«Ils subissent un éloignement géographique, social, politique et culturel.Ils sont la majorité.Ils sont à l'origine de toutes les contestations actuelles, qui ne ressemblent à aucun des mouvements sociaux des siècles passés.Ils sont les dépossédés.»Dans ce nouvel essai, Christophe Guilluy montre comment les classes populaires répondent magistralement à leur disparition programmée, en imposant une alternative à un modèle condamné.
Quand Nicolas Rouillé, écrivain dépourvu d'expérience dans le médico-social, annonce qu'il a trouvé un emploi en maison de retraite, on lui demande: «Tu vas torcher les vieux? T'as pas trouvé pire comme boulot?» Dans un établissement public qui se remet tout juste de la pandémie de COVID, il fait la rencontre de Mme Lopez, Mady, Suzanne, M. Lacaze et de bien d'autres résident·es attachant·es qui luttent, se laissent porter ou perdent pied. Rapidement, il s'intègre à une équipe d'auxiliaires de vie, d'aides-soignantes et d'infirmières dont la force de travail est tout aussi invisibilisée qu'essentielle.
Nourri par un sens aigu du détail et de l'observation, T'as pas trouvé pire comme boulot? est le récit du quotidien d'une maison de retraite dans toute sa banalité, ses extravagances et ses souffrances. C'est surtout la chronique d'une institution où le manque structurel de moyens met à mal le travail des soignantes pour une fin de vie digne des aîné·es.
Le coût de la vie est aujourd'hui un problème central pour des milliards d'individus à travers le monde. Alors que l'inflation atteint des niveaux importants, nombreux sont ceux qui ne parviennent pas à subvenir aux besoins qu'ils jugent essentiels. Mais une telle situation engendre-t-elle nécessairement la colère ? Il ne suffit pas à un problème d'exister pour être considéré comme injuste, ni à une injustice d'être ressentie pour amener à la révolte.Ce livre raconte comment la vie chère est devenue l'un des principaux terreaux de la colère en Afrique. Revenant sur l'histoire d'une grande partie du continent, Vincent Bonnecase analyse la manière dont la contestation de l'ordre social s'est cristallisée dans de nombreux pays autour de la question des prix. Il s'intéresse aux représentations que les populations les plus modestes se font de l'économie : le prix ne découlerait-il pas de décisions prises par de vraies personnes plutôt que d'un marché inaccessible auquel on ne peut rien ?Alors que les signes de colère face à l'augmentation des prix se multiplient au-delà du continent africain, il est plus que jamais nécessaire de décentrer notre regard. Et si l'Afrique avait beaucoup à nous dire, non seulement sur elle-même, mais aussi sur l'Europe et la place grandissante que peuvent y prendre les prix dans les sentiments d'injustice et la révolte sociale ?
Bénévole aux Restos du Coeur, Bastien Stisi raconte son quotidien et ses rencontres avec les ignorés de l'existence.
Chaque lundi soir, Bastien est bénévole au sein de l'une des associations les plus célèbres de France : les Restos du Coeur. Sa mission et celle de ses camarades est de distribuer des repas, du café, de la soupe et de l'attention à ceux qui en demandent. Ils sont 100, 150, 200, parfois plus. Jeunes, entre deux âges, vieillards. Beaucoup d'hommes, quelques femmes. Certains dorment dans la rue, d'autres se débrouillent autrement ou possèdent un logement à eux : les normes et les logiques sociales, ici, sont bouleversées et bouleversantes.
Face aux injustices, Bastien n'a plus simplement envie de faire, il veut aussi faire savoir. Son texte est le reflet de cinq années d'échanges, de doutes, de colères, de grandes défaites et de petites victoires.
En 2020, quelque 7 millions de personnes ont eu besoin de dons pour se nourrir.
Des centaines de milliers d'autres ménages, parce que leurs revenus sont trop bas, doivent se rabattre sur une nourriture à bas coût.
Cette alimentation contrainte, très souvent de mauvaise qualité, pose de vrais problèmes de santé publique et de justice sociale. Quelle(s) solution(s) imaginer pour permettre à tous d'accéder dignement à une alimentation saine et durable ? Un peu partout en France, des élus, des acteurs associatifs ou citoyens, des universitaires cherchent LA réponse.
