Françoise Héritier est une femme exceptionnelle. Anthropologue spécialiste de l'Afrique, elle a mené d'importants travaux sur la parenté. Élue au Collège de France, elle y a pris la succession de Claude Lévi-Strauss. Elle a aussi contribué à la pensée féministe. Par son oeuvre, sa stature d'intellectuelle et son action publique, elle est un modèle pour les femmes. Parfaite introduction à la lecture de ses livres, la biographie de Gérald Gaillard restitue sa jeunesse et ses années de formation, et brosse le tableau d'une époque et d'une atmosphère intellectuelle. Elle retrace le parcours de la chercheuse, à Paris et aussi chez les Samo de Haute-Volta, confrontée à l'étrangeté de mondes éloignés du nôtre. Après des incursions dans l'oeuvre scientifique (inceste, valence différentielle des sexes, etc.), le livre présente les engagements de Françoise Héritier, qui a accompagné le mouvement féministe ainsi que d'autres causes - immigration, sida, homosexualité, gestation pour autrui. On découvre alors des facettes souvent méconnues de l'action de cette femme discrète, qui avait également un talent magnifique pour partager ce qui fait «?le sel de la vie?», selon le titre d'un petit livre intimiste où elle se confiait. Un bel hommage à l'oeuvre et à la vie de Françoise Héritier, grande intellectuelle et actrice passionnée de son temps. Gérald Gaillard est anthropologue. Il est né à Bouaké (Côte d'Ivoire) et a mené des recherches en Afrique. Docteur en ethnologie (EHESS) et titulaire d'une HDR, il a enseigné à l'université Paris-VIII et à l'université de Lille. Françoise Héritier a publié aux éditions Odile Jacob, Les Deux Soeurs et leur mère?: anthropologie de l'inceste, Masculin-Féminin?; et aussi des livres plus personnels, qui sont des best-sellers?: Le Sel de la vie, Le Goût des mots, Au gré des jours.
" On s'est toujours émerveillé devant ces enfants qui ont su triompher d'épreuves immenses et se faire une vie d'homme, malgré tout. Le malheur n'est jamais pur, pas plus que le bonheur. Un mot permet d'organiser notre manière de comprendre le mystère de ceux qui s'en sont sortis. C'est celui de résilience, qui désigne la capacité à réussir, à vivre, à se développer en dépit de l'adversité. En comprenant cela, nous changerons notre regard sur le malheur et, malgré la souffrance, nous chercherons la merveille. " B. C. Boris Cyrulnik est notamment l'auteur, aux Éditions Odile Jacob, des Nourritures affectives et de L'Ensorcellement du monde qui ont été d'immenses succès.
Ce livre présente le mouvement islamiste issu de l'internationalisation du mouvement des Frères musulmans, tel qu'il s'est développé en Europe?: Florence Bergeaud-Blackler le nomme frérisme. Elle explore ici, de façon factuelle et documentée, l'origine du mouvement, son fondement doctrinal, son organisation et ses modes opératoires, ainsi que ses méthodes de recrutement et d'endoctrinement. Elle montre comment il étend son emprise au coeur même des sociétés européennes en s'appuyant sur leurs institutions, en subvertissant les valeurs des droits de l'homme ou en «?islamisant?» la connaissance. Ni réquisitoire ni dénonciation complotiste ou militante, c'est le résultat d'une enquête de fond étayée et référencée, menée selon les méthodes des sciences humaines, et qui cerne précisément un objet, l'islamisme frériste, qui construit un système-islam décliné dans trois directions?: une vision, une identité, un plan. Le propos ne vise ni une religion ni une communauté de croyants, mais décrit un mouvement qui cherche à se servir d'eux pour imposer une stratégie d'islamisation des pays non musulmans dans toutes sortes de domaines, de l'économie à l'écologie, de l'école à l'université. Un document de référence, qui éclaire un phénomène souvent mal cerné. Un livre précieux pour sa mesure et sa lucidité, qui nourrit le débat de faits plutôt que d'anathèmes idéologiques. Florence Bergeaud-Blackler est anthropologue, chargée de recherche CNRS (HDR) au groupe Sociétés, religions, laïcité à l'École pratique des hautes études.
