Lorsque l'insulteur a été grossier, il faut être encore plus grossier.
Si les invectives ne font plus d'effet, il faut y aller à bras raccourcis, mais là aussi il y a une gradation pour sauver l'honneur: les gifles se soignent par des coups de bâton, ceux-ci par des coups de cravache. contre ces derniers mêmes, certains recommandent les crachats, pour voir. c'est seulement lorsque ces moyens arrivent trop tard qu'il faut recourir sans hésiter à des opérations sanglantes.
" " qualifier de beau ce sexe de petite taille, aux épaules étroites, aux hanches larges et aux jambes courtes, ne peut être que le fait d'un intellect masculin troublé par l'instinct sexuel. " " les autres continents ont des singes; l'europe a des français. ceci compense cela ". " le plus grand bienfait des chemins de fer est qu'ils ont épargné à des millions de chevaux de trait leur lamentable existence.
" ainsi va schopenhauer, qui n'épargnait personne, même sa mère. ne lui écrivait-elle pas, à la veille de leur brouille définitive : " ton comportement dédaigneux à mon égard, ton mépris pour mon sexe, ta répugnance à contribuer à me faire plaisir. , cela et bien d'autres choses font que tu me parais parfaitement odieux ".
Dans le droit romain archaïque, homo sacer est un homme qu'on peut tuer sans commettre d'homicide, mais qu'on ne peut pas mettre à mort dans les formes rituelles. C'est cette vie insacrifiable et pourtant absolument exposée à la mort qui donne ici la clef d'une relecture de notre tradition politique. En suivant la trace du rapport constitutif entre la vie nue et le pouvoir souverain, d'Aristote à Auschwitz, de l'Habeas corpus aux Déclarations des droits, ce livre cherche à déchiffrer les énigmes le nazisme et le fascisme en premier lieu que notre siècle a posées à la raison historique. Lorsque la vue en tant que telle devient l'enjeu de la politique et que celle-ci se transforme en biopolitique, toutes les catégories fondamentales de notre philosophie politique, des Droits de l'homme à la démocratie, de la citoyenneté à la souveraineté populaire, entrent dans un procès d'évidement et de dislocation, dont le résultat est maintenant sous nos yeux.Traduit de l'italien par Marilène Raiola.
L'idée de " réalité ", le partage entre le possible et le réel, nous semblent des données évidentes de notre relation au monde, et nous comprenons immédiatement ce que veut dire un romancier lorsqu'il parle de son ambition de " dévoiler une dimension du réel " ou lorsqu'un homme politique accuse son concurrent d'" irréalisme ".Pourtant de telles expressions renvoient à un concept de réalité historiquement déterminé ; dans le premier cas, le roman apparaît comme une forme esthétique qui assigne à la fiction des ambitions qui n'auraient eu aucun sens dans le cadre de la vision antique de l'art comme " imitation " ou dans la pratique de l'épopée ; dans le second cas, la politique moderne est l'héritière d'une volonté de " réalisme " que l'on peut faire remonter à Machiavel, qui s'oppose moins à l'" utopie " au sens moderne qu'à un certain idéalisme platonicien. C'est dire que le concept de réalité, et son emploi dans les champs artistique et politique, ont une histoire, mais une histoire difficile à saisir, parce qu'elle se situe à l'arrière-plan des oeuvres et de la conscience des auteurs.Dans les deux articles ici réunis, Hans Blumenberg s'attache ainsi à dégager une typologie des grands " concepts de réalité " qui se sont succédé et parfois superposé dans l'histoire occidentale, afin de comprendre aussi bien la place fondamentale du roman dans la conscience moderne que les liens entre une rhétorique du " réalisme " et une politique de la puissance.Préface de Jean-Claude Monod.
La notion de justice sociale a suscité durant les dernières décennies d'intenses débats en philosophie morale et politique, surtout depuis la publication de la Théorie de la justice de John Rawls (Seuil, 1987).
