« À l'époque du Nouveau Roman, on ne se concevait pas comme mineurs. Nous avions des ambitions démesurées qui n'avaient aucun rapport avec ce qui est avouable... »
Dans ces entretiens entre Benoît Peeters et Alain Robbe-Grillet, filmés en 2001 et retranscrits pour la première fois dans cet ouvrage, le maître du Nouveau Roman frappe par son intelligence, son humour et sa joyeuse mauvaise foi.
En conteur brillant, il évoque sa jeunesse dans une famille d'extrême-droite et ses débuts comme ingénieur agronome, avant de se livrer sur son métier d'écrivain. Grand connaisseur de l'oeuvre de Robbe-Grillet, Benoît Peeters parvient à l'entraîner au-delà des sentiers battus et ressuscite avec lui le climat de toute une époque, peuplée de figures incontournables comme Roland Barthes, Jean-Paul Sartre et Marguerite Duras...
Ce portrait à deux voix séduira autant les spécialistes de Robbe-Grillet que ceux qui ignorent presque tout de son oeuvre.
Proust n'a cessé de répéter que la Recherche était une « démonstration ». Cependant il s'est toujours bien gardé d'expliquer ce qu'il voulait prouver, selon quelle méthode, et pourquoi il laissait curieusement dans l'ombre cet aspect de son oeuvre, auquel il semblait tenir tant.
Cet ouvrage est consacré à ces trois questions, prises sous un angle nouveau, d'ordre logico-cryptologique. Il montre que le récit de Proust est décryptable comme un raisonnement déductif, qui aboutit à un grand théorème final. Mais pour y accéder il faut se doter d'instruments appropriés, assez puissants pour craquer le code qui rend la démonstration proustienne aussi rigoureuse qu'imperceptible.
Une telle cryptanalyse de la Recherche transforme radicalement notre lecture de l'oeuvre. Elle permet de résoudre le mystère de ce que Proust appelait sa « construction » et de comprendre comment et pourquoi son récit cache une dimension logique.
Thierry Marchaisse a une formation de philosophe et de logicien. Il a traduit Rorty, Quine, Kripke et publié notamment Comment Marcel devient Proust, chez Epel, et avec François Jullien Penser d'un dehors (la Chine), au Seuil.
Ce dictionnaire définit et illustre les termes techniques intéressant les sciences du langage et, plus particulièrement, la grammaire, la linguistique et la stylistique.Il propose de nombreux exemples empruntés aux auteurs classiques, auxquels s'ajoutent des conseils de pédagogie pratique intéressant la relation aux élèves des collèges, lycées et de l'enseignement supérieur.Il présente et analyse notamment les grandes réformes de la grammaire définies dans l'après-guerre. Jean Glorieux, formé à l'Ecole Normale Supérieure de l'Enseignement Technique, est agrégé de Lettres modernes. Il a été formateur d'enseignants pendant plus de 30 ans et a écrit de nombreux ouvrages, notamment destinés aux enseignants de lycée professionnel.
Cet ouvrage fournit les principales clés pour analyser les textes et discours argumentatifs. Quatre parties constituent ce livre :
- une définition de l'argumentation comme articulation d'un discours à un contre-discours ;
- un repérage de l'orchestration des points de vue au coeur de l'argumentation ;
- une typologie des arguments et autres ressorts de l'argumentation ;
- un inventaire des différents marqueurs langagiers sur lesquels s'appuie l'analyse des textes et discours argumentatifs.
Des exercices corrigés concluent chaque chapitre.
L'analyse de la poésie, même contemporaine, ne saurait se passer d'une connaissance approfondie de la versification, discipline rigoureuse, délicate, et qui ouvre à une étude plus complète de ce tout signifiant qu'est le poème. Cet ouvrage présente une série d'exercices progressifs qui couvrent le champ dévolu à cette discipline, du vers aux formes fixes en passant par le rythme et la rime : les textes d'application sont variés, choisis dans des genres et des époques diversifiés, et chaque question est développée selon un plan clair et pédagogique. À travers l'ensemble, c'est toute la question du langage poétique qui est posée.
