TDeux siccles de révolte, métaphysique ou historique, s'offrent justement ´r notre réflexion. Un historien, seul, pourrait prétendre ´r exposer en détail les doctrines et les mouvements qui s'y succcdent. Du moins, il doit etre possible d'y chercher un fil conducteur. Les pages qui suivent proposent seulement quelques repcres historiques et une hypothcse de lecture. Cette hypothcse n'est pas la seule possible ; elle est loin, d'ailleurs, de tout éclairer. Mais elle explique, en partie, la direction et, presque enticrement, la démesure de notre temps. L'histoire prodigieuse qui est évoquée ici est l'histoire de l'orgueil européen.t
Banni de la communauté juive à 23 ans pour hérésie, Baruch Spinoza décide de consacrer sa vie à la philosophie. Son objectif ? Découvrir un bien véritable qui lui "procurerait pour l'éternité la jouissance d'une joie suprême et incessante". Au cours des vingt années qui lui restent à vivre, Spinoza édifie une oeuvre révolutionnaire. Comment cet homme a-t-il pu, en plein XVIIe siècle, être le précurseur des Lumières et de nos démocraties modernes ? Le pionnier d'une lecture historique et critique de la Bible ? Le fondateur de la psychologie des profondeurs ? L'initiateur de la philologie, de la sociologie, et de l'éthologie ? Et surtout, l'inventeur d'une philosophie fondée sur le désir et la joie, qui bouleverse notre conception de Dieu, de la morale et du bonheur ? A bien des égards, Spinoza est non seulement très en avance sur son temps, mais aussi sur le nôtre.
C'est ce que j'appelle le "miracle ", Spinoza. F.L.
Philosopher, c'est penser par soi-même. Mais nul n'y parvient valablement qu'en s'appuyant d'abord sur la pensée des autres, et spécialement des grands philosophes du passé. Sont rassemblées ici quelque six cents citations des plus brillants esprits de la pensée occidentale, regroupées en douze thématiques majeures : la morale, la politique, l'amour, la mort, la connaissance, la liberté, Dieu, l'athéisme, l'art, le temps, l'homme, la sagesse. Chacune s'ouvre par une présentation admirablement claire et concise. En réunissant ainsi en un volume ses « Carnets de philosophie », parus il y a vingt ans et aujourd'hui devenus introuvables, André Comte-Sponville propose une remarquable introduction à la philosophie. Elle intéressera aussi bien les lycéens que tous ceux, quel que soit leur âge, qui veulent « penser mieux, pour vivre mieux ».
Comment réussir sa vie ?
De plus en plus centrée sur l'acquisition d'un savoir faire, l'éducation se préoccupe de moins en moins de transmettre un savoir être. Elle vise davantage à nous permettre de faire face aux défis extérieurs de l'existence, qu'aux défis intérieurs : comment être en paix avec soi-même et avec les autres ? Comment réagir face à la souffrance ? Comment nous connaître nous-même et résoudre nos propres contradic-tions ? Comment acquérir une vraie liberté intérieure ? Comment aimer ? Comment finalement connaître un bonheur véritable, qui relève au moins autant de la qualité de la relation à soi-même et aux autres que de la réussite sociale et de l'acquisition de biens matériels ?
Les sages du monde entier - de Socrate à Spinoza en passant par Bouddha, Jésus et Montaigne - nous ont légué des clés permettant de développer sa vie intérieure pour vivre de manière pleinement humaine : dire " oui " à la vie, lâcher prise, se connaître et apprendre à discerner, vivre dans l'instant présent, se maîtriser et acquérir des vertus, faire le silence en soi, savoir choisir et pardonner etc.
Frédéric Lenoir nous montre que ces clés de sagesse universelle n'ont rien perdu de leur pertinence. Faisant part de son expérience personnelle, il nous livre dans un style limpide et accessible à tous un " petit traité " qui aide à vivre.
Du contrat social : ce " petit livre " est un grand livre, devenu canonique dans l'histoire des idées politiques. Comme tous les grands livres, il est difficile à lire parce qu'il faut retrouver en lui le mouvement d'instauration de la pensée. En cet essai, Rousseau se propose de construire non pas une " philosophie politique ", à l'instar de Hobbes qui se glorifiait d'en avoir inauguré la carrière, mais, sur la base normative du devoir-être, une " politique philosophique ". Son originalité est de proposer, loin de toute étude de " science politique " disséquant les rouages institutionnels de l'État, et indépendamment d'un programme politique à visée pragmatique, une théorie " pure " du droit politique dont le " contrat social " est le paradigme fondateur et le principe régulateur. Cette révolution épistémologique hardie réclamait une écriture exigeante et laborieuse. Les deux versions de l'ouvrage témoignent de l'effort fourni pour approfondir une pensée que sa lente interrogation oriente vers un normativisme critique. Emmanuel Kant - le meilleur lecteur de Rousseau - sut reconnaître dans le " contrat social " une idée rationnelle pure à vocation transcendantale.
