Pourquoi un peuple s'est-il livré à un seul homme en juin 1940 ? Comment cet homme est-il parvenu à s'emparer d'un navire sombrant au milieu de la tempête ? Pourquoi la faiblesse des hommes au pouvoir dans l'entre-deux-guerres lui a-t-elle été si propice ? Quelle France a pactisé avec l'Allemagne nazie ? De quoi Pétain est-il le nom ? Faut-il craindre son fantôme ?
Ces questions hantent la psyché collective française depuis 1945.
Dans une enquête inédite, le journaliste Philippe Collin interroge douze historiens, parmi les plus importants sur cette période, pour comprendre le rôle et la vie hors normes de Philippe Pétain.
Éric Alary, Stéphane Audoin-Rouzeau, Fabrice Bouthillon, Olivier Dard, Laurent Joly, Nicolas Offenstadt, Pascal Ory, Denis Peschanski, Yves Pourcher, Henry Rousso, Bénédicte Vergez-Chaignon, Annette Wieviorka.
Dans cet ouvrage de synthèse, fruit de toute une vie de recherche aux confins de la psychologie et de l'économie, le prix Nobel Daniel Kahneman nous emmène à la rencontre des deux "personnages" qui se partagent notre esprit, régissant notre façon de penser et de prendre des décisions.
Le "Système 1" est rapide, intuitif et émotionnel ; le "Système 2" est plus lent, plus réfléchi, plus contrôlé et plus logique. Via de multiples exemples et expériences sont exposés avec brio les facultés extraordinaires de la pensée rapide, le rôle de l'émotion dans nos choix et nos jugements, mais aussi les ravages des partis pris et autres biais cognitifs dont nous sommes les jouets.
Un fichier PDF téléchargeable gratuitement vous donne accès aux images et aux tableaux contenus dans l'ouvrage.
Le « premier XXIe siècle », comme la première version d'un logiciel insuffisamment testé, révèle chaque jour de nouvelles failles : nous sommes loin du triomphalisme qui saisit les démocraties en 1989 quand le mur de Berlin est tombé.
L'individu qui croyait changer le monde est de plus en plus écrasé par lui. Il a perdu confiance dans la politique, et l'utopie identitaire remplace l'utopie politique. Comment en est-on arrivé là dans des sociétés aussi différentes que l'Amérique de Trump, le Brésil de Bolsonaro, l'Inde de Modi ou le Royaume-Uni de Boris Johnson ?
Jean-Marie Guéhenno va au-delà des explications économiques : la crise des démocraties - à laquelle l'élection de Biden ne met pas fin - est une crise des sociétés. Une société qui n'est plus définie que par une seule dimension - que ce soit celle de la réussite matérielle, de la nation, ou de la religion - est une société malade.
Cette crise se produit alors que le nouvel « âge des données » de l'internet et de l'intelligence artificielle bouscule les hiérarchies du savoir et de la puissance ; comme l'invention du livre, il peut conduire à une Seconde Renaissance, riche de promesses, mais aussi de conflits. La Chine et les entreprises géantes de l'internet, avec des objectifs différents et chacune à leur manière, développent une capacité de contrôle des esprits qui fait secrètement envie à des individus auxquels leur propre liberté fait peur, mais peut aussi déboucher sur des confrontations violentes.
Un autre avenir est possible : une écologie repensée, des institutions qui organisent une nouvelle séparation des pouvoirs, une Europe qui ne cherche pas à être un super État, sont quelques-unes des voies explorées par ce livre ambitieux et novateur.
1980-2020. Quarante années d'aveuglement, d'ignorance, de lâcheté et de « bien-pensance » ont progressivement conduit la France aux limites de la rupture du pacte républicain.
Alors que le débat a longtemps été pollué par le « politiquement correct » qui ne voulait voir dans la violence et la délinquance que des « incivilités » plutôt mineures, Alain Chouet dépeint une société française profondément malade du séparatisme et de la violence fondamentaliste dans toutes ses composantes et tous ses aspects. Il remonte à ses fondements historiques, pointe du doigt ses instigateurs, analyse les failles de notre société.
Homme de terrain et de réflexion, ayant combattu les diverses vagues du terrorisme depuis cinquante ans, Alain Chouet dénonce l'inertie et le déni d'un monde politique et intellectuel, alerté de nombreuses fois, mais qui a toujours refusé de croire à la poussée organisée de la dissidence islamiste violente, jusqu'à la décapitation de Samuel Paty.
