qui a fauche 300 000 Somaliens dans l'indifférence d'un monde longtemps coupable de non-assistance a population en danger ; la tentative de restauration d'un Etat victime d'un « suicide national », livré aux seigneurs de la guerre, ceux-là même qui ont pillé et dévasté le pays au prix d'une génération.
Ce livre retrace tous les épisodes du drame somalien, de 1989 à juillet 1993, de la lente et sanglante agonie du régime de Siad Barre a sa chute, des luttes fratricides à la famine, de l'intervention militaro-humanitaire des Américains au retour de l'ONU. Il montre comment l'humanitaire a tenu lieu de politique a une communauté internationale plus soucieuse de soulager sa conscience, à n'importe quel prix, que de comprendre, pour la résoudre, la crise que traverse un pays abandonne. L'échec est dès lors inéluctable. Nourrie de force, manu militari, sans Etat ni armature morale, son histoire et sa culture scandaleusement ignorées en dépit d'un déferlement cathodique exceptionnel, la Somalie est sur le point de devenir un « cimetière » de l'aide humanitaire, terra incognita ou rôdera à nouveau la mort, dans l'indifférence des bienfaiteurs d'hier.
Entre carnet de route et essai, cet ouvrage, rempli d'informations inédites, allie la rigueur de la démonstration à la vivacité du reportage.
Stephen Smith est, depuis 1988, le responsable Afrique de Libération. A plusieurs reprises, notamment au moment de la chute du dictateur Siad Barre, il a été l'un des très rares journalistes occidentaux présents en Somalie.
Le Parti communiste français a publié vingt-huit listes noires de 1933 à 1945. Deux mille trois cents noms, noms de « traîtres » ou supposés tels, noms de militants, stigmatisés pour leur conduite, leurs relations ou leurs choix politiques, sont inscrits sur les listes noires. À un degré plus ou moins fort, tous sont voués aux gémonies. Le Parti communiste leur promet les pires ennuis et les désigne comme des agents potentiels de l'ennemi infiltré dans ses rangs. Avant la guerre, ces militants sont discrédités, alors que pendant l'Occupation, certains sont assassinés et d'autres blessés. Les listes noires ne servent pas seulement à condamner d'anciens militants communistes. Elles servent d'abord à éduquer les militants. Elles énoncent, via les motifs d'exclusion, ce que ces derniers ne doivent surtout pas faire. Elles rappellent des conduites prescrites et des règles intangibles qui régissent le Parti. Car les listes noires sont une des marques du stalinisme à la française. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si ses concepteurs ont été formés à Moscou dans les écoles des cadres soviétiques... À travers l'étude de ces listes noires, les auteurs abordent ainsi divers aspects fondamentaux du communisme, interrogent son identité même, ses structures et ses représentations. Pour cela, des archives nombreuses et variées ont été consultées : archives publiques et fonds privés, archives russes et françaises, nationales et départementales, policières et militantes.
Enquêter sur la Sacem ? Plus d'une fois, les interlocuteurs d'Irène Inchauspé et de Rémi Godeau ont tenté de les en dissuader. Des conseils en forme de menace voilée (" Vous avez tout à y perdre ") aux procès en irresponsabilité (" Vous faites le jeu des Américains ") et aux fantasmes de persécution (" Mais pourquoi nous détestez-vous tant ? ").
Pas étonnant dans ces conditions que, depuis sa création en 1850, la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique ait largement échappé aux regards et aux questions, et ce malgré son statut d'entreprise privée, certes, mais chargée d'une mission de service public, à savoir répartir le plus équitablement possible les quelque 610 millions d'euros de droits d'auteur générés tous les ans par l'exploitation des oeuvres musicales.
Pourquoi cette opacité ? Parce que la Sacem se situe au confluent de tous les pouvoirs - culturel, économique, politique -, et parce qu'un homme, Jean-Loup Tournier, l'a dirigée d'une main de fer pendant quarante ans, réduisant au silence toute contestation interne et décourageant quiconque de s'y intéresser de trop près - y compris son autorité de tutelle.
