- Comment le projet de Vuillemin s'inscrit-il dans son oeuvre antérieure et ultérieure ? Dans la tradition de l'épistémologie historique des mathématiques ? - Comment caractériser aujourd'hui les formes de la réflexivité mathématique ? Sont-elles comparables à celles de la réflexivité philosophique comme celle du cogito cartésien ou husserlien ? Si oui, supposent-t-elles une conscience ou au contraire relèvent-elles d'une philosophie du seul concept ? Dans le premier cas, à quelles figures de la conscience se rapporteraient-elles ? On pourra notamment envisager des compa- raisons avec Hegel, Husserl, Cavaillès, Lautman, Granger et Desanti.
- Comment le projet de Vuillemin se situe-t-il par rapport aux mathématiques de son époque ? par rapport aux nôtres ? - Comment relire aujourd'hui le parallélisme que Vuillemin propose entre l'histoire des mathématiques et celle de la philosophie théorique ? - Comment, enfin, comprendre les projets mathématique et philosophique rassemblés par l'expression, plurivoque et maintes fois réinterprétée, de mathématique universelle ?
Le 14e Congrès International de Logique, Méthodologie et Philosophie des sciences s'est tenu à Nancy (France) en juillet 2011. Le numéro 19(1) de Philosophia Scientiæ propose une sélection des meilleures contributions présentées au CLMPS. Les textes concernent principalement la philosophie générale des sciences, et la philosophie des sciences particulières (physique, biologie, chimie, économie).
Le numéro 18(3) a proposé des contributions en logique (mathématique et philosophique) et en philosophie des mathématiques et des sciences cognitives, mais également deux articles de philosophie de la technologie, thème qui fut inclus dans le programme du Congrès pour la première fois en 2011.
Éditeurs : Pierre Edouard Bour, Gerhard Heinzmann, Wilfrid Hodges & Peter Schroeder- Heister
Référence centrale dans beaucoup de pays du monde, Edward Said reste mal lu et mal connu en France. Ce numéro de Tumultes entend donc combler une lacune. Il présentera les principaux aspects de la pensée de celui qui se présentait comme un disciple d'Adorno et qui comme ce dernier pensait ensemble politique et oeuvres de culture dans la perspective d'une critique radicale de la domination. Les articles porteront de préférence sur les aspects les moins connus en France de l'oeuvre d'Edward Said, notamment sur ceux de ses livres majeurs qui n'ont pas encore été traduits.
Jules Vuillemin s'occupe de scepticisme en plusieurs loci de son oeuvre. Dans Nécessité ou contingence ?, après avoir reconstruit l'argument dominateur et trois réactions anciennes à celui-ci témoignées par Epictète, il considère quelques positions qui défendent la contingence en rejetant l'une des prémisses implicites de l'argument. L'une de ces positions est celle de Carnéade, telle qu'elle est attestée par Cicéron dans son De Fato (Nécessité ou contingence ?, pp. 231-51). À la fin de ce même livre, Vuillemin caractérise plusieurs systèmes philosophiques en fonction de la façon dont ils réagissent à l'argument dominateur. Ceux-ci incluent le scepticisme - c'est-à-dire le scepticisme de Carnéade, compris comme un « Hume antique » (Nécessité ou contingence ?, pp. 400-6).
Dans son article « Une morale est-elle compatible avec le scepticisme ? » (Philosophie 7 (1985), 21-51), Vuillemin soulève la question mentionnée eu égard à quatre variantes de scepticisme. Dans son article « La justice par convention; signification philosophique de la doctrine de Rawls » (Dialectica 41, n°1-2 (1987), pp. 155-166), Vuillemin assimile la position de Rawls sur la justice à celle d'un sceptique académique. Ce cahier thématique de Philosophia Scientiæ se propose d'enquêter sur les différents aspects de la posture d'un philosophe contemporain atypique face à l'attitude sceptique.
