Léviathan de Hobbes (qui paraît en 1651) est un des rares textes fondateurs de la philosophie, comme la République de Platon, auquel son auteur le comparait. Il jette, en effet, les bases de la tradition politique moderne, en inventant le mythe de la souveraineté : considérant leur état naturel, effrayés par l'exacerbation mortelle de leurs passions, les hommes décidèrent, par leur faculté propre de vouloir et de penser, de se doter d'une loi commune, artificielle, qu'un individu ou une assemblée aura pour tâche d'élaborer et de mettre en oeuvre. Avec Hobbes, l'histoire se substitue à la théologie : ce n'est plus dans le divin que la loi se fonde, mais dans l'humanité.
«Le sacré et le profane constituent deux modalités d'être dans le monde, deux situations existentielles assumées par l'homme au long de son histoire. Ces modes d'être dans le Monde n'intéressent pas uniquement l'histoire des religions ou la sociologie, ils ne constituent pas uniquement l'objet d'études historiques, sociologiques, ethnologiques. En dernière instance, les modes d'être sacré et profane dépendent des différentes positions que l'homme a conquises dans le Cosmos ; ils intéressent aussi bien le philosophe que tout chercheur désireux de connaître les dimensions possibles de l'existence humaine.»
Il est des ouvrages qui, très vite, s'imposent comme des classiques contemporains. Depuis sa parution en 1985, cette Histoire politique de la religion est tenue pour telle. L'ouvrage comble, il est vrai, une grande lacune, depuis les travaux pionniers de Durkheim, Max Weber et Rudolf Otto, en rendant au sujet la place qu'il mérite.
Car le religieux a modelé activement, et plus profondément qu'il n'y paraît, la réalité collective dans toutes les sociétés jusqu'à la nôtre, en particulier les formes politiques.
Marcel Gauchet propose un renversement de perspective : on a voulu voir l'histoire des religions comme un développement ; or la religion pure est au commencement. Ce que nous appelons «grandes religions» correspond, en fait, à autant d'étapes d'une mise en question du religieux dans sa rigueur primordiale. De ce point de vue, il faut mesurer la spécificité révolutionnaire du christianisme et son rôle à la racine du développement occidental. Marcel Gauchet caractérise le devenir des sociétés contemporaines, depuis l'essor des techniques jusqu'à l'enracinement des procédures démocratiques, comme un mouvement vers une société hors religion. Le monde d'aujourd'hui ne s'explique que par la sortie et l'inversion de l'ancienne économie religieuse. Sa particularité, c'est le désenchantement du monde.
Des principes fondamentaux de la connaissance aux questions de morale, de la philosophie des sciences à la métaphysique, Alain donne une vue d'ensemble de ce qu'est la philosophie.
Tous les élèves d'Alain ont gardé un souvenir inneffaçable de son enseignement. Dans les Éléments de philosophie, on retrouve le grand professeur qui a marqué tous ses disciples : ses cours constituent l'introduction à la fois la plus claire et la plus profonde aux problèmes essentiels de la philosophie.
Il y a longtemps déjà que les philosophes ont été frappés par l'interdépendance des jeux et de la culture. Roger Caillois fait, pour la première fois, un recensement des sortes de jeux auxquels s'adonnent les hommes. À partir de ce recensement, il élabore une théorie de la civilisation et propose une nouvelle interprétation des différentes cultures, des sociétés primitives aux sociétés contemporaines.
Signes, pour Maurice Merleau-Ponty, n'était pas un alphabet complet, mais plutôt ces signaux soudains comme un regard que nous recevons des événements, des livres et des choses.
Ou qu'il nous semble recevoir d'eux : il faut croire que nous y mettons du nôtre, puisqu'il y a des constantes dans ces messages. En philosophie, l'idée d'une vision, d'une parole opérante, d'une opération métaphysique de la chair, d'un échange où le visible et l'invisible sont rigoureusement simultanés. En politique, le sentiment que les mécanismes d'étouffement, de paralysie ou de terreur ne sont pas irréversibles. Si l'auteur a bien lu, ces signes, donc, ne seraient pas de si mauvais augure.
En sorte que Signes, loin d'être une traversée des apparences, devient pour le lecteur d'aujourd'hui une traversée de l'oeuvre même, dans ses grandes interrogations, de Merleau-Ponty.