Néanmoins, au gré des réflexions et des expérimentations, des pistes intéressantes se dessinent. Il ne s'agit plus de répondre par des solutions épisodiques, de compensation mais bien plutôt d'inventer un nouveau modèle.
Désormais, deux France s'ignorent et se font face : la France des métropoles, brillante vitrine de la mondialisation heureuse, où cohabitent cadres et immigrés, et la France périphérique des petites et moyennes villes, des zones rurales éloignées des bassins d'emplois les plus dynamiques. De cette dernière, qui concentre 60 % de la population française, personne ne parle jamais. Laissée pour compte, volontiers méprisée, cette France-là est désormais associée à la précarité sociale et au vote Front national.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi a-t-on sacrifié les classes populaires sur l'autel d'une mondialisation volontiers communautariste et inégalitaire, aux antipodes des valeurs dont se réclame la classe politique ? Comment cette France populaire peut-elle changer la donne, et regagner la place qui est la sienne, la première ? Dans cet essai polémique et percutant, Christophe Guilluy dresse un diagnostic sans complaisance de notre pays, et esquisse les contours d'une contre-société à venir...
Entre doutes et douleurs, il arrive que le dernier parcours de l'existence soit brinquebalé par un sentiment d'urgence inconnu jusqu'alors, sentiment auquel se mêlent des surprises que l'on ne sait ni comment saisir ni même comment nommer. C'est un voyage intranquille. Ce que nous suggérons au lecteur d'observer dans ce livre est le retour d'une attention affectueuse et respectueuse pour les humains au cours de cette traversée. Ce penchant vers l'amitié ? le respect et la joie de l'instant ? nous semble contenir des promesses nouvelles pour la médecine et pour la fin de la vie et, de ce fait, être porteur d'une inflexion culturelle significative.?» Ce livre de médiation et d'enquêtes, de présence et d'immersion dans une maison d'accompagnement de fin de vie, est comme une porte lumineuse ouverte sur un monde parfois obscur. Marc Hatzfeld est sociologue et anthropologue.Mireille Destandau est psychologue clinicienne.
"Avez-vous déjà entendu parler du nain de cour ? Oui, sûrement. Des mégotiers et des voleurs de cadavres ? Un peu moins. Que dire alors du punkawallah, serviteur indien chargé d'agiter les éventails, ou de l'ermite de jardin, payé pour se laisser pousser la barbe et orner une grotte au fond d'un parc anglais ? Ces professions disparues ont un point commun : ce sont des « sales boulots », périlleux, sinistres, ardus, grotesques ou avilissants.
Ce dictionnaire, le premier du genre, en dresse l'inventaire avec humour, de l'Antiquité jusqu'au XXe siècle. On y rencontrera, à travers l'épais smog industriel, les chiffonniers chargeant dans leurs sacs de toile les ordures londoniennes. On y frappera, tôt le matin, des coups répétés aux portes des travailleurs en compagnie des knocker-ups (réveilleurs), on y baignera dans les poussières radioactives aux côtés des ouvrières de l'US Radium Corporation. On y entendra, enfin, les lamentations factices des pleureuses à gages accompagnant les cortèges funéraires, et les propos irrévérencieux des bouffons dans les cours européennes...
À l'heure où l'on débat des métiers essentiels, de la pénibilité et de la précarité du travail, Nicolas Méra nous rappelle que les emplois méprisés et mal rémunérés ont une bien longue histoire." Nicolas Méra est l'auteur de Content de vous voir ! (Éditions de l'Opportun, 2020) et Les hasards qui ont fait l'histoire (Jourdan, 2020).
Les vies pauvres ne sont pas de pauvres vies : il y a urgence à considérer l'histoire des vies pauvres comme riche de sens politique et philosophique à l'heure du primat économique.
Les questionnements que posent aujourd'hui les « sans domicile fixe » n'ont jamais été aussi saillants, et symbolisent de façon aiguë la fracture sociale. Quel est leur nombre, leur profil socio-économique, leur trajectoire biographique, leur vie quotidienne ? Quels sont les modes d'intervention mis en place pour leur venir en aide ? Autant de points qui donnent lieu à schématisation et idées reçues que cet ouvrage s'attache à déconstruire.