Le présent dossier consacré à Raymond Ruyer (1902-1987) s'inscrit dans le contexte d'une redécouverte de ce penseur français admiré en son temps par plusieurs de ses pairs, tels que Merleau-Ponty, Canguilhem ou Deleuze, et dans la dynamique de ce qu'on peut désormais appeler les « études ruyériennes ». Philosophia Scientiae vient aujourd'hui proposer une nouvelle série d'analyses au sujet de cette oeuvre foisonnante. Ruyer a défendu l'idée d'une « philosophie unie à la science » : il s'agissait pour lui, comme avant lui pour Bergson et Whitehead, de faire la métaphysique qui correspond à la science de son temps.
Sa pensée se laisse caractériser comme un panpsychisme dans la lignée de Leibniz qui a pour ambition d'éviter le vague des intuitions vitalistes, dont la tradition est riche, en les aiguisant au contact des données scientifiques les mieux établies. En ce sens Ruyer procède à un « retournement » de la science : ce qu'indiquent en creux selon lui les résultats de la science, c'est un univers dont la consistance est psychique ou sémantique. Dans cette perspective, il a semblé éclairant, après une mise au point initiale sur la notion de finalité, de s'attacher à trois ordres de considérations. Une attention particulière a été portée à la genèse de la pensée du philosophe, au mouvement qui l'a conduit de ses conceptions du début des années 1930 jusqu'à son système définitif. Ensuite le dossier revient sur la façon dont Ruyer interprète les résultats de la physique quantique et ceux de la biologie, en mettant l'accent sur des comparaisons avec d'autres auteurs, issus de l'épistémologie française, comme Bachelard, ou de la biologie contemporaine. Un troisième angle d'approche fait enfin dialoguer Ruyer avec la philosophie analytique et la philosophie de l'esprit, représentées ici respectivement par Wittgenstein et Daniel Dennett.
Ce numéro spécial de la revue Philosophia Scientiæ vise à faire dialoguer, même de manière exploratoire, ces deux disciplines afin d'apporter un éclairage sur la manière dont les sciences se sont élaborées de 1780 à l'Entre-deux-guerres, depuis la diffusion de l'Encyclopédie jusqu'à l'émergence d'un marché de masse de l'édition scientifique, qui naît entre autres avec l'édition scolaire dans le dernier tiers du XIXe siècle. Les contributions pourront plus particulièrement analyser les aspects suivants (liste non exhaustive) :
- la manière dont les niches éditoriales imposent des techniques d'écriture et de production;
- la manière dont l'édition contraint et/ou influence les pensées scientifiques et la construction des savoirs techniques ;
- la manière dont les comités scientifiques et/ou éditoriaux peuvent infléchir la production scientifique ;
- la diffusion des sciences par les livres, les manuels scolaires, les ouvrages à destination des élèves ou pour l'éducation dite scientifique, revues scientifiques, brochures, supports pédagogique ou artistiques, etc. ;
- le rôle des acteurs (auteurs, éditeurs, traducteurs, illustrateurs, journalistes, etc.) dans la diffusion des sciences (incluant les sciences vernaculaires).
Ces dernières années, l'épistémologie sociale a renouvelé les débats en philosophie de la connaissance. Cette approche met en avant l'importance des interactions sociales, des processus spécifiques aux groupes et institutions pour analyser la connaissance. Ses objets d'études lui permettent de dialoguer avec la sociologie tout comme avec la philosophie des sciences. En son sein, les études de cas, trop souvent détachées des recherches théoriques, y sont réintégrées. Ce dossier thématique de Philosophia Scientiae présente et discute cette épistémologie sociale en l'appliquant à différents domaines de recherche (théorie de l'argumentation, économie du bien-être et philosophie des sciences).
Le processus de production des mathématiques se doit d'être étudié en envisageant les mécanismes de circulation qui en sont partie intégrante et les diverses formes que celle-ci revêt. Les multiples échanges entre les divers acteurs (individuels, collectifs ou abstraits) impliqués dans le processus de production sont donc un élément essentiel à analyser. En première approche, on peut distinguer trois formes d'échanges : ceux relevant de l'oralité qui supposent la présence simultanée des protagonistes, les échanges épistolaires et la diffusion de textes imprimés tout en sachant que les trois formes s'entremêlent la plupart du temps.
