Le livre Comme les autres volumes de sa trilogie Sphères, Peter Sloterdijk a pourvu Globes d'une abondante iconographie. Deux de ces images, dont le contenu et la forme sont largement commentés dans son texte, jouent un rôle majeur : celle de l'Atlante écrasé par le poids du globe terrestre (reproduite en couverture), et celle des philosophes réunis autour d'une sphère sur la mosaïque de Torre Annunziata. Autour de ces deux figures s'articule le changement radical de conception de la forme sphérique : la boule ? simple entité habitée et pesante ? et le globe ? incarnation même du principe du monde. Et c'est cette mutation que raconte ici Sloterdijk, avec son brio de conteur habituel.
Il nous conduit ainsi de la pensée antique à la philosophie contemporaine en passant en revue les différents stades qu'a parcourue la boule comme figure optimiste de la perfection, comme émanation d'un centre divin, et enfin comme principe philosophique du monde. La géométrie mène à l'étude de la boule réelle ? le globe terrestre, mais aussi le ciel et ses multiples " écorces ". Et cette étude de la boule mène à son tour, par la géométrie et la philosophie, avec Platon, à l'idée qu'il est possible de produire un monde idéel que l'on peut parfaitement considérer et traiter comme un monde réel. De là naîtra toute la philosophie médiévale, mais aussi la révolution de la conception du monde opérée notamment par Nicolas de Cues, Copernic et Giordano Bruno ? le passage du " monde clos à l'univers infini ". Ce deuxième volume de Sphères nous livre ainsi une histoire de la philosophie comme histoire des bouleversements dans la conception du monde sphérique.
Mais Peter Sloterdijk nous offre aussi avec Globes un impressionnant ouvrage d'histoire des rapports humains. Qu'il traite du lien entre le Soi et l'autre intime ? illustrée par exemple par les Confessions d'Augustin ou l'épopée de Gilgamesh ?, de la construction de la ville derrière des murailles disproportionnées dans la Mésopotamie antique, ou autour du cloaque dès les premières cités sédentaires, de la construction du Panthéon romain et de Saint-Pierre de Rome, il nous entraîne dans un voyage immense et passionnant à travers le monde et les époques, au gré de la position qu'y occupe le centre de la sphère.
L'auteur Peter Sloterdijk est considéré comme l'une des grandes figures de la philosophie contemporaine. Il est notamment l'auteur de Sphères I ? Bulles (Pauvert, 2002), Ni le soleil, ni la mort (Pauvert, 2002), et chez Maren Sell Éditeurs : Sphères III ? Écumes (2005), Le Palais de cristal (2006), Derrida, un égyptien (2006), Colère et Temps (2007).
Professeur à l'université de Karlsruhe, Peter Sloterdijk est considéré comme l'une des grandes figures de la philosophie contemporaine. Une grande partie de ses ouvrages est publiée dans la collection « Pluriel », notamment Le Palais de cristal, Bulles (Sphères I), Globes (Sphères II), Écumes (Sphères III) et Colère et Temps.Les conflits entre les religions monothéistes jouent, à notre époque, un rôle prépondérant et profondément inquiétant. Dans ce livre, Peter Sloterdijk prolonge une réflexion engagée de longue date sur la coexistence de structures antagonistes, telle qu'il l'avait étudiée dans Bulles et Écumes. Décrivant et analysant la naissance des trois monothéismes - le judaïsme, le christianisme et l'islam -, il montre comment ceux qui prônent la suprématie de leur seul dieu s'engagent dans des croisades de plus en plus excessives : la guerre sainte des islamistes en est un exemple terrifiant. Refusant l'utilisation de la religion comme « banque de vengeance métaphysique », il propose la reconversion de ces zélateurs de l'absolu en acteurs de la société, seule manière de remédier aux désastres de la folie de Dieu qui tue au nom de la vertu.