Les écrans influencent-ils notre manière de penser et d'apprendre?? Ce livre passe au crible de la science les idées reçues sur les nouvelles technologies?: les jeux vidéo rendraient violent?; Internet et les réseaux sociaux, addict?; mais les applications d'entraînement cognitif, plus intelligent. Très riche, cet ouvrage explore des thématiques variées?: la cyberdépendance, la psychologie de la violence, l'apport des pédagogies numériques... Spécialiste de la cognition, l'auteure évalue et, bien souvent, dédramatise le pouvoir des écrans sur nous. Les études les plus récentes en psychologie et en neuro- sciences nous éclairent sur les interactions entre les médias et notre cerveau, ses mécanismes d'apprentissage, de plaisir, de dépendance. À travers notre comportement face aux écrans, ce livre nous révèle et montre comment fonctionnent les émotions, l'empathie, l'attention, l'apprentissage... Elena Pasquinelli est spécialisée en philosophie des sciences cognitives, responsable de la recherche et de l'évaluation à la Fondation La Main à la pâte, membre associée de l'Institut Jean-Nicod, et, depuis janvier 2018, membre du Conseil scientifique de l'Éducation nationale. Elle a publié Comment utiliser les écrans en famille et, avec Mathieu Farina, L'Art de faire confiance.
Voici rassemblés les deux premiers cours prononcés au Collège de France par Raymond Aron de 1970 à 1972. Ils ne marquent pas seulement l'entrée de l'auteur dans cette prestigieuse institution mais aussi une étape dans sa pensée. Comment et pourquoi passer d'une raison critique de l'histoire à une critique de la pensée sociologique ? Il ne s'agit pas de défendre une discipline académique, mais de définir la nécessité pour le philosophe de prendre acte du fait que la société constitue le caractère principal de notre époque. Il faut donc embrasser l'ensemble de l'existence des individus en tant qu'êtres sociaux, définir une méthode de connaissance de la société, tout en pensant celle-ci dans ses évolutions. Cela implique de porter sur les événements contemporains un jugement critique. Raymond Aron s'inscrit ici dans la suite des grands penseurs avec lesquels il a dialogué toute sa vie?: Karl Marx, Max Weber, Auguste Comte, mais aussi les économistes et les sociologues de notre époque. Ce qui était nécessaire en 1970 l'est plus encore aujourd'hui. Le regard de Raymond Aron et la méthode qu'il n'a cessé de mettre à l'épreuve des faits demeurent essentiels si nous voulons analyser les transformations du monde dans lequel nous vivons et plus encore tenter d'influer son évolution. Raymond Aron (1905-1983) a enseigné au Collège de France de 1970 à 1978.
Ce récit commence le 16 septembre 1928 quand Mansour Badie, âgé de 18 ans, arrive avec toute sa famille en gare du Nord, après un incroyable périple qui les a menés de la Perse de Rezâ Shâh Pahlavi jusqu'au coeur de Paris. En quête d'un Occident rêvé, le jeune Persan se retrouve sur les bancs de l'école républicaine, s'inscrit en faculté de médecine et s'éprend d'une jeune fille issue de la bourgeoisie soissonnaise qui surmonte tous les préjugés sociaux pour l'épouser. En dépit de cette union heureuse, les rêves de Mansour se fracassent bientôt sur la réalité?: médecin urgentiste pendant la guerre, engagé dans la Résistance, il se voit refuser le droit de s'installer comme chirurgien à la Libération. Hommage à un père révéré et aimé, ce livre raconte aussi comment l'enfant traité de «?bicot-youpin?» dans son collège catholique s'ouvre à la complexité du monde, décrypte les nouveaux rapports Nord-Sud et vit sa biculturalité comme un trésor inaliénable, source spirituelle d'un parcours qui en fait aujourd'hui l'un de nos meilleurs analystes en relations internationales. Bertrand Badie est professeur des universités à Sciences Po Paris. Il est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages qui font référence, dont Le Temps des humiliés, L'Hégémonie contestée, et Les Puissances mondialisées, tous parus aux éditions Odile Jacob.