Résultat d'une étude ambitieuse mêlant recherche et terrain, ce livre donne à voir la réalité du monde de la rue. Car c'est en observant ce qui se cache derrière le mot SDF que l'on pourra ajuster l'action sociale aux transformations contemporaines de la pauvreté.
«Tiens, voilà du boudin...» ; «Vous êtes un aberration de la nature.» Voilà le genre de phrase que Gabrielle, 36 ans, 140 kg pour 1,54m, entend quotidiennement sur son passage. Après vingt ans d'humiliations, elle a envisagé deux possibilités : s'armer d'un revolver ou d'un stylo. Elle a préféré s'en tenir à la seconde option.
Gabrielle reconstruit son parcours au fil d'une double enquête. Elle retrace sans tabou son histoire personnelle. En parallèle, elle dresse un réquisitoire contre l'attitude des institutions - éducation, travail, santé - envers les personnes obèses. Pour enquêter depuis son propre corps, l'auteure débute une procédure de chirurgie bariatrique.
Avec ce livre, Gabrielle Deydier interroge le rapport que notre société entretient au corps des femmes.
La « Zone », c'est d'abord une bande de terre large de quelques centaines de mètres qui entoure Paris. Logée entre les fortifications de la ville, édifiées dans les années 1840, et sa banlieue, elle sert aux manoeuvres militaires. Là, s'installe progressivement une population interlope - chiffonniers, mendiants, pauvres de toutes sortes - dans un fatras de roulottes, de tissus et de métaux. À la fin du siècle, chez ceux de l'extérieur, la Zone devient un objet : objet de curiosité, de fantasmes, d'angoisse, de commisération, de littérature et d'images. Bref, l'objet de perceptions hétérogènes les unes aux autres mais unies par une même tendance à regarder de haut cette population, à la dominer avec plus ou moins de bienveillance.
De la Zone, aujourd'hui devenue, par extension, la désignation de toute forme de marginalité, Jérôme Beauchez propose une « archéographie » subtile et sensible, c'est-àdire l'histoire des regards - ceux de la bohème artistique et des photographes, des chansonniers et des journalistes, des élus et des hygiénistes - qui, en la constituant en objet, ont fabriqué une catégorie d'étrangers de l'intérieur, de « sauvages de la civilisation », dont on perçoit encore la prégnance, bien longtemps après la destruction de cet espace. Des zoniers aux zonards et au-delà, ce livre raconte l'histoire des marges.
Ensemble de constructions hâtivement bâties avec des matériaux de fortune sur un terrain squatté non viabilisé, destiné à une population pauvre exclue de tout, le bidonville est l'une des modalités de l'urbanisation planétaire, née à la fin du XIXe siècle et qui abritera près de 2 milliards d'habitants en 2030.
Le phénomène s'est considérablement amplifié avec l'exode rural et l'extension des mégalopoles en ouvrant l'éventail des situations : certains bidonvilles centenaires se sont branchés sur les réseaux d'eau et d'électricité, des bicoques sont dorénavant en « dur » et disposent d'un jardinet, d'autres encore représentent le degré zéro de l'habitabilité avec quelques planches maladroitement clouées entre elles et surmontées d'un bout de tôle.
Cet ouvrage retrace la géohistoire des bidonvilles, présente les principales théories socio-anthropologiques qui en expliquent la genèse et la pérennité, s'attarde sur leurs représentations tant romanesques que cinématographiques et évalue ce que ces « villes » incomplètes et inconfortables apportent à l'architecture de survie et à l'urbanisation sans urbanisme.
« Une gare, c'est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien ».