Ce volume contient l'intégralité du texte des Mythologies et environ 120 illustrations.
Parues en 1957, les Mythologies de Roland Barthes constituent un cas à part dans l'édition : depuis plus de cinquante ans, elles ont eu des centaines de milliers de lecteurs ; attachées à saisir une époque, elles n'ont pourtant pas pris une ride. Bref, les Mythologies sont désormais inscrites dans notre patrimoine littéraire.
Pourquoi illustrer les Mythologies ? Avant tout parce que leur objet est très souvent visuel. On sait l'intérêt que Barthes portait à la photographie. Son regard sur la presse (Paris-Match, Elle), la publicité, etc. est tout aussi omniprésent dans le livre. Ce volume entend donc donner à voir l'univers visuel de Barthes, le texte caché en quelque sorte.
Le résultat est fort, surprenant, parfois drôle.
Deux amis se promènent. L'un est philosophe, l'autre neurologue. Ils conversent pour le plaisir, en marchant, durant quatre saisons, dans les champs et les bois. Ils dialoguent librement, sans façons, en cherchant à comprendre ce qui se passe en nous pendant que nous marchons.
La marche favorise-t-elle la pensée ? Si oui, pourquoi ? La pensée est-elle comparable à une marche ? Comment le cerveau contrôle-t-il à la fois les mouvements des jambes, l'équilibre et la posture du corps ? Quels rapports entre ces trois caractéristiques de l'espèce humaine : penser, parler, marcher debout ?
Chemin faisant, dans des termes simples et précis, ils évoquent enfin les relations entre sciences et philosophie, leur fâcheux divorce, leurs retrouvailles souhaitables.
Entre divergences et convergences, leur commune volonté d'y voir clair est communicative. Et leur allégresse vite partagée. Pas à pas.
Rien ne va plus à Krasnaïa depuis qu'un incendie volontaire a ravagé le Bois Rouge. Le cheval prudent que les animaux se sont donné pour Régent sera-t-il à la hauteur du crime ? Ou faudra-t-il le remplacer, lors des Dragatiques, par un animal moins mou ? Et qui alors, de l'ânon furieux, de l'ourse animaliste ou du jeune loup, recevra l'onction de la horde ? Comment se conduiront les albinos ? Les femellistes ? Les enragés (si tant est qu'ils existent) ? Et les inordinaires ? Mystère. Les renards tenteront-ils de se soustraire à la loi commune ? Les hirondelles feront-elles basculer l'opinion vers la haine ? L'art de la discussion suffira-t-il à contenir la violence ? Nées trop tard dans un monde trop juste, les bêtes parviendront-elles à supporter la paix, ou céderont-elles, de nouveau, à la tentation de se faire la guerre ?
Notre temps est placé sous le signe du risque : calculs de probabilités, sondages, scénarios autour des crachs boursiers, évaluation psychique des individus, anticipations des catastrophes naturelles, cellules de crises, caméras ; plus aucune dimension du discours social ou politique, voire éthique, n'y échappe. Aujourd'hui le principe de précaution est devenu la norme. En termes de vies humaines, d'accidents climatiques, de terrorisme, de revendications sociales, le risque est un curseur que l'on déplace au gré de la mobilisation collective, mais de fait, il est une valeur inquestionnée.Mais que signifie : risquer sa vie ? Comment est-ce possible, étant vivant, de penser ce risque ? Le penser à partir de la vie et non de la mort ? Risquer sa vie, est-ce nécessairement affronter la mort - et survivre... ou bien y a-t-il, logé dans la vie même, un dispositif secret, une petite musique à elle seule capable de déplacer l'existence sur cette ligne de front qu'on appelle désir ? Comment ne pas s'interroger sur ce que devient une culture qui ne peut plus penser ce risque sans en faire un acte héroïque, une pure folie, une conduite déviante ? L'expression est l'une des plus belles de notre langue. Car le risque - laissons encore un indéterminé son objet - ouvre un espace inconnu. D'abord, il métabolise l'instant de la décision, et donc notre rapport intime au temps. Il est un combat dont nous ne connaîtrions pas l'adversaire, un désir dont nous n'aurions pas connaissance, un amour dont nous ne saurions pas le visage, un pur événement. Et si le risque traçait un territoire avant même de réaliser un acte, s'il supposait une certaine manière d'être au monde, construisait une ligne d'horizon. Au risque de.Ce livre évoque, en courts chapitres, différentes sortes de risques : la passion, la liberté, le rêve, le rire, l'infidélité, mais il traite aussi du risque de. perdre du temps, quitter la famille, ne pas être mort, être en suspens, décevoir, penser. Car le risque ne se loge pas nécessairement là où on l'attend. Et l'inespéré est sans doute ce qui le définit le mieux.Anne Dufourmantelle est psychanalyste et philosophe et dirige depuis 2005 la collection L'autre pensée aux éditions Stock. Elle est déjà l'auteur aux éditions Payot de En cas d'amour, Psychopathologie de la vie amoureuse, paru en 2009.
