Nous demandons à la pensée, et principalement à la pensée scientifique, de dissiper les obscurités, les confusions et les incompréhensions : son rôle est d'établir l'ordre et la clarté, de bannir le trop compliqué et le complexe. Mais ces pratiques de simplification mutilent la réalité dont elles cherchent à rendre compte ; elles produisent plus d'aveuglement que d'élucidation. La question qui alors se pose est de déterminer comment nous pouvons et devons faire face à la complexité sans tenter de la simplifier.
L'ouvrage d'Edgar Morin cherche ainsi à donner au terme de complexité un sens positif, alors que la tradition philosophique et scientifique l'a le plus souvent envisagé de façon négative voire péjorative. La complexité est vue comme une sorte de « tare » de la pensée dont il s'agit de guérir. Morin montre au contraire qu'elle est une chance la seule chance que nous ayons de comprendre le monde qui est le nôtre. Le complexe ne s'oppose pas à ce qui est simple, mais intègre ce qui relève du clair et de l'ordonné ; c'est le simple et la simplification qui, à l'inverse, désintègrent la complexité du réel, la font éclater en disciplines distinctes et le plus souvent antagonistes (philosophie,
mathématique, anthropologie, etc.). La complexité est le maître mot de l'oeuvre de Morin, le dénominateur commun à quasiment tous ses travaux, le centre de son propos et de sa recherche. Dans cet ouvrage, il nous livre en quelque sorte un discours de la méthode du complexe, ses règles pour une méthode non simplificatrice. La méthode ne peut être que celle de la complexité.
La cause est en général entendue : c'est " amour ou justice ", mais non pas " amour et justice ".
Dans le langage courant, et même à un niveau de réflexion plus élevé, a fortiori quand les deux concepts sont présentés en conflit, il n'y a pas, il ne peut pas y avoir de ponts entre la pratique individuelle de l'amour du prochain et la pratique collective de la justice qui établit l'égalité et l'équité. qu'on favorise l'une ou l'autre, l'insistance va à la disproportion entre amour et justice. toute la réflexion de paul ricoeur tend à démontrer la proportion, les liens, la dialectique très profonde, la tension vivante et féconde entre amour et justice qui se fait jour au moment de l'action, que l'un et l'autre revendiquent.
Tous deux sont pris clans une économie du don qui déborde de toute part l'éthique dont ils se veulent les figures et dont ils se sentent responsables. une logique de la surabondance vient toujours mettre au défi, sans jamais la rendre moins nécessaire, une logique de l'équivalence. publiée d'abord en allemagne, en édition bilingue, cette réflexion est inédite en français. elle est complétée par deux articles du fonds ricoeur sur des thèmes proches.
Al-fârâbï inaugure l'école de logique à bagdad au xe siècle et, avec elle, un universel composite où s'harmonisent les sources grecques de la philosophie, l'exégèse du coran et la poésie arabe.
Il approprie des cultures plurielles en vue de former al-adîb, l'honnête homme ou l'âme cosmopolite. lire le livre de lu religion en même temps que le compendium des lois de pluton et les petits traités sur l'art des poètes donne une idée de ce programme intellectuel. il y va d'exigences pratiques et de stratégies discursives: avec la "loi divine" (al-saria) et son acception platonicienne, c'est la dynamique du droit qui nous est présentée.
Avec la "sagesse" (al-hikma), c'est une philosophie argumentative et contextualisée que l'on découvre. un glossaire thématique et terminologique ainsi qu'un dossier historique accompagnent ce travail de lecture des textes où la langue philosophique arabe d'al-fàrâbi peut à chaque moment être comparée à sa traduction française.
On dit que l'homme est un être social, mais que signifie cette phrase ? quelles sont les conséquences de ce constat banal, qu'il n'existe pas de je sans tu ? en quoi consiste, pour l'individu, la contrainte de ne jamais connaître qu'une vie commune ?
Dans cet essai oú la philosophie côtoie la psychanalyse, oú les oeuvres littéraires secondent l'introspection, tzvetan todorov montre que l'être humain est condamné à l'incomplétude, il aspire à la reconnaissance, et son soi, même dans la solitude, est fait de rencontres avec les autres.
On est heureux parce qu'on aime, on aime parce que, sans l'amour, on n'existe pas. notre bonheur dépend exclusivement des autres, qui détiennent aussi les instruments de sa destruction. la vie commune ne garantit jamais, et dans le meilleur des cas, qu'un frêle bonheur.
Le mal et le négatif désignent la même chose (la violence, la maladie, la mort, etc.), mais sous deux angles opposés: le mal fait l'objet d'un jugement, qui est d'exclusion ; tandis que le négatif fait l'objet d'une compréhension qui l'inclut de façon logique. Le mal nuit / le négatif coopère. Entre eux deux se choisit la sagesse ou la sainteté. Dans un monde aspirant au " tout positif ", François Jullien appelle à désenfouir le négatif pour lui retrouver une fécondité. Au mal, dont le bienfait est d'avoir découvert à l'homme sa liberté, François Jullien propose de substituer le laid (comme jugement immanent ne s'appuyant plus sur un ordre des valeurs) ; l'abject (comme réaction d'" humanité ") ; le douloureux (l'affect n'est pas à rejeter de la morale).