Mystères de l'héritage Ravel, des droits des compositeurs juifs pendant la guerre, des coûts de fonctionnement pharaoniques : Main basse sur la musique nous permet d'entrevoir, pour la première fois, quelques-uns de ces secrets si jalousement gardés.
" L'Afrique noire est mal partie ", alertait René Dumont en 1962, alors que le " soleil des indépendances " venait de se lever sur le continent, résolu à prendre son destin en main. Quarante ans plus tard, mal partie et jamais arrivée, l'Afrique se meurt : 3,3 millions de victimes dans la guerre au Congo-Kinshasa, 800 000 Tutsi massacrés lors du génocide au Rwanda, 200 000 Hutu tués au cours de leur fuite à travers l'ex-Zaïre, 300 000 morts au Burundi, autant en Somalie, sans parler du Soudan, du Congo-Brazzaville, du Liberia, de la Sierra Leone, de la Côte d'Ivoire... La moitié dû continent est dévastée par des " guerres d'écorcheurs " ; l'autre vivote entre crise et corruption, tribalisme et anarchie. Emigration clandestine, fuite des cerveaux : les meilleurs partent. Dans nombre de pays, les fonctionnaires cumulent des mois, voire des années, d'arriérés de salaire, les hôpitaux sont des mouroirs, les écoles fermées. L'Etat s'effondre. Seuls quelques îlots émergent dans un océan de malheur. Le sida frappe partout, emporte les élites, réduit l'espérance de vie de quinze à vingt ans. Pourquoi l'Afrique meurt-elle ? Après avoir été martyrisée par la traite esclavagiste et soumise par le colonialisme, l'Afrique, handicapée dans le commerce international, en retard sur tous les plans, se suicide. Ses habitants, tétanisés par un présent qui n'a pas d'avenir, s'enferment dans un autisme identitaire. Face à la mondialisation, ils capitulent en postulant " l'homme noir " irréductible à l'universel.
Depuis vingt ans, Stephen Smith parcourt l'Afrique comme journaliste, depuis 2000 pour Le Monde. Fort de son expérience du terrain et d'une prodigieuse documentation, il dresse un bilan exhaustif des maux du continent, avec ce " supplément d'autodamnation ", l'exception culturelle mortifère qu'il appelle la " négrologie ". Trempée dans les plaies de l'Afrique, sa plume vive et précise rend horriblement crédible son diagnostic, à savoir que le berceau de l'humanité risque de devenir une nécropole au sens propre, hélas, mais aussi au sens figuré comme tombeau d'une certaine idée de l'Homme.
Jeté malgré lui dans la politique par l'oppression de son pays, václav hävel n'a cessé de réfléchir, depuis plus de vingt ans, à la nature de cette oppression et d'en dénoncer les effets. l'intérêt de ces essais vient avant tout de la qualité des analyses et de la profondeur de la réflexion. la « lettre ouverte à g. husak » est un véritable « j'accuse » contre la dictature communiste ; l'adresse à un congrès pacifiste ou le discours à l'université de toulouse sont l'occasion de réflexions plus générales ; « le pouvoir des sans-pouvoir » est une méditation sur la signification de la « dissidence ». l'unité de contenu est cependant réelle, car havel s'adresse à trois sortes d'interlocuteurs.
Aux responsables de la dictature communiste en tchécoslovaquie, il dit ceci : « derrière une apparence de " normalisation ", vous avez installé le règne de la peur, du mensonge et de la corruption à tous les niveaux. vous assurez la ruine du pays en étouffant la création et en voulant, à terme, abolir toute mémoire collective, toute vie sociale autonome pour régner sur un peuple anesthésié et une société désintégrée. cela, nous le refusons. » havel appelle en conséquence ses concitoyens à revendiquer les droits de la conscience morale individuelle, à refuser le mensonge, à restaurer la responsabilité personnelle et la parole publique. tel est le sens du combat pour les droits de l'homme et celui de la charte 77. l'intégrité individuelle et le maintien de l'identité collective sont à ce prix.