« Longtemps les Français ont compris sans effort ce qu'était la gauche : le parti de l'universel, dont la démocratie, l'éducation nationale, la laïcité, la justice sont en somme des modalités.
La République a été fondée à la fin du XIX siècle sur ces valeurs, sans la moindre équivoque, et une grande partie du peuple, des ouvriers aux paysans, des fonctionnaires aux enseignants, des artisans aux cadres, se reconnaissaient en elles. Et puis, un jour, nous sont venues des États-Unis, sous le nom paradoxal de French Theory, des idées qui étaient la négation même de cet idéal. »
Témoin attentif de son temps, Jacques Julliard analyse avec finesse les événements politiques qui jalonnent l'actualité et dessinent la tendance d'une époque. Mêlant expérience et érudition, ses observations dressent un constat historique : la gauche française a perdu la bataille des idées et abandonné ses partisans.
En 2017, nous avons confié l'État à des Amateurs.
Quel est leur bilan, maintenant que le quinquennat se termine ? Si les crises Gilets Jaunes, Covid ont été nombreuses, les fautes, les boulettes et les maladresses aussi. Mal préparés, mal organisés, les Amateurs ont souvent été mauvais. Ajoutez à cela Emmanuel Macron et Édouard Philippe qui se sont détestés, des ministres qui ont déprimé, Nicolas Hulot pris dans la tourmente et Éric Zemmour aux aguets, et vous obtenez la chronique du quinquennat le plus déjanté de la V République.
Ouvrez les yeux, nous dit Alice Miller de livre en livre. Ouvrez les yeux sur ce que vous avez subi étant enfant. Nous bâtissons de hautes murailles pour nous protéger de la douloureuse histoire de notre propre enfance.
"Il n'est pas vrai, écrit Alice Miller, que le mal, la destruction, la perversion fassent nécessairement partie de l'existence humaine, même si on le répète sans arrêt. Mais il est vrai que le mal se reproduit sans cesse, et qu'il engendre pour des millions d'êtres humains un océan de souffrance qui pourrait être évité. Lorsque sera levée l'ignorance résultant des refoulements de l'enfance, et que l'humanité sera réveillée, cette production du mal pourra prendre fin."
«Machiavel a largement défini la politique comme un art souverain du mensonge. Elle doit pourtant être autre chose : la capacité d'une société à s'emparer de son destin, à inventer un ordre juste et se placer sous l'impératif du bien commun. »
Pour Alain Badiou, la politique n'est pas affaire de cynisme, ni même de pragmatisme. Loin de se résumer à la gestion des affaires publiques, elle est une quête collective de justice et de vérité.
Rappelant les grands principes du communisme, le philosophe pose son regard acéré sur notre époque dans cet essai vif et engagé, nourri de références à l'actualité autant que de retours sur l'histoire des révolutions.
On connaît le plan, resté fameux, de la première partie de la brochure de Sieyès :
1. Qu'est-ce que le tiers état? - Tout.
2. Qu'a-t-il été jusqu'à présent dans l'ordre politique? - Rien.
3. Que demande-t-il? - À être quelque chose.
Grand brûlot politique, écrit avec une vigueur et une brutalité rares, Qu'est-ce que le tiers état?, publié en janvier 1789, rend immédiatement son auteur célèbre et connaît un succès retentissant.
Sieyès y attaque la noblesse «étrangère à la Nation», dresse le bilan négatif de la politique passée et montre la tâche à venir. Que faire pour rendre le peuple heureux? Avoir recours à la Nation et non aux privilégiés, car la Nation est tout, elle est l'origine de tout. La Nation doit donc se donner librement sa Constitution et les lois qui protègent les citoyens et décident de l'intérêt commun. Ainsi seront posés les fondements de la société nouvelle.
OEuvre de circonstance, Qu'est-ce que le tiers état? allait devenir l'un des textes fondateurs de la société moderne.
Des banlieues aux zones rurales, des métropoles aux petites villes, dans quel état se trouvent les couches populaires après plusieurs décennies de mondialisation ? Dans Fractures françaises (2010), son premier livre, Christophe Guilluy propose une leçon inédite de géographie sociale. S'appuyant sur sa discipline, il révèle que la situation des couches populaires est très différente des représentations caricaturales habituelles. Surtout, il montre que, derrière le trompe-l'oeil d'une société apaisée, s'affirme une crise profonde du « vivre ensemble ».