Stupidity. La bêtise a toujours opposé à l'urgence politique une résistance muette, inexplicable. La bêtise n'est pas le simple contraire du savoir, pas plus qu'elle ne constitue l'autre de la pensée. Où la situer, comment l'appréhender, que nous dit-elle sur nousoe Avital Ronell analyse ce qui fait de la bêtise non une pathologie ou un défaut moral mais l'une des figures déterminantes de notre manière d'être au monde. Elle montre que la bêtise, dans la littérature et la philosophie, désigne une humiliation originaire du sujet et elle retrace le destin du sujet débilisé de Hölderlin à Levinas, de Kant à Dostoïevski, de Schlegel à Musil, Deleuze et Derrida. Soulignant l'empire déclinant de notre rapport à la connaissance, Avital Ronell suit les modulations de la stupidité en idiotie et en puérilité et s'attache à comprendre la figure du " philosophe ridicule ".
Si l'on ne connaît pas Hegel, on ne peut rien comprendre à la pensée moderne : de Marx à Merleau-Ponty, de Kierkegaard à Nietzsche, les Philosophes de la modernité se situent tous dans sa postérité.
Sa conception de la religion, en revanche, passe souvent pour anachronique et inappropriée. Or, il n'est en rien, parce que c'est cette distinction-même que nous faisons entre ses conceptions " philosophiques " et " religieuses " qui n'est pas pertinente. En nous guidant à travers vers les explorations théologiques de Hegel, Raymond Plant en montre l'éclairante actualité.
Dans la continuité de ses nombreux travaux et ouvrages, l'auteur nous propose ici une étude s'inscrivant dans la suite logique de son livre sur le juste milieu et paru déjà aux éditions Albouraq. La perspective nous situe entre deux tendances extrémistes, quoiqu'opposées,mais qui l'une comme l'autre dénaturent le vrai islam, celui du Prophète. L'auteur nous engage à une rigueur excluant tout compromis avec d'un côté l'intégrisme qui instrumentalise la religion, la déforme en mettant sur lemême plan lesmodalités et les finalités. Courant rigoriste opérant une lecture archaïque et figée. Et de l'autre côté, avec le courant essentialiste prônant que l'origine de la violence est propre au Coran et qu'il est donc nécessaire de rénover l'islamen l'amputant d'une partie de ses sources scripturaires.
C'est un courant qui a perdu son identité et tend vers la haine de soi. Ces deuxmouvements idéologiques déviants s'alimentent et concourent à défigurer l'Islamprophétique dont l'auteur rappelle ici les fondements principaux.
Le slogan " si nous n'avons pas de pétrole, nous avons des idées " n'est pas aussi dérisoire qu'il en a l'air.
Il y a, en france, beaucoup plus d'idées qu'on ne croit. mais la plupart des gens vivent à côté de ces gisements sans pouvoir y puiser, sans même les soupçonner. cette incompréhension entre penseurs et grand public, j. m. domenach ne s'y résigne pas. c'est pourquoi il a voulu tenter une " première " appliquer les techniques du journalisme aux idées en écrivant pour les lecteurs de l'expansion une série d'articles sur les grands courants qui transforment notre paysage intellectuel.
Marxisme et structuralisme s'effacent, tandis qu'apparaissent de nouveaux historiens, nouveaux philosophes, nouveaux libéraux, la pensée du système et celle de rené girard.
Un moment intimidée par les sciences de l'homme, la réflexion prend un nouveau départ et ne craint pas de chercher appui sur les sciences de la nature et de la vie pour refonder la liberté.
Ce guide bref, en forme de défi aux livres pesants, n'a qu'un but : par une présentation vivante suivie d'une bibliographie pratique, initier les lecteurs à ces idées qui nous préparent à entrer dans le xxie siècle.
Ce livre est un plaidoyer pour obtenir le droit à une auto délivrance assistée, éclairée et protégée par des lois judicieuse et efficaces. Il vise aussi le droit à l'euthanaie d'exception lorsqu'un sujet qui a perdu de façon durable tout discernement et parfois toute conscience, a besoin de représentants qui doivent décider et agir en équipe bien formée sur le plan scientifique et sur le plan moral. Mais ce livre est aussi un plaidoyer pour toutes les libertés et toutes les libérations auxquelles peuvent aspirer les individus. Notamment, pour le droit de prendre en main, d'assumer et de gérer son propre destin, le droit de traiter tous les problèmes de vie et de mort, en les soumettant au libre choix personnel, constituant des droits qui relèvent d'une conception plus approfondie plus juste et plus véridique de l'être humain.