C'est aussi à nous, occidentaux, que s'adresse havel. il nous aide à connaître la réalité de la situation de son pays. il démontre les risques, vus de l'est, de nos ignorances et de nos naïvetés (un certain pacifisme). il nous fait comprendre le prix de la dissidence sans se réduire à celle-ci. on trouvera ici les éléments d'une réflexion plus générale sur le monde et la société modernes. c'est pourquoi ce livre d'un homme emprisonné à quatre reprises nous invite à prendre conscience des conditions de la liberté.
Né en 1936 à prague. václav havel est un auteur dramatique de renommée internationale. ses pièces, jouées dans le monde entier, sont interdites en tchécoslovaquie. porte-parole à deux reprises de la charte 77, václav havel a passé en tout cinq ans en prison depuis 1977.
Né en 1923, jan vladislav, essayiste et poète d'origine tchèque, a été à prague jusqu'en 1981 l'animateur d'une collection éditée clandestinement. installé en france, il a enseigné à l'ecole des hautes études en sciences sociales jusqu'en 1988. un ouvrage consacré à václav havel et préparé sous sa direction a été publié à londres en 1987 (václav havel or living in truth, faber and faber).
Le 11 septembre 2001, les attentats contre le World Trade Center et le Pentagone ont plongé le monde dans la stupeur, au point que beaucoup ont été tentés d'y voir un changement de paradigme, le moment où est « mort le monde ancien ». Cinq ans plus tard, il est temps que nos yeux se décillent : ce monde partagé en deux blocs n'est pas mort en 2001, nous dit Ali Laïdi, mais en 1989 avec la chute du Mur. Avec l'émergence d'une unique hyper-puissance, la guerre froide, de nature idéologique, s'est muée en une guerre économique mondiale, une guerre menée par tous contre tous, qu'on appelle par euphémisme mondialisation.
Les effets de cet affrontement non-violent sont ravageurs pour des civilisations traditionnelles, dont les modes de vie et les valeurs plient sous la déferlante d'images, de sons et de mots venus d'ailleurs, porteurs de modernité et de promesses de mieux-être que rien ni personne ne peut satisfaire.
Chez les populations musulmanes, elle se heurte à une résistance plus farouche qu'ailleurs. L'inertie de leurs gouvernements et de leurs élites, voire la compromission de celles-ci avec l'Occident, ne font que décupler la frustration et la rage de populations arabes qui ont l'impression de ne plus maîtriser leur destin. La religion devient alors pour les plus exaltés d'entre eux le seul refuge de leur identité menacée, le dernier sanctuaire de leur souveraineté personnelle et collective. Loin d'être la source de leur haine, comme le veut un contresens couramment répandu en Occident, elle en est le vecteur, le mode d'expression.
Face au danger d'une « guerre sans fin » où le terrorisme, l'arme des faibles, susciterait une réponse toujours plus belliqueuse des forts, Ali Laïdi plaide pour que l'Occident prenne enfin conscience des dommages collatéraux occasionnés par la mondialisation, et pour que les élites arabes, de leur côté, fassent sauter les verrous qui enferment leurs peuples dans le cercle vicieux de l'échec et du ressentiment.
Il n'aurait jamais dû survivre aux épreuves de son enfance. Mais il siège aujourd'hui au parlement européen après avoir accompli à la radio et à la télévision une des carrières les plus exemplaires et diversifiées que l'audiovisuel français a jamais connues.
Comment ce qui ressemble à un miracle a-t-il pu se produire ? C'est ce que ce livre raconte. Si une énergie sans faille n'avait pas guidé la vie entière de Jean-Marie Cavada, on pourrait parler de conte de fée. Orphelin de l'Assistance publique, recueilli par une famille de paysans des Vosges, à 15 ans il garde des vaches, à 25 il est journaliste à la station strasbourgeoise de Radio-France, à 35 il dirige la rédaction d'Antenne 2, à 55 il est P-DG de Radio France. Aujourd'hui, à 65 ans, il est député européen. Entre-temps, il anime pendant plus de dix ans une des émissions les plus célèbres de l'histoire de la télévision française. Demain, où sera cet éternel jeune homme qui conserve intactes ses passions et sa combativité, et répugne autant à employer le mot de pouvoir comme substantif qu'il l'affectionne comme verbe.