Peter Sloterdijk, dans ce dernier volume de sa trilogie, Écumes, sphérologie plurielle, part à la découverte de la structure alvéolaire qui permet aux êtres humains de coexister dans les sociétés modernes. Il y souligne le rôle de l'élément aérien, notamment dans les nouvelles techniques de destruction et d'extermination, développe une théorie des îles et de « l'insulation » humaine, se penche sur le phénomène de la cohabitation des « machines célibataires » vivant en cellules juxtaposées, ou encore sur le phénomène de la « serre », fabrication artificielle d'un milieu atmosphérique. En ceci, il répond à la question de la nature du lien qui fait tenir le sujet dans ce que la sociologie nomme traditionnellement « société ».
Peter Sloterdijk entre avec ce volume dans une phase d'observation de la civilisation contemporaine, dont il rattache l'évolution aux premiers mythes de l'écume, entre autres la naissance d'Aphrodite. Cette forme de pensée sereine en bulles, en écumes sert à prendre en considération la pluralité des approches et inventions du monde. De même, elle formule une interprétation philosophique et anthropologique de l'individualisme qui, en créant une atmosphère de liberté, dépasse les définitions entendues (cf. « Le malheur est la dernière idéologie »).
Que signifie " être libre " ? Y a-t-il une liberté absolue de la volonté ? Quel est le degré de liberté dont nous disposons quand nous prononçons un jugement moral ? Si notre volonté est entravée par tous les hasards de la vie, cela signifie-t-il que nous avons renoncé à être libres ? Et pourquoi serait-il si important que notre volonté puisse se manifester sans la moindre restriction ? Les termes " être libre " et " être responsable " s'opposent-ils ?
La Liberté, un métier pose toutes ces questions. Cet essai, écrit par un philosophe, n'est nullement une étude universitaire mais une présentation (et une discussion) des multiples solutions au problème de la libre volonté. Peter Bieri pousse les représentations ordinaires que nous nous faisons de la liberté dans leurs retranchements, jusqu'à obtenir une vision claire de ce que veut véritablement dire " être libre ".
La liberté n'est pas un cadeau qui nous est fait mais un inlassable travail, un métier qu'il faudrait apprendre et réapprendre chaque jour.
Nul n'est besoin de maîtriser parfaitement la pensée de Peter Sloterdijk pour trouver intérêt et plaisir à la lecture de ce petit ouvrage : l'auteur y emmène son lecteur dans une promenade accessible et très personnelle à travers les grands noms de l'histoire de la philosophie, depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours.
Ces " vignettes philosophiques ", d'une demi-douzaine de pages chacune, sont consacrées à 19 philosophes que l'on découvre par ordre chronologique. Sloterdijk présente chaque penseur et le situe dans l'histoire des idées ; surtout, il évoque leur " tempérament " - ce quelque chose à mi-chemin du caractère, du charisme et de la pensée qui constitue la personnalité - en autant de portraits vifs, ponctués de formules qui prennent à rebrousse-poil les idées courantes.
En quoi, pour des millions de spectateurs, consiste la fascination du sport, si l'intérêt ne se borne pas seulement à la question : qui remportera la victoire, qui sera perdant oe
L'auteur met son doigt de philosophe sur un phénomène de masse en invitant le lecteur à partager avec lui certains moments d'extase où, sidéré, il s'est trouvé devant le spectacle de la beauté athlétique. C'est cette notion de présence que partage le sportif et le spectateur, quand le premier " s'abandonne dans une intensité focalisée " au moment extrême de son art et que l'autre éprouve une jouissance esthétique incomparable.
Pendant quarante ans, Peter Sloterdijk a pris quotidiennement des « notes » dans de grands cahiers qui n'ont jamais été exploités. L'auteur de Sphères et de Tu dois changer ta vie a finalement accepté d'en publier une dizaine, couvrant la période 2008-2011. À mi-chemin entre le journal et les notes philosophiques, écrites d'une plume vive et mordante, nous y découvrons l'auteur au travail, ses projets, ses voyages, ses colères, ses souffrances et ses émerveillements. On y devine l'angoisse de la mort, la solitude du penseur, la difficulté à vivre dans cette époque qui est la nôtre ¿ « Quand nous partirons, écrit Peter Sloterdijk à la fin de ces notes, nous aurons le sentiment d'avoir passé notre enfance dans l'Antiquité, nos années de maturité dans un Moyen Âge que l'on appelait la modernité et nos journées de vieillesse dans une époque monstrueuse pour laquelle nous n'avons pas encore de nom. » Mais l'ouvrage fait aussi apparaître comment, au fil des jours et des lignes, une oeuvre majeure de la philosophie contemporaine se forme, entre la mélancolie de vivre et le bouillonnement des idées.