Univers de la fiction
Les auteurs de fiction exigent de leurs lecteurs qu'ils pénètrent dans des espaces étranges, dans le monde d'Antigone, de Don Quichotte ou de Sherlock Holmes. Ces univers factices évoquent – plus ou moins – le monde réel, mais ils s'en éloignent aussi par bien des aspects. Pourquoi et comment la fiction continue-t-elle cependant de nous attirer et de nous parler ?
Thomas Pavel entreprend ici, dans un style plein de saveur et d'humour, de définir le mode d'existence des êtres imaginaires et de dégager la fonction culturelle des œuvres de fiction.
L'institution de la fiction ne cesse de changer au cours du temps sous l'effet d'une économie de l'imaginaire : selon les circonstances, un même territoire – un même texte – peut passer de la vérité à la fiction, et réciproquement, en endossant des fonctions hétéroclites. L'histoire de la culture, et de nos croyances, est faite de ces incessantes fluctuations.
Thomas Pavel
Universitaire américain d'origine roumaine, spécialiste de la littérature française, il est notamment l'auteur de La Pensée du roman (Gallimard, 2003) et Comment écouter la littérature ? (Fayard, 2006).
Toute communication est rhétorique, dès lors qu'on cherche à faire valoir un point de vue. Les conversations quotidiennes, les discours politiques et médiatiques prouvent à chaque instant que la plupart de nos raisonnements sont fondés sur des valeurs et supposent des conflits d'intérêts, ce qu'Aristote avait compris bien avant nous.
C'est pourquoi ce livre étudie, à la lumière des traités anciens comme des recherches contemporaines, les principaux procédés relevant de l'art de persuader dans les domaines littéraire et extra-littéraire. Il explore le champ complet de la matière et s'intéresse autant aux figures qu'aux arguments.
Conçu comme un ouvrage de référence, ce livre s'adresse principalement aux étudiants en lettres, en philosophie et en communication, mais concerne également tous ceux qui désirent mieux convaincre et déjouer les pièges du discours.
« Je n'ai pas attendu qu'elle me réponde, j'ai grimpé dans ma piaule et m'y suis enfermé. La société est ainsi, elle classe les individus ; origines, couleur de peau, milieux dans lesquels tu gravites... Rien à battre de ce qu'il y a dans la coquille. »
Hafid est guetteur dans le 93. En bas des blocs, entre ciment et belle étoile, il rêve de devenir une star du rap. La vie ne lui fait pas de cadeaux et les chemins pour réussir, lorsque l'on est issu d'une banlieue, sont souvent sinueux.
Sarah vit dans un petit village du Médoc. Alors que les drames familiaux s'enchaînent, elle entreprend des études d'infirmière. Ces deux êtres aux antipodes arriveront-ils à se comprendre ?
L'herméneutique littéraire veut rendre compte du caractère proprement esthétique des oeuvres. Au regard des études littéraires françaises, dont l'attention consacrée au texte, plus directe et plus stable, se laisse rarement tenter par les sauts de l'imagination érudite, Jauss montre une capacité inégalée à passer d'une période historique à l'autre et d'une tradition littéraire à celles qui l'ont précédée ou suivie.
Car l'interprétation est historiquement mobile : tout en tenant compte de l'enracinement d'une oeuvre dans les conventions et codes culturels de son époque, elle n'en a pas moins le devoir d'interroger les conversations transhistoriques dont cette oeuvre hérite et qu'elle continue.
Ainsi, le lecteur ébloui est, par exemple, conduit du catéchisme luthérien - suite de questions et de réponses obligatoires - vers la 'Profession de foi du vicaire savoyard' dans laquelle Jean-Jacques Rousseau présente quatre articles de foi, puis aux divers catéchismes du citoyen et du genre humain publiés pendant la Révolution française, à la transformation du catéchisme en théorie de l'histoire par Théodore Simon Jouffroy en 1833, aux Contemplations de Victor Hugo et, enfin, aux presque trois cents questions-réponses du chapitre "Ithaque" dans Ulysse de James Joyce.
Jauss, dans une alternance d'exposés théoriques, de retours réflexifs sur la démarche et surtout d'exemples de la méthode, balise le champ de la culture occidentale, depuis l'Ancien Testament ou Plaute jusqu'au travail poétique de Goethe ou de Valéry.