L'autobiographie philosophique de Barbara Cassin, un texte sensible et littéraire qui, de l'anecdote à l'idée, nous donne à voir la texture philosophique de toute vie.
Vous avez les plus belles jambes du monde, vous serez ma femme ou ma maîtresse. Voilà ce qu'est devenu l'amour de ma vie. Moi, épouser un Juif, jamais ! Barbara juive ? Tais-toi donc mon garçon, elle est si gentille. Avec un instinct sûr, vous choisirez votre siège. Vous prenez votre petit déjeuner à la table de ce nazi ! Comme c'est gentil de me reconnaître, Jacques Lacan. It's no greek ! Madame, Madame, j'ai compris l'étymologie de con-cierge. À partir de combien de livres est-on cultivé ? Que pensez-vous de ce que vous voyez ? J'aime quand tu as le corps gai. Arrêtez de le regarder, laissez-le partir...
Ces phrases font passer de l'anecdote à l'idée. Elles sont comme des noms propres qui titrent les souvenirs. Elles fabriquent une autobiographie philosophique, racontée à mon fils Victor et écrite avec lui. En les disant, je comprends pourquoi et comment elles m'ont fait vivre-et-penser. Si dures soient-elles parfois, elles donnent accès à la tonalité du bonheur.
Un travail mère-fils qui fait redécouvrir Char, Heidegger, Lacan, la Grèce, l'Afrique du Sud, la Corse, les juifs, les cathos, des Hongrois, des Allemands... Avec Ulysse en figure de proue, l'homme d'Homère qui passe là où il n'y a pas de passage, entre Hélène qui ravit et Barbara bla-bla-bla.
Un soupçon s'est insidieusement levé, un matin : que la vie pourrait être tout autre que la vie qu'on vit. Que cette vie qu'on vit n'est plus peut-être qu'une apparence ou un semblant de vie. Que nous sommes peut-être en train de passer, sans même nous en apercevoir, à côté de la « vraie vie ».
Car nos vies se résignent par rétractation des possibles. Elles s'enlisent sous l'entassement des jours. Elles s'aliènent sous l'emprise du marché et de la technicisation forcée. Elles se réifient, enfin, ou deviennent « chose », sous tant de recouvrements.
Or, qu'est-ce que la « vraie vie » ? La formule, à travers les âges, a vibré comme une invocation suprême. De Platon à Rimbaud, à Proust, à Adorno.
La « vraie vie » n'est pas la vie belle, ou la vie bonne, ou la vie heureuse, telle que l'a vantée la sagesse.
Elle n'est surtout pas dans les boniments du « Bonheur » et du développement personnel qui font aujourd'hui un commerce de leur pseudo-pensée.
La vraie vie ne projette aucun contenu idéal. Ce ne serait toujours qu'une redite du paradis. Elle ne verse pas non plus dans quelque vitalisme auto-célébrant la vie.
Mais elle est le refus têtu de la vie perdue ; dans le non à la pseudo-vie.
La vraie vie, c'est tenter de résister à la non-vie comme penser est résister à la non-pensée.
En quoi elle est bien l'enjeu crucial - mais si souvent délaissé - de la philosophie.
Aristote aimait-il mieux disséquer des poulpes qu' observer les cieux ? Peut-on comme Sénèque être à la fois milliardaire et stoïcien ? Qu'avait donc Kant contre la masturbation ? Vous trouverez la réponse à bien des questions que vous ne vous êtes jamais posées au détour de ces Curiosités philosophiques qui nous invitent à entrer dans le monde de personnages singuliers que l'on a coutume d'appeler philosophes.