De Rousseau au Mont Ventoux, il n'y a peut-être qu'un tour de roue de vélo : celle de Peter Sloterdijk, philosophe dont on connaît la prestigieuse trilogie Sphères, les volumes majeurs que sont Colère et Temps ou Il faut changer ta vie, mais dont on ignore souvent les rapports complexes qu'il entretient avec la France. Il y exprime un amour teinté de distance et parfois d'ironie pour les grands auteurs français ou francophones ' Descartes, Voltaire, Dumas, Althusser, René Girard, Bruno Latour et tant d'autres. Il revient sur les grands événements de l'histoire de France, notamment la Révolution. Il observe avec étonnement le monde et de la vie politique en France ' on y trouvera entre autres un passage surprenant concernant Jean-Pierre Chevènement, et le texte fulminant paru sous le titre Théorie des après-guerres. Il évoque aussi les paysages et la montagne française dans un entretien inédit.
Cette mosaïque de vingt-deux textes (parfois parus en France en volume, parfois inédits) compose un portrait philosophique, politique, intellectuel et historique de la France telle que la voit Sloterdijk ' sans complaisance, mais sans renier ses admirations.
Le livre Éloge de la présence présente un plaidoyer passionné pour une nouvelle approche conceptuelle et une refondation des pratiques intellectuelles dans la recherche et l'enseignement de la littérature, de l'histoire et de la philosophie.
Hans Ulrich Gumbrecht retrace quelques grandes étapes des mouvements théoriques qui ont agité les études littéraires, historiques et philosophiques des trente dernières années et formule des hypothèses concernant la future orientation de la réflexion. À partir d'une analyse de l'histoire de ces disciplines, il postule avec audace qu'en se concentrant exclusivement sur la problématique de l'interprétation, c'est-à-dire sur l'attribution d'une signification, elles sont impuissantes à rendre compte d'une dimension commune à tous les phénomènes culturels. À elle seule, l'interprétation ne peut rendre justice à la dimension " présence ", qui rend tangibles les phénomènes et événements culturels, et affecte les sens et les corps. Cette philosophie de la présence ouvre la voie à une nouvelle esthétique de l'épiphanie et de " sérénité " qui dépasse les paradigmes établis.
L'une des caractéristiques majeures des oeuvres de Peter Sloterdijk est le lien qu'il sait nouer entre
le récit et la réflexion philosophique. C'est à cette qualité récurrente que l'on doit ce voyage
renversant opéré au coeur de la globalisation à l'aube du XXIe siècle.
Pour Peter Sloterdijk, l'année 1492 sonne le début de cette « mondialisation » qui a été précédé, du
point de vue scientifique, par « l'arrondissement » d'une planète que l'on croyait plate. Esprit
d'entreprise et goût du risque caractérisaient ce phénomène d'abord porté par des découvreurs et
des investisseurs, et qui a pris aujourd'hui une forme essentiellement économique.
Dans la phase finale de la globalisation, le système mondia l s'est totalement épanoui ; il donne à
toutes les formes de la vie les traits du capitalisme. Peter Sloterdijk utilise le Palais de Cristal de
Londres, lieu de la première exposition mondiale de 1851, comme métaphore extrêmement
éloquente de cette situation : le palais symbolise le caractère inévitablement exclusif de la
globalisation, la création d'une structure de confort, c'est-à-dire la construction d'un espace intérieur
dont les frontières sont invisibles, mais pratiquement infranchissables de l'extérieur, habité par un
milliard et demi de gagnants de la globalisation - ils sont trois fois plus nombreux à attendre devant
la porte.
« Le fait central des Temps Modernes n'est pas que la Terre tourne autour du soleil, mais que
l'argent court autour de la Terre. »