Comment réussir ses épreuves en lettres à l'université dès sa première année ?
Les auteurs proposent des méthodes pour élaborer son commentaire de texte et sa dissertation en livrant, pas à pas, les étapes clefs de chacun de ces deux exercices.
Ils offrent de véritables outils pour élaborer un plan pertinent dans l'étude d'un texte ou d'un sujet de dissertation. Une fois ces réflexes acquis vous pourrez développer votre sensibilité et culture littéraire sans courir le risque du hors-sujet.
Vous trouverez en complément en ligne une anthologie des textes littéraires utilisés par les auteurs lors des divers commentaires.
Est-il possible de percer les mystères de la création littéraire ? La sociologie peut-elle entrer dans la chair même des oeuvres ? Est-elle en mesure de se confronter à des oeuvres particulièrement difficiles, et même étranges, qui découragent plus d'un lecteur et soumettent habituellement à rude épreuve le travail des interprètes ?
Est-il possible de percer les mystères de la création littéraire ? La sociologie peut-elle entrer dans la chair même des oeuvres ? Bernard Lahire s'est confronté à l'un des plus grands représentants de la littérature d'avant-garde, Franz Kafka : pourquoi écrit-il ce qu'il écrit comme il l'écrit ? Pour répondre, Bernard Lahire examine la fabrication sociale de l'auteur du Procès, depuis les primes expériences familiales jusqu'aux épreuves les plus tardives. Ce faisant, non seulement il saisit les raisons qui le conduisent à être attiré par la littérature, mais il se donne les moyens de comprendre les propriétés formelles et thématiques d'une oeuvre travaillée par les éléments constitutifs de sa problématique existentielle. Dans ce livre magistral qui, au-delà du cas de Kafka, pose les fondements d'une théorie de la création littéraire, les oeuvres apparaissent comme autre chose que des solutions esthétiques à des problèmes formels ou que des manières de jouer des coups dans un " champ littéraire ". Elles sont aussi des points de vue sur le monde, des manières formellement spécifiques de parler du monde mises en oeuvre par des créateurs aux expériences sociales singulières.
Anacoluthe, antiphrase, chiasme, incipit, registre épique, litote, oxymore, prosopopée...
Cet ouvrage analyse en 69 fiches les principaux procédés littéraires propres à la rhétorique, au registre littéraire ou à la poétique du récit. Chaque fiche présente, de manière claire et mémorisable, l'histoire, l'évolution et les emplois littéraires du procédé.
- Les connaissances indispensables à l'analyse et au commentaire de texte
- Une initiation efficace
- Les connaissances indispensables à l'analyse et au commentaire de texte
+ un cahier d'exercices
Aux devantures des librairies, on ne compte plus les ouvrages d'historiens réfléchissant gravement à leur rapport avec la littérature. Doivent-ils en faire une source de leur savoir, mais en contextualisant la fiction depuis leur surplomb, au risque de ne pas faire mieux que l'histoire littéraire et manquer ce que fait la littérature? Ou bien recourir à l'écriture de la fiction, quitte à s'installer prosaïquement dans l'entre-deux-genres d'une classique monographie?
Judith Lyon-Caen propose une aventure plus ambitieuse : à partir d'une nouvelle de Jules Barbey d'Aurevilly, «La vengeance d'une femme», l'historienne part de ce qu'est la littérature : une expérience d'être au monde, pour mesurer l'éclairage que sa discipline peut apporter à la mise en écriture romanesque. Ainsi de ces myriades d'objets, de parures, de rues et boulevards ou de lieux parisiens dont la description a pour fonction d'attester la réalité du récit : l'historien décrypte ces traces du temps, que ce soit le temps de la rédaction ou celui de l'action du récit, en retrouve l'origine, réfléchit à la manière dont le romancier en a été affecté. Non pas pour réduire l'écriture romanesque à un ancrage dans une époque, mais, au contraire, pour éclairer comment une époque nourrit le sens d'une écriture. L'historien en «herméneute» du matériau littéraire, en quelque sorte. Une invitation à apprendre à mieux lire ce qui fait la littérature et ce que fait un romancier.