Le lecteur découvrira l'itinéraire d'un homme qui a consacré sa vie à mieux appréhender le monde afin de transmettre aux autres sa propre soif de connaissances et ses questionnements les plus divers. Le résultat : une « marche dans le siècle » doublement exemplaire. D'abord parce qu'elle prouve que rien n'est impossible à qui veut entreprendre et désire faire bouger les choses. Ensuite, parce qu'elle constitue le vibrant hommage d'un homme qui n'hésite pas à affirmer qu'il doit tout à l'école de la République, à un système qui pose l'égalité des chances et donne à chacun les moyens de réussir sa vie. Une belle leçon d'humanisme, de volontarisme et de lucidité que nous dispense celui qui n'hésite pas à écrire : « Je n'ai jamais eu d'ambition, j'ai eu pire : l'orgueil de bien faire ce que j'avais à faire. »
Les vagues d'attentats de l'annus horribilis 2015, Françoise Rudetzki, experte reconnue de la prise en charge des victimes du terrorisme, en a vu les retombées de près.
Elle raconte quel fut son parcours depuis qu'elle fut obligée de de saborder son outil de travail, SOS Attentats, en 1998 faute de subventions. Dépositaire d'une expérience juridique et médicale précieuse, siégeant au Fonds de garantie des victimes d'actes de terrorisme qu'elle a initié, habituée à interpeller les puissants et à écouter les victimes, elle fut sollicitée en janvier puis en novembre pour informer les services de secours, les équipes municipales du 10e et 11e arrondissement de Paris, les militaires et surtout assister les victimes. Elle dut se rendre à l'évidence : malgré l'attitude exemplaire des équipes médicales, le pays n'avait toujours pas de plan d'ensemble qui permettrait de coordonner les intervenants et de prendre en charge efficacement les survivants et les proches des victimes.
À l'hôpital militaire des Invalides où elle est chargée d'une mission de formation, elle recueille les témoignages poignants de grands blessés du Bataclan, des terrasses et du Stade de France dont les vies sont à jamais bouleversées. Face à l'ampleur des événements, et comme toujours, en combattante qu'elle est restée, elle plaide pour une mise à jour des procédures d'aide d'urgence aux victimes d'attentats et pour leur prise en charge et leur suivi complet, y compris psychologique, par l'État et non par des associations. Elle milite pour la généralisation en l'Europe de la législation française, unique au monde, en matière d'indemnisation.
La politique est un jeu de massacre. Jadis, des parrains, Mitterrand ou Chirac, faisaient régner un semblant d'ordre. En 2014, il n'y a plus de figure tutélaire, plus aucun respect et il n'y a donc plus que du désordre. Depuis la publication de Tous les coups sont permis, précédent livre des auteurs, le rythme des exécutions s'accélère. Sous l'impact de la « webisation » de la planète, de la prise de pouvoir des réseaux sociaux et de la dictature de l'image, la lessiveuse tourne à plein régime, broyant carrières, destins et parfois familles au gré d'une foultitude de coups bas, crocs en jambe et trahisons. À gauche, la figure de François Hollande, profondément délégitimée, ne suscite (presque) plus que railleries et critiques dans son propre camp. De Duflot à Montebourg en passant par Hamon et Filippetti, tous les « ex » souvent virés sans ménagement, quand ils dépeignent le pouvoir de l'intérieur, relatent la rapide dégringolade du hollandisme et déversent leur ressentiment à l'endroit du chef de l'État et du petit caporal Manuel Valls. De son côté, Nicolas Sarkozy continue d'inspirer la terreur parmi ses ex-vrais-faux fidèles. Xavier Bertrand, François Fillon, Bruno Lemaire, Hervé Mariton s'affranchissent à leurs risques et périls. D'autres ont fini par se ranger, un temps, résignés. Tous épanchent leurs états d'âme et dévoilent ce qu'ils pensent vraiment d'un chef qui les opprime autant qu'il les fascine. Depuis le cas Trierweiler et le Gayetgate, jusqu'aux blessures qui divisent le clan Le Pen, la haine se déploie dans chaque camp, et d'abord entre alliés, camarades, voire frères autoproclamés. Lâches ou aigris, revanchards ou tout simplement découragés, un long cortège de grands blessés de la politique, eux-mêmes tour à tour assassins et victimes, se racontent dans ce livre. Une somme de confessions inédites et explosives qui racontent, au-delà de ces destins individuels, cette grande machine à dépecer les êtres qu'est devenue la vie politique. Jusqu'à la boucherie finale qui achèvera les politiques, et la démocratie avec eux ?
