Bouquins
-
À l'occasion du 230e anniversaire de la mort de Marie-Antoinette, la biographie, une des plus belles du genre, écrite par Stefan Zweig et consacrée à la reine à découvrir dans une nouvelle traduction.
Appellation surprenante pour cette reine en qui la France aujourd'hui encore voit un de ses fleurons. Ici Marie-Antoinette est vue par les yeux d'un Autrichien, donc d'un compatriote, qui certes brosse d'abord un portrait historique rigoureusement fondé sur des documents d'archives (notamment correspondances diverses) mais en le plaçant dans un éclairage psychologique, et même freudien, auquel Zweig a si souvent recours dans ses nouvelles (rappelons que Zweig et Freud se vouaient une admiration mutuelle). Ce sont les circonstances successives qui modèleront les comportements variés et souvent condamnés de son existence : utilisée comme pion sur l'échiquier politique des alliances de l'époque, mariée à quatorze ans au futur Louis XVI qui sera impuissant durant sept années, reine à 18 ans, elle se défoulera dans une dispendieuse exubérance compensatoire, au grand dam de sa mère Marie-Thérèse ; spontanée, étourdie, irresponsable elle jettera l'argent par les fenêtres de son luxueux Trianon qu'elle a entouré d'un hameau reconstitué et peuplé de figurants, tandis que le vrai peuple vit dans la misère. On profitera de son inconstance pour la berner, notamment dans l'Affaire du collier ici brillamment narrée dans une prose digne d'Agatha Christie. La jeune femme adulée à son arrivée en France ne tardera pas à y devenir l'ennemie publique numéro un... jusqu'à son procès où elle deviendra totalement autre : c'est dans l'adversité que la jeune écervelée gagnera l'étoffe d'une reine, d'une femme éprouvée et mûre, profondément humaine, voire tragique.
Beaucoup d'encre a coulé sur les frasques de Marie-Antoinette, mais ici le style de Zweig devient un acteur de premier plan : flamboyant, métaphorique, tantôt analytique tantôt empathique, toujours passionné et sous-tendu par une implication auctoriale partiale, celle d'un homme qui comprend une femme, mais sans jamais l'excuser. C'est ce style que la nouvelle traduction a fidèlement restitué. Le narrateur se déplace telle une caméra dans le somptueux Versailles et parcourt les arcanes des multiples intrigues coutumières, il est omniprésent, évoluant dans les décors et dans les têtes, y épousant toutes les circonvolutions, on s'y croirait !
Cette biographie, une des plus belles du genre, est effectivement celle d'une femme ordinaire qui, comme le dira à son procès l'avocat de la défense, a eu le malheur d'être reine : une femme qui aimait la vie et voulait profiter de sa jeunesse, sans pour autant faire du mal consciemment, et qui a dû être confrontée à l'exceptionnel et au grandiose pour devenir une figure historique extraordinaire. -
Entreprise monumentale qui a mobilisé plusieurs dizaines de contributeurs, ce volume est une véritable encyclopédie du génie féminin à travers les siècles.
Marta Abba, femme de théâtre, ouvre la marche ; Zouc, sa consoeur, la ferme, voisinant avec la reine Zénobie et Clara Zetkin : indice de la diversité de la longue colonne des " femmes mémorables " (plus d'un millier), objet de ce livre. Outre celles que le récit conventionnel du passé avait retenues - Clotilde, Jeanne d'Arc, Aliénor d'Aquitaine ou Catherine de Médicis - , on y croise des comédiennes, photographes, peintres, écrivaines, scientifiques, danseuses, musiciennes, sportives, cinéastes, journalistes, politiques, des saintes et des meurtrières. Ni une foule ni un peuple ; plutôt des exceptions, dont l'action a, d'une manière ou d'une autre, brisé la répartition traditionnelle des rôles et des espaces sexuels. Leur point commun : elles prétendaient à l'espace public interdit, surtout dans les domaines de la création. Elles ont reculé, voire franchi les limites habituellement imposées aux femmes. Elles sont des passeuses de frontières, des empêcheuses de tourner en rond dans la sempiternelle chorégraphie répétitive de la sphère privée, zone censée du bonheur. Elles ont parfois renoncé à tout concilier dans l'obscurité du quotidien. Elles ont ouvert des chemins de traverse. Elles ont osé. À ce titre, elles sont mémorables. Michelle Perrot -
Michelle Perrot est une des plus grandes historiennes contemporaines. Ses travaux, pionniers en matière d'histoire sociale, d'histoire des marges, des femmes et du genre, ont puissamment contribué à renouveler la discipline et ses objets. Les trois séquences qui rythment ce volume correspondent à ses thèmes de prédilection : ouvriers, marges et murs, femmes.
S'intéressant à travers eux à des figures de dominés, longtemps ignorés par les chercheurs, elle explore les traces à demi effacées de vies ordinaires qui, elles aussi, ont fait l'histoire : celles des ouvriers en grève ou des détenus du XIXe siècle, celles des enfants des rues, vagabonds ou autres Apaches de la Belle Époque. Celles enfin des femmes, toujours inscrites dans la diversité de leurs parcours et saisies dans la variété de leurs lieux de vie : la chambre, l'atelier, l'usine, la maison bourgeoise, la rue.
Longtemps étouffées ou inaudibles, les voix de ces femmes, ouvrières (« mot impie », selon Michelet) ou autrices (au premier rang desquelles George Sand), militantes ou anonymes, aux corps assujettis ou triomphants, exploités et désirés, sont restituées par la force d'un style singulier. Toutes semblent se rejoindre in fine dans la figure de Lucie Baud, « révoltée de la soie », meneuse de grève en Isère et inspiratrice de Mélancolie ouvrière, saisissant livre-enquête ici reproduit en intégralité.
Michelle Perrot a elle-même assuré la sélection, l'agencement et la présentation des textes retenus, portant un regard résolument lucide et personnel sur plus d'un demi-siècle de recherche et d'engagement. Ce volume permet d'en mesurer toute l'ampleur.