Du 20 au 23 novembre 1989, le grand poète italien Franco Fortini, également traducteur et critique littéraire, fut invité par l'Institut de Philosophie de l'université de Naples à donner quatre Leçons sur la traduction ; au cours des mois précédents, il avait tenu à Sienne une série de séminaires sur Les poètes traducteurs dont ce cycle de conférences, plus théorique, reprend des éléments. Fortini n'eut pas le temps d'écrire avant sa mort le livre sur la traduction dont il avait le projet. Mais le texte des Leçons de Naples, conservé dans ses archives et publié en 2011, en est bien plus que l'esquisse, d'autant qu'il est augmenté de plusieurs annexes. Théoricien de la littérature (qu'il enseignait à l'université de Sienne), longtemps proche de Roland Barthes, aussi informé des positions d'Henri Meschonnic que des recherches du Cercle linguistique de Prague, mobilisant avec aisance l'héritage philosophique de Schleiermacher, de Goethe ou de Benedetto Croce, Franco Fortini part ici de sa propre expérience de traducteur et de lecteur. Il suggère notamment de considérer les traductions poétiques comme des oeuvres autonomes, sans se contenter d'évaluer leur rapport au textes-source. Si les exemples sur lesquels il s'appuie sont surtout empruntés à l'histoire des traductions italiennes, les traducteurs du présent volume ont veillé à permettre au lecteur français qui ne connaît pas l'italien de suivre sans difficulté ses analyses.
La magie du théâtre est probablement aussi ancienne que l'homme lui-même. Avant de transformer le réel, on demande au rêve sa représentation. Le sorcier originel était un acteur. L'acteur, aujourd'hui, est toujours un sorcier. Mais pour arriver à la perfection du spectacle, il faut longuement s'y préparer, pour soi et pour les autres.
Dans cette nouvelle édition de son guide pour Le théâtre amateur, Maurice Chevaly - lui-même acteur, metteur en scène et auteur d'ouvrages théoriques sur le théâtre - ne cache rien du long chemin initiatique qui mène à la scène : les origines du jeu dramatique et ses différents genres (revues, récitations chorales, expression dramatique mimée, parlée et chantée, farces, fables, monologues), l'éducation corporelle et la gymnastique du comédien (décontraction, éducation rythmique, expression corporelle pour le théâtre et le cinéma : marche, tenue en scène, expressions physionomiques, port du masque) et surtout les trois grandes techniques culturelles : la relaxation, l'improvisation muette et parlée (nombreux thèmes à développer) et la diction, qui aboutissent enfin à la représentation scénique.
Tous ces apports, toujours illustrés par de nombreux exercices individuels ou collectifs, sont adaptés aux troupes de théâtre, notamment les troupes d'amateurs et les troupes jeunes, au théâtre à l'école ou à l'air libre (colonies de vacances, veillées et feux de camp) et aux ateliers artistiques. Sans oublier les incontournables périphériques que sont les décors, les costumes, le maquillage, la musique de scène et les bruitages.
Des bibliographies thématiques et une approche du répertoire des pièces pour les enfants, les jeunes et les adultes, complètent harmonieusement un ouvrage indispensable sur tous les terrains de l'expression théâtrale.
On considère habituellement qu'il y a d'un côté la littérature, de l'autre la critique : d'un côté l'écrivain, de l'autre le commentateur. Pour cette raison, s'il existe de nombreuses études sur l'art du romancier, du dramaturge ou du poète, il n'en existe guère sur celui du critique. On envisagera ici, au rebours d'une telle tradition, la critique comme de la littérature.
Si la critique littéraire est un genre parmi d'autres, il n'y a plus aucune raison de se priver du plaisir (car c'en est un) de porter sur elle un regard de poéticien : on cherchera ainsi à forger une poétique de la critique – " poétique " devant s'entendre comme théorie générale des formes, et " critique " comme commentaire d'un texte particulier. On explorera ainsi les procédés d'écriture et de réécriture propres au discours critique, en laissant à d'autres, s'ils le souhaitent, le soin de se prononcer sur leur validité.