Avis de tempête. Le système des grandes écoles françaises ne vacille plus, il tangue. Jamais ses grands fondements n'ont été à ce point remis en cause. Jamais ses acteurs n'ont été à ce point ébranlés par le doute. Lors de la campagne présidentielle, ce sont des bénéficiaires du système, les élites politiques, qui ont critiqué, à gauche son inéquité, à droite son inefficacité ; plus globalement, on dénonce arrogance et corporatisme. La formation endogamique et frileuse des élites françaises a-t-elle vécu ? Les grandes écoles le savent : déprimées par leurs mauvaises places dans les classements internationaux, conscientes du mauvais état - à quelques exceptions près - de leur recherche, elles voient miroiter au loin l'autre système étranger, plus ouvert, plus dynamique, plus international. Profitant de cette crise identitaire, les auteurs ont ouvert les portes d'un monde jusqu'alors fermé et hautain. Élèves, directeurs d'écoles et ministres prennent la parole. Des psychologues évoquent la souffrance des étudiants, d'anciens élèves dévoilent les magouilles à l'origine des classements.. Tous racontent le monde étrange et archaïque des classes préparatoires, unique au monde, véritable pivot du système, et qui vacille lui aussi. Des experts démontrent pourquoi ce schéma nuit gravement à la santé économique du pays. Ce sont les derniers sursauts d'une réseaucratie incroyablement monarchique, issue de la dizaine d'écoles qui forme aujourd'hui la quasi-totalité des élites, l'Ena - de loin la plus sélective et la plus critiquée-, Sciences-Po, les grandes écoles d'ingénieurs - Polytechnique, les Mines, les Ponts et Centrale - l'Ecole Normale Supérieure, et les trois écoles de commerce parisienne : l'ESCP-EAP, l'ESSEC et HEC. Une enquête minutieuse et vivante sur la formation des hommes et des femmes de pouvoir.
Patrice cohen-séat est l'un des principaux dirigeants du parti communiste français, codirecteur de la campagne présidentielle de marie-george buffet en 2007.
Il revient ici sur l'échec de la gauche et la " berezina communiste " de 2007 qui pose la question de la place de son parti dans la société française. il assume sans détour sa responsabilité. mais surtout, il ouvre en grand l'analyse de la " crise historique de la gauche ". qu'est-ce que " la gauche " ? d'où vient " la chute de l'ange communiste " ? où va le parti socialiste ? ii pousse la réflexion sur les " points chauds " de l'histoire de la gauche et du communisme, et propose une critique de fond de notions comme égalitarisme, collectivisme, étatisme, internationalisme, révolution...
Ii réexamine à cette lumière certaines questions politiques au coeur de l'actualité : l'assistanat, la fiscalité, la réduction du temps de travail, l'europe, la mondialisation, les délocalisations, la dépénalisation de l'usage des drogues... sa thèse est que le communisme s'est politiquement construit comme le contraire du capitalisme alors que la réalité, selon marx lui-même, appelait à le dépasser en allant plus loin dans tous les domaines : liberté, égalité, efficacité, solidarité...
Ii ouvre alors des pistes pour une nouvelle conception de cette espérance d'émancipation humaine qui a pris le nom de " communisme ". n'esquivant aucun tabou, il tente de définir les conditions nécessaires d'un tournant vital pour la gauche, et pour le parti communiste, dont il remet tout en question.