La femme est-elle l'avenir de l'homme ? Au présent, elle a du mal à se faire entendre sans élever la voix... Qu'en était-il dans le passé ? Paléoanthropologue, Pascal Picq enquête ici sur la femme des origines. Dans ce livre, il ne se contente pas de présenter ce que l'on sait des rapports entre hommes et femmes dans les premières sociétés humaines, il entend placer l'histoire et la préhistoire humaines dans la perspective de l'évolution. Pour embrasser le passé évolutif, il faut élargir le regard : explorer le passé, mais aussi comparer l'humain à ses plus proches cousins, singes et grands singes. Car nos points communs avec les espèces apparentées ne sont pas seulement biologiques, ils concernent également les comportements et la vie sociale, et jusqu'aux rapports entre les sexes. La coercition envers les femmes est-elle une fatalité évolutive ou une invention culturelle ? Comment s'est instaurée la domination masculine, qui semble être devenue la règle pour notre espèce ? Un livre qui bouscule les idées reçues pour penser autrement l'évolution des femmes et leur rôle dans l'évolution. ?Pascal Picq est paléoanthropologue, maître de conférences au Collège de France. Il a écrit notamment Au commencement était l'homme, Lucy et l'obscurantisme, De Darwin à Lévi-Strauss et, plus récemment, L'Intelligence artificielle et les Chimpanzés du futur, qui sont de très grands succès.
Les réseaux sociaux - Facebook, Twitter, YouTube, Instagram, TikTok, Reddit, LinkedIn... - ne se substituent pas à nos liens sociaux mais ils les transforment profondément. S'ils s'appuient sur des techniques brillantes de l'informatique, des infrastructures complexes et des modèles économiques aussi astucieux que pernicieux, leur richesse première reste les humains qui construisent ces liens?: nous sommes les réseaux sociaux?! Partant de cette conviction, ce livre défend l'idée que nous ne pouvons abandonner notre destin à quelques entreprises qui, trop souvent, capturent notre attention et manipulent notre rapport à l'information. Entre la censure excessive et le laisser-faire, une autre voie est possible, plus démocratique, plus participative?: les réseaux sociaux seront ce que nous en ferons. Concret et accessible, ce livre propose un nouveau modèle de régulation et, au-delà, la possibilité de créer des réseaux sociaux fondés sur d'autres modèles d'affaires. Serge Abiteboul est directeur de recherches à l'Inria (l'Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique) et à l'ENS Paris et membre du collège de l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse). Il coédite également un blog hébergé sur lemonde. fr?: «?Binaire?». Jean Cattan est secrétaire général du Conseil national du numérique. Il a été le conseiller du président de l'Arcep (2017-2020), après y avoir été chargé des affaires européennes (2014-2017). Docteur en droit public, il est également chargé d'enseignement en droit et régulation du numérique à Sciences Po Paris et à l'université Panthéon-Assas. Gérard Berry est professeur émérite au Collège de France où il a dirigé la chaire «?Algorithmes, machines et langages?». Il est médaille d'or du CNRS.
La Bible hébraïque a beaucoup à nous dire sur les questions d'éthique et de responsabilité qui traversent notre société aujourd'hui. Deux chercheurs mettent en lumière l'actualité étonnante de ce texte pour nous aider à répondre aux défis de justice sociale et écologique. Ce livre propose une immersion dans l'histoire d'Israël, resituée dans le contexte du Proche-Orient ancien. Les traditions de l'ancien Israël permettent de découvrir un idéal de société fraternelle et égalitaire qui repose sur une anthropologie du don. Les lois d'Israël se préoccupent de la place des femmes et des étrangers, des inégalités et de la répartition de la propriété, des limites du pouvoir politique, du respect des plus fragiles. Les textes bibliques montrent la voie vers une sobriété matérielle et une éthique écologique très pertinentes pour notre époque. Un voyage dans le temps à la rencontre de la société d'Israël au temps de la Bible qui offre au lecteur contemporain un chemin de justice, de responsabilité éthique et d'espérance. Olivier Artus est médecin, prêtre, docteur en théologie, professeur honoraire d'Écriture sainte à l'Institut catholique de Paris et recteur de l'université catholique de Lyon. Spécialiste du Pentateuque, il consacre ses recherches aux rapports entre religion, politique et société. Sophie Ramond, religieuse de l'Assomption, est docteure en théologie, habilitée à diriger des recherches, et professeure d'exégèse biblique à l'Institut catholique de Paris où elle dirige l'équipe de recherche «?Bible et littératures antiques?».