De Platon à Russell, Thibaut Giraud nous guide à travers des textes étonnants et nous fait découvrir sous un jour inattendu ces grands penseurs. S'ils sont susceptibles en d'autres circonstances de se montrer effrayants ou intimidants - surtout avec les nouveaux venus -, ils se révèlent ici lisibles et accueillants.
Une précieuse initiation à la lecture des philosophes pour tous les publics.
« Je conçois dans l'espèce humaine deux sortes d'inégalité, l'une, que j'appelle naturelle ou physique, parce qu'elle est établie par la nature, et qui consiste dans la différence des âges, de la santé, des forces du corps et des qualités de l'esprit, ou de l'âme, l'autre, qu'on peut appeler inégalité morale, ou politique, parce qu'elle dépend d'une sorte de convention, et qu'elle est établie, ou du moins autorisée, par le consentement des hommes. Celle-ci consiste dans les différents privilèges, dont quelques-uns jouissent, au préjudice des autres ; comme d'être plus riches, plus honorés, plus puissants qu'eux, ou même de s'en faire obéir. » Dans ce discours à portée réaliste, Rousseau nous livre ici ses idées : il n'est pas question comme le dénoncera Voltaire de retomber à quatre pattes, ni de retrouver un état de nature perdu à jamais, mais d'éclaircir l'enchaînement progressif qui vit un homme né libre être bientôt partout dans les fers.
Avant?! Michel Serres peut en parler, il y était?!
Avant, nous gouvernaient Franco, Hitler, Mussolini, Staline, Mao... que de braves gens?! Sans parler des dizaines de milliers de victimes de guerres et de crimes d'état. Avant, les usines, sans contrainte, répandaient leurs déchets dans l'atmosphère ou la mer, la Seine ou le Rhône. Les pétroliers dégazaient au large. La révolution industrielle ne semblait pas qu'elle eût à montrer jamais quelque face sombre.
Ce petit manifeste pour clouer le bec aux grands-papas ronchons et pour avancer avec espoir et peut-être l'espérance?!
Seul l'Occident moderne s'est attaché à classer les êtres selon qu'ils relèvent des lois de la matière ou des aléas des conventions. L'anthropologie n'a pas encore pris la mesure de ce constat : dans la définition même de son objet la diversité culturelle sur fond d'universalité naturelle, elle perpétue une opposition dont les peuples qu'elle étudie ont fait l'économie.
Peut-on penser le monde sans distinguer la culture de la nature ? Philippe Descola propose ici une approche nouvelle des manières de répartir continuités et discontinuités entre l'homme et son environnement. Son enquête met en évidence quatre façons d'identifier les « existants » et de les regrouper à partir de traits communs qui se répondent d'un continent à l'autre : le totémisme, qui souligne la continuité matérielle et morale entre humains et non-humains , l'analogisme, qui postule entre les éléments du monde un réseau de discontinuités structuré par des relations de correspondances ; l'animisme, qui prête aux non-humains l'intériorité des humains, mais les en différencie par le corps ; le naturalisme qui nous rattache au contraire aux non-humains par les continuités matérielles et nous en sépare par l'aptitude culturelle.
La cosmologie moderne est devenue une formule parmi d'autres. Car chaque mode d'identification autorise des configurations singulières qui redistribuent les existants dans des collectifs aux frontières bien différentes de celles que les sciences humaines nous ont rendues familières.
C'est à une recomposition radicale de ces sciences et à un réaménagement de leur domaine que ce livre invite, afin d'y inclure bien plus que l'homme, tous ces « corps associés » trop longtemps relégués dans une fonction d'entourage.
« Tu veux l'intensité sans le risque. Tu veux la vie sans la mort. Tu veux le sublime sans la tempête. Tu veux l'amour sans le quotidien. Il y a cinq ans, tu as fui pour aller au-devant de toi-même, pour t'émanciper de tes carcans, et bonne nouvelle, tu as réussi. Mais maintenant, c'est à toi d'inventer une existence qui te convient. Entretenir la douleur est une autre manière de fuir. Il est temps de faire la paix avec tes fantômes et de trouver ton port. ».
Ceci est une épopée. Entre Boston, Vienne, Paris, Genève, São Paulo et New York, Pénélope explore les chemins du possible en organisant des voyages philosophiques. Raconter et découvrir les grandes écoles de la pensée, c'est la meilleure manière de prendre possession de son monde, de vivre, d'agir et de reconstruire.
