Toutes les sociétés humaines ont besoin de justifier leurs inégalités : il faut leur trouver des raisons, faute de quoi c'est l'ensemble de l'édifice politique et social qui menace de s'effondrer. Les idéologies du passé, si on les étudie de près, ne sont à cet égard pas toujours plus folles que celles du présent. C'est en montrant la multiplicité des trajectoires et des bifurcations possibles que l'on peut interroger les fondements de nos propres institutions et envisager les conditions de leur transformation.
À partir de données comparatives d'une ampleur et d'une profondeur inédites, ce livre retrace dans une perspective tout à la fois économique, sociale, intellectuelle et politique l'histoire et le devenir des régimes inégalitaires, depuis les sociétés trifonctionnelles et esclavagistes anciennes jusqu'aux sociétés postcoloniales et hypercapitalistes modernes, en passant par les sociétés propriétaristes, coloniales, communistes et sociales-démocrates. À l'encontre du récit hyperinégalitaire qui s'est imposé depuis les années 1980-1990, il montre que c'est le combat pour l'égalité et l'éducation, et non pas la sacralisation de la propriété, qui a permis le développement économique et le progrès humain.
En s'appuyant sur les leçons de l'histoire globale, il est possible de rompre avec le fatalisme qui nourrit les dérives identitaires actuelles et d'imaginer un socialisme participatif pour le XXIe siècle : un nouvel horizon égalitaire à visée universelle, une nouvelle idéologie de l'égalité, de la propriété sociale, de l'éducation et du partage des savoirs et des pouvoirs.
Directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales et professeur à l'École d'économie de Paris, Thomas Piketty est l'auteur du Capital au XXIe siècle (2013), traduit en 40 langues et vendu à plus de 2,5 millions d'exemplaires, dont le présent livre est le prolongement.
Avec une nouvelle préface inédite de l'auteur.
« Un prodige. » Le Monde des Livres
Il y a 100 000 ans, la Terre était habitée par au moins six espèces différentes d'hominidés. Une seule a survécu. Nous, les Homo Sapiens.
Comment notre espèce a-t-elle réussi à dominer la planète ? Pourquoi nos ancêtres ont-ils uni leurs forces pour créer villes et royaumes ? Comment en sommes-nous arrivés à créer les concepts de religion, de nation, de droits de l'homme ? À dépendre de l'argent, des livres et des lois ? À devenir esclaves de la bureaucratie, des horaires, de la consommation de masse ? Et à quoi ressemblera notre monde dans le millénaire à venir ?
Véritable phénomène d'édition, traduit dans une trentaine de langues, Sapiens est un livre audacieux, érudit et provocateur. Professeur d'Histoire à l'Université hébraïque de Jérusalem, Yuval Noah Harari mêle l'Histoire à la Science pour remettre en cause tout ce que nous pensions savoir sur l'humanité : nos pensées, nos actes, notre héritage... et notre futur.
« Pharaonique. » Télérama
« Magistral. » Le JDD
"Au Docteur Grange,
Le dernier HOMME que j'aurai rencontré dans ma vie.
Je suis arrivé dans son hôpital déjà serein, mais peut-être encore troublé. Dès les premiers mots, il a su me rappeler les termes - ou plutôt le terme - de la condition humaine, avec assez de délicatesse pour que je retrouve immédiatement ma joie de vivre, si courte que l'on puisse en fixer l'échéance.
Obtenir des malades qu'ils meurent joyeux parce que confiants n'est pas donné à tout le monde. Demandez-lui le secret, il le possède."
Pierre Sanguinetti
Longtemps les historiens n'ont pas pensé aux animaux. Mais qu'on y réfléchisse quelque peu et leur importance émerge,grandit, s'impose. Ils sont partout. Rien de ce qu'ont fait les humains au cours de leur histoire ne l'a été sans eux, promus dans toutes les civilisations et jusqu'à nos jours.
