Pourquoi Colette ? Un grand écrivain, c'est aussi un écrivain qui crée des mythes, qui renouvelle notre mythologie. « Créer un poncif, c'est le génie », disait Baudelaire. Colette a créé quatre mythes : Claudine; Sido, Gigi, et Colette, elle-même, grand écrivain national, monstre sacré. Admirée par Simone de Beauvoir, pionnière de la transgression et de la provocation, elle fait souffler dans ses romans ce vent de liberté qui nous manque tant aujourd'hui. Antoine Compagnon décline toutes les facettes de Colette, des plus connues ou plus secrètes. De Claudine, sa première héroïne, dont son mari, Willy, s'appropria la paternité, signant de son propre nom les textes de son épouse et récoltant le succès et l'argent à sa place. Sido, inspirée par sa propre mère, sans doute sa plus belle invention romanesque. En passant par Gigi, son double littéraire charmante, légère, heureuse en amour et en mariage - à l'opposé de sa créatrice qui fuira « l'homme, souvent méchant » et trouvera refuge auprès des femmes. De sa Bourgogne natale à la présidence de l'académie Goncourt - elle qui n'avait aucun diplôme -, Colette ne fut jamais là où on l'attendait et emmena la littérature là où personne d'autre n'avait osé aller. Plus accessible que Proust, plus moderne que Gide, Claudel ou Valéry, Colette réussit la prouesse d'être à la fois lue dans les écoles et d'avoir conçu une oeuvre toujours aussi sulfureuse. Lire Colette aujourd'hui, c'est embrasser le XXe siècle dans toute son extravagance, grâce à un style qui n'a pas pris une ride.
« Tant de fois je me suis tenue avec des mourants et avec leurs familles. Tant de fois j'ai pris la parole à des enterrements, puis entendu les hommages de fils et de filles endeuillés, de parents dévastés, de conjoints détruits, d'amis anéantis... ».
Etre rabbin, c'est vivre avec la mort : celle des autres, celle des vôtres. Mais c'est surtout transmuer cette mort en leçon de vie pour ceux qui restent : « Savoir raconter ce qui fut mille fois dit, mais donner à celui qui entend l'histoire pour la première fois des clefs inédites pour appréhender la sienne. Telle est ma fonction. Je me tiens aux côtés d'hommes et de femmes qui, aux moments charnières de leurs vies, ont besoin de récits. ».
A travers onze chapitres, Delphine Horvilleur superpose trois dimensions, comme trois fils étroitement tressés : le récit, la réflexion et la confession. Le récit d' une vie interrompue (célèbre ou anonyme), la manière de donner sens à cette mort à travers telle ou telle exégèse des textes sacrés, et l'évocation d'une blessure intime ou la remémoration d'un épisode autobiographique dont elle a réveillé le souvenir enseveli.
Nous vivons tous avec des fantômes : « Ceux de nos histoires personnelles, familiales ou collectives, ceux des nations qui nous ont vu naître, des cultures qui nous abritent, des histoires qu'on nous a racontées ou tues, et parfois des langues que nous parlons. » Les récits sacrés ouvrent un passage entre les vivants et les morts. « Le rôle d'un conteur est de se tenir à la porte pour s'assurer qu'elle reste ouverte » et de permettre à chacun de faire la paix avec ses fantômes...
« Les tracas domestiques sont des drames en robe de chambre. À tout moment, ces phrases («qui voudra de la tisane ?»), objets (le dessous de plat en liège légèrement brûlé) ou événements («j'ai ENCORE perdu mes clefs, tu m'ouvriras ?») transpercent l'épais matelas de déni qui enrobait, croyais-je, mon univers domestique. ».
Dans ce texte très personnel, Adèle Van Reeth déploie une fascinante réflexion sur l'ordinaire de nos vies intimes. Alors que chacun côtoie la tragédie et le miracle - la mort et la naissance -, l'entre-deux n'est-il fait que d'ennui et de soubresauts ?