Mieux vaut enseigner les vertus que condamner les vices. La morale n'est pas là pour nous culpabiliser, mais pour aider chacun à être son propre maître, son unique juge. Dans quel but ? Pour devenir plus humain, plus fort, plus doux.
De la Politesse à l'Amour en passant par le Courage et la Tolérance, André Comte-Sponville, en s'appuyant sur les plus grands philosophes, nous fait découvrir dix-huit de ces vertus qui nous manquent et nous éclairent. A pratiquer sans modération.
A contre-courant de tendances récentes de la critique qui privilégient "l'impensé " de l'auteur de préférence au travail de sa pensée, le présent recueil rassemble sept études fondamentales qui cherchent à saisir l'intention d'une oeuvre complexe, voire contradictoire.
Sept tentatives, aussi de "penser avec " un des plus grands penseurs de langue française, responsable plus qu'aucun autre de notre identité présente.
Neuropsychiatre et anthropologue, psychanalyste et (socioanalyste) auteur de nombreux ouvrages le Dr Jean GUILHOT a tenté dans sa pratique, ses recherches et ses enseignements d'élaborer un Nouvel Humanisme éthique et scientifique, pédagogique et thérapeutique dans le sillage des sciences humaines et des sciences de la santé mentale, des sciences de la communication et de celles des milieux de vie culturels et naturels. Et dans ce même contexte il lui est apparu nécessaire de concevoir une révolution humaniste qui place l'épanouissement et l'accomplissement de la personne au coeur de toutes les entreprises politiques et sociales, économiques et écologiques. Une telle révolution humaniste proclame la souveraineté de la personne et réclame une libération radicale, une maturation et une progression globales des esprits et des coeurs, des corps et des sexes. Mais le Dr GUILHOT a situé aussi l'actualité et les finalités de cette révolution humaniste au confluent des autres grands courants de pensée et de conscience de notre temps parmi lesquels figure un agnosticisme méthodique et engagé dans la triple quête des savoirs, des valeurs et des bonheurs mieux partagés - car un hédonisme fraternel fait naturellement parti des objectifs d'une révolution humaniste. Humanisme et agnosticisme peuvent-ils ainsi constituer une alliance historique à laquelle peut être assignée de nombreuses vocations ? Sans doute.
Cette alliance peut aussi susciter un art de vivre et de communiquer et un art de s'engager sous le signe d'un nouveau décalogue mais aussi sous le signe d'une science et d'une politique d'un Développement humain intégral et équitable, diversifié et unifié. Cette alliance peut enfin encourager un nouveau « volontarisme ».
C'est dans cet esprit que l'auteur a créé une Université Populaire du Nouvel Humanisme Mondial.
Cette étude est une contribution au débatmené depuis longtemps, à propos de la position de Xénophon relativement à la tyrannie.
Certains sont allés à croire qu'il en a fait « l'éloge ». C'est contre cette thèse et d'autres qui la relaient en la nuançant, que se construit l'argument développé ici à partir de l'analyse de l'Hiéron de Xénophon dont on montre la partition en deux temps : celui où il fait le procès de la tyrannie et celui où il ébauche une forme de pouvoir politique qui lui soit alternatif.
2012 : Tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau.
Pour commémorer à samanière cet évènement, l'auteur a souhaité confronter les idées du philosophe genevois aux enjeux contemporains, en composant l'esquisse d'une politique rousseauiste intégrant les données propres à l'époque, comme l'essor technique, l'explosion démographique, lamondialisation des échanges.
Cette politique lui apparaissant comme résolument originale et progressiste, il s'est demandé, dans un second temps, si elle serait àmême de contribuer à une profitable démarcation idéologique des forces républicaines, à l'heure ou nombre d'électeurs s'orientent vers un vote de contestation.
Cette esquisse se compose de trois parties.
La première propose un résumé de sa conception de l'éthique rousseauiste, toute politique devant être fondée sur une valeur.
La seconde consiste en un travail d'interprétation qui, en neuf points, décline les principalesmesures qu'appelle une telle éthique.
La dernière tente de répondre à la question initiale, à savoir si l'oeuvre du Genevois répond aux enjeux contemporains.
Quant à savoir si cette pensée peut constituer une ressource idéologique au service des forces politiques républicaines, cette question fera l'objet de la conclusion.
Dans ce nouvel ouvrage, Jean Michel Leterrier poursuit son combat pour une conception enrichie et renouvelée de la culture. En effet si la démocratisation culturelle reste une condition nécessaire, elle n'est plus une condition suffisante pour répondre aux enjeux de la citoyenneté et de la démocratie. C'est le sujet même de la culture qui doit être repensé. La culture n'est et ne doit pas devenir marchandise. Elle n'est pas et ne doit pas devenir un Organisme Génétiquement Modifiable, elle ne doit pas être "clonée" dans le but de toucher le plus vaste marché possible. Elle doit s'enrichir par l'apport des autres cultures, par métissagse et combinaisons, et par l'opposition farouche de la différence et de la singularité.