« Lorsque j'ai entendu cette déclaration d'Emmanuel Macron, j'ai tout de suite su qu'elle ciblait les gens comme moi. Cette déclaration, la première d'une longue série, marque incontestablement le début des années Macron, les années-mépris. Pendant cinq ans, j'ai voyagé dans cette France de ceux qui ne seraient rien pour raconter les luttes des travailleurs, des pauvres, des immigrés... Pour faire entendre le courage et la dignité de ceux qui se sont opposés à ce pouvoir, dans l'espoir qu'enfin, viennent les jours heureux. » Dans ce récit à la première personne, Taha Bouhafs, journaliste d'une génération engagée, pose son regard sur un pays fracturé par les inégalités sociales et le racisme. Il revient sur son itinéraire singulier au travers duquel il dresse un portrait empathique d'une France oubliée et méprisée. La France de ceux qui ne sont rien.
Des visages marqués, des parcours singuliers disant la misère, la dégradation morale, physique, la déshérence : Robert McLiam Wilson raconte la pauvreté, au début des années 1990, dans une Angleterre marquée par l'ultralibéralisme du gouvernement Thatcher. Son récit, illustré par les photographies de Donovan Wylie, abandonne toute distance journalistique au profit d'une empathie émue, pudique et profonde à l'égard des personnes rencontrées. Parfois, le lecteur devine même les ombres d'une autobiographie déguisée et une préfiguration des oeuvres à venir.
Né en 1964 à Belfast, Robert McLiam Wilson a grandi dans un quartier ouvrier catholique de la ville avant de s'expatrier à Londres. Son premier roman, Ripley Bogle, publié en 1988, remporte plusieurs prix littéraires en Grande-Bretagne. Il est considéré comme l'un des romanciers irlandais contemporains les plus importants. Robert McLiam Wilson, membre de la prestigieuse agence Magnum, réalise également des reportages pour la télévision sur la misère sociale des sans-abri. « Lire Les Dépossédés aujourd'hui en France, sous le chant des sirènes réformistes, est une expérience curieuse : on y voit comme dans une boule de cristal ce qui pourrait nous arriver. » Libération « Des figures remarquables hantent ces pages douloureuses. » Télérama
Le « pognon de dingue » mis dans les minimas sociaux, le travail que l'on trouve dès que l'on « traverse la rue », les « centaines de milliers d'offres d'emploi vacantes »... L'actualité montre que les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté sont toujours aussi répandues à tous les niveaux de la société.
À l'heure où le contrôle des chômeurs se renforce et où l'on veut imposer du bénévolat forcé aux allocataires du RSA, les personnes en précarité sont encore trop souvent convoquées au tribunal de l'opinion publique : « On peut gagner plus en alternant chômage et travail qu'en travaillant à plein-temps », « Il y a des chômeurs qui ne cherchent pas de travail », « On doit avant tout sa réussite à soi-même ».
Ce livre défait la chape de plomb du fatalisme en répondant point par point à plus de 130 préjugés sur la pauvreté. Il montre que l'action pour la transition écologique et l'éradication de la misère sont un même combat.
Fort de ses 80 000 exemplaires diffusés lors des trois premières éditions, ce livre entièrement remis à jour démontre, chiffres, documents offciels et travaux de chercheurs à l'appui, que la stigmatisation des pauvres repose non sur des faits, mais sur des discours qui masquent les véritables causes de la misère. Enrichi de questions inédites, cet antidote à la mise à l'écart des pauvres propose des idées neuves pour construire une société reposant sur l'égale dignité de chacun.
Dans une introduction intitulée « Naissance d'une sociologie de la pauvreté », Serge Paugam et Franz Schultheis montrent l'intérêt de ce texte constituant « le cadre analytique pour penser en termes sociologiques la question de la pauvreté dans les sociétés modernes ». Édité pour la première fois en langue française en 1998, quatre-vingt-dix ans après sa première publication allemande, ce texte a inspiré de nombreux travaux sur la pauvreté, en particulier sur le processus de disqualification sociale mis en évidence par les travaux de Serge Paugam.
L'école française est devenue le bastion des élites françaises. Comment en sommes-nous arrivés là ?
Dans cet ouvrage incisif et renseigné, Jean-Paul Delahaye met au jour une situation masquée par les pseudo-discours républicains.
Si l'école française répond aux attentes de la plupart des élèves, elle ne parvient pas à faire réussir trente pour cent d'entre eux... L'école française est profondément inégalitaire.