L'objectif de ce volume est de caractériser les formes de ces échanges à partir d'une série d'études de cas qui s'inscrivent dans une perspective temporelle longue (des Lumières à la première moitié du xxe siècle) pour faire apparaître les tendances profondes des dynamiques constitutives des communautés et des disciplines oeuvrant dans le champ mathématique, mais aussi des moments de rupture, comme ceux de la spécialisation, de la professionnalisation, de l'irruption du marché, etc.
Parmi les philosophes pragmatistes en pays germanophones, Hugo Dingler a contribué par ses travaux consacrés aux pratiques scientifiques à alimenter le débat sur le conventionnalisme et sur la valeur du pragmatisme au XXe siècle. Il a eu un impact nonnégligeable sur l'orientation du jeune Carnap, mais aussi sur les débats touchant les concepts fondamentaux de la recherche scientifique. Outre une traduction d'un article de Rudolf Carnap, le cahier présente deux articles français de Hugo Dingler et plusieurs études centrées sur la théorie de l'expérimentation, la carrière académique de Dingler et son implication dans le nazisme.
Les concepts d'espace et de temps ont beaucoup évolué à la fois au gré des différentes théories physiques et mathématiques et au gré de la pensée philosophique. L'espace et le temps absolus de Newton, encore proches de l'intuition, trouvent une justification dans la construction transcendantale de Kant. La thermodynamique, et en particulier le second principe, semble apporter une solution au problème de la direction du temps, auquel la mécanique ne répond pas. L'irruption des géométries non-euclidiennes puis le développement de l'algèbre linéaire conduisent à une redéfinition du concept d'espace en mathématiques, indépendante de l'intuition. En physique, la relativité restreinte puis générale rendent obsolète l'espace-temps newtonien. Depuis Poincaré, les physiciens se sont attachés à construire espace et temps à partir des propriétés de groupes de transformations. La difficulté à construire une théorie quantique de la gravitation laisse à penser que ces concepts d'espace et temps ne sont pas aboutis. En théorie des boucles quantiques par exemple, espace et temps émergent naturellement de la théorie.
Le numéro réunit des contributeurs qui examinent certaines de ces conceptions modernes ou anciennes de l'espace et/ou du temps. Quels liens existe-t-il entre les concepts de l'espace et du temps développés par les mathématiciens, les physiciens et les philosophes ? Faut-il et peut-on résoudre la question de la nature de l'espace et du temps?
De Torricelli à Pascal existait à l'état de manuscrit, sans doute depuis 1927, dans les papiers de Louis Rougier. Consacré aux premiers travaux menés en Italie puis en France sur la question du "vide " et de la "pesanteur et pression de l'air", il constitue l'unique ouvrage d'histoire des sciences que Rougier ait jamais rédigé. En le publiant, il s'agit non seulement de permettre à la communauté des historiens des sciences de prendre connaissance d'un travail majeur, mais de permettre aux spécialistes de découvrir un pan de l'oeuvre de Rougier presque entièrement ignoré : seul un article du Mercure de France, paru en 1931, et qui porte sur le même sujet que De Torricelli à Pascal, fournissait jusqu'ici les moyens de se faire une idée, au surplus assez fausse, de la façon dont Louis Rougier avait très épisodiquement pratiqué l'histoire des sciences.
En se donnant simultanément pour objet d'étudier la façon dont la science moderne s'est libérée des entraves de l'aristotélisme, ce texte constitue un prolongement de La Scolastique et le Thomisme (1925), ouvrage dans lequel Rougier exposait les raisons de ce qu'il tenait pour une "faillite philosophique", et offre l'occasion de revenir sur la façon dont il s'est situé par rapport au mouvement néo-thomiste des premières décennies du XXe siècle.