D'Homère commenté par Zoïle ou Aristarque, jusqu'à Proust commenté par Barthes, Richard ou Starobinski, des scolies antiques et médiévales jusqu'aux recommandations du Monde des livres, des manuscrits grecs, byzantins ou chinois jusqu'aux réseaux sociaux, on arpentera tout un domaine jusqu'ici fâcheusement délaissé par la poétique.
Il en résultera peut-être quelques conséquences imprévues – car, dès lors que la critique est envisagée comme une écriture, au même titre que son objet, il est bien possible que les textes critiques nous parlent autant d'eux-mêmes, si ce n'est plus, que des textes derrière lesquels ils prétendent généralement s'effacer.
L'écriture et l'expérience des limitesCet ensemble fonctionne comme un appareil. De manière systématique, il trace une théorie de l'écriture appelée autrefois « littéraire » mais qu'il vaut mieux nommer aujourd'hui textuelle. Cette théorie s'élabore sur un certain nombre de textes limites, refusés ou mis à l'écart par notre culture, et dont la lecture réelle serait susceptible de changer les conditions mêmes de notre pensée : ceux de Dante, Sade, Lautréamont, Mallarmé, Artaud et Bataille. Le déchiffrement qui s'effectue ici porte sur le travail qui a rendu possible la production de ces « limites », sur les motifs de leur censure et de leur force de transgression.« Notre travail consiste à proposer une nouvelle manière de lire, c'est-à-dire de lire les textes en articulation avec les sciences, la philosophie. »Philippe SollersPhilippe SollersÉcrivain, fondateur de la revue Tel Quel, fondateur et directeur de la revue L'Infini, il est membre du comité de lecture des Éditions Gallimard Auteur de nombreux romans et essais.
La dissertation littéraire est une épreuve distinctive dans tous les concours et lors du cursus universitaire en lettres. Elle est pourtant peu choisie lorsqu'un autre exercice est proposé car elle semble exigeante et difficile. Le but de ce livre est de permettre aux étudiants de réussir leur dissertation grâce à une méthode et des exemples.
Ainsi, la première partie de l'ouvrage explique en détail les étapes de la recherche conceptuelle et de l'écriture, avec des conseils pour la rédaction. Puis la deuxième partie présente une série de dissertations rédigées et de plans détaillés, avec des repères et des commentaires.
L'approche narratologique présente trois caractéristiques majeures : elle permet l'analyse des différents types de récits (littéraires ou non) ; elle met en lumière leurs principes de composition communs au-delà des différences apparentes ; elle peut s'articuler avec des approches fondées sur la production ou la réception de ces textes.
Cet ouvrage expose donc les concepts fondamentaux et les outils descriptifs permettant l'étude précise des grands niveaux du récit : fiction, narration et mise en texte. Afin d'éclairer leurs applications possibles, les notions sont illustrées de nombreux exemples issus aussi bien d'oeuvres littéraires variées que de récits non littéraires.
Pourquoi Jean Giono, qui a été un pacifiste acharné et actif, a-t-il accepté en septembre 1939 de revêtir à nouveau l'uniforme de soldat ? Pourquoi a-t-il été emprisonné à la fin de 1944 et soupçonné d'avoir collaboré avec le régime de Vichy ?... La vie sentimentale de l'écrivain manosquin a longtemps été tenue secrète. Aujourd'hui, beaucoup de non-dits subsistent, même dans les publications récentes. Pourtant, dire la vérité, et évoquer les multiples maîtresses, permet de comprendre pourquoi ce génie de notre littérature a pu être aussi un écrivain politique ; et comment son oeuvre romanesque a trouvé ses sources d'inspiration dans ses aventures successives.
En 1966 paraissait le premier volume des Problèmes de linguistique générale d'Émile Benveniste, mettant sous le coup des projecteurs les longs, patients et si riches travaux d'un des plus grands savants du XXe siècle. En 1976 s'éteignait, dans la discrétion, après sept années d'aphasie et d'immobilité, un auteur et professeur dont la recherche inépuisable dans le domaine du langage avait été l'unique projection de sa vie.
La publication, en 2012, des Dernières leçons. Collège de France 1968, 1969 est venue bousculer nos savoirs établis sur l'écriture. Le présent ouvrage offre une réflexion multipolaire sur un domaine dont l'emprise sur toutes les activités humaines n'est plus à décrire.
