Deux amis se promènent. L'un est philosophe, l'autre neurologue. Ils conversent pour le plaisir, en marchant, durant quatre saisons, dans les champs et les bois. Ils dialoguent librement, sans façons, en cherchant à comprendre ce qui se passe en nous pendant que nous marchons.
La marche favorise-t-elle la pensée ? Si oui, pourquoi ? La pensée est-elle comparable à une marche ? Comment le cerveau contrôle-t-il à la fois les mouvements des jambes, l'équilibre et la posture du corps ? Quels rapports entre ces trois caractéristiques de l'espèce humaine : penser, parler, marcher debout ?
Chemin faisant, dans des termes simples et précis, ils évoquent enfin les relations entre sciences et philosophie, leur fâcheux divorce, leurs retrouvailles souhaitables.
Entre divergences et convergences, leur commune volonté d'y voir clair est communicative. Et leur allégresse vite partagée. Pas à pas.
Peut-on être vice-président d'une grande multinationale - Danone, l'un des premiers groupes alimentaires mondiaux-, et vouloir garder vivantes les aspirations d'une jeunesse bouleversée par la lecture de Kant et de Lévinas, et l'inspiration initiatique d'un Christian Bobin ou d'une Christiane Singer ? Comment peut-on être à la fois efficace et utopique, manager et dissident, affirmer qu' "un autre monde est possible" sans verser dans l'imposture, se retrouver au Forum social mondial pendant que son président, Franck Riboud, participe au Forum de Davos ?
Emmanuel Faber nous fait part des interrogations provoquées par ces situations et nous livre les réflexions que lui inspire le fonctionnement de la finance internationale. Et surtout, il nous raconte les multiples projets que les équipes de Danone ont contribué à faire naître dans le monde entier, avec son ami le Prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus, et avec beaucoup d'autres.
D'une écriture élégante et vivante, il nous ouvre des chemins de traverse.
La philosophie, une affaire grecque ? Seulement européenne, occidentale ? Absolument pas.
Partout dans le monde, d'autres cultures, d'autres langues ont des usages multiples de la raison et de son exercice, qui produisent des systèmes de pensée rigoureux, déductifs, démonstratifs. Des philosophies à part entière. Encore faut-il trouver des chemins pour y accéder.
En grand pédagogue, Roger-Pol Droit nous propose d' « entrer dans les têtes » des philosophes d'ailleurs, indiens ou chinois, logiciens bouddhistes tibétains ou japonais, penseurs juifs ou arabo-musulmans.
S'adressant à tous, dans une langue limpide et précise, cette brève histoire fait découvrir des univers intellectuels captivants, souvent méconnus, parfois mal compris. Et notamment des philosophes arrivés récemment parmi les auteurs du baccalauréat, comme Zhouang Zi, taoïste aux provocations paradoxales, Nâgârjuna, théoricien bouddhiste de la Voie du Milieu, Maïmonide, maître du Talmud, Avicenne, penseur de l'iIslam des Lumières. Et bien d'autres, mis en perspective.
Un guide inédit pour renouveler la réflexion sur les ressorts de la philosophie, son histoire, ses frontières et son évolution, tout comme ses relations aux sagesses, religions et spiritualités.
Platon observe nos smartphones, croise nos migrants, découvre les attentats terroristes, scrute nos dirigeants politiques.
Roger-Pol Droit lui fait rencontrer Teddy Riner, Bob Dylan, Thomas Pesquet, l'emmène à la COP 21, au MacDo, à Pôle Emploi, au Mémorial de la Shoah, l'incite à visionner House of Cards, à écouter Emmanuel Macron et Donald Trump. Entre autres.
Pour jouer ? Évidemment. Mais pas seulement.
Cette promenade dans notre actualité du père fondateur de la philosophie permet de découvrir des traits essentiels de sa pensée, en expérimentant des écarts entre nous et lui, en testant ce qu'il comprendrait aisément, ou pas du tout. Finalement, ce périple montre ce que Platon nous indique d'essentiel, que nous ne verrions pas sans lui.