Cette situation n'est pas le fait des enseignants, qui pour beaucoup d'entre eux sont au front, quotidiennement, se battant avec les moyens dont ils disposent.
Mais les choix politiques et budgétaires qui sont ceux des élites, quelle que soit leur couleur politique, maintiennent cette situation déplorable qui fait de la France le pays où les origines sociales ont le plus d'impact sur les destins scolaires.
Contrairement aux idées reçues, l'école française fait financer les études des plus riches, des études plus longues, plus coûteuses, par l'argent des pauvres. C'est le ruissellement à l'envers. Le pognon de dingue est d'abord dirigé vers les enfants des classes les plus aisées.
Cet ouvrage dévoile, arguments à l'appui, un scandale d'État.
Dans ce livre riche d'informations et de faits souvent ignorés, Jean-Paul Delahaye, un des meilleurs connaisseurs de l'école française où il a occupé toutes les fonctions sur près d'un demi-siècle, dresse un état des lieux sans complaisance de cette préférence française pour les inégalités.
Mais il trace aussi, de façon plus positive, les contours de ce que pourrait être une école républicaine et fraternelle vraiment fidèle à ses valeurs.
En 2000/2001, Les programmes « Convention d'Education Prioritaire » de Sciences Po, ouvraient, à grand renfort de trompettes médiatiques, l'ère de l'ouverture sociale dans les Grandes écoles françaises. Mais l'ouverture sociale a-t-elle modifié le visage de l'enseignement supérieur sélectif? Pour comprendre les effets de ces dispositifs, il ne suffit pas d'étudier les parcours des quelques étudiants défavorisés qui parviennent à se hisser dans les Grandes écoles. Il faut se pencher sur les changements engendrés dans l'organisation et le fonctionnement de ces établissements et sur leur manière de sélectionner les étudiants. A partir d'une enquête sociologique menée pendant plusieurs années au sein d'établissements du supérieur (Sciences Po, ESSEC, Oxford University), cet ouvrage étudie les pratiques de sélection à l'oeuvre dans les filières d'élites et la manière dont l'ouverture sociale a affecté leur autorité symbolique.
Comment prendre en charge les personnes sans -abri ? Comment les soutenir ponctuellement, et les aider sur du long terme ? Comment agir face à ce public aux attentes et aux parcours si particuliers ?
Face au manque de ressources centrées sur le suivi des personnes sans domicile fixe, l'asbl «Infirmiers de rue» propose un manuel très pratique rassemblant les outils et les savoirs nécessaires pour accompagner une personne sansabri.
Ils abordent la prise de conscience de soi par l'hygiène de base, mais également la remise en logement et la capacité à se re-projeter en tant qu'individu intégré dans la société. Et leurs méthodes ont déjà fait leurs preuves : rien qu'en Belgique, ils ont sorti près de 200 personnes de la rue. Travailleurs sociaux, personnel médical et paramédical, médiateurs de rue, animateurs, forces de l'ordre... seront, grâce à cet ouvrage, armés pour appréhender le sans-abrisme et les personnes qui y font face.
Nombre de travailleurs connaissent une précarité durable, alternant emploi et chômage sur la longue durée. À partir d'une enquête qui compare les cas contrastés des saisonniers agricoles et des artistes intermittents du spectacle, l'ouvrage analyse la « soutenabilité » de l'emploi discontinu. Dans quelle mesure peut-il devenir supportable et acceptable pour les personnes concernées ? Quelles ressources permettent de sécuriser leur situation ? Mais aussi, quelles satisfactions peut-on en retirer malgré tout ? Poser ces questions, c'est s'écarter des raisonnements binaires « choisi »/« subi » pour analyser comment les individus s'adaptent à ce fait social majeur de notre temps, qui veut que tout un pan de la population active soit éloigné des droits et de la sécurité rattachés à l'emploi stable et à temps plein. Il s'agit aussi d'interroger une société qui, tout en produisant de la précarité durable, a paradoxalement tendance à la voir comme une réalité exceptionnelle et temporaire.