En démocratie, tout le monde a le droit de s'exprimer. En théorie. Jamal Dati, frère de la future-ex-ministre de la Justice a failli ne pas avoir cette chance. Victime de nombreuses pressions de la part de son entourage, cet homme de trente-six ans s'est heurté à toutes sortes de difficultés avant de pouvoir se confier dans ce livre d'entretiens. Il fallait qu'il se taise. Son crime ? Être le « vilain » petit frère de Rachida Dati. Jamal, avant-dernier de cette fratrie de 11 enfants, n'a pas eu en effet un parcours exemplaire. Dans les quartiers difficiles de Chalon-sur-Saône, il a connu le quotidien terriblement banal d'un gamin de cité. En rébellion contre son père autoritaire, il plonge dans la drogue et la délinquance. En 2001, il est condamné à 18 mois de prison ferme pour trafic de stupéfiants. À sa sortie, malgré une réinsertion professionnelle réussie, il n'arrive pas à décrocher de l'héroïne et se retrouve à nouveau impliqué dans une histoire de deal. Jamal est condamné à six mois avec sursis en février 2007. Mais le procureur de Verdun fait appel et lorsque le procès se tient, Rachida Dati est devenue garde des Sceaux. Dans les médias, c'est la curée. Malheureux hasard de calendrier : la ministre défend sa loi contre la récidive au moment même où le tribunal de Nancy condamne Jamal à un an ferme. Tandis que Jamal a le sentiment de payer le prix fort pour le fait d'être le « frère de », la ministre clame haut et fort qu'elle n'a plus rien en commun avec ce frère qu'elle prétend même ne plus voir depuis longtemps. Ce qui n'est pas vrai : la famille Dati est un clan très soudé, Rachida et Jamal ne cessent de se croiser mais ils ne se parlent plus. Ou plus précisément, Rachida n'adresse plus directement la parole à Jamal. Aujourd'hui Jamal veut « recadrer les faits », dit-il. Il veut raconter sa version du mythe Dati au travers de son enfance dans une famille très sévère, son expérience en prison et, bien sûr, ses relations avec sa soeur. Ce livre n'est pourtant pas un règlement de comptes. Récit intime d'une fraternité parfois compliquée, c'est surtout le témoignage d'un homme qui a changé et qui aimerait qu'on reconnaisse son courage. « Tout ce que je raconte dans le livre, je pourrais le lui dire en face », affirme Jamal. Si Rachida Dati acceptait enfin de l'écouter.
Depuis l'effondrement de l'Empire soviétique, et singulièrement depuis l'élection de George W. Bush, les Etats-Unis ont adopté vis à vis du reste du monde une posture qui se veut ouvertement impériale, pour ne pas dire impérialiste. Michael Mann passe en revue les ressources économiques, morales, politiques, militaires et idéologiques qui fondent cette prétention, et parvient à la conclusion qu'elles sont insuffisantes ou inadéquates. L'Amérique, nous dit-il, n'a tout simplement pas les moyens de ses ambitions. Cet « empire incohérent, hyper- puissant mais dépourvu d'autorité », comme le décrit Michael Mann, est condamné à créer par son interventionnisme brouillon un monde plus dangereux et non pas plus pacifique que celui que nous connaissons. Empêché de déchaîner toute sa force destructrice pour anéantir l'ennemi et reconstruire un monde à son image, ce qui de tout temps a caractérisé les empires, l'Amérique ne peut qu'exacerber les haines et la violence. Comme « tout ce qui ne tue pas renforce », comme le soulignait Nietzsche, le terrorisme, cette arme des faibles, ne peut que proliférer, ainsi d'ailleurs que les armes de destruction massive. Michael Mann plaide, en conclusion, pour que les Etats-Unis adoptent une vision multi-latérale du monde et pour un retour à des valeurs moins idéologiques et plus réalistes.