Dans cet ouvrage, Michael Walzer défend une conception rivale de celle du contractualisme de Rawls et propose une théorie radicalement pluraliste de la justice. Reprenant la conception pascalienne des " ordres ", il soutient qu'il existe des sphères de justice distinctes. Ce qui vaut dans la sphère économique ne se laisse pas transférer dans la sphère de l'éducation, ou dans celle du pouvoir politique ; les loisirs, la famille, et même la grâce divine ont chacun leur " sphère " propre. Contre l'égalitarisme " simple " qui vise à distribuer les biens de manière égale, Walzer propose une théorie de l'" égalité complexe " : une société régie selon ce principe est une société dans laquelle aucun type de bien ne peut dominer les autres. Tout passage illégitime d'une sphère à une autre conduit à une forme spécifique de tyrannie. À travers une série d'enquêtes concrètes et originales, attentives au détail des manières dont les communautés ont forgé, à travers l'histoire, leurs systèmes de valeurs et de règles, Walzer propose ce qu'il appelle un " socialisme démocratique décentralisé ", et jette les bases d'une philosophie politique adaptée à un monde de valeurs conflictuelles.
Première publication : Verso (G.-B.), 2005. Comment les identités collectives se forment-elles et selon quelles logiques ? Pour répondre à cette question, l'analyse s'oriente très vite vers le populisme dont Ernesto Laclau propose une lecture iconoclaste, à contre-courant du rejet méprisant dont celui-ci est la plupart du temps l'objet. Quelles sont les logiques à l'oeuvre dans cet excès dangereux qu'est le populisme ? Loin de correspondre à un phénomène marginal, elles sont inscrites dans le fonctionnement réel de tout espace communautaire. Telle est la réponse de Laclau qui livre ici une réflexion fort riche et fort stimulante sur nos sociétés.
"Il s'agit ici du commencement de la philosophie grecque, c'est-à-dire de celui de la culture occidentale.
Un tel thème ne présente pas simplement un intérêt historique. Il concerne des problèmes actuels de notre culture, qui se trouve dans une phase de bouleversement fondamentale, mais aussi d'incertitude et de manque d'assurance en elle-même. L'interrogation des Présocratiques contribue donc à la compréhension de notre propre destin, qui commence précisément avec la philosophie et la science grecques, au temps où, dans l'espace méditerranéen, s'amorce la prépondérance maritime et commerciale de la Grèce.
Voilà le sujet que je me propose de traiter, dans certaines limites il est vrai et sans prétendre l'épuiser. Car une entreprise de cette sorte ne prend jamais fin en accédant au terme que l'on se proposait d'atteindre." (H.-G. Gadamer)
Selon une antique tradition, c'est Pythagore qui a inventé l'harmonie. On dit qu'un jour où il se promenait près d'une forge, il entendit un son merveilleux en sortir et s'aventura à l'intérieur. Il y trouva cinq hommes qui frappaient avec cinq marteaux. Quatre de ces marteaux avaient entre eux de merveilleux rapports de proportion qui, réunis, allaient lui permettre de reconstruire les lois de la musique. Mais il y en avait aussi un cinquième qu'il ne parvint pas à mesurer ; il ne put pas davantage rendre raison de ce son discordant. C'est pourquoi il l'écarta.
Qu'était-ce donc que ce marteau, pour que Pythagore décide si résolument de le rejeter ? Dans Le Cinquième Marteau, Daniel Heller-Roazen montre avec lucidité que cette décision donne une clé pour comprendre les idées d'harmonie, au sens le plus large du terme. Depuis l'Antiquité, le mot " harmonie " ne désigne pas seulement une théorie des sons musicaux ; il constitue un paradigme pour l'étude scientifique du monde sensible. Pourtant, à de multiples reprises, cette entreprise s'est heurtée à une limite fondamentale : quelque chose dans la nature lui résiste, refuse de se laisser transcrire dans une série d'unités idéales. Un cinquième marteau continue obstinément à résonner.
Ce dernier ouvrage de l'" enfant terrible " de la philosophie des sciences est issu d'une série de conférences données par Paul Feyerabend en 1992. Il offre une synthèse de sa pensée sous une forme particulièrement vivante, faisant place aux questions des auditeurs.
Le Feyerabend qui se dévoile dans ce livre est dépourvu de l'arrogance quelque peu provocatrice dont il pouvait faire preuve auparavant, notamment dans Contre la Méthode et dans Adieu la Raison. S'il est toujours aussi vif dans son expression, il est beaucoup plus souple quant à la formulation de ses thèses radicales, revendiquant assez souvent la légitimité de l'ignorance.