Quinze historiens, dont Robert Delort, Daniel Roche, Michel Pastoureau ou encore Jean-Marc Moriceau, nous expliquent comment on a domestiqué le cheval ou comment les rats sont entrés dans Paris. On découvre aussi la saga du chien, le rôle du dromadaire dans le peuplement du grand désert d'Afrique du Nord ou les extravagants procès d'animaux au XVIe siècle. On apprend à quel point, au Moyen Âge, les textes, les images et le folklore sont peuplés de bêtes, et on s'interroge enfin sur la proximité de l'homme et du cochon dès l'Antiquité.
Grâce aux textes réunis dans cette édition et à de savoureuses anecdotes, Éric Baratay nous révèle comment les humains ont été fascinés par les animaux et comment ils se sont apprivoisés réciproquement.
Comment l'humanité, qui était au sommet du progrès technique, a-t-elle pu se laisser happer par la barbarie totalitaire et finir par y sombrer ? Telle est la question de Condition de l'homme moderne. Cette faillite est la conséquence de l'oubli par l'homme moderne d'un monde de valeurs partagées et discutées en commun avecautrui, dès lors qu'il n'a plus envisagé les choses qu'au travers du prisme de leur utilité pour son bonheur privé. Indifférent aux autres, l'homme moderne ne forme plus avec eux qu'une foule d'individus sans lien véritable et sans défense contre la voracité des dictateurs et des leaders providentiels. Seule une « revalorisation de l'action »,nous dit Arendt, cette intervention consciente avec et en direction d'autrui, permettra à l'homme moderne d'échapper aux dangers qui pèsent toujours sur sa condition.
Paru une première fois en français en 1961, Condition de l'homme moderne est le premier texte de Hannah Arendt publié en France. Cette réédition est accompagnée de l'importante préface originale de Paul Ricoeur qui reste à ce jour une des meilleures introductions à la pensée d'Arendt. Dans son avant-propos inédit, Laure Adler montre comment le texte d'Arendt fut et reste visionnaire dans l'éclairage qu'il jette sur les urgences d'aujourd'hui.
En septembre 1939, les Allemands envahissent la Pologne. Izabela Sztrauch, qui survivra et deviendra Isabelle Choko, a 11 ans. Son enfance s'arrête du jour au lendemain lorsqu'elle est envoyée dans le ghetto de Lódz avec ses parents. Elle y perd son père de malnutrition et de mauvais traitements. A 15 ans, elle est déportée à Auschwitz, puis à Waldeslust et Bergen-Belsen.
La peur et la nudité. Le travail forcé, le froid, les coups, la promiscuité, la faim. La maladie et la mort, partout. Mais aussi les quelques moments de grâce et de fraternité. Le courage d'un prisonnier de guerre qui prend tous les risques pour la garder en vie. Et l'amour qu'Izabela porte à sa mère, qu'elle tient dans ses bras jusqu'à son dernier souffle - sur le sol noir de Bergen-Belsen. Elle revient de l'enfer seule. Par une force hors du commun, elle guérit du typhus dans un hospice en Suède et voyage jusqu'en France, avec pour unique bagage, son appétit de vivre, son humour et son intelligence. Défiant le destin, quelques années plus tard, elle est sacrée championne de France d'échecs et fonde une famille.
Aujourd'hui, Isabelle Choko raconte ce qu'elle a connu sous le régime nazi, d'abord dans le ghetto de Lódz en Pologne et puis dans les camps d'extermination - Auschwitz-Birkenau et Bergen-Belsen. Son livre est l'histoire de sa vie, un récit douloureux et passionnant pour que tous nous n'oublions pas ce que fut la Shoah.