Jospin et Lang forfaits, ils seront en définitive trois à solliciter en novembre 2006 les suffrages des militants socialistes en vue de l'investiture du candidat officiel qui portera les couleurs de la rose au poing à l'élection présidentielle de 2007. C'est beaucoup pour un parti qui auparavant ne voyait se présenter qu'un ou deux candidats au maximum. Jamais, il faut le dire, ce parti n'a été le théâtre d'un tel affrontement interne. Aux questions politiques (opposition entre le oui et le non à la Constitution européenne, carte scolaire etc.) s'ajoutent des rivalités de personnes entre les différents acteurs, qui ne sont pas tous candidats à l'investiture, (Lionel Jospin, Jack Lang, François Hollande entre autres), mais qui tous comptent peser sur le processus de désignation, avec comme moteur des ambitions effrénées et un solide appétit de pouvoir. Les couteaux sont tirés. L'autome des longs couteaux propose une chronique de trois mois, au jour le jour, une sorte de journal de bord depuis l'Université d'été de La Rochelle fin août au sacre du vainqueur fin novembre 2006. La bataille interne risque d'être aussi intense que lors du congrès animé de Rennes de 1990 qui avait vu les " éléphants " se déchirer à belles dents.
Au programme :
- Le dépôt des candidatures du 30 septembre au 3 octobre. Les trois candidats sur la ligne de départ. Photo.
- Les péripéties de la campagne interne, rythmée par les réunions de section (une à Paris dans la 14e, l'autre en province sans doute dans l'Allier), des réunions avec des militants et des débats entre les candidats et leurs supporters.
- Le verdict des urnes, avec récit de la soirée électorale de désignation dans une section parisienne le 16 novembre et éventuellement lors du second tour le 23 novembre. Déroulement du vote. Ambiance à la Fédération de Paris et au siège national rue de Solférino.
- Le sacre : congrès extraordinaire d'investiture le 26 novembre.
Et tout au long de ce feuilleton inédit, la description des grandes man'uvres, des coups bas, des alliances de circonstance, des petites phrases et des confrontations sur le plan politique. Choses vues et entendues sur le terrain, dans les cafés, au restaurant, dans les bureaux, dans les médias et sous les lambris dorés des palais de la République.
Le Parti socialiste joue gros dans cette confrontation et pourrait se trouver à un tournant de sa longue existence. Certains observateurs estiment même qu'il joue sa survie, surtout si Ségolène Royal, la socialiste atypique, l'emporte. Après des mois de déchirements internes le parti socialiste aura sans doute du mal à panser ses plaies et à se regrouper en rangs serrés derrière son champion pour affronter efficacement la droite en avril 2007.
De part et d'autre des périphériques et des rocades, deux france s'invectivent.
La France qui a peur ne veut voir dans celle des cités que délinquants, islamistes et graines de terroristes insolubles dans la République. Cette France qui fait peur, trop souvent laissée pour compte, hurle à la discrimination, au racisme et à l'"islamophobie".
Dans cette cacophonie de lieux communs, personne ne s'entend, car personne n'écoute, chacun se contentant de projeter sur l'autre ses fantasmes et ses préjugés, ses angoisses et ses frustations. Résultat : le contrat social qui a fait de la France un pays de mélanges et de rencontres bat sérieusement de l'aile.
Pour éviter qu'il ne finisse en miettes, Caroline Fourest propose une remise à plat radicale des idées reçues qui prospèrent de part et d'autre. Systématiquement, avec rigueur et impartialité, elle les recense, les décortique et les analyse :
- La France est-elle victime de l'islamisation ?
- la polygamie est-elle responsable des émeutes de novembre 2005 ?
- La presse est-elle "islamophobe" ?
- La France est-elle raciste ?
- La justice est-elle laxiste ?
- Deux poids, deux mesures ?
- Le modèle anglo-saxon fonctionne-t-il mieux ?
Sans fantasmes ni angélisme, Caroline Fourest répond aux questions des Français. De tous les Français. Ceux qui risquent de céder aux amalgames. Et ceux qui risquent de répondre aux amalgames par d'autres amalgames.