-
Une nuit, à Rome, dans une bibliothèque de livres rares, le journaliste Jean-Baptiste Malet découvre par hasard un ouvrage de 1913 présentant les plans d'une cité colossale appelée à devenir la capitale du monde. Glorifiant la mondialisation des échanges, cette ville promet d'écrire une nouvelle page de l'histoire de l'humanité en réunissant l'élite scientifique, intellectuelle, sportive et spirituelle de toutes les nations. Fasciné par cette utopie, Jean-Baptiste Malet se lance dans une enquête de plusieurs années afin d'en percer les secrets.
La Capitale de l'Humanité raconte l'histoire méconnue du Centre mondial de communication, une cité idéale conçue à l'aube du XXe siècle par deux artistes américains établis à Rome, Olivia et Hendrik Andersen, et dessinée par l'architecte français Ernest Hébrard. Soutenu par des prix Nobel de la paix, des monarques, des philanthropes, et de grands journaux tels que le New York Times et L'Illustration, ce rêve grandiose connut un succès planétaire à la veille de la première guerre mondiale. Et une seconde vie au temps du fascisme italien.
Tour de force d'investigation, ce récit reconstitue les aventures des créateurs de cette capitale du monde, tout en nous plongeant dans les milieux pacifistes de la Belle Époque. Il nous rappelle aussi combien leurs luttes et leurs espoirs ont façonné le monde contemporain.
Jean-Baptiste Malet est journaliste et auteur d'enquêtes au long cours. Lauréat du prix Albert-Londres pour L'Empire de l'or rouge (Fayard, 2017), une enquête mondiale traduite en 8 langues consacrée à l'industrie de la tomate, il a également infiltré un entrepôt logistique d'Amazon afin de publier En Amazonie (Fayard, 2013). -
Les origines de la France contemporaine (édition 2011)
Hippolyte Taine
- Bouquins
- 13 October 2011
- 9782221122181
" Se séparant de ses prédécesseurs, Taine inaugurait ici un nouveau style d'Histoire. Il ouvrait la phase scientifique de l'étude de la Révolution française, multipliait les références, ne progressait que fort de leur appui.
Dans le même temps, il devançait ceux-là mêmes qui adopteraient bientôt la méthode nouvelle et annonçait une Histoire plus moderne encore : celle qui ne se contente pas d'être chronologique et politique mais, embrassant chaque époque dans son ensemble, se veut aussi l'histoire des mentalités, histoire sociologique, histoire totale.
De telles ambitions furent difficilement admises. La sévère liberté des jugements que Taine portait sur les hommes et les choses ne le fut pas plus aisément. Dès leur parution, Les Origines suscitèrent des polémiques que la mort de l'auteur ne put apaiser.
Ce grand livre, chef-d'oeuvre de style et de pensée, n'avait pas été réédité dans son intégralité depuis plus de trois quarts de siècle. Il revient au jour, étonnant de jeunesse, et la longue méditation par laquelle il s'achève développe les thèmes mêmes sur lesquels se poursuit encore le débat français ", écrivait François Léger à propos de la première édition chez " Bouquins ".
Ce volume contient : L'Ancien Régime ; La Révolution ; L'anarchie ; La conquête jacobine ; Le gouvernement révolutionnaire ; Le Régime moderne.
-
Imprécateur et pamphlétaire « par amour », selon sa formule, Léon Bloy est un auteur de l'excès, de la démesure, de l'engagement total. Sa plume, si révoltée soit-elle, n'est pas celle d'un révolutionnaire : elle est d'abord animée par la défense des pauvres, la dignité de l'homme, l'amour de Dieu et la figure du Christ. Au mépris de tout confort social, intellectuel, spirituel, ce chrétien farouchement attaché à l'esprit des Évangiles s'est toujours situé en dehors de toute institution ou appartenance.
« Pèlerin de l'Absolu », il accepte de se faire mendiant pour gagner la liberté de dire la vérité, et il traque la bêtise dont l'illustration parfaite à ses yeux est « le bourgeois, cet homme qui ne fait aucun usage de la faculté de penser ». Le terme de « bourgeois » ne recouvre pas ici une catégorie sociale : le « bourgeois » est un état d'esprit, une idéologie, un inconscient, c'est même un langage, le langage des « lieux communs » dont Bloy fait la patiente exégèse. Bloy, qui intitule son premier livre Propos d'un entrepreneur de démolitions, s'en prend à l'esprit bourgeois en quoi il voit la haine de tout ce qui est beau et essentiel, il attaque ceux qui détestent l'Absolu et qu'il nomme les « théophobes ». Il pourchasse ainsi les métamorphoses de cette « théophobie » chez les politiques, les écrivains, les journalistes, les athées, et aussi, bien que ou parce que converti au catholicisme, chez les chrétiens eux-mêmes. Le catholique Bloy est en effet le plus sévère critique des petites et grandes bassesses des chrétiens de son temps, qu'il met en cause avec une violence magistrale, n'hésitant pas à se brouiller avec la majorité de ses coreligionnaires.
Les pamphlets occupent une place relative dans l'oeuvre de celui qui a tant indisposé ses contemporains. L'auteur des Méditations d'un solitaire et de L'Âme de Napoléon a bâti une oeuvre immense à travers laquelle se déploient une impressionnante philosophie de l'histoire et une réflexion sur la fin des temps digne des premiers chrétiens.