Deux textes inédits d'Émile Benveniste ouvrent le livre qui réunit, sous la direction d'Irène Fenoglio, les contributions de Jean-Claude Coquet, Julia Kristeva, Charles Malamoud, Pascal Quignard. Chacun d'entre eux s'interroge, en lecteur et admirateur d'Émile Benveniste, sur l'histoire profonde, les fondements, les représentations et les pratiques de l'écriture. A partir de leur domaine de connaissance (sémiotique, linguistique, psychanalyse, anthropologie, littérature) ils évoquent ce que fut pour eux et pour des générations entières cet homme de grande retenue au savoir immense et lumineux.
Pour accompagner leurs réflexions, de nombreux documents inédits et fac-similés sont ici reproduits.
La thèse est souvent considérée comme le genre de tous les académismes. Pourtant, depuis le milieu du XIXe siècle, plusieurs grands écrivains français ont entrepris un doctorat, non sans faire preuve d'une certaine originalité. Mallarmé a commencé une thèse de linguistique afin de se remettre d'une crise existentielle, la thèse de Péguy n'est rien d'autre qu'une longue insulte contre la Sorbonne, celle de Paulhan se perd dans d'innombrables brouillons sur plus de trente-cinq ans, Céline a soumis au jury un autoportrait à peine dissimulé derrière l'éloge d'un médecin hongrois, et Barthes a affirmé que la thèse devait être un "corps érotique".
Antithèses est une enquête historique où les mondes littéraires et universitaires se rencontrent et se défient. C'est aussi un anti-manuel de thèse dans lequel les écrivains questionnent les normes et formes académiques tout en distillant leurs conseils d'écriture.
Ce volume rassemble un demi-siècle de réflexions dans une forme particulière de prose que j'appelle remarques.
Il se compose de 15 sections de 317 remarques chacune.
317 est un nombre premier ainsi que son palindrome écrit 713.
Pour des raisons numérologique liées au contenu, bien que non justifiées conceptuellement, 317 a été choisi pour trois raisons :
– 317 est le nombre de sonnets du Rerum Vulgarium Fragmenta de Pétrarque ;
– c'est le nombre fétiche de Khlebnikov ;
– enfin 317 est un des nombres de Perec.
J. R.
Les frontières entre fait et fiction, réalité et imaginaire, ont la réputation d'être désormais brouillées. Pourquoi les défendre ? Parce qu'elles sont une nécessité cognitive, conceptuelle et politique ; parce que leur disparition élimine le plaisir de passer d'un monde à l'autre. Françoise Lavocat propose ici de repenser les frontières de la fiction dans la littérature, le cinéma, le théâtre et les jeux vidéo.
La première ambition de son livre réside dans le bilan très complet qu'il dresse des controverses anciennes et récentes sur le statut de la fiction dans les domaines de la théorie littéraire, du droit, de la
psychanalyse et des sciences cognitives. À la faveur des ces éclairages multiples, l'ouvrage prend notamment en compte le phénomène du storytelling, l'histoire des rapports entre Histoire et poésie, la
question du blasphème. Le parti pris de distinction qu'il adopte, tout en défendant l'idée d'une hybridité essentielle de la fiction, en constitue le second intérêt et la stimulante nouveauté. Les conditions de possibilité d'une culture de la fiction sont interrogées, ainsi que ses limites. Le point de vue défendu renouvelle entièrement les termes du débat : l'auteur s'emploie en effet à définir la fiction comme un monde possible possédant son ontologie propre, en concentrant l'intérêt sur la relation aux personnages, la question des paradoxes et de la métalepse, cette figure qui confirme la frontière entre les mondes en donnant l'illusion de la franchir.
Françoise Lavocat est professeur de littérature comparée à l'université Paris 3-Sorbonne nouvelle et membre de l'Institut universitaire de France. Elle a déjà publié de nombreux ouvrages et récemment dirigé La Théorie littéraire des mondes possibles (CNRS Éditions, 2010) et Interprétation littéraire et sciences cognitives (Hermann, 2016).