Lors du décès d'une tante sans descendance, Annette Wieviorka réfléchit aux traces laissées par tous les êtres disparus qui constituent sa famille, une famille juive malmenée par l'Histoire. Il y a le côté Wieviorka et le côté Perelman. Wolf, l'intellectuel yiddish précaire, et Chaskiel, le tailleur taiseux. L'un écrit, l'autre coud. Ils sont arrivés à Paris au début des années 1920, en provenance de Pologne. Leurs femmes, Hawa et Guitele, assument la vie matérielle et celle de leurs enfants.
Dans un récit en forme de tombeaux de papier qui font oeuvre de sépultures, l'historienne adopte un ton personnel, voire intime, et plonge dans les archives, les généalogies, les souvenirs directs ou indirects. Par ces vies et ces destins recueillis, on traverse un siècle cabossé, puis tragique : d'abord la difficile installation de ces immigrés, la pauvreté, les années politiques, l'engagement communiste ou socialiste, le rapport complexe à la religion et à la judéité, puis la guerre, les rafles, la fuite ou la déportation - Paris, Nice, la Suisse, Auschwitz - et enfin, pour certains, le difficile retour à la vie marqué par un autre drame.
Tout l'art consiste ici à placer le lecteur à hauteur d'hommes et de femmes désireux de bonheur, de joie, de liberté, bientôt confrontés à l'impensable, à l'imprévisible, sans certitudes ni connaissances fiables au moment de faire des choix pourtant décisifs. C'est ainsi que des personnages très attachants et un monde disparu retrouvent vie, par la grâce d'une écriture sensible et précise.
Directrice de recherche honoraire au CNRS, Annette Wieviorka est une spécialiste mondialement reconnue de l'histoire de la Shoah. Elle a notamment publié au Seuil Auschwitz expliqué à ma fille (1999), 1945. La Découverte (2015) et récemment, aux éditions Stock, Mes années chinoises (2021).
« I'm sorry. I'm Russian. » À la chute de l'URSS, c'est ainsi que les Russes exprimaient avec ironie le sentiment d'appartenir à un peuple de perdants.
Vladimir Poutine a décidé de pallier cette humiliation et restaurer la « grandeur russe ». Il a rédigé un roman national fait de succès et de triomphes, nourri par un désir de revanche. Tant et si bien que la guerre déclenchée contre l'Ukraine le 24 février 2022 a été accueillie avec enthousiasme par une grande partie de la population.
Comment en est-on arrivé là ? Par la propagande et la répression, démontrent Veronika Dorman et Ksenia Bolchakova. Du lavage de cerveau patriotique jusqu'à l'exaltation militariste, ce document exceptionnel décrit les rouages d'un endoctrinement géant, celui de tout un peuple.
En regardant leur pays d'origine droit dans les yeux, les journalistes racontent aussi une part d'elles-mêmes, dont elles se sentent désormais amputées.
Les femmes ont une histoire, une histoire de luttes pour leurs droits, conquis, arrachés, défendus, une histoire de colère contre les discriminations, les inégalités, une « Rage against the Machisme ».
L'historienne Mathilde Larrère retrace les combats féministes de la Révolution française jusqu'au mouvement #MeToo d'aujourd'hui, sur les pas de Louise Michel, de Gisèle Halimi, mais aussi de tant d'autres invisibilisées, comme Pauline Léon, Malika El Fassi, les colleuses contre les féminicides...
À l'histoire, le livre mêle des récits, des documents d'époque, des chansons et des slogans, reflétant l'ardeur et la détermination de celles qui n'acceptent pas l'inégalité des sexes, montrant combien elles se tiennent la main au-delà des siècles.
Luttes pour l'égalité, pour les droits de voter, s'instruire, se défendre, gouverner leurs propres corps, mais aussi pour l'émancipation des femmes des colonies : autant de domaines où la liberté des femmes a été bafouée, autant de droits à conquérir et à défendre, encore, aujourd'hui et demain.