Nous ne pouvons plus le nier, il nous faut faire désormais face à la catastrophe climatique. N'est-il pas temps d'entrer en résistance contre les logiques de destruction massive, frénétique, de nos écosystèmes ? Dans ce "Petit manuel", revu et augmenté, sans chercher à apporter de réponses définitives, Cyril Dion propose de nombreuses pistes d'actions. Plus encore, il nous invite à renouer avec notre élan vital, à mener une existence où chaque chose que nous faisons, depuis notre métier, jusqu'aux tâches les plus quotidiennes, participe à construire le monde dans lequel nous voulons vivre. Nouvelle édition revue et augmentée.
L'Iliade est le récit de la guerre de Troie. L'Odyssée raconte le retour d'Ulysse en son royaume d'Ithaque. L'un décrit la guerre, l'autre la restauration de l'ordre. Tous deux dessinent les contours de la condition humaine. À Troie, c'est la ruée des masses enragées, manipulées par les dieux. Dans l'Odyssée on découvre Ulysse, circulant entre les îles, et découvrant soudain la possibilité d'échapper à la prédestination. Entre les deux poèmes se joue ainsi une très violente oscillation : malédiction de la guerre ici, possibilité d'une île là-bas, temps des héros de côté là, aventure intérieure de ce côté ci.
Ces textes ont cristallisé des mythes qui se répandaient par le truchement des aèdes dans les populations des royaumes mycéniens et de la Grèce archaïque il y a 2500 ans. Ils nous semblent étranges, parfois monstrueux. Ils sont peuplés de créatures hideuses, de magiciennes belles comme la mort, d'armées en déroute, d'amis intransigeants, d'épouses sacrificielles et de guerriers furieux. Les tempêtes se lèvent, les murailles s'écroulent, les dieux font l'amour, les reines sanglotent, les soldats sèchent leurs larmes sur des tuniques en sang, les hommes s'étripent et une scène tendre interrompt le massacre pour nous rappeler que les caresses arrêtent la vengeance.
Préparons-nous : nous passerons des fleuves et des champs de bataille, nous serons jetés dans la mêlée, conviés à l'assemblée des dieux, nous essuierons des tempêtes et des averses de lumière, nous serons nimbés de brumes, pénétrerons dans des alcôves, visiterons des îles, prendrons pied sur des récifs. Parfois, des hommes mordront la poussière, à mort. D'autres seront sauvés. Toujours les dieux veilleront. Et toujours le soleil ruissellera et révèlera la beauté mêlée à la tragédie. Des hommes se démèneront pour mener leurs entreprises mais derrière chacun d'eux, un dieu veillera et jouera son jeu. L'Homme sera-t-il libre de ses choix ou devra-t-il obéir à son destin ? Est-il un pauvre pion ou une créature souveraine ?
Les poèmes auront pour décor des îles, des caps et des royaumes dont un géographe, Victor Bérard, effectua dans les années 1920 une très précise localisation. La Mare Nostrum est ce haut lieu d'où a jailli l'une des sources de notre Europe, qui est la fille d'Athènes autant que de Jérusalem.
Mais une question nous taraude. D'où viennent exactement ces chants, surgis des profondeurs, explosant dans l'éternité ? Et pourquoi conservent-ils à nos oreilles cette incomparable familiarité ? Comment expliquer qu'un récit de 2500 ans d'âge, résonne à nos oreilles avec un lustre neuf, un pétillement aussi frais que le ressac d'une calanque ? Pourquoi ces vers paraissent-ils avoir été écrits pas plus tard qu'aujourd'hui, par un très vieux poète à la jeunesse immortelle, pour nous apprendre de quoi seront fait nos lendemains ? En termes moins lyriques (Homère est le seul maître en la matière) d'où provient la fraîcheur de ce texte ? Pourquoi ces dieux et ces héros semblent malgré la terreur qu'ils inspirent et le mystère qui les nimbe, des êtres si amicaux ?