Les ouvrages dont est constituée cette oeuvre majeure ont sans cesse été éclipsés par un ou deux titres, et il ne fut guère aisé jusqu'à présent de se faire une idée d'ensemble des essais et des pamphlets d'un auteur si singulier. En réunissant la quasi-totalité des essais de Léon Bloy, des plus célèbres, comme l'Exégèse des lieux communs et Belluaires et Porchers, aux plus rares, comme Celle qui pleure, Le Révélateur du Globe et l'inachevé Dans les ténèbres, en passant par Le Fils de Louis XVI et Le Salut par les Juifs, ce livre constitue le plus considérable volume d'oeuvres de Léon Bloy jamais publié. Un siècle après la mort de l'auteur, survenue à l'automne 1917, l'oeuvre de celui qui ne voyait pas qu'il fût possible d'écrire autrement qu'« au seuil de l'Apocalypse » est ainsi à nouveau disponible et présentée dans sa cohérence.
-
Sous une forme vivante, enlevée, très personnelle, Les Découvreurs raconte la plus grande épopée de l'homme : celle de sa quête pour découvrir le monde qui l'entoure. Daniel Boorstin s'écarte volontairement de la traditionnelle et fastidieuse énumération des batailles, des naissances d'empires et des grands règnes : avec lui, l'histoire de notre monde devient une féerie de découvertes et de commencements.
En chaque découverte d'importance, que ce soit celle de l'Amérique par Christophe Colomb ou celle de la relativité par Einstein, il voit un épisode d'une biographie. Les héros de la saga qu'il nous raconte sont des hommes dotés d'une insatiable frénésie de connaissance et d'un courage exemplaire pour affronter l'inconnu.
Daniel Boorstin nous fait découvrir sous un jour nouveau des noms familiers : Hérodote, Ptolémée, Marco Polo, Copernic, Newton, Marx, Freud, et ressuscite également quelques figures remarquables oubliées de l'histoire.
Pour quelles raisons les Chinois n'ont-ils pas découvert l'Amérique ? Pourquoi les peuples ont-ils mis si longtemps à apprendre que la terre tourne autour du soleil ? Comment a débuté l'étude des sciences économiques ? Quand et pourquoi les peuples ont-ils commencé à fouiller la terre pour connaître le passé ? Telles sont quelques-unes des fascinantes questions auxquelles répond ce livre.
L'histoire qu'il nous raconte est sans fin. Car, pour les découvreurs, «le monde entier est encore une Amérique. Et les mots terra incognita sont bien les plus prometteurs que l'on ait jamais écrits sur les cartes de la connaissance humaine ». -
Philosophe, juriste, sociologue avant la lettre, Joseph de Maistre (1750-1821), premier critique d'envergure de la Révolution française, fait partie des penseurs qui ont eu la plus grande influence sur les débats d'idées tout au long du XIXe siècle et même encore au XIXe.
Contre-révolutionnaires, antimodernes, utopistes romantiques... Qu'ils soient ses admirateurs ou ses détracteurs, très nombreux sont ceux qui ont cru devoir se situer par rapport à sa pensée : Lamennais, Ballanche, Lamartine, Vigny, Sainte-Beuve, les saint-simoniens, Baudelaire, Barbey d'Aurevilly, Auguste Comte, Taine, Renan, Maurras, Bloy, Carl Schmitt, Cioran, etc. C'est pourquoi son oeuvre est une entrée de choix dans les débats idéologiques et les grands questionnements politiques du monde moderne : les droits de l'homme, la démocratie, les liens du politique et du religieux, la peine de mort, la guerre...
Joseph de Maistre n'est pas seulement un penseur de premier plan, c'est un véritable écrivain qui ravira les amateurs du beau style et du bel esprit dans la tradition des salons du XVIIIe siècle, où triomphait l'art de la conversation.
Ses " saillies perpétuelles " qui " tiennent le bon sens sur le qui vive " (Sainte-Beuve) sont en effet rehaussées par une langue réellement admirable : causticité, imagination, acuité intellectuelle, toutes ces qualités font qu'on ne lit plus Bonald, par exemple, mais qu'on relit Maistre, ce " prosateur magnifique ", auteur d'ouvrages " d'un style et d'une construction admirables ", selon Valéry himself.
Destiné à un large public, intéressant en particulier les étudiants de plusieurs disciplines (littérature, histoire, sciences politiques, philosophie, sociologie, droit), cette édition, reprenant les principales oeuvres de Joseph de Maistre et comprenant un dictionnaire permettant de s'initier aux notions-clés de sa pensée, constitue un travail scientifique novateur.
Pour la première fois, un choix d'oeuvres de Maistre est publié dans le respect scrupuleux des manuscrits. Il comprend non seulement des inédits mais un ample apparat savant, chaque texte étant accompagné d'une introduction qui en présente les enjeux et d'une ample annotation qui en éclaire les difficultés. On trouve enfin un choix de variantes, souvent très éclairantes pour entrer dans les mécanismes de la création intellectuelle.
-
Ce volume rassemble, intégralement traduits pour la première fois et présentés en édition bilingue, tous les écrits de Jules César : les Commentaires, mais aussi les extraits des discours, des traités et de la correspondance conservés par les Anciens.
Il offre une lecture complète de son oeuvre, qui permet de mieux comprendre à quel point César a été un protagoniste majeur de l'histoire romaine dans son exercice du pouvoir, fondé sur l'idée d'une magistrature suprême au sommet de l'État, et son action réformatrice dans tous les domaines de la vie publique. Il éclaire aussi son influence décisive sur la vie culturelle de son temps, à laquelle il a fourni des apports tout aussi originaux que trop souvent ignorés. Soucieux de préserver le rayonnement de la langue et du patrimoine latins, César fit de Rome un grand centre intellectuel, mû par l'ambition d'ouvrir la connaissance au plus grand nombre et non de la réserver à une seule élite.
Enfin, loin de se réduire à une simple reconstitution des dernières décennies de la République romaine, cet ouvrage met en valeur la dimension littéraire de César. L'ensemble de ses lettres, les citations qui subsistent de ses discours, et la somme tout aussi riche des fragments de ses traités, révèlent les spécificités de l'éloquence césarienne. Un modèle du genre par sa rigueur et sa sobriété, qui font toute son excellence stylistique.