« Quand on a de tels alliés, on n'a pas besoin d'ennemis ! » constate Gérard Araud dans cette relecture inédite de l'entre-deux-guerres. Un regard passionnant sur cette période cruciale où la France,lucide et terriblement seule, se battait pour sauver la paix.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la France sort victorieuse mais épuisée, durablement blessée dans sa chair et sur son territoire. L'Allemagne n'accepte pas sa défaite et se sent humiliée par le traité de Versailles. L'Angleterre, qui a limité les pertes grâce à sa géographie, trouve que la France se plaint trop. Quant aux États-Unis, ils n'ont qu'une obsession : récupérer l'argent prêté. Et en ne ratifiant pas le traité, les Américains rendent caduque la sécurité de notre frontière. Le rêve de Clemenceau d'une entente à trois s'évanouit, trahi par ses alliés.
C'est en diplomate que Gérard Araud retrace cette histoire, agrémentée de savoureux portraits : Poincaré, Briand, Berthelot, Lloyd George dont Clemenceau dit qu'il est « capable de mentir huit fois dans la même journée ! », Saint-John Perse, Keynes, Barthou ou Daladier. Il raconte les avancées, les reculades, les espoirs et les trahisons de chaque acteur jusqu'au précipice de la Seconde Guerre mondiale.
Au moment où la guerre est de retour en Europe et où pèse l'ombre du passé, voici une formidable et nécessaire leçon d'Histoire.
C'est une piste de ciment et d'herbe, cachée dans la forêt, non loin du cercle arctique russe. Une bande grise de deux kilomètres, marquée par des pneus géants peints, des drapeaux ; au bout ; un hangar de bois et de tôle ; tout autour, les chemins de terre noir, mais aussi la neige, les ours et les loups. Une sauvagerie presque rêvée, entre Michel Strogoff et Tolstoï.
Sergueï Alexandrovitch Ilyne est arrivé sous l'ère soviétique, et il est resté. A la grande époque, la piste comptait, accueillant des milliers de passagers au coeur de l'archipel, en route vers les sites du grand nord, ou vers la ville à côté. Plus de cent employés travaillaient ici. Les vols ne cessaient jamais, et parfois très loin, on devinait des forteresses, en chemin vers d'autres missions. Puis l'empire s'est effondré, le pays a changé de nom, de modèle, d'histoire, Eltsine l'alcoolique a été remplacé par le jeune Poutine, le FSB a pris le pouvoir et l'argent : la piste a été oubliée.
Sergueï est donc seul à entretenir sa piste, sans paie véritable, sans hiérarchie. Avec Macha sa compagne, quelques amis, le policier Dima, le pope voisin, il bouche le ciment, dégage le bois, imagine des éclairages, attend un appel, un ordre, une urgence, venu de la terre ou du ciel, mais rien. C'est un homme meurtri, un idéaliste. En 2010, un avion lourd s'écrase dans la forêt, en bout de piste, mais comment rendre force et usage à l'empire, quand celui-ci s'est perdu tout entier ?
Dans ce magnifique récit poétique, fondé sur une histoire vraie, Marc Nexon nous offre un pan d'histoire, sans nostalgie et à hauteur d'homme, mais avec la tendresse pour ceux qui croient à leur cause.
Louis Darquier de Pellepoix (1897-1980) est moins connu pour son action que pour ce qu'il symbolise : la haine du juif, le collaborationnisme, le négationnisme. Commissaire général aux Questions juives de 1942 à 1944, il est l'incarnation de l'antisémite et du collaborateur sans scrupules.
Partisan des ligues d'extrême droite en 1934, conseiller municipal de Paris proche de l'Action française, Darquier de Pellepoix se lance dans la carrière antisémite après la victoire du Front populaire en 1936. Agitateur opportuniste et violent, il crée le Rassemblement antijuif de France. Ministre de Vichy pendant l'Occupation, il pousse aux rafles et s'épanouit dans la propagande.
