"Philosophe hors du commun, François Châtelet (1925-1985) a profondément marqué le paysage intellectuel français du XXe siècle. Cofondateur, avec Michel Foucault et Gilles Deleuze, du département de philosophie du Centre universitaire expérimental de Vincennes, aujourd'hui Université Paris VIII, il a dirigé ce département jusqu'à sa mort. Les textes réunis ici se composent de quatre articles de François Châtelet devenus introuvables et une série de textes de philosophes qui mettent en valeur, tant ses talents d'historien de la philosophie, de pédagogue que de philosophe engagé. C'est tout un ensemble de souvenirs d'un philosophe médiatique qui est donné à lire, luttant par l'histoire des concepts contre l'orthodoxie marxiste. François Châtelet fut le cofondateur avec Jacques Derrida, Jean-Pierre Faye et Dominique Lecourt du Collège international de philosophie. Il militait pour la pratique d'une philosophie ouverte et populaire et n'a eu de cesse de décloisonner la philosophie et de l'ouvrir pour la mettre en commun."
"Comment Bachelard, fils d'un cordonnier, professeur de physique et chimie, a-t-il pu devenir cet humaniste aussi savant que philosophe, aussi penseur que poète ? Il n'a pas emprunté les chemins balisés, ceux des élites universitaires et culturelles. Il a contrarié les pronostics et les conventions. Il s'est adjugé contre vents et marées le droit de penser par lui-même en bousculant les frontières des savoirs et de la culture et en dérangeant les us et coutumes établis. - « Un ouvrage aussi lumineux que la destinée et l'oeuvre de Gaston Bachelard. Au plus près de sa vie et de sa pensée. » (Philippe Meirieu)"
"Le philosophe colombien Nicolás Gómez Dávila (1913-1994) a tardivement développé, à l'écart de l'Université, une oeuvre constituée principalement de cinq volumes d'aphorismes réunis sous le nom énigmatique de Scholies à un texte implicite. Malgré leur dispersion thématique, c'est en fait une seule oeuvre continue, presque une suite au sens musical du terme, composée de courtes variations sur des problèmes récurrents de la philosophie occidentale, mais développant surtout une interrogation sur les conséquences du progrès et une critique des fondements de la Modernité. Cet ouvrage replace la pensée du « Nietzsche colombien » dans le fil de la philosophia perennis et permet de comprendre pourquoi il fut admiré de García Márquez, Mutis, Jünger ou Simon Leys."
"En s'opposant aux nationalistes et souverainistes, Jürgen Habermas, disciple d'Adorno et fondateur de la « seconde génération » de l'École de Francfort, a enrichi les débats de la philosophie politique contemporaine par ses contributions et réflexions sur l'Europe et l'idée européenne. Dans ces écrits, il esquisse non seulement l'utopie concrète d'une Europe d'États post-nationaux, reliés entre eux par une Constitution européenne garantissant les libertés, la justice et l'État de droit, mais il plaide aussi pour une « conscience européenne ». Il s'agit de remplacer l'État-nation traditionnel républicain, devenu « obsolète », par une Union européenne entendue comme union d'États « post-nationaux ». Simultanément, Habermas se fait l'avocat d'un renouveau de la démocratie, de plus en plus menacée par les populismes et les régressions constatées dans les pays néolibéraux. Rationaliste et cosmopolite, inspiré par Kant, Habermas s'intéresse enfin à la tension permanente entre foi et savoir dans un âge post-métaphysique."
Cet ouvrage reconstruit la destinée italienne de Diderot à part entière. Après une première phase importante de diffusion de sa pensée, la fortune de Diderot a subi les ravages des courants cléricaux anti-Lumières. Ce n'est que dans les années 1960 qu'il y eut une réviviscence de sa philosophie. La civilisation italienne contemporaine a donc aussi, parmi ses "pères fondateurs", ce Diderot qui a été jugé de façon contradictoire, sinon oublié.
Emprisonné par la Prusse pour ses convictions politiques, réprimé par la Restauration française pour ses idées politiques, Victor Cousin (1792-1867) est surtout connu pour avoir "(mis) le feu à la philosophie". En puisant dans la philosophie allemande le nécessaire pour revitaliser une pensée française fossilisée, il s'imposera comme le philosophe la monarchie de Juillet. Etroitement liée à l'Etat, son oeuvre pose un grand nombre de problèmes, de légitimité notamment, que la revue Corpus, en 1991, s'était essayée à résoudre.
A la veille du 150ème anniversaire de sa mort, cette réédition est bienvenue.