-
Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France
Marie-Claude Blanc-Chaléard, Pascal Ory
- Bouquins
- 3 October 2013
- 9782221113165
L'identité et la renommée de la France - aux yeux des Français comme à ceux des étrangers - doivent beaucoup à Émile Zola ou à Marie Curie, à Picasso ou à Le Corbusier, à Samuel Beckett ou à Charles Aznavour : tous nés étrangers. Qui de plus français que le couturier et mécène Pierre Cardin ou que le premier vainqueur du Tour de France cycliste, Maurice Garin ? Sauf que l'un et l'autre sont nés citoyens italiens. Quoi de plus " identitaire " qu'Astérix ? Sauf que Goscinny et Uderzo sont des enfants d'immigrés... Et, à côté de ces illustres, combien d'anonymes sans lesquels la politique, l'économie et la culture françaises n'auraient pas l'ampleur et la tonalité qu'on leur connaît ?
Pour la première fois, un ouvrage témoigne de tout ce que ces destins particuliers ont apporté à la destinée collective de notre pays. Près de mille deux cents notices sont ici consacrées à des personnalités - d'Abbas à Andrzej Zulawski -, à des groupes - des Films de l'Albatros aux architectes du siège de l'Unesco - et à des communautés - des Africains aux Yougoslaves -, qui font de ce Dictionnaire un monument sans équivalent élevé en hommage à tous ceux qui, du mineur de fond au Prix Nobel de physique, ont contribué, depuis la proclamation solennelle de la Nation, en juin 1789, à " faire la France " et écrit des pages essentielles de son histoire. -
Aristides de Sousa Mendes : Le Juste de Bordeaux
José-Alain Fralon
- Bouquins
- Document
- 15 February 2024
- 9782382925157
Issu d'une vieille lignée catholique, conservatrice et monarchiste, Aristides de Sousa Mendes est nommé consul du Portugal à Bordeaux en 1938. Deux ans plus tard, il assiste à la débâcle et à l'exode. Bravant les directives de Salazar et de son gouvernement, il délivre des milliers de visas et de faux passeports à plus de 30 000 réfugiés de toutes nationalités, dont un tiers de confession juive qu'il sauve in extremis de la déportation dans les camps de la mort.
De retour à Lisbonne en juillet 1940, le consul sera rapidement jugé, démis de ses fonctions, placé sur liste noire et mis en quarantaine par le régime. Plongé dans un état de dénuement et de solitude extrêmes, cet exilé de l'intérieur, devenu l'ennemi intime du dictateur portugais, mourra oublié en 1954 avant d'être déclaré " Juste parmi les nations " en 1966.
La réédition de cet ouvrage historique permet de découvrir l'incroyable histoire d'un homme dont le courage et l'intégrité ne seront réhabilités par l'Assemblée nationale portugaise que quarante-huit ans après les événements de Bordeaux. -
Restituer la parole de celles que la censure masculine a voulu faire taire, leur rendre leur créativité, leur originalité, leur diversité, telle est l'ambition de cette anthologie littéraire.
Ce volume recueille l'écho des voix des femmes du Moyen Âge, du XIIe au XVe siècle. Il éclaire la condition féminine dans une période où les femmes semblent trop souvent muettes. Or leurs voix traversent le temps, dans une étonnante diversité et des accents splendides jusqu'ici peu connus. Les femmes poètes, à l'égal des troubadours, chantent le désir et l'attente. Les femmes mystiques parlent de l'indicible, de l'amour sacré, témoignant d'une expérience spirituelle hors pair, faite d'intensité et de flamme souvent charnelle. L'oeuvre foisonnante de la grande abbesse Hildegarde de Bingen revit par ses chants, ses lettres et ses visions. De ces expériences singulières, parfois douloureuses, témoignent Marguerite Porete, la béguine brûlée sur le bûcher, Mechthild de Magdebourg, dont l'oeuvre éblouissait déjà ses contemporains, Douceline, la sainte occitane, dont la Vie, rédigée par l'une de ses soeurs moniales, est riche d'extases et de miracles. À ces grandes dames de la poésie et de la spiritualité répond la première femme de lettres de notre littérature, Christine de Pizan, qui mit son savoir au service de la société humaine. Intégralement traduites ici, trois de ses oeuvres font entendre sa parole plaidant pour l'harmonie et la paix. Mais ces voix lettrées, cultivées et véhémentes, laissent deviner la censure dont la femme fut souvent l'objet. Les Évangiles des Quenouilles mettent en scène, lors de veillées secrètes entre Noël et la Chandeleur, des matrones pourvues d'un savoir singulier, dont les pouvoirs sont parfois proches de la sorcellerie. Et les voix d'hommes, cristallisant les fantasmes d'un " mâle Moyen Âge " (Georges Duby), permettent de mesurer la dureté dont ces femmes furent les victimes et le poids des contraintes auxquelles elles surent échapper, par leur accès à la lecture et à l'écriture. La vérité du Moyen Âge passe par ces voix de femmes, longtemps étouffées, qui brisent les carcans pour se déployer puissamment jusqu'à nous. -
L'histoire du pain se confond avec celle des civilisations du pourtour oriental de la Méditerranée. La domestication des céréales, les premières tentatives de mélanger des grains de blé passablement écrasés avec de l'eau marquent le commencement de notre histoire commune. Mais loin de se cantonner dans ces âges obscurs, le pain nous a accompagné jusqu'à ce jour. Des artisans boulangers français de génie l'y ont évidemment aidé et su l'imposer à nouveau sur nos tables comme un bien de consommation et de mémoire irremplaçable.
Raconter le pain depuis ses origines ; convoquer tous les champs de savoir et d'expérience pour le dire ; montrer que la passion du pain n'est pas que française, mais qu'elle est presque universellement partagée ; livrer expertises et anecdotes ; dévoiler la grande et la petite histoire des fournils ; mettre en avant les personnalités les plus emblématiques de cette histoire ; donner des recettes : telle fut l'ambition qui a présidé à la conception et la rédaction de cet ouvrage.