Démis de ses fonctions peu avant la Libération, dans une atmosphère de scandale et de corruption, puis exilé en Espagne, ce champion de l'antisémitisme français se fait oublier jusqu'en 1978, quand, dans un entretien accordé à L'Express, il déclare : « Je vais vous dire, moi, ce qui s'est passé à Auschwitz. On a gazé. Oui, c'est vrai. Mais on a gazé les poux... »
À travers le parcours de cet activiste d'extrême droite, ce sont tous les mécanismes de l'antisémitisme, du fascisme français et du négationnisme que Laurent Joly met en lumière.
Avec Le Pouvoir au féminin, paru en 2016, le public français a redécouvert la figure fascinante de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780), la souveraine la plus puissante de son temps. Son art de la diplomatie et sa finesse psychologique ont marqué les esprits, tout comme ses seize enfants et son affection jamais démentie pour son mari volage.
Puisant dans des archives inédites, Elisabeth Badinter revient sur cette figure majeure par le biais de la maternité. Ce nouveau portrait révèle un aspect caché de sa personnalité: une mère complexe, fort soucieuse de ses enfants, capable de la plus grande tendresse, mais aussi parfois de dureté, voire d'injustice.
Une femme souvent tiraillée entre les choix que lui dicte son coeur et ceux imposés par la raison d'État.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie, le 24 février 2022, a déclenché la guerre la plus importante en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Par l'ampleur des moyens employés et du soutien apporté à l'Ukraine par les forces occidentales, elle constitue un moment pivot pour l'histoire de l'Europe et peut-être du monde. Quelles leçons pouvons-nous en tirer aujourd'hui ? Comment cette guerre transforme-t-elle l'art militaire mais aussi nos sociétés ? En quoi l'ordre de sécurité européen et mondial s'en trouvera-t-il bouleversé ? Que nous enseigne-t-elle sur la dissuasion ? L'Ukraine est-elle un laboratoire pour Taïwan ? Toutes ces questions et bien d'autres sont abordées ici par François Heisbourg, qui joint à son expertise internationale une connaissance inégalée du terrain et des différents acteurs, qu'il a personnellement rencontrés et dont il nous dresse un portrait souvent inattendu. François Heisbourg est conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique et a présidé l'International Institute for Strategic Studies de Londres et le Centre de politique de sécurité de Genève. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Le Temps des prédateurs aux éditions Odile Jacob, qui a été un grand succès, et le prémonitoire Retour de la guerre.
Le rapport Stora : les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie.
En juillet 2020, Emmanuel Macron commandait à Benjamin Stora un rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie, ainsi que sur les moyens de favoriser une réconciliation entre la France et l'Algérie. L'historien s'est attelé à la tâche non seulement à partir de l'immense historiographie existante, à laquelle il a lui-même grandement contribué, mais aussi en rencontrant des dizaines d'interlocuteurs de tous bords. Pour tenter de rendre compte de cet archipel de mémoires aujourd'hui communautarisées, il ne fallait en effet écarter aucune catégorie d'acteurs : des combattants indépendantistes aux « pieds-noirs », des soldats français aux « harkis », des juifs aux Européens « libéraux », communistes ou partisans de l'Algérie française...
Cette enquête mémorielle est suivie d'un certain nombre de propositions audacieuses, qui touchent aussi bien à la symbolique qu'à l'accès aux archives historiques, afin de reconnaitre afin de mieux connaitre et reconnaitre ces « passions douloureuses ».
Benjamin Stora a publié de très nombreux ouvrages sur la colonisation, la guerre d'Algérie, l'immigration maghrébine, dont plusieurs ont été rassemblés récemment dans la collection Bouquins (Une mémoire algérienne, 2020). Chez Albin Michel, il a co-dirigé avec Abdelwahab Meddeb en 2013 l'encyclopédie Histoire des relations entre juifs et musulmans, et publié avec Alexis Jenni en 2016 Les mémoires dangereuses.
Grâce à leur audace et leur esprit de découverte, la science, la cartographie et le rêve d'aventure ont progressé au cours des siècles. Voici les portraits fascinants de sept grands marins qui ont fait rayonner la France sur les mers du XVIe au XXesiècle.