Ils vivent dans la rue, sur les trottoirs de France, sous les ponts, loin des lumières des lampadaires. Pour la majorité, ce sont des mineurs, les plus jeunes ont onze ans. Quand on les voit, on ne les regarde pas. Au gré des polémiques, de l'agenda politique et des fake news, les médias s'intéressent rapidement à leur sort : on dit qu'ils se prostituent, qu'ils volent, qu'ils se droguent, qu'ils agressent, ces enfants nourrissent le fantasme d'un pays submergé par l'immigration et la perte de son identité. Mais qui sont-ils ? Pourquoi sont-ils chez nous ? Combien sont-ils ? Des milliers probablement, disséminés dans les grandes villes de France.
La journaliste Nadia Hathroubi-Safsaf a voulu comprendre. Pendant presque un an, elle s'est rendue sur le terrain, notamment dans le quartier de la goutte d'Or à Paris où ces enfants sont le plus visibles. Voici son récit d'une humanité bouleversante
Le livre donne à lire des histoires de militants. Ce sont des récits passionnants sur des engagements pour rendre meilleur le monde et plus légère la vie. Des combats tristement perdus et des victoires arrachées parfois avec les dents qu'un sourire franc laisse briller au milieu de la figure. Ces récits ont été laborieusement et patiemment livrés à l'auteur par des militantes et des militants bataillant dans les domaines les plus divers, de la culture au sport, de la politique au logement, de l'hygiène du linge à la réinsertion après un passage en prison, de la protection de la vie des adolescents face à la violence du narcotrafic à la difficile relation entre religion et politique au sein de notre démocratie. L'auteur a suivi les gens portant une parole et une voix sur l'espace public, il les a accompagnés descendre sur l'arène des luttes sociales défendre leurs intérêts, et surtout, il les a vu enrichir des espaces de vie dans un quotidien que d'autres condamnent à la relégation.
Le livre est composé de récits de vie et d'expériences militantes dans des quartiers populaires d'Aubervilliers, Lille, Roubaix, Toulouse, Montpellier et Strasbourg. Ces expériences s'intègrent dans un réseau de militants soutenu par la Fondation Abbé Pierre dans plusieurs grandes villes de France que l'auteur a accompagnés pendant six dans les rencontres qu'ils organisent. Véritable ethnographie, l'enquête est aussi nourrie que minutieuse. L'auteur a choisi une forme narrative qui plonge le lecteur immédiatement dans la vie de ces espaces sociaux plus souvent décriés que véritablement connus. A travers un échange horizontal avec les habitants et les militants, le sociologue donne un accès direct aux enjeux politiques locaux et nationaux sur les trente dernières années.
Les récits sont accompagnés d'un texte introductif qui fournit les repères analytiques sans lesquels le lecteur risquerait d'entrer sans boussole dans une vaste fresque sociale. La bibliographie académique est à peine suggérée en arrière-plan, distillée au compte-gouttes quand elle est indispensable. En revanche, toutes les données historiques, légales, statistiques, de repères économiques sont intégrées aux textes donnant accès à la lecture critique par une écriture qui ne vise pas l'enchantement.
Denis Merklen est sociologue, professeur à l'Université Sorbonne Nouvelle et chercheur au Centre de recherche et de documentation sur les Amériques (CNRS-USN). Il est l'auteur de nombreux livres dont Quartiers populaires, quartiers politiques (2009), Pourquoi brûle-t-on des bibliothèques (2020), En quête des classes populaires (2017), La diagonale des conflits (2018).
Rien n'est plus scandaleux : dans un monde de plus en plus riche, trente millions d'êtres humains meurent de faim chaque année. Des centaines de millions d'autres, un peu partout sur la planète, sont gravement mal nourris. Comment est-ce possible ? Pourquoi acceptons-nous une injustice aussi monstrueuse ? Comment peut-on expliquer une telle absurdité ?
Sans dissimuler son indignation, Jean Ziegler répond ici aux questions que lui pose son fils. Ce sont celles que se posent tous les enfants du monde.
Rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation de 2000 à 2008, aujourd'hui vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, Jean Ziegler est professeur émérite de sociologie à l'université de Genève. Il a récemment publié Destruction massive. Géopolitique de la faim (Seuil, 2011 ; « Points Documents », 2014).