La civilisation terrienne s'est-elle vraiment éteinte après l'Apocalypse nucléaire et écologique?? Pour préparer le retour sur Terre, l'amiral Colette, chef de la Colonie sur Mars, décide d'y envoyer Victor Lambda, pourtant simple appelé, mais désigné par Athéna, l'intelligence artificielle au jugement incontesté. Mais pourquoi moi?? se demande Victor en apprenant qu'une première mission d'éclaireurs d'élite a disparu. Lancé à leur recherche, voici Victor sur le rivage d'une île du Pacifique... habitée. Auprès de ses indigènes, tous jeunes, beaux, oisifs et fervents disciples du dieu de l'amour, l'explorateur découvre une vie en société bien différente de la sienne et, semble-t-il, idyllique. Mais Victor n'est pas au bout de son voyage, ni de ses rencontres avec d'autres mondes?: que va-t-il apprendre sur lui-même dans cette odyssée?? Dans la tradition du conte philosophique, avec la modernité d'un roman d'anticipation à suspense, ce récit invite à réfléchir sur la justice sociale, l'amour, la technologie... et, surtout, la liberté. François Lelord est psychiatre et auteur du grand succès Le Voyage d'Hector ou la Recherche du bonheur, publié dans trente-cinq pays et adapté au cinéma.
« Je me souviens de moments forts ou décisifs. Je me suis formée émotionnellement et affectivement de bric et de broc. Quelque chose s'est passé dans mon enfance qui m'a donné une forme de solidité. Je me souviens de conversations à bâtons rompus, pleines de vivacité, de renversements, de tête-à-queue, de retours en arrière, de mots d'esprit, de fous rires, de mines offusquées... avec une amie. Ce sont des moments de grâce et de vérité. Je ne recherche rien tant que cette amitié-là, simplement parce que c'est nous et qu'on s'aime. » F. H. Françoise Héritier se confie et nous fait partager son amour des mots et son goût de vivre. Un immense talent, une leçon de vie. Après Le Sel de la vie, voici Au gré des jours. Françoise Héritier est professeur honoraire au Collège de France où elle a succédé à Claude Lévi-Strauss et a dirigé le Laboratoire d'anthropologie sociale. Elle a été membre du Conseil consultatif national d'éthique et présidente du Conseil national du sida. Elle est notamment l'auteur du Sel de la vie, des Deux soeurs et leur mère et de Masculin/Féminin.
Occulté depuis l'Antiquité, le désir de la femme pour la femme ressurgit constamment au cours de l'histoire, malgré sa répression, sa négation ou la fausse indifférence qu'il suscite aujourd'hui. Marie-Jo Bonnet interroge son statut dans la Bible, la psychanalyse, la famille et le politique ; elle se demande pourquoi il n'a pas de place ni d'identité propre dans la Cité, alors qu'il n'est frappé d'aucun interdit de type religieux ou profane. Créateur et spirituel, serait-il un instrument de libération politique ? À cet égard, elle livre une analyse originale de l'expérience du MLF, des débats récents autour de l'homosexualité, de la lesbophobie persistante. Mais le désir quel qu'il soit est avant tout une expérience singulière et complexe. Elle dresse ainsi un tableau inédit des différentes figures de l'amour lesbien à travers la littérature, chez des auteurs classiques comme Marguerite Yourcenar, Violette Leduc, Simone de Beauvoir et Djuna Barnes, plus récents comme Monique Wittig, Anne Garreta et Christine Angot, ou plus inattendus comme Madame de Sévigné. Historienne, écrivain, Marie-Jo Bonnet a notamment publié Les Relations amoureuses entre les femmes (xvie-xxe siècle) et Les Deux Amies. Essai sur le couple de femmes dans l'art.
C'est à une réflexion radicalement nouvelle et profondément originale sur les liens qu'entretiennent les origines de la vie, l'émergence de l'esprit et la construction de la culture qu'Antonio Damasio nous convie dans ce livre, qui fera date. Conjuguant, dans une démarche pionnière, les acquis des sciences de la vie et l'apport des sciences humaines, Antonio Damasio montre que le vivant porte en lui une force irrépressible, l'homéostasie, qui oeuvre à la continuation de la vie et en régule toutes les manifestations, qu'elles soient biologiques, psychologiques et même sociales. L'Ordre étrange des choses décrit comment, dans le cours d'une généalogie invisible, les émotions, les sentiments, le fonctionnement de l'esprit, mais aussi les formes les plus complexes de la culture et de l'organisation sociale, s'enracinent dans les organismes unicellulaires les plus anciens. Une thèse forte, puissamment argumentée, qui ne manquera pas de susciter le débat. Un grand livre qui bouleverse nos habitudes de pensée et nous fait voir sous un jour inédit notre place dans la longue chaîne de la vie. Antonio Damasio est professeur de neurosciences, de neurologie, de psychologie, de philosophie, et dirige le Brain and Creativity Institute, à l'Université de Californie du Sud à Los Angeles. Il est membre de la National Academy of Medicine et de l'American Academy of Arts and Sciences. Ses ouvrages ont été traduits dans une trentaine de langues ; il est notamment l'auteur de L'Erreur de Descartes et de Spinoza avait raison, qui ont connu un immense succès.