Il ne faut pas voir le titre comme une charge sans nuances contre la science, mais bien plutôt comme une protestation contre l'unilatéralisme de la pensée quand elle se revendique de la science seule. Feyerabend montre que nombre de considérations sur la nature des théories scientifiques sont tout simplement erronées et qu'elles conduisent à des généralités abstraites sans effets sur les problèmes les plus pressants de l'humanité - guerre, pauvreté, etc. Il conclut sur une défense iconoclaste de la valeur de l'expérience pratique pour équilibrer les prétentions d'une théorisation à tout-va.
Dernière oeuvre du corpus aristotélicien, probablement une des plus connues d'Aristote, La Poétique s'intéresse aux différents aspects de l'art poétique, comme la tragédie, l'épopée, et de manière anecdotique la musique.Traduire La Poétique sans la banaliser, en éclaircir le propos sans effacer les difficultés et les tensions internes, c'est la double tâche que les traducteurs se sont fixée.Pour l'helléniste, le texte grec, réexaminé avec soin, est en regard. Mais le non-helléniste est aussi introduit, autant que faire se peut, aux arcanes du texte et associé à sa lecture : l'ambivalence d'un cas, la polysémie d'un mot, le "jeu" syntaxique d'une phrase, autant de formes-sens que des notes éclairent et problématisent.Edition, traduction, commentaire, le livre sollicite son lecteur de s'engager à son tour dans les passages entrevus, déjouant les impasses, pour traquer le sens de ce discours fondateur qu'est La Poétique d'Aristote.
Texte, traduction, notes par Roselyne Dupont-Roc et Jean Lallot.
Si la philosophie politique ne se donne pas pour tâche de nettoyer la situation verbale, d'entreprendre une critique radicale de sa tradition et de son vocabulaire, elle se trouve dans une situation qui n'est pas sans rappeler celle que décrivait Pasolini : un homme utilise un horaire des chemins de fer périmé et s'étonne de ne pas voir passer les trains. Poursuivant l'archéologie entamée dans Le Règne et la Gloire, Giorgio Agamben mène dans ce nouvel ouvrage l'enquête sur la signature théologique des concepts cruciaux de la pensée morale et politique contemporaine. Comment penser l'action aujourd'hui ? Comment articuler action et oeuvre ? Alors que ces questions agitent la philosophie morale mais aussi les discussions politiques les plus vives, Giorgio Agamben se tourne vers leur passé théologique. À partir d'une archéologie de l'Opus Dei - l'oeuvre de Dieu - et ses notions fondamentales telles que la liturgie, le sacerdoce ou l'office, le philosophe italien montre que l'Église a inventé un nouveau paradigme ontologique et pratique dans lequel l'être prescrit l'action, mais l'action définit intégralement l'être. Et ce paradigme " offert à l'action humaine s'est révélé constituer pour la culture séculaire de l'Occident un pôle d'attraction étendu et constant ".
" Le fondement de la présente publication est que la réception de Wittgenstein est encore à venir. Je ne dis pas d'ailleurs que ce soit une mauvaise chose. L'écriture de Wittgenstein n'est pas du genre qui se prête à la professionnalisation. Je ne dis pas non plus que cette absence de réception soit surprenante. Comme les grandes oeuvres modernes depuis un siècle, les Investigations philosophiques sont, au sens logique, ésotériques, autrement dit elles sont essentiellement et toujours en attente de réception. Elles ont donc les désagréments des oeuvres-cultes qui exigent, pour être reçues sincèrement, le choc de la conversion. Wittgenstein avoue lui-même que son oeuvre "semble détruire tout ce qui est intéressant, c'est-à-dire tout ce qui est grand et important". Mais ce qui s'exprime ici, dans l'idée de destruction, c'est en réalité un renversement de nos idées de ce qui est grand et important. "S. C.
Frère et soeur par l'esprit, mais souvent radicalement opposés par leur idées, Hannah Arendt et Gershom Scholem ne cessèrent, plus de vingt années durant, d'échanger des lettres chargées de passion intellectuelle entre New York et Jérusalem.
Cette correspondance témoigne d'abord avec éclat des débats qui enflammèrent les intellectuels juifs (et pas seulement eux) après la Shoah : les Juifs doivent-ils former un État distinct fondé sur sa judéité ? Doivent-ils au contraire s'assimiler dans les pays de la diaspora ? Scholem soutint la première option, Arendt la seconde.Entre 1939 et 1963, le kabbaliste et la philosophe confrontent leurs opinions, profondément opposées, sur la judéité, le sionisme et l'attitude que doit adopter le peuple juif après la Shoah, échangent - parfois brutalement- leurs points de vue sur l'actualité politique, leurs écrits respectifs, mais aussi le destin des Juifs.