Ainsi, tous les champs de savoir sont convoqués : boulangerie, meunerie, botanique, agronomie, génétique, archéologie, anthropologie, ethnologie, histoire, politique, économie, gastronomie, diététique, sciences de l'alimentation, histoire des religions, théologie, littérature, histoire de l'art.
L'ouvrage propose en outre de découvrir et d'approcher le pain et tous les pains du monde : aussi bien les pains de France, d'hier et d'aujourd'hui, mais encore les pains que mangent et dont raffolent les Irakiens, les Russes, les Australiens, les Chinois, les Canadiens, les Géorgiens, les Américains, les Jamaïcains, les Chiliens, les Sénégalais, les Indiens, les Argentins, etc.
Enfin, on trouvera des recettes de pain, en fin de volume, confectionnées par quelques-uns des meilleurs boulangers de notre temps, en France et à l'étranger.
-
Dictionnaire de Gaulle
Claire Andrieu, Philippe Braud, Guillaume Piketty
- Bouquins
- 9 November 2006
- 9782221102800
Le général de Gaulle fait partie de la très petite cohorte des " grands hommes " dont la vie et l'oeuvre justifient un ouvrage à vocation encyclopédique... Voici donc " Tout De Gaulle ", de 1890 à 1970, à travers son action mais aussi l'analyse qu'il en a lui-même faite.
Sont présentés et analysés dans ce dictionnaire le milieu dans lequel le jeune Charles de Gaulle a grandi, ses influences littéraires et philosophiques, sa carrière professionnelle, ses propos et son action avant la Seconde Guerre mondiale. Puis de l'appel du 18 Juin à la démission de janvier 1946, l'ouvrage traite l'oeuvre du chef de la France libre, du président du Comité français de la Libération nationale (CFLN) et du chef du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) en relation avec l'histoire de la Résistance, du régime de Vichy, et dans le cadre de la guerre mondiale. Ensuite, le Dictionnaire aborde l'action politique et littéraire du général de Gaulle sous la IVe République, les conditions et modalités de son retour au pouvoir au printemps 1958, l'oeuvre intérieure et extérieure du fondateur de la Ve République jusqu'au référendum du printemps 1969. Enfin, il prolonge la réflexion jusqu'à aujourd'hui à travers l'héritage politique que de Gaulle a laissé et sa place dans la mémoire de nos contemporains.
De par l'ampleur, la variété et l'originalité des thèmes abordés, sans tabou aucun, ce Dictionnaire de Gaulle est une entreprise ambitieuse et inédite.
D'abord par le nombre et la qualité des spécialistes réunis ici pour la première fois. Plus de trois cents auteurs, universitaires et chercheurs relevant de disciplines aussi différentes que l'histoire, la sociologie, la psychologie, la science politique et le droit constitutionnel apportent à cet ouvrage les meilleurs éclairages sur toutes les facettes de la vie de Charles de Gaulle. Ensuite, par la richesse des angles de vue retenus. De nombreuses entrées s'attachent à mettre en relief l'action politique du Général, mais d'autres dimensions sont également étudiées : son milieu familial, sa vie quotidienne, sa pensée, son oeuvre littéraire, sa personnalité.Mille entrées présentées dans l'ordre alphabétique, un volume de mille six cents pages sur un seul homme : un outil incontournable pour les chercheurs comme pour le grand public.
Car tous ceux qui portent de l'intérêt au Général trouveront là une synthèse claire autant qu'une réflexion inédite. Le classement alphabétique, la liste des entrées et l'index permettent un accès facile à cette base de données. Outre les articles thématiques - qu'ils se concentrent sur un épisode précis de la geste gaullienne ou qu'ils couvrent l'ensemble de son existence -, trois cent cinquante entrées biographiques étudient les relations que le général de Gaulle a entretenues avec certains de ses contemporains, chefs d'État étrangers, pairs et/ou rivaux militaires et politiques, compagnons, collaborateurs, journalistes, artistes et écrivains.
-
Charles de Gaulle Tome 3 ; lettres, notes et carnets ; juin 1958-novembre 1970
Charles de Gaulle, Philippe de Gaulle
- Bouquins
- 14 October 2010
- 9782221114193
Les Lettres, notes et carnets révèlent tout un pan de l'oeuvre littéraire de Charles de Gaulle, très différent dans l'esprit et dans la forme de ses ouvrages de réflexion et de souvenirs. Ces documents réunis et publiés après sa mort par son fils, l'amiral de Gaulle, relèvent d'une démarche plus immédiate et spontanée. Ils sont rédigés le plus souvent à l'intention d'un correspondant particulier ou d'auditoires restreints, sinon pour le seul usage de leur auteur. Dans la majorité des cas, ce sont des oeuvres de premier jet, écrites avec une liberté de ton qui fait parfois défaut à ses Mémoires, travaillés à l'extrême. L'épistolier ou le diariste laisse apparaître ici un de Gaulle que le mémorialiste s'interdit de montrer : l'homme privé, le personnage en quelque sorte officieux, capable de s'abandonner à un élan de tendresse comme d'exprimer sans fioritures le fond de sa pensée. Hormis ses écrits de jeunesse, les textes de ses conférences d'histoire prononcées en captivité puis à Saint-Cyr et à l'École de guerre, ceux de ses allocutions devant les officiers de son bataillon, quelques études sur les questions de défense nationale et des résumés d'entretiens, l'essentiel des Lettres, notes et carnets émane ainsi de plus de soixante années de correspondance et de notations personnelles. De 1907 - première lettre publiée, adressée à son père par un fils de dix-sept ans " affectionné et respectueux " - au 9 novembre 1970 - ultime message envoyé à son propre fils -, Charles de Gaulle a entretenu avec ses proches ainsi qu'avec la plupart de ses interlocuteurs politiques, français et étrangers, et avec quantité d'intellectuels, d'artistes et d'écrivains, une relation épistolaire d'une ampleur et d'une richesse considérables. Plus épars et discontinus, ses carnets, tenus depuis l'adolescence, constituent l'autre volet des écrits intimes de Charles de Gaulle. Ils renferment pêle-mêle des considérations d'ordre historique et politique, des notes de lecture, des citations de Virgile, de Péguy ou de Chateaubriand. Autant d'éléments qui l'ont aidé à travers le temps à se construire, à forger ses idées et à inventer son univers. Certaines confidences permettent de mieux cerner la vérité profonde du personnage. Les plus nombreuses datent de 1916, année où le jeune officier met à profit sa captivité pour s'adonner à l'écriture. " J'estime que la première condition du bonheur pour un homme est de sortir de lui-même, dans le monde d'aujourd'hui ", note-t-il à ce moment-là, ajoutant quelques pages plus loin : " Jusque dans ses pires cruautés, la Vie a des saveurs qui la rendent désirable. " Trente ans plus tard, au lendemain de la Libération, de Gaulle écrit seulement ceci, qui suffirait à résumer l'ensemble de sa pensée : " Pardonnez-moi ! Je n'aime que la France. "
-
De la peur à l'espérance ; la peur en Occident ; guetter l'aurore ; parcours, recherches, débats
Jean Delumeau
- Bouquins
- 3 October 2013
- 9782221125694
Ce volume rassemble deux livres majeurs de Jean Delumeau ainsi qu'une dizaine de textes pour la plupart peu connus, voire inédits. L'ensemble permet d'envisager dans sa globalité l'oeuvre et la pensée du grand historien.