Longtemps, la masculinité a semblé aller de soi. Chaque homme devait ressembler à l'idéal viril qui dominait toute la culture. L'identité sexuelle paraissait inscrite dans la nature. Ces trois dernières décennies, les femmes ont fait voler en éclats ces évidences. Les limites du masculin et du féminin sont devenues floues. Et chaque homme, désormais, de s'interroger sur son identité profonde. Elisabeth Badinter trace ici les contours, encore incertains, du nouvel homme que notre siècle est en train d'inventer.
Fatigue, inhibition, insomnie, anxiété, indécision : la plupart des difficultés rencontrées dans la vie quotidienne sont aujourd'hui assimilées à de la dépression. Pourquoi ce "succès" de la dépression ? Croisant l'histoire de la psychiatrie et celle des modes de vie, Alain Ehrenberg suggère que cette "maladie" est inhérente à une société où la norme n'est plus fondée sur la culpabilité et la discipline, mais sur la responsabilité et l'initiative ; elle est la contrepartie de l'énergie que chacun doit mobiliser pour devenir soi-même. Et si la dépression était surtout le révélateur des mutations de l'individu ? Sociologue, Alain Ehrenberg dirige le groupement de recherche "Psychotropes, Politique, Société" du CNRS. La Fatigue d'être soi est le troisième volet d'une recherche qui, après Le Culte de la performance (1991) et L'Individu incertain (1995), s'attache à dessiner les figures de l'individu contemporain.
Marilyn Monroe n'a pas connu la tendresse, enfant. Elle est devenue fantôme. Hans Christian Andersen, lui, a pu être réchauffé. L'affection est un besoin tellement vital que lorsqu'on en est privé, on s'attache intensément à tout événement qui fait revenir un brin de vie en nous, quel qu'en soit le prix. Ceux qui refusent de rester prisonniers d'une déchirure traumatique doivent s'en libérer pour revenir à la vie. Ils en font même un outil pour arracher du bonheur. Dans ce livre, Boris Cyrulnik raconte comment le fracas du passé murmure encore chez le grand enfant qui tisse de nouveaux liens affectifs et sociaux. Et comment l'appétence sexuelle à l'adolescence constitue un moment sensible dans l'évolution de la réparation de soi. Attitude nouvelle face à la souffrance psychique, la résilience propose de construire ce processus de libération. Ce livre est un véritable message d'espoir. Boris Cyrulnik a publié, aux Éditions Odile Jacob, Les Nourritures affectives, L'Ensorcellement du monde, Un merveilleux malheur, et Les Vilains Petits Canards, qui ont tous été de grands succès.
Que nous dirait une femme de Neandertal si elle revenait dans notre monde d'aujourd'hui ? Madame Neandertal a vu le jour grâce au mariage paléoanthropologique des vieux os et de la génétique. Élevée dans le plus grand secret, elle se fait connaître lors d'une conférence sur la biodiversité dans laquelle elle s'adresse publiquement à ses frères sapiens... Cette fable philosophico-anthropologique est l'occasion pour Pascal Picq de nous brosser un tableau de l'évolution de l'humanité tout en procédant à l'examen critique des sciences et de la modernité. Madame Neandertal s'interroge : que peuvent bien apporter à l'humanité de demain tous ces « progrès » sans compréhension de ce qu'est l'évolution ? Consternée par la pauvreté de nos débats de société autour de l'éducation, de la procréation ou de l'environnement, elle plaide pour une diversité essentielle à notre survie... Témoin d'un temps où coexistaient différentes espèces humaines, elle nous alerte sur les risques de notre hégémonie destructrice. Drôle et érudit, le discours de Madame Neandertal nous aide à cerner les enjeux d'une postmodernité très incertaine. ?Auteur de grands succès comme De Darwin à Lévi-Strauss, Au commencement était l'homme, Lucy et l'obscurantisme et L'homme est-il un grand singe politique ?, Pascal Picq est maître de conférences à la chaire de paléoanthropologie et préhistoire du Collège de France.