Dix ans après sa première parution, il faut relire cet essai majeur : révélateur de fractures qui n'ont fait que s'amplifier depuis, il met au jour avec clairvoyance les menaces qui pèsent sur le modèle républicain.
Qui est Éric Zemmour ? Devenu au fil de ses outrances médiatiques et de ses succès en librairie le chef des ventes d'une prospère boutique identitaire, il aspire aujourd'hui à diriger le pays. Comment cette ambition est-elle née ? En racontant l'année qu'il a passée en « Zemmourie », Hubert Prolongeau nous entraîne à la fois dans les coulisses d'une enquête épineuse et sur les traces d'un des personnages les plus controversés du moment. Drôle et très documentée, cette biographie pas comme les autres met à jour en quatre volumes les rouages intimes de celui que ses admirateurs considèrent comme le « Trump français ».
L'enfance d'un chef
Où l'auteur interpelle son sujet et se heurte à ses premières difficultés. Où l'on découvre la famille du jeune Éric, son enfance à Drancy puis dans le XVIII arrondissement. Où on le voit choyé par sa mère et élevé à la dure par son père. Où l'on suit ses brillantes études à l'école juive Lucien-de-Hirsch. Où il découvre l'Histoire de France et les écrivains classiques. Où il réussit à Sciences Po et échoue à l'ENA. Où il fait un court et peu concluant passage dans la publicité. Où il découvre le journalisme écrit et fait ses armes au Quotidien de Paris et à InfoMatin. Où il se marie avec une femme à poigne. Où il entre au Figaro et y suscite de plus en plus de réprobation.
Qui est Éric Zemmour ? Devenu au fil de ses outrances médiatiques et de ses succès en librairie le chef des ventes d'une prospère boutique identitaire, il aspire aujourd'hui à diriger le pays. Comment cette ambition est-elle née ? En racontant l'année qu'il a passée en « Zemmourie », Hubert Prolongeau nous entraîne à la fois dans les coulisses d'une enquête épineuse et sur les traces d'un des personnages les plus controversés du moment. Drôle et très documentée, cette biographie pas comme les autres met à jour en quatre volumes les rouages intimes de celui que ses admirateurs considèrent comme le « Trump français ».
Éric le cathodique
Où le jeune Éric, journaliste de presse écrite, s'essaie au débat télévisuel. Où, repéré par une productrice en quête de divertissement, il devient l'un des porte-flingues d'une émission du samedi soir. Où il peaufine son image de méchant réactionnaire. Où il fête ses 50 ans de façon impériale. Où il fait scandale à la radio et commence à mettre en colère les associations. Où il est mis à la porte d'i-Télé pour des propos qu'il n'a pas tenus. Où il s'en prend à une jeune femme qu'il juge mal prénommée. Où il devient la triomphale tête de gondole de la marque Bolloré. Où l'on commence à entendre parler de candidature présidentielle.
Qui est Éric Zemmour ? Devenu au fil de ses outrances médiatiques et de ses succès en librairie le chef des ventes d'une prospère boutique identitaire, il aspire aujourd'hui à diriger le pays. Comment cette ambition est-elle née ? En racontant l'année qu'il a passée en « Zemmourie », Hubert Prolongeau nous entraîne à la fois dans les coulisses d'une enquête épineuse et sur les traces d'un des personnages les plus controversés du moment. Drôle et très documentée, cette biographie pas comme les autres met à jour en quatre volumes les rouages intimes de celui que ses admirateurs considèrent comme le « Trump français ».
Femmes : mode d'emploi
Où le jeune Éric, journaliste en pleine ascension, découvre avec un écrit sulfureux sur les femmes le pouvoir de la polémique. Où l'on apprend qu'il serait passé de la théorie à la pratique lorsque sept femmes l'accusent de comportement inapproprié. Où l'on constate que ces femmes ont été peu entendues. Où l'on s'interroge, à l'occasion de sa réhabilitation de Vichy, sur le rapport compliqué qu'il entretient avec la communauté juive. Où l'on laisse parler ses amis, qui le dépeignent comme drôle, cultivé, sachant rire de lui-même mais « peu intéressé par l'autre ». Où l'on termine par un après-midi cocasse chez un fameux leader national.