Rédigé sous la forme de trois carnets écrits au jour le jour, dans une langue accessible et élégante, ce livre se révèle peu à peu bien autre chose qu'un divertissement. L'air de rien, il développe une méditation vivante, personnelle et profonde sur les usages de la philosophie, ses impasses et ses zones d'ombre, sa nécessité et ses bienfaits.
Philosopher pour tous, sans préparation, sans précaution, et dans la langue commune : tel était le pari d'Alain, dans ses célèbres Propos. Tel est celui d'André Comte-Sponville, dans les siens. La philosophie, pour lui, est le contraire d'une tour d'ivoire ; elle n'existe que dans le monde, que dans la société, et d'autant mieux qu'elle s'y confronte davantage. Écrire dans les journaux, c'est penser dans la Cité, comme il convient, et pour elle. Ces 101 propos, le plus souvent inspirés par l'actualité, constituent la plus vivante des introductions à la philosophie, mais aussi davantage : un livre de sagesse et de citoyenneté.
Grand lecteur de Goethe, dont il fait sienne la fameuse maxime « N'oublie pas de vivre », Pierre Hadot analyse ici comment le maître allemand se situe dans la longue tradition occidentale des « exercices spirituels » inspirés par la philosophe antique. Par cette pratique quotidienne, l'individu s'efforce de transformer sa manière de voir le monde afin de se transformer lui-même.
À l'instar des Anciens, Goethe croyait à la nécessité de vivre dans le présent, dans la « santé du moment », de saisir le bonheur dans l'instant au lieu de se perdre dans la nostalgie romantique du passé ou du futur. Le dépassement du « moi partiel et partial », la concentration sur l'instant présent, le « regard d'en haut », la « perspective universelle » sont autant de thèmes, chers à Pierre Hadot, que Goethe a abordés.
Lire les philosophes arabes ce n'est pas entrer dans une histoire de la pensée qui serait esclave du texte coranique. C'est tout au contraire découvrir ce qui fait la cohérence de la tradition de pensée de l'humanité jusqu'à nos jours. Car nous pensons encore grâce à ces philosophes dont l'Occident a vite latinisé les noms (Avicenne, Averroès, Avempace, etc.). Leurs thèses sont passées ensuite de manière anonyme dans notre héritage philosophique : il s'agit ici de lever l'anonymat. Lire les philosophes arabes c'est donc prendre en compte la force d'un véritable « engagement en vérité » qui s'est opéré durant le Moyen Âge, en terres d'Islam, un engagement avec lequel la pensée contemporaine résonne fortement. Lire ces philosophes, c'est également prendre conscience des racines d'une politique affiliée à la raison, d'une jurisprudence attentive à la logique aristotélicienne ou encore d'une conception de la santé qui s'allie à la prévention et à l'éthique. Autant d'enjeux contemporains qui amènent, pour les saisir, à revisiter Bagdad et Cordoue.
« Notre devoir le plus impérieux est peut-être de ne jamais lâcher le fil de la Merveille. Grâce à lui, je sortirai vivante du plus sombre des labyrinthes. » A partir de cette magnifique formule de Christiane Singer, qui fut son amie, Bertrand Vergely aborde un sujet non seulement essentiel, mais indispensable à l'équilibre de chaque être humain : la faculté de s'émerveiller, encore et toujours, envers et contre tout. Car celui qui s'émerveille n'est pas indifférent, mais ouvert au monde, à l'humanité, à l'existence.
Bertrand Vergely enracine sa grande culture et son savoir dans une véritable philosophie du vécu. Un ouvrage plein d'énergie, profond et libérateur.
« Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement », écrit La Rochefoucauld. Cela fait au moins une différence avec le sexe : le regarder fixement, voilà ce que peu d'hommes et de femmes, de nos jours, s'interdisent ou redoutent. Pourquoi, s'agissant de sexualité, est-ce pourtant cette formule qui m'est venue, jusqu'à me fournir, ou peu s'en faut, mon titre ? Peutêtre parce que l'essentiel, ici aussi, échappe au regard, ou l'aveugle, tout en continuant de le fasciner. Le sexe est un soleil ; l'amour, qui en vient, s'y réchauffe ou s'y consume.