«Il est incontestable que la corruption est systémique en France et qu'elle impacte notre quotidien.»Éric Alt et Élise Van BenedenNous ne nous percevons pas forcément, en tant que citoyens, comme victimes de la corruption. Pourtant nous subissons tous ses effets:nous payons plus d'impôts, nous bénéficions de moins de services publics, nous vivons des injustices. La corruption est un abus de pouvoir qui dégrade la démocratie toute entière. Elle affecte l'économie, le vivre ensemble, la confiance en nos élus. Mais il est possible de résister, comme en témoignent les auteurs de cet essai, tous deux engagés dans une association agréée de lutte contre la corruption, de combattre les manquements à la probité des puissants et d'oeuvrer pour l'éthique dans la vie publique. En démocratie, la souveraineté appartient aux citoyens. Cette résistance citoyenne est aussi une opportunité pour tous de se réapproprier un pouvoir dont ils ont été dépossédés.
Comment dire adieu à un être cher alors que le monde entier est frappé par une crise sanitaire, que le défunt repose au Nigeria et que ses enfants sont bloqués en Angleterre et aux États-Unis? Le père de Chimamanda Ngozi Adichie vient de mourir. Séparée de ses proches, cette dernière vit un deuil empêché et solitaire. Elle écrit alors sous la forme de courts chapitres, composés comme des soubresauts de chagrin et de rage, où l'amour et l'admiration qu'elle portait à son père explosent à chaque page.James Nwoye Adichie a traversé plusieurs époques de l'histoire du Nigeria. S'il a transmis la culture et la langue igbos à ses enfants, essentielles à l'oeuvre de l'autrice, il s'est aussi élevé contre certaines traditions de son pays. En partageant des anecdotes familiales simples et touchantes, Chimamanda Ngozi Adichie rend hommage au professeur émérite de l'université du Nigeria, mais surtout au père humble et aff ectueux qu'il était, son «dadounet originel».La perte se voit ainsi transcendée par l'amour et la transmission.
S'est fait ressentir le besoin de disposer d'un manifeste qui viendrait poser sans hiérarchie ce qui ne peut nous être volé, du silence à l'horizon, de la santé au temps long, de même que les méthodes et approches qui permettraient d'éviter que ce vol ait lieu. Cette charte aurait vocation à inspirer tous ceux qui ont besoin de réarmer leur désir, de s'appuyer sur quelques compagnons déjà constitués, de partager des méthodes de conception et de déploiement et d'arpenter ensemble les chemins de la «vie bonne». Car nous sommes des hommes dont l'humanisme est fragile; et chacun d'entre nous tisse dans la matière de sa vie des façons de se lier à des collectifs plus régulateurs, tout en assumant un principe d'individuation digne de ce nom, test de crédibilité de l'État de droit. Il s'agit dès lors d'inventer une technique de la furtivité - d'où cette charte tient sa désignation, le Verstohlen -, c'est-à-dire de maintien au monde en y consolidant nos pouvoirs d'agir et nos libertés.
La Source de l'amour-propre réunit une quarantaine de textes écrits par Toni Morrison au cours des dernières décennies et qui, chacun à sa façon, attestent de sa généreuse intelligence. Elle s'implique, débat, ou analyse des thèmes aussi variés que le rôle de l'artiste dans la société, la question de l'imagination en littérature, la présence des Afro-Américains dans la culture américaine ou encore les pouvoirs du langage. On retrouve dans ces essais ce qui fait également la puissance de ses romans : l'examen des dynamiques raciales et sociales, sa grande empathie, et son pragmatisme politique. Toni Morrison s'interroge : « Comment faire en sorte que personne ne soit plus perçu comme un étranger en son propre pays ? ». Elle s'emploie, pour répondre à cette question, à rendre hommage à ses prédécesseurs : James Baldwin, Martin Luther King, ou plusieurs peintres noirs qui, tous, ont théorisé ou incarnés les tiraillements identitaires de l'Amérique.
La Source de l'amour-propre est à la fois une porte d'entrée dans l'oeuvre de Toni Morrison et une somme où se donne à lire l'acuité combative de son autrice. C'est aussi, dans un style dont la vigueur ne cesse de nous éblouir, un puissant appel à l'action, au rêve, à l'espoir.
Ce [...] livre est parti d'une idée assez monstrueuse, mais, je pense, assez exaltante.