Un débat passionné qui s'achèvera sur une rupture violente, Scholem traitant finalement Arendt de "mauvaise juive" pour la façon dont elle avait rendu compte, dans la presse américaine, du procès Eichman (l'édition critique est remarquablement réalisée).
Issu de deux conférences, ce petit livre a une ambition apparemment modeste et purement érudite, rendre compte de l'image du monstre qui donne son titre au livre le plus célèbre de Hobbes, " Le Léviathan ".
Mais le lecteur s'aperçoit vite que les enjeux, historiques et philosophiques, de cette image vont au-delà de la simple historiographie. Comme le montre Carl Schmitt, pour penser un tel symbole, la restauration problématique qu'en propose Hobbes et son échec historique, il faut remonter à ses origines vétéro-testamentaires et aux diverses interprétations chrétiennes et juives qu'il a suscitées. Ce livre n'est pas seulement sur un symbole, c'est en lui-même un symbole, au sens où Schmitt s'y dévoile à travers Hobbes.
Livre sombre, écrit à l'ombre d'une des images bibliques les plus effrayantes, en un moment redoutable de l'histoire contemporaine. Par là même, essai décisif dans lequel s'entrecroisent le politique et le théologique et qui, bien que mystérieux et crypté, est indispensable pour comprendre Carl Schmitt - et ne rien lui céder en ce qui concerne ses positions antisémites.
Il est d'usage de dire que nous appartenons à un " âge séculier ". Nous, c'est-à-dire les membres des sociétés occidentales modernes, dont, qu'on s'en félicite ou qu'on le déplore, les églises se vident. Comment est-on passé d'un temps, pas si lointain, où il était pratiquement inconcevable de ne pas croire en Dieu, à l'époque actuelle, où la foi n'est plus qu'une possibilité parmi d'autres et va jusqu'à susciter la commisération ?L'une des explications les plus courantes de cette évolution consiste à affirmer qu'à la faveur des progrès de la science, la vérité aurait finalement triomphé de l'illusion, nous poussant à ne chercher qu'en nous-mêmes notre raison d'être et les conditions de notre épanouissement ici-bas.En révélant les impensés de ce récit classique de la victoire de l'humanisme qui fait du " désenchantement du monde " la seule clé de l'énigme, Charles Taylor entreprend une relecture intégrale de la modernité. Loin d'être une " soustraction " de la religion, la sécularisation est un processus de redéfinition de la croyance qui a vu se multiplier les options spirituelles. Si plus aucune n'est en mesure de s'imposer, les impasses du " matérialisme " et les promesses déçues de la modernité continuent d'éveiller une quête de sens.
Ce recueil présente la pensée de Jacob Taubes (1923-1987) à travers des textes écrits durant trente ans.
Il illustre ses différents domaines d'intervention polémique, de la théologie à la psychanalyse, en passant par la philosophie de l'histoire, de Nietzsche à Freud en passant par Gershom Scholem ou Cari Schmitt. Ainsi s'esquisse une philosophie de la culture dans son rapport d'opposition au culte. Le moteur qui lui donne son impulsion est la Gnose et la vision apocalyptique selon laquelle le futur est destruction du présent: la pensée du temps est pensée de l'état d'exception.
Curieuse idée : un jardin construit selon des formules mathématiques, où la métaphysique est dissimulée par la perspective, l'épistémologie circonscrite par la géométrie, et la rhétorique accordée à la mobilité de nos corps. Le jardin à la française est une étude sur la perspective et une incitation au mouvement. Géométrisation d'une pensée, figuration du désir, il correspond, sous Louis XIV, à une théâtralisation du pouvoir absolu.Ce livre se veut, à sa manière, un " guide philosophique " des jardins à la française : Vaux-le-Vicomte, Versailles, Chantilly. Il est une invite à parcourir les jardins autrement, dans une optique philosophique qui rendrait encore plus vif le plaisir, sensuel, de leur découverte.
Quatre interventions composent ce volume : dans les deux premières, consacrées à la crise de la démocratie occidentale et au mensonge en politique, Hannah Arendt, en intellectuelle responsable, participe directement au débat public et met à l'épreuve ses propres analyses. Les deux suivantes dressent un bilan de l'ensemble de son travail et apportent nombre de précisions sur les principaux concepts qu'elle a déployés.