Reconnu par ses pairs dès les années 1950, Jean Delumeau aurait pu n'être qu'un universitaire parmi tant d'autres, expert, comme beaucoup d'historiens de la première génération de l'après-guerre, en matière d'histoire dite " économique et sociale ". Il fut cela, mais aussi beaucoup plus. Chemin faisant, il est devenu un grand historien de la culture, et l'un des principaux essayistes chrétiens de son temps. Grâce sans doute à la foi chrétienne qui l'anime, mais aussi à la manière dont il a vécu cette foi.
Ce volume permettra au lecteur de lire ou de relire son ouvrage scientifique le plus connu, La Peur en Occident (XIVe-XVIIIe siècles), paru en 1978 et qui marqua une date décisive dans l'avènement d'une " histoire des mentalités religieuses " (le nom de sa chaire au Collège de France), qu'on appellerait plutôt aujourd'hui une " histoire culturelle du religieux ". Ce qu'il nous dit là des peurs respectives de la " culture dirigeante " et " du plus grand nombre " n'est pas sans écho dans le monde d'aujourd'hui.
Ce volume permettra aussi de lire le texte le plus important de sa bibliographie chrétienne, Guetter l'aurore (2003), où l'on retrouve, développé et mis à jour, l'essentiel de son fameux livre de 1977, qui provoqua tant de remous : Le christianisme va-t-il mourir ? La réponse de Delumeau à cette question est à la fois lucide et optimiste.
On a adjoint à cette édition un ensemble de textes jamais réunis en volume : deux exposés fondateurs encadrant son Parcours au Collège de France, six introductions jalonnant l'itinéraire de ses Recherches, enfin un espace de Débats, dont un Entretien sur la fin des temps et le dossier de la vive polémique suscitée par la publication de Le christianisme va-t-il mourir ?
Le lecteur retrouvera dans tous ces textes la lumineuse clarté de l'auteur, la générosité avec laquelle il anime la recherche historique et l'approche ouverte qu'il a de la religion chrétienne, dans la ligne de Vatican II.
Le tout est précédé d'un avant-propos de Pascal Ory, qui éclaire le chemin parcouru par Jean Delumeau.
-
Le projet exceptionnel d'un Dictionnaire Clemenceau répond à l'intérêt vivace du lectorat et des hommes politiques pour un homme dont la personnalité est ici restituée dans sa pleine complexité. Il a pour ambition de rendre compte de la diversité des facettes d'un homme qui a suscité nombre de passions et surtout de caricatures qui ont nui à une réflexion approfondie sur un destin hors de pair.
L'approche mise en oeuvre dans ce dictionnaire - et c'est là sa force - permet de conjuguer scientificité et actualité de la recherche : les entrées traitant des grands événements et thèmes historiques - Commune, affaire Dreyfus, Grande Guerre, traités de paix, grèves, amnisties, peine de mort, socialisme, antisémitisme... - sont accompagnées d'autres qui portent sur la singularité du personnage, ses influences intellectuelles, ses goûts, ses combats les plus secrets, son intimité amoureuse et amical, son oeuvre journalistique et littéraire : amitiés, amours, famille, bibliothèques, collections, animaux, théâtre, voyages, sports, Vendée, nature et jardinage, vin et bonne chère... Apparaissent également ses contemporains, amis ou contempteurs : Blanqui, Jaurès, Zola, Ferry, Poincaré, Péguy, Maurras, Lincoln et bien sûr Monet.
Les auteurs de ce dictionnaire, plus de trente des meilleurs spécialistes français et étrangers de Clemenceau et de son époque, dont Serge Berstein, Mona Ozouf, Georges-Henri Soutou, Michel Winock et Marcel Wormser, tout en faisant la part de ce qui revient au côté passionnel et pittoresque du personnage, livrent un portrait multiforme du « Tigre » et de son rôle au centre de notre histoire, du Second Empire aux Années folles.
-
L'histoire de la captivité de Napoléon à Sainte-Hélène, durant six ans : comment il fut livré aux Anglais, son embarquement pour l'île maudite, son installation à Longwood, ses combats contre ses gardiens...