J'ai choisi, à Paris, douze lieux, des rues, des places, des carrefours, liés à des souvenirs, à des événements ou à des moments importants de mon existence. Chaque mois, je décris deux de ces lieux ; une première fois, sur place (dans un café ou dans la rue même) je décris « ce que je vois » de la manière la plus neutre possible, j'énumère les magasins, quelques détails d'architecture, quelques micro-événements (une voiture de pompiers qui passe, une dame qui attache son chien avant d'entrer dans une charcuterie, un déménagement, des affiches, des gens, etc.) ; une deuxième fois, n'importe où (chez moi, au café, au bureau) je décris le lieu de mémoire, j'évoque les souvenirs qui lui sont liés, les gens que j'y ai connus, etc. Chaque texte [...] est, une fois terminé, enfermé dans une enveloppe que je cachette à la cire. Au bout d'un an, j'aurai décrit chacun de mes lieux deux fois, une fois sur le mode du souvenir, une fois sur place en description réelle. Je recommence ainsi pendant douze ans [...].
J'ai commencé en janvier 1969 ; j'aurai fini en décembre 1980 ! j'ouvrirai alors les 288 enveloppes cachetées [...]. Je n'ai pas une idée très claire du résultat final, mais je pense qu'on y verra tout à la fois le vieillissement des lieux, le vieillissement de mon écriture, le vieillissement de mes souvenirs : le temps retrouvé se confond avec le temps perdu ; le temps s'accroche à ce projet, en constitue la structure et la contrainte ; le livre n'est plus restitution d'un temps passé, mais mesure du temps qui s'écoule ; le temps de l'écriture, qui était jusqu'à présent un temps pour rien, un temps mort, que l'on feignait d'ignorer ou que l'on ne restituait qu'arbitrairement (L'Emploi du temps), qui restait toujours à côté du livre (même chez Proust), deviendra ici l'axe essentiel.
Je n'ai pas encore de titre pour ce projet ; ce pourrait être Loci Soli (ou Soli Loci) ou, plus simplement, Lieux.
Georges Perec.
Extrait de « Lettre à Maurice Nadeau » du 7 juillet 1969, dans Je suis né, Seuil, « La Librairie du XXe siècle », 1990.
Parce qu'on ne naît pas homme, on le devient.
Adapté du podcast phénomène Les Couilles sur la table, ce livre est une synthèse indispensable et passionnante de ce que l'on sait sur la virilité, les masculinités et les hommes.
Un livre à offrir à toutes celles et ceux qui se posent des questions sur eux-mêmes. Et à celles et ceux qui ne s'en posent pas encore.
«Un enfant dyslexique dessine minutieusement des pages de monstres. Leur donner une forme en réduit l'immensité, l'intensité et l'angoisse. La feuille les emprisonne avec ses bords. Plus ils sont nets, mieux ils sont domptés.»Inspiré par ces diables gardiens de l'enfance, l'artiste et architecte Alessandro Mendini exécute à son tour une série de dessins. Dans un jeu d'improvisation où de l'image surgit la parole, Erri De Luca compose face à ces trente-cinq planches autant de textes qui leur répondent. De la rencontre de ces deux personnalités naît un compagnonnage inventif entre l'artiste et l'écrivain.
Le grand remplacement, c'est un imaginaire, une panique, une maladie. Des images de hordes, de frontières, de barbelés. C'est aussi l'imaginaire de la civilisation, de la communauté une et homogène, l'idée du pur et de l'impur. C'est la paranoïa d'une invasion de l'intérieur, d'une contamination. C'est enfin la nostalgie d'un temps imaginaire. Le grand remplacement relève de la science-fiction au service d'un programme politique nauséabond. Alors 8 autrices et auteurs, de tous horizons, se réunissent et relèvent le défi de la dystopie pour déconstruire ce discours. 8 nouvelles littéraires trash, drôles, poignantes pour déconstruire une peur irrationnelle, et explorer les mondes imaginaires qu'elle sécrète. Une chronique littéraire du grand déraillement que nous vivons.