Au fil des mois, dans les couloirs du pouvoir présidentiel, les journalistes Eliot Blondet et Paul Larrouturou ont mené une enquête auprès de personnalités ayant approché de près Emmanuel Macron, à différentes périodes de sa carrière politique.
Ils livrent des portraits sensibles, de témoignages forts en anecdotes inédites, et interrogent ceux qui ont composé le premier cercle macroniste : Benjamin Griveaux, Sibeth Ndiaye, Christophe Castaner ou Arnaud Jolens, le scénographe du président, qui se confie pour la première fois. Ils donnent également la parole aux conseillers de l'ombre comme Marie Tanguy, plume du candidat qui désenchantera progressivement et se choquera de la brutalité de l'homme politique, ou Jean-Marc Dumontet, le producteur qui nous invite, à la suite du chef de l'État, au théâtre ce soir. Ou encore à d'illustres inconnus comme Gépy, seul Gilet jaune reçu à l'Élysée, ou Jonathan Jahan, à qui Emmanuel Macron répondit : « Je traverse la rue, je vous en trouve du travail. »
Dans ce document politique d'un nouveau genre, où les textes de Paul Larrouturou dialoguent avec les photographies d'Eliot Blondet, chaque protagoniste dresse en creux, depuis les coulisses, un portrait du président dans l'exercice de son pouvoir, lucide, incisif, admiratif ou déçu. Parfois admiratif et déçu en même temps.
Qui est Éric Zemmour ? Devenu au fil de ses outrances médiatiques et de ses succès en librairie le chef des ventes d'une prospère boutique identitaire, il aspire aujourd'hui à diriger le pays. Comment cette ambition est-elle née ? En racontant l'année qu'il a passée en « Zemmourie », Hubert Prolongeau nous entraîne à la fois dans les coulisses d'une enquête épineuse et sur les traces d'un des personnages les plus controversés du moment. Drôle et très documentée, cette biographie pas comme les autres met à jour en quatre volumes les rouages intimes de celui que ses admirateurs considèrent comme le « Trump français ».
Une haine française
Où Éric s'essaie à la biographie puis à la littérature, sans succès quant au roman, avec un triomphe commercial quant aux essais historiques. Où il développe un discours de plus en plus dur autour du déclin de la France et des dangers de l'immigration. Où les excès de ce discours l'amènent à de nombreuses reprises devant les tribunaux. Où il commence son ascension vers les lambris élyséens.
Des milliards de dollars ont été déversés au coeur du système bancaire mondial, mais pourquoi n'avoir pas employé ces mêmes forces pour éradiquer la misère du monde et conjurer la crise environnementale ? Nous faut-il une autre preuve, demande Zizek, que le Capital est devenu le Réel de nos vies, un Réel dont les impératifs l'emportent en despotisme sur les plus pressantes exigences de notre réalité ? Analysant l'implosion soudaine de la sphère financière, Zizek souligne.
à la suite de Hegel, Marx et Marcuse, que la répétition de la tragédie sous forme de farce est parfois plus terrifiante que la tragédie initiale. Le philosophe le plus dangereux d'Occident passe au crible l'envahissante vision libérale du monde, cette idéologie qui nous fait croire en un lien naturel entre capitalisme et démocratie, se déguise sous les oripeaux libertaires du pseudo-esprit de 68 qu'elle a parfaitement intégré, et nous raconte des histoires semblables à la saga populiste, humaine, trop humaine, d'un Berlusconi.
A ceux qui se résignent à l'alternative entre un capitalisme socialiste à l'occidentale et un capitalisme autoritaire à l'asiatique, Zizek rappelle qu'il existe une autre voie : il évoque la leçon de Lénine commencer à partir du commencement, encore et encore, questionne les thèses de Négri sur les multitudes agissantes au sein de la sphère sociale globalisée et considère la position de Badiou pour qui le communisme reste un ultime, et peut-être indépassable, horizon.
Après la tragédie, la farce ! est un appel tonique aux forces de gauche pour qu'elles se réinventent.
L'Europe, pendant la plus grande partie de son histoire, a été une idée.
Elle signifiait un profond désir de circulation et de liberté autant qu'un souci de rigueur et de polémique. À Milan ou à Paris, on se lisait fougueusement ; entre Bruxelles et Vienne, on se copiait passionnément. Aujourd'hui, alors même que l'Europe est devenue une institution, elle n'est pas, ou de moins en moins, une idée. Bruxelles serait-elle devenue une Cité interdite où le débat public ne pénètre plus ?