-
Des héros mythologiques de l'Antiquité aux navigateurs de l'extrême, les coureurs des mers sillonnent les océans depuis plusieurs millénaires. Aristocrates ou orphelins démunis, ils ont souvent tracé ces routes au péril de leur vie afin de repousser les limites de l'univers connu, de découvrir des continents, de fonder des compagnies, des comptoirs ou des colonies, de conduire de grandes expéditions scientifiques. La foi, l'or, la gloire, le goût de l'aventure comme la passion du savoir les animent. Les drames, les maladies, l'exil, la mort les guettent. Le courage les réunit tous autour d'une même passion.
Pirates et corsaires, flibustiers et chasseurs de trésors, amiraux des marines nationales, explorateurs, marchands et ravisseurs d'épices, navigateurs ou coureurs solitaires, ils sont français, vénitiens, génois, asiatiques ou arabes, hollandais, anglais, espagnols, portugais, russes ou nordiques. Les figures les plus illustres, de Pythéas, Érik le Rouge, Colomb, Gama et Magellan, à Barberousse, Cartier, Bart, Surcouf, Tourville, Suffren, La Pérouse, Nelson, Cook, Amundsen, Charcot, Tabarly, Cousteau et Arthaud voisinent ici avec des dizaines d'autres héros souvent méconnus.
Leurs portraits sont enrichis par une anthologie témoignant de la fascination des écrivains, d'Homère à Cendrars et Melville en passant par Hugo, Verne et London, pour les récits et les épopées des navigateurs de tous les temps. C'est la fabuleuse odyssée de ces marins d'exception qu'Olivier et Patrick Poivre d'Arvor, dont les ouvrages sur l'aventure maritime ont déjà conquis un large public, nous racontent d'une plume alerte. Inspirés par leur amour et leur expérience de la mer, ils dressent un tableau unique de ce monde fascinant. -
Louis Massignon (1883-1962) est le plus grand orientaliste français du XXe siècle. Sa prodigieuse connaissance du monde musulman, des dogmes, des littératures mystiques, poétiques ou populaires des pays d'Islam est aujourd'hui encore un guide indispensable pour comprendre les conflits dans lesquels les nations occidentales s'affrontent aux revendications islamiques.
Massignon a fait oeuvre de pionnier dans les domaines de l'art et de la spiritualité chrétienne. Il fut un grand acteur de la politique de fraternité entre les peuples et du rayonnement de la France dans le monde sous trois Républiques. Chrétien intransigeant, ami inconditionnel des pauvres et des exclus, militant et enseignant, il confia ses plus riches pensées à des centaines d'écrits publiés pendant plus d'un demi-siècle. On y croise les figures essentielles de sa méditation : de Charles de Foucauld jusqu'à Gandhi, de son guide intérieur Hallâj jusqu'au mysticisme shî'ite, de Jeanne d'Arc à Paul Claudel ou J.-K. Huysmans. Massignon y apparaît comme un personnage complexe : un témoin majeur de l'empire colonial français, puis un homme engagé dans les luttes des peuples pour l'indépendance ; un fidèle de la religion d'Abraham, attaché à la vertu unique du peuple juif comme aux droits imprescriptibles des victimes arabes de la partition de la Palestine. Ces écrits, rassemblés pour la première fois en une édition critique, renouvellent la lecture d'une oeuvre et d'une pensée toujours d'actualité.
C. J.
Tome 2 : Pensée musulmane et proximités chrétiennes - Privilège des langues sémitiques - Le miroir du coeur et la nuit de l'esprit - Topographies spirituelles - L'eschatologie musulmane et le shî'isme - Formes symboliques en terre d'Islam - La foi aux dimensions du monde - Bibliographie de Louis Massignon - Table de concordance. -
Versailles : depuis que Louis XIV a, au XVIIe siècle, transformé ce petit bourg en une cité florissante, ce nom rayonne dans le monde entier comme le lieu de l'excellence du savoir-faire et de l'art de vivre français. Ici s'est exprimé le génie créateur d'architectes, de peintres et de décorateurs qui, de Louis Le Vau à Mansart et de Charles Le Brun à André Le Nôtre, ont su relayer et accompagner l'imagination et le souci de prestige des souverains qui s'y sont succédé. Mais l'histoire de Versailles ne se résume pas à la centaine d'années qui ont fait sa gloire. Relais de chasse de Louis XIII à l'origine avant de devenir la résidence de plaisance du Roi-Soleil, le château a connu une renaissance au XIXe siècle sous l'impulsion de Louis-Philippe comme musée dédié à toutes les gloires de la France , puis comme palais national. À travers lui, c'est donc toute l'histoire française que l'on traverse, de l'Ancien Régime à nos jours.
Ce premier dictionnaire encyclopédique offre aux lecteurs un guide sans équivalent pour accéder, par tous les moyens possibles, à un site qui continue de fasciner chaque année des millions de visiteurs. Il permet de tout connaître des hommes et des femmes qui l'ont habité, des événements qui s'y sont déroulés, du cérémonial qui rythmait la vie quotidienne, de l'effervescence artistique dont Versailles fut le foyer. Les auteurs de l'ouvrage, Mathieu da Vinha et Raphaël Masson, à la tête d'une équipe scientifique de haut niveau, font ainsi revivre dans le moindre détail et avec la plus grande précision ce qui fut un lieu de pouvoir et d'intrigues, mais aussi de goût et d'intelligence. En témoigne l'anthologie littéraire savoureuse qu'ils nous offrent dans la dernière partie du volume, où Versailles revit sous la plume acerbe de Saint-Simon ou celle, plus lyrique, de Chateaubriand et de Victor Hugo, entre autres.