Annie Ernaux est aujourd'hui, de façon incontestable, l'un des auteurs français les plus (re)connus dans le paysage littéraire contemporain, son oeuvre est traduite dans de nombreux pays et couronnée par de multiples prix (récemment encore le Prix Prince Pierre de Monaco). Ce volume qui lui est consacré permettra tout à la fois de satisfaire les lecteurs les plus érudits mais également de répondre à la curiosité littéraire d'un public de plus en plus large et fidèle. Mêlant regards critiques et interventions plus personnelles d'écrivains ou d'artistes, le Cahier explore autant les enjeux sociologiques, historiques et parfois psychanalytiques de l'oeuvre d'Annie Ernaux que sa sensibilité intime. La multitude des intervenants, issus de milieux aussi divers que le cinéma, le théâtre, la littérature, la chanson et la recherche littéraire, vise à mettre en valeur les nombreuses facettes du travail d'Annie Ernaux. Certaines parties mettent l'accent sur des ouvrages précis, L'Événement, Les Années et Mémoire de fille, quand d'autres abordent les thématiques qui traversent toute l'oeuvre ; écriture, voyages, engagement politique,... De nombreux extraits inédits du journal d'écriture d'Annie Ernaux témoignent par ailleurs du regard sans cesse éveillé que l'écrivaine pose sur le monde.
Ces dix-neuf textes sont écrits du fond d'une geôle. Poignants et remarquablement maîtrisés, ces allers-retours entre réflexions et sensations expriment le quotidien morne du prisonnier, écartelé entre le bilan de sa vie et de ses actions, et le vide glacial d'un avenir absent. Mais petit à petit le courage lui revient, et malgré des conditions désespérantes il se remet à écrire. Un livre de résistance exemplaire.
La ferme du Bec Hellouin, créée en 2004 par Perrine et Charles Hervé-Gruyer en Haute-Normandie, fait aujourd'hui référence en matière d'agriculture naturelle. Cette réussite démontre la pertinence sociale, économique et écologique d'une agriculture permaculturelle. Dans cet ouvrage résolument positif, les auteurs proposent de nombreuses pistes novatrices, fondées sur des expériences réussies développées pour une agriculture tournée vers l'avenir.
Dans «Les Cercueils de zinc», Svetlana Alexievitch avait osé violer en 1989 un des derniers tabous de l'ex-URSS : elle dénonçait le mythe de la guerre d'Afghanistan, des guerriers libérateurs. La vérité n'est jamais bonne à dire, «Les Cercueils de zinc» valut à son auteur un procès pour "calomnie". Reste que sans ce livre on ne saurait rien de la guerre des Soviétiques en Afghanistan ni, vues de l'intérieur, des dernières années de l'URSS. Un témoignage capital du Prix Nobel de littérature 2015, dans une édition revue par l'auteur.
«Limonov n'est pas un personnage de fiction. Il existe. Je le connais. Il a été voyou en Ukraine ; idole de l'underground soviétique sous Brejnev ; clochard, puis valet de chambre d'un milliardaire à Manhattan ; écrivain branché à Paris ; soldat perdu dans les guerres des Balkans ; et maintenant, dans l'immense bordel de l'après-communisme en Russie, vieux chef charismatique d'un parti de jeunes desperados. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je suspends pour ma part mon jugement.» Emmanuel Carrère.
« Monsieur Baudelaire, vous dont les croyances n'avaient plus de Dieu, plus de modèles, vous dont la vie invoquait religieusement le rythme, l'Amour, l'Idéal, l'Art en ses immanences, oui, vous dont le désir sacré ne s'offrait qu'aux grâces toujours bizarres de la Beauté... vous avez fait jazz ! ».
Invité en 2021, par le musée d'Orsay, à rendre un hommage à Baudelaire, Patrick Chamoiseau s'est entouré du grand musicien Raphaël Imbert et d'invités provenant de divers horizons. Cette méditation poétique et musicale, véritable chaos-opéra, ramène le poète de la modernité occidentale dans l'univers des plantations esclavagistes, de la polyrythmie africaine et de l'improvisation... un enfer d'où ont surgi (malgré tout) des danses, des chants, des tambours, le règne du Conteur créole, maître-de-la-Parole, et l'énigme indéchiffrable du jazz.