Sans Jacques Cartier, « le découvreur du Canada », Samuel Champlain n'aurait jamais fondé le rêve d'une Amérique française. Bougainville est célèbre pour son premier tour du monde mais qui se souvient de Bellot, aventurier de l'extrême, véritable héros outre-Manche qui fit entrer notre pays dans la grande histoire de l'exploration arctique ? On doit à Dumont d'Urville la terre Adélie. Ce naturaliste intrépide retrouva les vestiges d'une des deux frégates de Lapérouse à Vanikoro. Enfin, la connaissance de la péninsule Antarctique et du Groenland doivent beaucoup à Jean-Baptiste Charcot, surnommé par les Anglais « Polar Gentleman ».
Du golfe du Saint-Laurent au passage du Nord-Ouest, du Chili à l'île de Pâques, de l'Alaska au Kamtchatka ou les îles Samoa, cet ouvrage écrit par trois spécialistes est un bel appel du large et une invitation aux heures héroïques des grandes expéditions françaises.
Le coup de gueule d'un historien en colère.
Exaspéré par les polémiques qui surgissent à tout bout de champ sur Napoléon, relatives particulièrement à l'esclavage, au patriarcat, à sa dictature ou aux guerres que l'Empereur a menées, Thierry Lentz y a répondu dans cet essai argumenté, au ton vif et personnel. Vingt chapitres très enlevés pulvérisent les faux procès, fondés pour la plupart sur l'ignorance et l'anachronisme, parfois sur l'aveuglement idéologique et la bien-pensance, voire la haine de la France et de son histoire, devant laquelle les politiques se courbent trop souvent. Surtout, l'historien impeccable, sans défendre systématiquement Napoléon, rappelle le rôle décisif et pérenne tenu par le Consulat et l'Empire dans la construction de la France contemporaine, jusque dans notre présent et notre intimité. Oui, Napoléon vit en nous, et les Français, dans leur ensemble, ne s'y trompent pas, qui reconnaissent en lui un héros national, avant et à côté de Charles de Gaulle.
La famine meurtrière qui frappa l'Ukraine au début des années 30 reste un des chapitres les moins explorés de l'Histoire soviétique. Anne Applebaum répare enfin cette injustice par un livre qui fera date. Elle impressionne par la somme des connaissances rassemblées et commentées sur ce qui fut une véritable extermination de tout un peuple organisée par le Parti communiste soviétique sous Staline, mais aussi par son talent d'écrivain. Son récit des faits débute par l'histoire de la révolution ukrainienne en 1917 et celle du mouvement national qui en est issu, puis se poursuit par les premières décisions du Politburo sur la politique agricole à mener dans cette province si fertile de l'Union Soviétique jusqu'à la persécution systématique de l'élite ukrainienne. Le tableau brossé par Applebaum nous plonge de manière inédite dans les horreurs de la répression menée par le régime stalinien. Car cette famine « organisée » fit plus de 5 millions de victimes - dont 3.9 millions d'Ukrainiens, et l'héritage de cette mémoire que l'URSS a tenté d'éradiquer joue évidemment un rôle considérable dans les relations russo-ukrainiennes au temps présent.
Famine rouge s'impose par sa documentation incontestable, sa hauteur de vue et les perspectives qu'il dégage, c'est aussi un livre nécessaire pour comprendre un épisode tragique de l'Histoire du XXème siècle autant que la réalité politique actuelle de cette région du monde.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat.
On les appelle spin doctors, genies du faire croire, persuadeurs clandestins ou ingenieurs des ames. Publicitaires, communicants, cinéastes ou propagandistes politiques, ces hommes ont en commun d'etre passes maitres dans l'art de la manipulation de masse.