Cet ouvrage a été avant tout conçu comme une promenade ou un périple dans le dédale enchanteur d'un château mythique. -
Le nouveau dictionnaire de la bêtise ; le livre des bizarres
Guy Buchtel, Jean-Claude Carrière
- Bouquins
- 17 April 2014
- 9782221144695
Pourquoi cette édition du Dictionnaire de la Bêtise et du Livre des Bizarres ? Parce que la bêtise ne s'arrête jamais et que des idiots se révèlent chaque jour, comme les génies, mais tout de même pas dans les mêmes proportions. Parce qu'il faut aussi un certain temps pour les détecter, les regarder agir, les classer. Dans les précédentes éditions, il n'y avait aucun article concernant Sartre, Beauvoir, Aragon, Claudel, Truffaut ; rien sur les étrangetés ou absurdités réjouissantes tenues à leur propos ou qu'ils ont eux-mêmes proférées. Pas de jugement, non plus, sur F. Mitterrand, que ce soit de la part de ses encenseurs excessifs ou de ses détracteurs les plus farouches.
Le Dictionnaire de la bêtise ainsi complété est un véritable sottisier, mais son ambition est bien plus grande. On y trouvera des textes tout simplement amusants, comme Georges Marchais assurant en 1986 que " nous n'avons jamais changé, nous ne changerons jamais : nous sommes pour le changement " ; mais aussi et surtout des affirmations, parfois odieuses, exprimant haine du modernisme, racisme, antisémitisme, xénophobie. Ces textes souvent signés de grands noms et parfaitement référencés, traduisent tous, non pas des erreurs de plume, mais des affirmations conscientes et volontaires. Cette bêtise-là, véritable dimension éternelle de l'esprit humain, a ce mérite de révéler, peut-être mieux que les textes dits " intelligents ", ce que furent les mentalités d'une époque.
Ainsi, quand Mgr de Quélen, archevêque de Paris sous la Restauration, laisse entendre que " non seulement Jésus-Christ était fils de Dieu mais qu'il était aussi d'excellente famille du côté de sa mère ", il ne disait pas qu'une sottise : il manifestait les conceptions traditionnalistes de son temps. Quand le grand savant M. Berthelot disait en 1887 que " l'univers est désormais sans mystère ", il avouait toute l'arrogance de l'esprit scientiste. Un bêtisier amusant donc, très amusant même, mais quelquefois bête à pleurer.
Corollaire du Dictionnaire de la Bêtise, le Livre des Bizarres rappelle que, parmi de sympathiques penseurs farfelus, nombre de grands esprits ont d'abord souvent passé pour des dérangés notoires (Socrate et son démon ; Rousseau vêtu en Arménien ; le physicien Ampère, sorte de savant Cosinus ; Einstein lui-même, qui essayait parfois de vivre sans chaussettes).
Là aussi, il fallait nourrir, mettre à jour, et non plus se contenter de citer les manies d'un Roosevelt ou d'un Ceausescu ; il fallait ajouter celles des maîtres du monde plus modernes : le président Carter (qui remplaçait nuitamment dans les couloirs de la Maison blanche les portraits de ses prédécesseurs par le sien), le dictateur du Turkménistan nommé Niazov (mort en 2006) qui interdisait à son peuple d'être malade et qui avait supprimé la tuberculose par décret... Sans parler des chefs de l'Iran actuel, obligeant les championnes de ping-pong à porter le tchador en compétition internationale, et de beaucoup de bizarreries fondamentalistes dans nos propres religions occidentales.
-
Orientaliste, titulaire de la chaire de sociologie musulmane au Collège de France, Louis Massignon respecta et renouvela la tradition d hospitalité savante des études arabes, iraniennes, turques, en révélant au public occidental les richesses de la spiritualité musulmane. Rien de l islam ne lui était étranger : religion, mystique, philosophie, art, rituels, folklore et langues classiques ou vulgaires. Lire ses études sur le monde musulman est aujourd hui encore la meilleure façon de comprendre l islam, sans adhésion aveugle mais sans les voiles que nos préjugés interposent entre islam et conscience occidentale. Cette rage de connaître ne pouvait se perpétuer sans l universalité d une vocation. Massignon, par son intransigeante foi chrétienne, s ouvrit aux horizons du monde. Il se voulut l interprète de notre temps, qu il conçoit comme le moment critique de l Histoire, en déchiffrant les signes de notre destination spirituelle dans les figures de justice, d amour, d abnégation, de Jeanne d Arc à Gandhi, de Fatima à Judah Leon Magnes, qui préparent la réconciliation de l humanité, à Jérusalem. Cette attente vibrante de l Esprit soutient une activité militante ardente en fraternité avec tous les exclus, les victimes des puissances étatiques, les humiliés et les offensés.
-
Combats d'un révolutionnaire ; journaux de voyage et autres textes
Ernesto Che Guevara
- Bouquins
- 8 April 2010
- 9782221113264
Publiés pour la première fois en un seul volume, les journaux de voyage et récits de combat de Che Guevara (1928-1967), figure emblématique de la révolution cubaine, constituent un document historique irremplaçable pour comprendre son action et sa personnalité et mieux cerner la complexité et les contradictions d'un homme de légende.
De ses premiers "voyages à motocyclette" en 1951, en Amérique latine, à son ultime périple en Bolivie, vingt-cinq ans plus tard, après l'échec retentissant de son expédition congolaise, Ernesto Che Guevara raconte ici, de manière à la fois très vivante et très contrôlée, l'histoire de la dernière grande odyssée révolutionnaire du XXe siècle.
Une constante apparaît dans ses notes tour à tour prophétiques et ancrées dans une réalité parfois sordide : la volonté de former des révolutionnaires dans un esprit de guerre permanent et sans autre fin que de faire émerger un "homme nouveau".
Préfacier de cette première édition critique des souvenirs du Che, Jacobo Machover contribue utilement, en démystifiant celui qui fut à la fois "guérillero, bourreau et martyr", à resituer ses écrits dans un contexte politique et personnel plus conforme à la réalité.
Ce volume contient : Voyage à motocyclette ; Second Voyage à travers l'Amérique latine ; Souvenirs de la guerre révolutionnaire cubaine ; Journal du Congo ; Journal de Bolivie ; Justice globale.