Voilà pourquoi la revue Le Grand Continent a invité cinq penseurs internationalement reconnus pour l'envergure de leurs travaux à parler, pour la première fois, de leur idée d'Europe. Ensemble, ils ont ouvert de nouvelles perspectives, de nouveaux chemins à parcourir pour retrouver les voies d'une Europe idéale, pleinement politique - une certaine idée de l'Europe.
« Que peut bien signifier aujourd'hui le vieux clivage droite-gauche tel qu'il fonctionne depuis l'affaire Dreyfus ? Il me semble que c'est avant tout le refus de remettre cette question en chantier - et de tirer ainsi les leçons de l'histoire de notre temps - qui explique en grande partie l'impasse dramatique dans laquelle se trouvent à présent tous ceux qui se reconnaissent encore dans le projet d'une société à la fois libre, égalitaire et conviviale. Dans la mesure, en effet, où la possibilité de rassembler le peuple autour d'un programme de sortie progressive du capitalisme dépend, par définition, de l'existence préalable d'un nouveau langage commun - susceptible, à ce titre, d'être compris et accepté par tous les "gens ordinaires" -, cette question revêt forcément une importance décisive. Je vais donc essayer d'expliquer pour quelles raisons j'en suis venu à estimer que le nom de gauche - autrefois si glorieux - ne me paraît plus vraiment en mesure, aujourd'hui, de jouer ce rôle fédérateur ni, par conséquent, de traduire efficacement l'indignation et la colère grandissantes des classes populaires devant le nouveau monde crépusculaire que les élites libérales ont décidé de mettre en place. »
Puisque dans le confinement nous nous sommes tant manqués, retrouvons-nous.
Le néolibéralisme, dans ce qu'il porte intrinsèquement d'injustices, d'inégalités, de relégation, nous a pulvérisés au sens propre, réduits à l'état de poussière d'individus excessivement enfermés dans leurs singularités. Contre lui, faisons masse.
Voilà une façon de répondre à l'enjeu central de nos démocraties fragilisées : faire corps, « faire peuple », c'està-dire créer et partager du commun, de l'universel, des solidarités, de l'intérêt général, des désirs et des rêves.
Jamais les mots du pari de Pascal n'ont résonné aussi fortement qu'aujourd'hui : nous sommes «embarqués ». La question n'est plus de savoir quel est notre devoir, mais de l'accomplir.
Nous avons perdu le contrôle, reprenons-le.
B.V.
Marqué au fer rouge par son passage à la banque Rothschild, « Monsieur Macron » - comme l'appelle froidement Martine Aubry - symbolise le grand quiproquo entre François Hollande et les Français. Pourquoi le président socialiste, élu par le peuple de gauche en 2012, a-t-il choisi comme ministre de l'Économie ce jeune homme adulé des grands patrons pour ses penchants libéraux ?
Les amis d'Emmanuel Macron soulignent que ce pianiste émérite n'est pas du sérail et qu'il a enchaîné les grandes écoles de la République. Ils rappellent à l'envi son mariage avec sa prof de français, Brigitte Trogneux, de vingt ans son aînée. Un homme atypique, nous dit-on !
Ses ennemis insistent sur sa proximité avec Jacques Attali et Alain Minc, et citent ses nombreuses bourdes politiques, notamment contre les fonctionnaires ou les 35 heures. Au Parti socialiste, les « frondeurs » honnissent cet héritier de la « deuxième gauche », en pleine crise de la social-démocratie.
« Monsieur Macron » ne laisse, en tout cas, personne indifférent.
1958. André Malraux, ministre du général de Gaulle, incite les Guyanais à voter oui au référendum sur la nouvelle Constitution et à confirmer l'ancrage des dernières colonies dans la France. Ce jour-là, la petite Christiane découvre la politique et la révolte d'un peuple. Plus tard, elle créera son parti politique, Walwari (l'Éventail), et sera élue députée de Guyane après une campagne particulièrement éprouvante sur fond de coups bas et de dénigrement. C'est désormais dans le feu de l'adversité qu'elle ouvrira sa route.