Patrick Chamoiseau, prix Goncourt 1992, est aujourd'hui une des voix les plus influentes de la Caraïbe et un des écrivains majeurs du monde contemporain.
Retrouvez à l'intérieur de ce livre le QR code de l'album numérique Baudelaire Jazz de Raphaël Imbert.
Arthur Lochmann a délaissé ses études de droit et de philosophie pour devenir charpentier. En apprenant le métier, il a découvert des gestes, des techniques et une pensée de la matière qui ont transformé son rapport au monde. Ce récit d'apprentissage plein d'humilité entremêle souvenirs de chantiers et réflexions sur le corps, le savoir et le travail aujourd'hui. Avec une langue limpide et élégante, l'auteur montre comment la pratique de cet artisanat lui a donné des clés précieuses pour s'orienter dans une époque frénétique. Parce qu'apporter du soin à son travail, c'est déjà donner du sens à son action ; qu'apprendre et transmettre des savoirs anciens, c'est préserver un bien commun ; et que bien bâtir, c'est s'inscrire dans le temps long : la charpente est une éthique pour notre modernité.
Un recueil d'essais captivant sur les sujets chers au grand écrivain cubain : l'amitié, l'exil, la littérature, le cinéma et l'écriture.
Les livres du grand écrivain cubain Leonardo Padura sont un dialogue entre l'Histoire et la littérature, l'île de Cuba et l'exil, la puissance de l'amitié et la dureté des rêves frustrés. Dans ce captivant recueil d'essais, l'auteur explore les coulisses de ses oeuvres les plus célèbres et emblématiques et les sujets qui lui sont les plus chers (la cubanité, la musique, le cinéma, la littérature, le base-ball...). Véritable immersion dans la salle des machines littéraire d'un auteur mondialement reconnu, ce livre personnel et évoca-teur est également un hommage au genre du roman, qu'il maîtrise et affectionne tant.
Une fascinante fenêtre ouverte sur le métier d'écrivain, sur la création artistique et l'importance de la littérature. Une masterclass humaine, brillante et profonde sur l'art du roman avec le rythme, les contradictions, l'humour et les saveurs de Cuba.
Sommes-nous ce que nous lisons ? présente quatre courts textes de George Orwell écrits pour la presse anglaise entre 1936 et 1946, traduits pour cette édition inédite par Charles Recoursé : Souvenirs de librairie, Les bons mauvais livres, Confessions d'un critique littéraire et Des livres ou des cigarettes.
« C'est lorsqu'on commence à entretenir une relation professionnelle avec les livres que l'on découvre à quel point ils sont généralement mauvais. ».
Ce recueil inédit présente quatre textes sur le livre et la lecture écrits par l'auteur de 1984. Nourri de ses expériences de lecteur, de critique littéraire et de libraire, George Orwell y déploie son génie visionnaire allié à un humour ravageur.
"Les librairies sont les points ardents d'une géographie intime ; elles sont aussi des marques et des victimes du temps. De toutes les librairies auxquelles je repense en parcourant les livres de ma bibliothèque, beaucoup, la moitié peut-être, peut-être plus encore, ne sont plus, mais elles vivent encore dans nos lectures, nos souvenirs, nos promenades. D'autres résistent, d'autres se transforment, d'autres naissent. Je veux dire ici comment, d'époque en époque, de ville en ville, elles prennent place dans l'itinéraire et la formation d'un lecteur et d'un écrivain." (Maël Renouard)
En dépit des bouleversements psychologiques et sociaux qu'il exige, cet ouvrage ne veut que proposer la solution de bon sens au problème de la place des Noirs dans la société américaine. Malgré le ton parfois menaçant, malgré la satire souvent mordante, La prochaine fois, le feu est avant tout un appel à la modération, une ultime tentative de compromis (en 1963) entre les extrémistes des deux bords aveuglés par la passion.
Tant par l'actualité des phénomènes dont il présente l'analyse irréfutable que par le mélange de douleur contenue et d'ironie cinglante qui lui donne ce ton si particulier, ce témoignage ne manquera pas d'attirer l'attention du lecteur qui en retiendra les qualités littéraires autant que l'importance politique.