« Je crois possible d'établir une liste de caractéristiques typiques de ce que j'appelle l'Ur-fascisme, c'est-à-dire le fascisme primitif et éternel.
L'Ur-fascisme est toujours autour de nous, parfois en civil.
Ce serait tellement plus confortable si quelqu'un s'avançait sur la scène du monde pour dire « Je veux rouvrir Auschwitz... » Hélas, la vie n'est pas aussi simple.
L'Ur fascisme est susceptible de revenir sous les apparences les plus innocentes.
Notre devoir est de le démasquer, de montrer du doigt chacune de ses nouvelles formes - chaque jour, dans chaque partie du monde. » Umberto Eco L'auteur mêle ici souvenirs personnels de sa jeunesse sous le fascisme et analyse structurelle des 14 archétypes du fascisme primitif et éternel qui sont :
Le culte de la tradition / le refus du modernisme / le culte de l'action pour l'action / l'incapacité à accepter la critique / l'exploitation de la peur de la différence / l'appel aux classes moyennes frustrées et défavorisées / l'obsession du complot, si possible international / l'obsession de la richesse ostentatoire et de la force de l'ennemi / la vision du pacifisme comme collusion avec l'ennemi / le mépris pour les faibles / le culte de l'héroïsme étroitement lié au culte de la mort / le machisme / le populisme qualitatif consistant à remettre en cause la légitimité du parlement / l'utilisation d'une novlangue.
EN LIBRAIRIE LE 19 AVRIL
Dans cet essai incisif, benda s'insurge contre la religion existentialiste et ses apôtres: heidegger, sartre, camus et quelques autres... l'auteur de {la trahison des clercs} bouleverse les idées reçues: pour lui, l'existentialisme est un faux remède aux crises de notre temps, une pensée au service de toutes les tyrannies.
Mensonge romantique et vérité romanesque L'homme est incapable de désirer par lui seul : il faut que l'objet de son désir soit désigné par un tiers. Ce tiers peut être extérieur à l'action romanesque : comme les manuels de chevalerie pour Don Quichotte ou les romans d'amour pour Emma Bovary. Il est le plus souvent intérieur à l'action romanesque : l'être qui suggère leurs désirs aux héros de Stendhal, de Proust ou de Dostoïevski est lui-même un personnage du livre. Entre le héros et son médiateur se tissent alors des rapports subtils d'admiration, de concurrence et de haine : René Girard fait un parallèle lumineux entre la vanité chez Stendhal, le snobisme chez Proust et l'idolâtrie chez Dostoïevski. Mais René Girard ne renouvelle pas seulement la compréhension des plus grands chefs-d'oeuvre de la littérature romanesque, il nous fait avancer dans la connaissance du coeur humain. En réalité nous ne choisissons que des objets déjà désirés par un autre. René Girard retrouve partout ce phénomène du désir triangulaire : dans la publicité, la coquetterie, l'hypocrisie, la rivalité des partis politiques, le masochisme et le sadisme, etc. Un grand livre, conduit avec une subtilité minutieuse. La Violence et le sacré René Girard se propose de remonter jusqu'aux origines de tout l'édifice culturel et social qui est au centre de notre civilisation. L'enquête s'appuie à la fois sur une lecture très personnelle des tragiques grecs et sur une discussion serrée des principaux systèmes sociologiques, ethnologiques, psychanalytiques, qui ont tenté de donner une explication globale des premiers rites et des premières institutions culturelles et sociales. Freud en particulier est pris vivement à partie, ou plutôt ses successeurs, peu clairvoyants au sujet de certains intuitions de Totem et tabou. René Girard, après avoir critiqué les insuffisances de la théorie du complexe d'oedipe, met l'accent sur le rôle de la « violence fondatrice » et sur celui de la « victime émissaire », négligés jusqu'à présent par tous les chercheurs, et pourtant fondamentaux. Des choses cachées depuis la fondation du monde On savait, depuis La violence et le sacré, que toute société humaine est fondée sur la violence, mais une violence tenue à distance et comme transfigurée dans l'ordre du sacré. Dans ce nouveau livre, René Girard applique cette intuition originaire au grand recueil mythique de la mémoire occidentale, c'est-à-dire à la Bible qui est tout entière, selon lui, le cheminement inouï vers le Dieu non violent de notre civilisation. Il s'ensuit une relecture critique et proprement révolutionnaire du texte évangélique qui apparaît du coup comme un grand texte anthropologique, le seul à révéler pleinement le mécanisme victimaire. Il s'ensuit aussi la fondation d'une nouvelle psychologie fondée sur un mécanisme simple et universel que Girard appelle la « mimésis » et qui permet de faire le partage entre les processus d'appropriation, générateurs de violence , et les antagonismes, producteurs de sacré. Chemin faisant, on assiste à de magistrales analyses comparatives de Proust et de Dostoïevski, de Freud et de Sophocle, à la lumière de cette notion nouvelle et qui se révèle particulièrement féconde de « désir mimétique ». Le bouc émissaire oedipe est chassé de Thèbes comme responsable du fléau qui s'abat sur la ville. La victime est d'accord avec ses bourreaux. Le malheur est apparu parce qu'il a tué son père et épousé sa mère. Le bouc émissaire suppose toujours l'illusion persécutrice. Les bourreaux croient à la culpabilité des victimes ; ils sont convaincus, au moment de l'apparition de la peste noire au XIV siècle, que les juifs ont empoisonné les rivières. La chasse aux sorcières implique que juges et accusés croient en l'efficacité de la sorcellerie. Les Evangiles gravitent autour de la passion comme toutes les mythologies du monde mais la victime rejette toutes les illusions persécutrices, refuse le cycle de la violence et du sacré. Le bouc émissaire devient l'agneau de Dieu. Ainsi est détruite à jamais la crédibilité de la représentation mythologique. Nous restons des persécuteurs mais des persécuteurs honteux.
« Les astres, à commencer par la Terre, qui règlent en dernier ressort notre destin, sont depuis peu sujets à de bizarres tremblements. Venus des profondeurs de l´espace, météores et comètes se rapprochent dangereusement de notre planète. Des vagues scélérates, hautes comme des tours et qui tuent, parcourent les océans. D´un noir d´encre, des nuages prédateurs traversent nos cieux. Des puits sans fond se forment dans la croûte terrestre : on y entend la rumeur des abîmes. Partout, la foudre se déchaîne. Les éléments s´affolent. La flore évolue vers le pire, libérant autour de nous des poisons fatidiques. Certains animaux, par de curieuses métamorphoses, prennent la voie du gigantisme : où s´arrêteront-ils ? L´homme à son tour est touché par cet inexplicable dérèglement de la nature. Ses sens le trahissent. Sa vision est altérée par les corps flottants, encore appelés mouches volantes ; son ouïe subit l´assaut des acouphènes, bruits imaginaires à rendre fou. La peau la plus douce paraît hérissée d´aiguilles à qui perd le toucher. Le goût et l´odorat se dépravent sous l´effet d´un mal inconnu : ils font humer l´ordure où ne sont que des roses. On pressent une hystérie collective. Les savants nous rassurent à bon compte. La foule, elle, voit venir la fin des temps. » J. D.