Les mortels, disaient les Anciens pour distinguer les hommes des animaux et des dieux. Nous pourrions, tout autant, nous nommer les amants : non parce que nous serions les seuls à avoir des rapports sexuels, ni à aimer, mais parce que le sexe et l'amour, pour nous, sont des problèmes, qu'il faut affronter ou surmonter, sans les confondre ni les réduire l'un à l'autre. Cela définit au moins une partie de notre humanité : l'homme est un animal érotique. » André Comte-Sponville.
Pour la plupart des contemporains, la solitude est ressentie de façon négative : on la confond avec l'isolement, le manque, l'abandon. Et la société veille à empêcher que l'être humain ne se retrouve seul, face à lui-même. Or la solitude choisie est loin d'être un enfermement, une pauvreté : c'est un état d'heureuse plénitude. Non seulement parce qu'elle offre la clef de la vie intérieure et créative, mais parce qu'elle est disponibilité et chemin d'apprentissage de l'amour. Il n'est pas de liberté de l'individu sans ce recueillement de la pensée, sans cet ermitage du coeur.
Pourquoi tant de philosophes, d'artistes, de saints et de mystiques furent-ils de grands solitaires ? Quelle force, quelle inspiration puisèrent-ils dans une vie d'austère apparence ? Et pourquoi notre monde lutte-t-il avec tant d'ardeur contre un état propice à la connaissance de soi ? Jacqueline Kelen invite ici chacun à découvrir son immense liberté.
Ce livre réunit les trois volumes des Sermons de Maître Eckhart parus en " Spiritualités vivantes poche ", sous les titres : L'Étincelle de l'âme, Sermons I à XXX, 1998, Dieu au-delà de Dieu, Sermons XXXI à LX, 1999 et Et ce néant était Dieu..., Sermons LXI à XC (dont quatre inédits), 2000.
Redécouvert au XXe siècle, Maître Eckhart est aujourd'hui reconnu comme l'un des plus grands mystiques et théologiens chrétiens. Moins ardus que ses traités latins, et s'inscrivant dans la droite ligne de ses fameux Sermons, ses quatre traités allemands réunis ici constituent l'entrée idéale dans la bibliothèque eckhartienne. Ils nous font entrer dans le monde du grand dominicain et saisir la cohérence d'un penseur qui étonne par ses formules paradoxales en nous apprenant à discerner le sens mystique du détachement, du " sans pourquoi ", de " Dieu au-delà de Dieu "...
Une vivante et remarquable introduction à l'oeuvre de Montaigne, à la fois érudite et accessible à tous.
Selon une démarche à la fois chronologique et thématique, Sarah Bakewell nous convie à un voyage riche en anecdotes savoureuses dans ce qui a à la fois inspiré et nourri la rédaction des Essais : la vie personnelle du penseur et les événements qui ont marqué son temps. En vingt chapitres, qui sont autant de réponses à la question Comment vivre ?, au fil de ce qui semble une conversation improvisée, on découvre ainsi le philosophe et le chrétien, l'homme solitaire et l'homme politique, mais aussi le voyageur, dans un monde rythmé par les guerres de religion, la dureté et la mort.
Avec une grande érudition mais aussi une grande clarté, elle restitue ainsi l'essentiel des textes et des intuitions du philosophe. Les Essais y sont exploités comme un guide pour se connaître soi-même, dans toute leur dimension pragmatique, et comme une quête de la meilleure manière de composer sa vie et de l'élever à la hauteur d'une oeuvre d'art.
Ce livre, qui n'est pas sans rappeler les Enquêtes de Jorge-Luis Borges, nous offre des textes inédits sur la tragédie, les imbéciles chez Platon ou les premiers chrétiens, « du cirque à la pourpre. » Ce florilège enlevé, toujours profond et réjouissant, nous réconcilie, dans le rire et l'enthousiasme, avec le temps passé. Ce sont aussi les leçons d'un grand maître qui détestait pontifier, et qui n'a cessé de plaider pour un retour à l'évidence. L'ultime ouvrage d'un homme qui avait la passion d'instruire, en restant plaisant, et de plaire en élevant son lecteur, en lui donnant les clefs d'un voyage à travers les siècles.