Christiane Taubira raconte dans ce livre, avec une langue riche et inventive, ses premiers pas à l'Assemblée nationale, ses discussions mouvementées avec Bernard Tapie, ses mots avec Henri Emmanuelli, sa rencontre avec François Mitterrand. Elle nous fait ainsi revivre la campagne présidentielle de 2002, ses désagréments, les reproches de l'entourage de Lionel Jospin l'accusant de l'échec du Parti socialiste.
Analysant l'insurrection des banlieues de 2005, elle touche à un point névralgique, le rapport à l'autre. De la Guyane aux palais de la République, c'est dans un incessant va-et-vient qu'elle apprend à concilier les petits services à rendre et les grandes causes à étreindre.
Et l'on mesure le coût de son implication dans la politique : le peu de temps consacré à ses enfants, un divorce, les douleurs physiques. Sentiment du temps qui passe, conscience de l'oeuvre accomplie, lucidité sur l'immensité du reste...
Dans un réjouissant parler-vrai, Christiane Taubira nous invite aussi à partager ses plus belles rencontres - Toni Morrison, Édouard Glissant, Aimé Césaire, Nelson Mandela -, sans jamais oublier l'un de ses plus grands combats, mené avec succès : la reconnaissance de la traite négrière et de l'esclavage comme crime contre l'humanité.
Jérusalem cristallise haines et passions. Plus ou moins sanctifiée par deux milliards et demi de chrétiens, de musulmans et de juifs, disputée par deux nations antagonistes, l'antique cité fait ici l'objet, cartes à l'appui, d'une analyse authentiquement géopolitique : stratégies territoriales israéliennes, armes diplomatiques palestiniennes, représentations mystiques, faiblesses au sein de chaque camp. Ainsi sont présentées, de façon sérieuse et objective, les aspirations et les thèses des différents protagonistes.
Un outil de compréhension précieux pour aborder l'extraordinaire complexité de Jérusalem.
L'histoire de notre XXe siècle peut se lire comme un roman. Comme un roman, elle s'est construite sur des rencontres, des luttes, des trahisons : Heidegger supprimant la dédicace de son livre, Être et Temps, à son ancien professeur de philosophie, Edmund Husserl, parce que ce dernier était juif ; Freud conversant avec Mahler dans les rues de Leyde, une nuit d'été de 1910 ; Husserl appelant à lutter, lors d'une conférence donnée en mai 1935, contre la chute de l'Europe « dans la haine spirituelle et dans la barbarie ». C'est cette même conférence que devait découvrir Jorge Semprún, alors interné à Buchenwald, par l'entremise d'un autre détenu, Felix Kreisler, au cours des heures de discussions dominicales volées à l'enfer du camp auprès de Maurice Halbwachs.
Des années quarante à la chute du communisme, à la réunification allemande et à la construction européenne, ce livre lucide et passionné est le témoignage d'un grand intellectuel européen sur les épisodes les plus marquants de notre histoire.
En vidant la maison familiale de Manchiyat el-Bakri, au Caire, Hoda Nasser a retrouvé les archives de son père, auxquelles personne n'avait touché depuis sa mort brutale, le 28 septembre 1970. Entremêlant ses souvenirs à ces documents, elle raconte l'étonnant destin de l'enfant des bas quartiers d'Alexandrie qui devint, en 1956, le président d'une Égypte libérée après soixante-dix ans de domination britannique. Chemin faisant, Hoda Nasser plonge le lecteur dans les coulisses de la grande Histoire vues par l'un des leaders majeurs du tiers-monde et du non-alignement, porteur d'un projet de libération des peuples qui rencontrait alors un immense écho à travers la planète.
Les notes, les brouillons et les carnets de Nasser sont comme les instantanés d'une vie politique. Sous sa plume, on côtoie les personnalités de l'époque, notamment américaines et soviétiques ; on entrevoit les intrigues qui se jouent, comme les arcanes de la question yéménite, dans laquelle l'Arabie saoudite était déjà impliquée, ou la précarité du Koweït, que l'Irak tentait d'absorber dès cette époque. On perçoit, en outre, les espoirs de Nasser pour les Palestiniens, mais ses inquiétudes à leur sujet sont à la mesure du traumatisme qu'a constitué pour lui l'agression franco-angloisraélienne de 1956. Enfin, en annexe, on découvrira son Journal de guerre en Palestine, en 1948. Inédit, ce texte sans caractère officiel se révèle d'autant plus précieux que Nasser s'y exprime librement.