La loi sur la parité a sept ans, le temps des premiers bilans. Parité par-ci, parité par-là, le mot est entré dans le dictionnaire du politiquement correct. Mais au-delà du « chabadabada » des scrutins de liste (un homme, une femme), la parité a-t-elle véritablement transformé la vie politique française ?
Les avancées sont évidentes. Il y a eu bien sûr la désignation de Ségolène Royal comme candidate du PS. Il y a eu encore le choix de Nicolas Sarkozy de constituer un gouvernement paritaire. Mais précisément, lorsque le président de la République parraine des femmes talentueuses pour la plupart inconnues des électeurs, est-ce cela la parité ? N'est-ce pas plutôt la faveur du prince qui place selon son bon vouloir les femmes dans le jeu politique ? Pourquoi revenir sur un sujet qui a déjà fait couler beaucoup d'encre ?
L'expérience de Lucile Schmid, élue PS, est au coeur de ces ambiguïtés. Elle est évidemment entrée en politique grâce à la nouvelle loi qui lui a donné envie de s'investir d'autant que des places se libéraient. Doit-elle pour autant tout à la parité ? Enarque, haut fonctionnaire et militante, elle avait des atouts suffisants pour prétendre à la bataille électorale. Et pourtant, elle a fait bel et bien partie des candidates désignées « au nom de la parité ».
Avec un regard incisif mêlant brillamment témoignage et analyse politique, l'auteur démontre comment la parité mise en oeuvre par les appareils politiques selon des critères exclusivement différentialistes - différence sexuelle, apparence physique, jeunisme - dessert souvent la cause des femmes. Dépendantes, parrainées, à la merci d'un changement de dernière minute - une blonde pour une brune, une française d'origine étrangère pour une gauloise -, les femmes peinent à construire des trajectoires politiques et à s'ancrer durablement auprès des électeurs. Loin des parti pris caricaturaux ou des témoignages de femmes politiques reconnaissantes, Lucile Schmid jette un pavé dans la mare en dévoilant les coulisses du Parité circus.
Découvrez Les Héritiers de la République, le livre de Eric Fottorino. Quels sont les inspirateurs des actuels ou futurs dirigeants politiques français ? Derrière chacun d?entre eux existe une épaisseur, un engagement nourri par les valeurs qu?ont portées avant eux des personnages emblématiques dans lesquels ils se reconnaissent pour baliser ou inspirer leur action. Dans une époque où le personnel politique est discrédité, sévèrement jugé pour son absence de convictions, son opportunisme, son électoralisme, ce livre montre des parcours plus riches, plus complexes, étayés par des références qui les révèlent en creux dans leurs engagements profonds et leur culture plus que dans leurs ambitions. À chacun, à chacune, Éric Fottorino a posé une question simple : quelle est la figure qui a accompagné, éclairé, voire suscité votre engagement dans la vie publique ? La réponse est ouverte et parfois surprenante: les inspirateurs peuvent être des personnages de l?histoire ou des figures contemporaines, exemple Lech Walesa est l?inspirateur de Rachida Dati, Bonaparte celui de JF. Copé, Jeanne d?Arc/M. Le Pen, Jaurès/JL. Mélanchon, Clémenceau/R. Bachelot, Blum/P.Moscovici, Malraux/V. Pécresse, Mandela/R. Yade,? Bien d?autres se livrent encore comme François Hollande, François Bayrou, Manuel Valls, Jean-Louis Debré? Ces portraits finissent par composer un tableau très riche et varié de la République française, dans sa dimension historique. On y retrouve la défense des valeurs fondamentales, la laïcité, les libertés, les combats pour la justice, contre les discriminations, une forme d?héroïsme, tout au moins de courage, de capacité à lutter seul contre tous, de résister. Cette exaltation des vertus politiques les plus nobles montre des personnalités politiques sous un jour différent, inattendu, tissé d?anecdotes révélatrices de leur personnalité, de leurs traits de caractère, de leurs aspirations profondes, qui disent combien "Il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser." (Albert Camus)