"En définissant le paysage comme "la partie d'un pays que la nature présente à un observateur", qu'avons-nous oublié ?
Car l'espace ouvert par le paysage est-il bien cette portion d'étendue qu'y découpe l'horizon? Car sommes-nous devant le paysage comme devant un "spectacle"? Et d'abord est-ce seulement par la vue qu'on peut y accéder - ou que signifie "regarder"?
En nommant le paysage "montagne(s)-eau(x)", la Chine, qui est la première civilisation à avoir pensé le paysage, nous sort puissamment de tels partis pris. Elle dit la corrélation du Haut et du Bas, de l'immobile et du mouvant, de ce qui a forme et de ce qui est sans forme, ou encore de ce qu'on voit et de ce qu'on entend... Dans ce champ tensionnel instauré par le paysage, le perceptif devient en même temps affectif ; et de ces formes qui sont aussi des flux se dégage une dimension d'"esprit" qui fait entrer en connivence.
Le paysage n'est plus affaire de "vue", mais du vivre.
Une invitation à remonter dans les choix impensés de la Raison ; ainsi qu'à reconsidérer notre implication plus originaire dans le monde." François Jullien.
Qu'entendons-nous par « bonheur » ? Dépend-il de nos gènes, de la chance, de notre sensibilité ? Est-ce un état durable ou une suite de plaisirs fugaces ? N'est-il que subjectif ? Faut-il le rechercher ? Peut-on le cultiver ? Souffrance et bonheur peuvent-ils coexister ? Pour tenter de répondre à ces questions, Frédéric Lenoir propose un voyage philosophique, joyeux et plein de saveurs. Une promenade stimulante en compagnie des grands sages d'Orient et d'Occident. Où l'on traversera le jardin des plaisirs avec Epicure. Où l'on entendra raisonner le rire de Montaigne et de Tchouang-tseu. Où l'on croisera le sourire paisible du Bouddha et d'Epictète. Où l'on goûtera à la joie de Spinoza et d'Etty Hillesum. Un cheminement vivant, ponctué d'exemples concrets et des dernières découvertes des neurosciences, pour nous aider à vivre mieux.
Vingt années séparent le premier exposé de la théorie darwinienne - le brouillon de 1839 - et la publication, le 24 novembre 1859, de L'origine des espèces. La fin de cette longue genèse est aussi le début d'une lente maturation qui durera jusqu'en 1872 - date de sa sixième et dernière édition -, voire, si l'on y inclut les ultimes révisions de l'auteur, jusqu'en 1876 - date du dernier tirage soumis à son examen. C'est cette édition absolument définitive du plus célèbre des ouvrages de Darwin qui est ici traduite et présentée à l'occasion du bicentenaire de sa naissance. Aucun livre de science ne connut sans doute plus durable succès. Aucun ne suscita réactions plus vives ni controverses plus passionnées. Dans une quête d'exhaustivité qui demeurera toujours insatisfaite, l'ouvrage illustre à travers chacun de ses chapitres la haute cohérence de la théorie de la sélection naturelle, moteur de la transformation des espèces, avec les données issues de l'observation des variations animales et végétales, de la théorie des populations, de la zootechnie, de l'horticulture, de l'éthologie, de l'étude de la génération et des croisements, de la paléontologie, de la biogéographie, de la morphologie, de l'embryologie, de l'histoire de la Terre et du climat, ainsi que de la classification des formes vivantes. Particulièrement démonstratif et amplement documenté, il porte un coup décisif aux anciennes croyances en la création singulière et en la perfection native, fixe et définitive des espèces. Cette laïcisation de l'histoire naturelle, qui s'inscrit elle-même dans une autonomisation nécessaire de la science, sera pour cela longtemps combattue par les Eglises et les groupements mystiques restés fidèles au dogme, indéfiniment remanié mais toujours résurgent, de la Création du monde et du vivant par une intelligence transcendante et providentielle qui serait seule capable d'en garantir les fins et d'en préserver l'harmonie. Dans une savante et méticuleuse préface, Patrick Tort étudie pas à pas la constitution de ce maître livre qui inaugure, en l'affranchissant de toute théologie, la pensée scientifique moderne.