Ce livre est le fruit d'une rencontre inédite entre une historienne française et une avocate algérienne, toutes deux différemment engagées dans le mouvement de libération des femmes. Leurs échanges nourris portent sur les sujets qui traversent le débat intellectuel et la société française?: la France et l'Algérie, la mémoire et l'histoire, la domination masculine, le retour du religieux, le féminisme et les vifs débats qui l'animent autour de la question de la différence et de l'universel. Un texte d'une grande richesse qui renouvelle notre approche du féminisme. Michelle Perrot est historienne, professeure émérite d'histoire contemporaine à l'université Paris-Diderot. Ses travaux pionniers font d'elle l'une des initiatrices de l'histoire des femmes en France. Elle a notamment dirigé avec Georges Duby L'Histoire des femmes en Occident. Wassyla Tamzali est écrivaine, avocate et intellectuelle féministe algérienne. Elle s'engage au Front des forces socialistes à l'ouverture démocratique en Algérie (1989-2003). Ancienne directrice des droits des femmes à l'Unesco à Paris, elle fonde en 2015 et dirige les Ateliers sauvages, un centre de résidence et de création en art contemporain à Alger.
Le dédain nous menace, tous. «?Quand vous vous en apercevrez, il sera trop tard. Qui que vous soyez. Le dédain vous enveloppe comme une nappe de brouillard subite.?» Qu'il vienne des figures de la domination surplombante ou de ceux qui se révoltent contre elle, il vous réduit à l'insignifiance. Vous voilà invisible et sans poids, comme cette France des gilets jaunes qui se sent laissée pour compte. À peu près tout peut devenir objet de dédain?: l'autre, l'élite, le peuple de la part des puissants, les puissants de la part du peuple. Des artistes devenus des géants pour la postérité furent dédaignés de leur vivant. Christian Vigouroux veut comprendre et combattre le dédain, «?dévastateur élémentaire de vie sociale?». Il en repère les représentations dans l'actualité, mais aussi dans l'histoire et la littérature. Il examine les procédés qui lui sont opposés, pour bâtir un monde où chacun puisse se sentir considéré et entendu?: «?l'intelligence de soi, l'attention aux faits, l'écoute, la politesse, le respect, l'élection, la Révolution, parfois, et la fraternité, toujours?». Une oeuvre salutaire pour réparer le lien social. Christian Vigouroux est juriste et enseignant. Il a été professeur associé à l'université Paris-I, puis à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, directeur du cabinet de ministres dans quatre ministères différents. Il est président des conseils d'administration de l'Institut Pasteur et de la Société d'histoire naturelle, d'archéologie et d'histoire de la Creuse. Il a publié Du juste exercice de la force, Georges Picquart, dreyfusard, proscrit, ministre et Déontologie des fonctions publiques.
Pourquoi les humains se souviennent-ils d'un visage rencontré cinquante ans plus tôt, mais oublient de payer leurs factures à l'heure?? Pourquoi n'arrive-t-on pas à réduire les émissions de CO2 dans l'atmosphère, alors que nous sommes tous concernés par la survie de la planète?? Malgré nous, nos contradictions intérieures freinent le changement de nos comportements au service du bien commun. Ces écarts avec le citoyen parfait résultent de l'adaptation extrêmement efficace des humains à leur environnement. Les auteurs expliquent comment l'évolution a conditionné notre psychologie, notre rapport à la décision et à l'action. L'enjeu n'est donc pas de modifier la nature humaine, mais de concevoir une action publique qui intègre pleinement le fonctionnement réel de la cognition au service d'une plus grande autonomie de chacun. Illustré par des exemples concrets d'expérimentations en France et à l'étranger, ce livre montre comment les sciences comportementales peuvent redéfinir en profondeur l'action publique pour susciter des changements dans nos manières d'agir. Coralie Chevallier est chercheuse en sciences cognitives et comportementales à l'École normale supérieure - PSL et à l'Inserm. Elle est spécialiste de la prise de décision sociale et de l'application des sciences cognitives pour améliorer l'action publique. Mathieu Perona est directeur exécutif de l'Observatoire du bien-être du CEPREMAP. Normalien, ancien élève de l'École d'économie de Paris, il est spécialisé dans la mesure du bien-être, dans la conception et l'évaluation des politiques publiques.