Lucien Jerphagnon a publié tout au long de sa carrière nombre de textes enlevés : des articles grand public ou savants, légers et polémiques, drôles et inattendus.
Ce livre se veut un choix des meilleurs inédits du Maître sur l'Antiquité, relus et retravaillés par ses soins. Lucien Jerphagnon nous entraîne de page en page à voir avec leurs yeux ce que voyaient les Anciens. Quoi qu'il traite, il nous entretient avec bonheur de la sagesse et de la mystique chez les Grecs et les premiers chrétiens.
Car, pour Lucien Jerphagnon, il en va toujours de la recherche du Bien suprême - un Bien suprême qui n'exclut ni le rire ni l'humour.
« Connais-toi toi-même » - phrase reprise de la devise qui ornait le fronton du temple de Delphes, et dont Socrate a fait son leitmotiv - est le vade-mecum parfait de ceux pour lesquels l'esprit n'a pas d'âge et appartient à tous les siècles - à aujourd'hui comme à demain.
Moraliste doublé d'un métaphysicien hors pair, Vladimir Jankélévitch (1903-1985) est l'auteur d'oeuvres classiques parmi lesquelles Le Traité des vertus, La Mort, Le Pardon, L'Irréversible et la nostalgie, Le Paradoxe de la morale, et de nombreux livres sur la musique, entre autres sur Debussy, Ravel et Fauré.
Avec fidélité, sérieux et courage, il n'a cessé d'unir la pensée et l'action, de mêler réflexion et implication dans la vie sociale de son temps pour défendre au mieux les idées qui illustraient ses cours à la Sorbonne sur le mensonge, la sincérité ou la justice.
Composé de textes rares, devenus introuvables ou inédits en volume, ce livre présente des grands enjeux : mémoire, pardon, lutte contre le racisme et l'antisémitisme...
Vladimir Jankélévitch nous met en garde contre le retour des pensées criminelles. Et à la question : qu'est-ce qu'un philosophe aujourd'hui ? Il répond : « Eh bien, c'est d'abord quelqu'un qui fait comme il dit. »
1919. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, un élan de créativité sans précédent se produit dans l'histoire de la philosophie. Les ouvrages majeurs de Ludwig Wittgenstein, Martin Heidegger, Ernst Cassirer et Walter Benjamin, marquent un tournant de la pensée occidentale qui va façonner la philosophie moderne. Critique de la technologie, crise de la démocratie, repli identitaire, développement durable : pour comprendre et interpréter les grandes questions contemporaines, il faut revenir sur les traces de ces quatre grands penseurs. De l'Autriche à la Forêt-noire en passant par Paris et Berlin, entre biographie et analyse philosophique, Wolfram Eilenberger, qui a été longtemps rédacteur en chef de Philosophie Magazine en Allemagne, retrace de manière très vivante les chemins de réflexion de ces quatre philosophes essentiels.
La philosophe met en cause le bien fondé d'un monde politique fondé sur le consensus, qu'elle juge en opposition avec la nature profondément conflictuelle du politique et donc source de danger pour la démocratie même. Elle défend à l'opposé une conception partisane de la politique, dans laquelle l'importance des passions et des identités collectives n'est pas reniée.
Sigmund Freud et Romain Rolland ont entretenu de 1923 à 1936 et ne se sont rencontrés qu'une fois. Au fil d'échanges aussi sobre qu'intenses, ils abordent des thèmes tels que la nature de la croyance et l'origine du sentiment religieux - Freud se considérait comme un « juif athée » face à son ami, chrétien sans Église, et le malaise dans la civilisation, qui les préoccupait l'un et l'autre après les massacres de la première guerre mondiale qui précédèrent la montée des totalitarismes et la menace d'un nouveau conflit.