Après « La pensée post-nazie » et « L'autre pensée 68 », tous deux publiés au printemps 2018, voici le dernier volume de l'extraordinaire chantier de Michel Onfray : écrire une « contre-histoire » de la philosophie, cheminant le long de la philosophie officielle, majoritaire, face à elle, et envisager une contre-philosophie embrassant tous les domaines, métaphysiques, esthétiques, politiques, phénoménologiques, poétiques, sociaux. Et proposant des oeuvres, des lectures, des philosophes inconnus.
Voici donc « La résistance au nihilisme ».
« Les promesses de Mai n'ont pas été tenues. La révolution politique n'a pas eu lieu, quelle qu'aient pu être ses formes. En revanche la révolution métaphysique a eu lieu, elle a été libertaire. Le meilleur fut la fin d'un monde tout entier construit sur la hiérarchie qui, étymologiquement, suppose le pouvoir du sacré. Le patriarcat associé au monothéisme chrétien avait fait son temp. Pour autant, la fin des valeurs judéo-chrétiennes n'a pas été suivi par l'avènement de nouvelles valeurs postchrétiennes. Dès lors, l'abolition de la domination du supérieur par l'inférieur a accompagné une transvaluation des valeurs de sorte que l'inférieur s'est mis à dominer le supérieur. Jadis, le patron faisait la loi sur les ouvriers, les enseignants sur leurs élèves, les parents sur leurs enfants. Après Mai ce fut l'inverse. Révolte des esclaves aurait dit Nietzsche : le nihilisme comme symptôme de ce que les déshérités n'ont plus aucune consolation ».
Après une longue introduction sur la construction du nihilisme (le « gauchisme culturel », l'antifascisme et l'antiracisme revisités, le structuralisme, Deleuze, les nouveaux philosophes, Foucault, les libéraux libertaires, la « gauche libertaire » de Bourdieu...), Michel Onfray s'arrête longuement sur trois figures : Vladimir Jankélévitch ; Mikel Dufrenne et « l'affirmation joyeuse » ; enfin Robert Misrahi et « les actes de la joie ». Avant de conclure sur la vie philosophique...
La démocratie et l'écologie seraient-elles incompatibles ? On entend souvent qu'il y aurait dans l'écologie quelque chose d'élitiste, de contraire aux désirs majoritaires. Ou alors qu'il faudrait, pour prendre le tournant écologique à temps, avoir recours à des méthodes autoritaires, user de la manière forte. Cet essai entreprend au contraire de démontrer que non seulement il n'y a pas de contradiction entre l'écologie et la démocratie, mais que l'une ne va pas sans l'autre.
Avant de critiquer ou d'acclamer son gouvernement, le citoyen au sens fort participe activement à la création de ses propres conditions d'existence. Il transforme le monde en le préservant. Il jardine, construit, aménage, s'associe à d'autres, inventant avec la nature comme avec autrui des formes de vie communes. Aux côtés du système représentatif, il y a ou il devrait y avoir un système participatif qui permette à chacun d'entre nous d'« ugmenter le monde.
Voilà donc l'urgence qui anime ce propos : pour que notre monde ne devienne pas un monde de désolation, nous devons introduire dans l'idée de citoyenneté la production, l'entretien, la préservation et la transmission d'espaces concrets partageables - en somme, la juste occupation de la terre.
Médite donc tous ces enseignements et tous ceux qui s'y rattachent, médite-les jour et nuit, à part toi et aussi en commun avec ton semblable. Si tu le fais, jamais tu n'éprouveras le moindre trouble en songe ou éveillé, et tu vivras comme un dieu parmi les hommes.
Le Discours de la servitude volontaire d'Etienne de La Boétie (1530-1563) est un texte tout à fait singulier, aux analyses d'une étonnante netteté.
Loin des traités du gouvernement visant à définir les bornes du pouvoir légitime, La Boétie présente la " tyrannie " comme la négation radicale de toute communauté civile. Là où " tout est à un ", aucune " chose publique " ne saurait subsister. Or la racine de cette appropriation tyrannique, c'est, en chacun, l'aliénation consentie ou la " servitude volontaire ". De ce fondement énigmatique et révoltant de toute domination, La Boétie tire une série de paradoxes qui sont autant d'avertissements constamment adressés à la philosophie politique des Modernes.
L'édition du Discours établie et annotée par André et Luc Tournon propose un texte en orthographe modernisée, mais exactement conforme au manuscrit De Mesme, version originelle exempte des gauchissements des premières publications imprimées. L'édition est accompagnée d'une série d'études qui interrogent les paradoxes de la servitude volontaire en direction de leurs sources antiques et médiévales, de leur économie interne, ou de leurs résonances modernes et contemporaines.