Bien au-delà de nos repas quotidiens, notre assiette raconte les idéologies qui nous traversent. Nos manières de manger disent nos manières d'être ensemble ou de ne plus l'être. Depuis la Libération, nous avons vécu le mirage de l'électroménager et le sacre de l'agroalimentaire, l'invention des terroirs et la planète food, la gloire des grands chefs et l'avènement du burger, la quête sans fin du produit bio, éthique et local... Loin d'être anecdotiques, ces changements sont l'écho des aspirations - mais aussi des tensions - de la société française. Un récit passionnant, à la croisée de la mémoire et de l'histoire, qui prouve que manger est tout sauf anodin dans une France en recomposition permanente. Jean-Louis André est normalien, il a collaboré au Monde et travaille comme reporter pour le magazine Saveurs. Réalisateur de documentaires diffusés sur Arte et France Télévisions, il décrypte nos modes de vie à travers l'architecture et l'alimentation. Outre des récits de voyages culinaires, il a publié chez Odile Jacob Au coeur des villes et, avec Ricardo Bofill, Espaces d'une vie.
Claude Hagège est linguiste et professeur au Collège de France. Il est lauréat de la médaille d'or du CNRS. Il est l'auteur de livres qui sont d'immenses succès : Le Français et les Siècles, Le Souffle de la langue, L'Enfant aux deux langues, Halte à la mort des langues, Combat pour le français, Contre la pensée unique et Dictionnaire amoureux des langues. « Habité depuis l'enfance par une folle passion des langues, qui m'a conduit à devenir un linguiste professionnel, je suis également envahi, depuis longtemps, par un questionnement : d'où vient donc le besoin qu'ont les humains de croire en un dieu ? Pourquoi l'histoire des religions est-elle hérissée de tant de violences, alors que, suscitées par les interrogations et les angoisses humaines face à un monde encore largement inexpliqué, elles auraient dû avoir pour vocation de réunir toute l'humanité ? En effet, elles proposent quelques explications, certes différentes, mais qui ont pour point commun de rassurer. Telles sont les considérations qui m'ont conduit à proposer ici mes réflexions sur les problèmes universels que soulève l'étude des religions. » C. H.
« Les stéréotypes d'antan, pudiquement appelés " nos repères ", nous enfermaient mais nous rassuraient. Aujourd'hui, leur éclatement en trouble plus d'un. Bien des hommes y voient la raison de la chute de leur empire et le font payer aux femmes. Nombre d'entre elles sont tentées de répliquer par l'instauration d'un nouvel ordre moral qui suppose le rétablissement des frontières. C'est le piège où ne pas tomber sous peine d'y perdre notre liberté, de freiner la marche vers l'égalité et de renouer avec le séparatisme. Cette tentation est celle du discours dominant qui se fait entendre depuis dix ou quinze ans. Contrairement à ses espérances, il est peu probable qu'il fasse progresser la condition des femmes. Il est même à craindre que leurs relations avec les hommes se détériorent. C'est ce qu'on appelle faire fausse route. » Elisabeth Badinter Elisabeth Badinter est notamment l'auteur de L'Amour en plus, de L'un est l'autre et de XY, De l'identité masculine.
« C'est nous qui éliminons les grands singes et qui créons les robots. Comment apprendre à vivre avec ces nouvelles intelligences artificielles pour assurer un futur meilleur à l'humanité ? Ma réponse d'éthologue et de paléoanthropologue est qu'il nous faut d'abord comprendre les intelligences naturelles qui accompagnent notre évolution, à savoir celle des singes et des grands singes. Sinon nous serons les esclaves des robots. » P. P. Ce livre plein d'humour nous apprend beaucoup sur nous-mêmes, sur les hommes (et femmes) politiques, sur les grands singes... et les robots. Ce livre est aussi un bestiaire à clés, où toute ressemblance avec des personnages existants risque de ne pas être pure coïncidence... Pascal Picq est paléoanthropologue et maître de conférences au Collège de France. Ses recherches sur l'évolution de l'homme s'intéressent à ses origines comme aux profonds changements anthropologiques en cours. Il est à la fois très engagé dans la diffusion des connaissances en paléoanthropologie et dans les transformations de nos sociétés (Observatoire de l'ubérisation de la société, Institut de la souveraineté numérique, MENE...) sous le regard de l'anthropologie évolutionniste.