Ils bouleversent les regles du jeu politique, font et defont des elections, fabriquent le consentement, défendent les intérêts d'industries polluantes, influencent a leur insu le comportement de millions d'individus. Souvent meconnus, agissant pour la plupart dans l'ombre, ils concoivent et deploient leurs techniques de persuasion en tirant profit des progres constants des sciences et des techniques.
Spécialiste de l'histoire de la propagande contemporaine, David Colon propose une approche inédite de l'art de la persuasion : il réunit, pour la première fois dans un même livre, les portraits de vingt des plus grands maîtres de la manipulation des XXe et XXIe siècles. De Goebbels a Walt Disney, de Lin Biao a Mark Zuckerberg, Richard Thaler ou Steve Bannon, l'auteur nous raconte l'invention de la propagande de guerre, du lobbying, du nudge ou de la publicité microciblee.
Ils s'appelaient Hermann Oestrich, Heinz Bringer, Otto Ambros, Rolf Engel... Ils étaient scientifiques et ils étaient allemands. Ils étaient aussi des nazis engagés, et pourtant la France leur a déroulé le tapis rouge. Certains seront même décorés de la Légion d'honneur pour services rendus à la France.
Une histoire occultée? Certainement. Effacée? Peut-être. Oubliée? Il semblerait. Par un tour de passe-passe dont le roman national a le secret, l'opération de recrutement massif, dès 1944, de scientifiques nazis par le pouvoir gaulliste a été gommée de l'histoire officielle.
Au terme d'une enquête qui va le mener jusqu'aux lieux où ont vécu et travaillé ces Allemands, mais aussi dans le dédale des archives de la République, au travers d'entretiens avec les rares témoins encore en vie, d'échanges avec des historiens et de la consultation d'archives audiovisuelles, Michel Tedoldi met au jour un pan méconnu et sidérant de notre histoire contemporaine.
Réalisateur d'enquêtes sur des faits de société pour France Télévisions et Arte, Michel Tedoldi a également collaboré à Charlie Hebdo.
" Une grande enquête plus que jamais nécessaire sur des dérives post-coloniales à l'oeuvre aujourd'hui encore." Page des libraires
Retour à Lemberg et La Filière, deux enquêtes historiques couronnées de succès, ont imposé Philippe Sands comme l'écrivain de l'histoire des droits de l'homme. C'est en tant que représentant de l'île Maurice devant la Cour internationale de justice de La Haye qu'il lutte activement pour la reconnaissance d'une injustice criante, celle qui frappe l'archipel des Chagos, la « dernière colonie » britannique dans l'océan Indien.
Dans les années 1960, la Grande-Bretagne sépare Diego Garcia et les cinquante-quatre autres îles des Chagos de la toute jeune République indépendante de Maurice. La raison secrète : offrir aux États-Unis une base militaire sur Diego Garcia, la plus grande île de l'archipel. Les Chagossiens qui y demeuraient depuis le XVIIIe siècle sont chassés brutalement de leur foyer et contraints à l'exil, au mépris des mesures internationales d'après-guerre en matière de décolonisation. Parmi eux, Liseby Élysé, une jeune mariée, enceinte de son premier enfant.
Depuis cinquante ans, Liseby Élysé n'a eu de cesse de se battre pour pouvoir retourner sur son île natale. C'est ce combat que Philippe Sands retrace, en mettant en lumière les horreurs persistantes de l'impérialisme britannique, les crimes racistes dont Mme Élysé et ses compatriotes chagossiens ont été les victimes, et le long cheminement du droit international moderne pour que soit reconnu et jugé ce crime contre l'humanité.