Si le courant passe entre ces deux créateurs fort différents, c'est que des affinités latentes les rapprochent, comme leur stature de héros romantiques et un lien commun avec Goethe et les romantiques allemands. Mais plus encore, en sourdine, un deuil qui les a affectés l'un et l'autre dans l'enfance.
Freud admirait en Romain Rolland l'intellectuel engagé qui défendait les valeurs de la civilisation en dénonçant l'absurdité de la guerre de 1914-1918 et en s'opposant à Hitler. Mais il était plus lucide sur les illusions idéologiques de son ami qui, dans sa période de soutien à l'URSS, oubliera sa dénonciation du totalitarisme stalinien et s'éloignera momentanément de Freud, confirmant ainsi les ambivalences et les impasses de ce passionnant dialogue qui éclaire l'oeuvre entière.
Lors des événements tragiques du début de l'année, Abdennour Bidar a été extrêmement présent sur toutes les chaînes de télévision, les radios, la presse écrite. La clarté de ses analyses a impressionné, aucun musulman n'a parlé comme lui. Par la suite, la Lettre au monde musulman qu'il avait d'abord publiée dans Marianne a été lue par deux millions d'internautes (sites de Marianne, Huffington Post, Mediapart.).
Dans un texte court « d'intervention », mêlant l'analyse à un style proche de l'oral (c'est un « plaidoyer »), Abdennour Bidar nous appelle à faire fructifier l'élan de fraternité qui s'est manifesté le 11 janvier. Ce qui implique d'abord de passer « de l'autodéfense à l'autocritique », tant pour le monde intellectuel et politique français, que pour les musulmans de France qui se cachent derrière le mantra « Pas d'amalgame ! », alors que le monstre terroriste est quand même sorti du « grand corps malade » de l'islam.
Il faut donc d'abord travailler ensemble à chasser les démons, et analyser les racines du mal, pour construire une nouvelle société où le troisième élément de la devise républicaine, la Fraternité, ne soit plus un vain mot.
Amélie Nothomb, morte ? Elle ne se souvient de rien. Voici pourtant qu'une dénommée Plectrude lui annonce la sinistre nouvelle. Elle lui révèle également qu'une identité posthume est attribuée à chacun au terme d'une cérémonie. L'un ira au paradis des cinéastes et l'autre au paradis des boulangers, par exemple. L'éternité est moins longue lorsqu'on échange autour d'une passion commune... Amélie s'attend donc à retrouver Stendhal et Virginia Woolf au paradis des écrivains. Stupeur ! Elle se retrouve au paradis des philosophes, aux côtés de Platon et de Nietzsche ! S'agit-il d'une erreur ? En faisant appel de cette décision, Amélie va subir un drôle de Jugement dernier au cours duquel viendront témoigner les illustres gloires de la philosophie, depuis Spinoza jusqu'à Sartre.Écrit « à la manière » d'Amélie Nothomb, ce conte philosophique de Marianne Chaillan est un voyage aussi drôle que méditatif qui invite le lecteur à découvrir autrement l'oeuvre de la romancière mondialement célèbre.
Si la haine est une expérience psychique nécessaire - impossible de grandir ou de passer les étapes de la vie sans en faire l'expérience -, l'absence de refoulement de cet élan pulsionnel est dévastatrice pour la vie en société et pour soi-même. Or la haine s'invite de nos jours dans les dialogues, et surgit au moindre désaccord, entre voisins, dans le couple, dans la famille, au travail, et bien sûr, de façon véhémente, en politique. Et ce nouveau discours de la haine produit nécessairement de nouvelles formes de violence.
Dans cet essai passionnant, Hélène L'Heuillet envisage les mouvements populiste et jihadiste comme des effets de ce nouveau rapport à la haine. Rien d'étonnant dès lors à constater qu'ils attirent ceux qui sont nés au sein même de ces discours, qui ont été socialisés par eux, bercés par leurs rengaines : les jeunes.
Qu'a-t-on dit, ou plutôt que n'a-t-on pas dit, à la jeunesse pour qu'elle soit séduite par le type de radicalité en jeu dans le populisme et dans le jihadisme ? Comment expliquer qu'elle désire à ce point la destruction ?