La vie politique et la pensée de l'événement sont devenues quelque chose de périlleux, souligne Hannah Arendt : nous devons juger et décider en situation sans pouvoir nous fonder sur une norme éternelle a priori, tout en résistant au chant des sirènes du relativisme. Cherchant à établir un diagnostic du présent, Arendt s'efforce de " penser sans garde-fou " et sans critère ultime jusqu'à la racine de notre modernité. Bref, s'" il n'y a de liberté que dans l'espace intermédiaire de la politique ", " il se pourrait fort bien que la tâche de la politique consiste à édifier un monde ".
* Publication originale : Viking (États-Unis), 2009.Traduit de l'américain par
Sylvie Taussig.Vous avez aimé Platon et son ornithorynque entrent dans un bar.
Vous aimerez la suite : les histoires drôles consacrées au Paradis, à la vie
après la mort, à l'immortalité sont légion. Les réflexions des philosophes sur
ses sujets aussi. Fidèles à la recette éprouvée dans leur ouvrage précédent,
Thomas Cathcart et Daniel Klein revisitent les grandes philosophies à la
lumière de blagues désopilantes. Au terme de la lecture, vous saurez tout sur
la vie, la mort, la vie après la mort et ce qu'il y a dans l'intervalle, guidé
par l'un des plus grands penseurs de notre temps, Woody Allen : « Il est
impossible de faire l'expérience de sa propre mort et de continuer à pousser la
chansonnette. » * Après avoir obtenu leur diplôme de philosophie à Harvard,
Thomas Cathcart et Daniel Klein ont mené une carrière classique : Thomas s'est
occupé des gangs de rue à Chicago et a fréquenté plusieurs instituts de
théologie. Daniel a longtemps écrit des textes comiques pour le théâtre et se
consacre aujourd'hui à l'écriture de thrillers.
L'homme spéculaire tente de faire pour l'épistémè occidentale tout entière ce que michel foucault avait fait pour l'épistémè du xvii e siècle dans les mots et les choses.
C'est dire l'ambition et l'ampleur de cet ouvrage. la métaphore fondamentale que rorty découvre -et dont il démonte les effets - au sein de notre culture, est celle de l'homme miroir de la nature. de là, découlent des pseudo - évidences séculaires dont nous ne sommes toujours pas affranchis : à commencer par l'existence de quelque chose comme l'esprit; puis la définition de la philosophie comme théorie de la connaissance; et la version occidentale de la vérité comme correspondance du reflet - dans-le -miroir à ce qu'il reflète.
Mais l'apport de rorty n'est pas seulement historico - critique. la philosophie ainsi délivrée du complexe du miroir ouvre sur le programme d'une nouvelle sophistique dont le modèle emprunte à la fois à wittgenstein, à heidegger et au pragmatisme. et ce n'est pas une des moindres importances de ce livre que la rencontre qu'il amorce entre philosophies continentale et anglo-saxonne.
* Publication originale : Knopf, 2007« Le Dieu mort-né est un livre sur la fragilité de notre monde, ce monde né de la révolte intellectuelle contre la théologie politique en Occident. Ce sujet peut sembler étrange, voire pervers, étant donné que les nations occidentales sont en paix les unes avec les autres et que les normes de la démocratie libérale, en particulier en ce qui concerne la religion, sont très largement acceptées. L'Occident semble avoir franchi une sorte de ligne de partage des eaux historique, si bien qu'il est presque inimaginable que des théocraties surgissent parmi nous ou que des bandes armées de fanatiques religieux y déclenchent des guerre civiles. Pourtant, notre monde est fragile, non à cause des promesses que nos sociétés politiques ne parviennent pas à tenir, mais à cause de celles que notre pensée politique se refuse à faire. [...]Le Dieu mort-né explore le débat entre religion et politique, qui dura près de quatre siècles en Occident : commencé dans l'Angleterre du XVIIe siècle, il s'est terminé en Allemagne au XXe siècle [...]. Quels changements philosophiques et théologiques rendirent nécessaire le retour à la théologie politique ? Et que nous apprend l'histoire de ce débat quant aux forces et aux faiblesses de notre manière contemporaine de penser le politique ? »