Le Saint Suaire de Turin est ce linceul conservé dans la cathédrale Saint-Jean-Baptiste qui présente la double empreinte ventrale et dorsale d'un crucifié mort, flagellé et torturé, avec tous les signes de la Passion (traces du coup de lance et de la couronne d'épines...). A-t-il vraiment été le témoin de l'ensevelissement de Jésus le Nazaréen à Jérusalem le 3 avril de l'an 33 ?Il existe un décalage abyssal entre ce que répètent des personnes mal informées, qui s'obstinent à soutenir des thèses dépassées, comme la malencontreuse analyse au carbone 14 de 1988, faussée par plusieurs pollutions et assignant de façon erronée à cette célèbre toile de lin une datation médiévale, et les dernières expérimentations scientifiques, toutes convergentes, allant en sens contraire.Dans cette synthèse complète, loin de tout esprit polémique, Jean-Christian Petitfils montre, de façon claire et convaincante, qu'il n'y a plus aucun doute aujourd'hui : le Saint Suaire de Turin est bien authentique. Non seulement les renseignements qu'il fournit sur la Passion du Christ sont exceptionnels, mais les caractéristiques uniques et déroutantes de l'image, que l'on n'a jamais pu reproduire à l'identique malgré toutes les techniques modernes - inversion des couleurs, tridimensionnalité, projection orthogonale sans effet latéral, absence de la moindre trace de décomposition du corps ni d'arrachement des caillots de sang -, semblent nous introduire à un autre mystère...
Rien de ce qui est humain ne nous est étranger retrace la vie des grands-parents de Claudio Lomnitz, Misha et Noemi, deux jeunes Juifs de Bessarabie. L'un migre seul au Pérou en 1919. L'autre y part avec ses parents en 1921. Fondateurs de revues, imprégnés d'idéaux internationalistes, antiimpérialistes puis antifascistes, passionnés d'éducation populaire et d'ethnologie, attachés à l'émancipation des Juifs et des Indiens, fraternisant avec les Quechua, intimes du Gramsci latino-américain, José Carlos Mariategui, Misha et Noémi n'ont cessé de rechercher les moyens de faire advenir une civilisation universelle.
Globe-trotters de l'émancipation, séjournant à Paris, au Chili, en Colombie, en Israël, avant de s'établir en Californie, ils sont porteurs d'une judéité qui s'est identifiée à l'humanisme cosmopolite et s'est transmise à leur petit-fils, le narrateur, né entre les langues, les nationalités, les continents. La traversée de ces mondes est l'occasion pour l'auteur de leur donner une riche épaisseur sociale et historique et de nous révéler des connexions inattendues et passionnantes, des résistances admirables et obstinées au coeur de ce tragique XXe siècle.Francophone, Claudio Lomnitz est anthropologue et historien. Il est professeur d'anthropologie à Columbia University. Il a publié de nombreux ouvrages principalement consacrés au Mexique, dont une histoire politique et culturelle de la mort. Il est contributeur au grand quotidien mexicain La Jornada.Traduit de l'anglais par Marc Saint-Upéry.
L'affaire à l'origine de l'unique guerre entre la France et les États-Unis
L'affaire XYZ reste un mystère. Une histoire méconnue.
Presque oubliée.
Vingt ans après la guerre d'Indépendance, la France et les États-Unis sont au bord de la rupture. Pour apaiser les relations, le nouveau président américain, John Adams, dépêche trois émissaires à Paris.
Approchés par plusieurs agents doubles, ils sont l'objet d'étranges manigances. Entre demandes de pots-de-vin et menaces de rétorsion, ils découvrent la face cachée d'un ministre vénal et ambitieux : Talleyrand.
À la croisée de la machination politique, du complot diplomatique et de la tentative d'extorsion, l'affaire XYZ provoque un gigantesque scandale et déclenche le seul conflit armé entre la France et les États-Unis.
Dans ce récit captivant nourri de nombreuses archives, Guillaume Debré nous plonge dans les arcanes d'une intrigue qui va laisser une trace indélébile sur les relations entre les deux pays.
Directeur adjoint de la rédaction de TF1, Guillaume Debré a vécu seize années aux États-Unis. Journaliste pour la chaîne CNN puis correspondant à Washington, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la politique et sur l'histoire américaine, notamment L'Affaire La Fayette (Robert Laffont, 2018).