L'auteur nous fait redécouvrir les premiers philosophes à avoir abordé la question du "je", du "moi", du "sujet" (Descartes, Husserl, Nietzsche), ce que Paul Ricoeur appelle le "cogito blessé ou brisé". Selon lui, c'est en s'éloignant d'une réflexivité immédiate sur soi, en faisant le détour par les médiations, que l'on peut espérer mieux se connaître soi-même. Cette étude est donc essentiellement un procès du cogito cartésien.
« L'originalité et la particularité du christianisme résident dans la saisie de Jésus-Christ, Fils de Dieu et Dieu lui-même. Expression humaine authentique de Dieu et de l'homme, Jésus accomplit les aspirations présentes dans toutes les religions de l'humanité. »
La méditation est plus que la simple réflexion. La méditation est la pensée plus mûrissante, plus profonde et plus attentive. En tant que telle, comme le souligne Heidegger, elle doit aussi, comme le paysan, savoir attendre que le grain germe et que l'épi mûrisse. N'est-ce donc pas dans le silence de la méditation que l'Être que personne ne peut voir se laisse recevoir ? L'humanité n'a-t-elle pas besoin de méditation comme d'une réponse qui s'oublie dans la clarté d'une interrogation incessante de l'Être inépuisable de ce qui mérite qu'on interroge ? C'est dans la méditation et par la méditation que l'homme assure, en tant que « berger de l'Être », la garde de la vérité de l'Être en répondant à son appel. Autrement dit, c'est dans la méditation silencieuse que l'Être se destine à l'homme dans sa clarté et rentre dans l'histoire pour se constituer lui-même comme histoire.
L'être humain se situant d'emblée dans le champ des préoccupations divines, au coeur de l'être de Dieu, c'est le lieu pour les Africains d'opérer une conversion humaine intégrale à redéfinir leurs projets d'homme et de sociétés dans une perspective de don de soi et de promotion de la vie.
Mythe fondamental de toute la civilisation égypto-pharaonique, le mythe d'Osiris et d'Isis traverse l'espace et le temps. Il traverse les théogonies d'Héliopolis, de Memphis, d'Hermopolis et de Thèbes et résiste à la réforme d'Aménophis IV. De plus, il surabonde à l'âge hellénistique.
Aujourd'hui encore, le mythe d'Osiris et d'Isis trouve écho dans le contexte du monde actuel. Il a beaucoup à nous enseigner. Il constitue la matrice de l'éthique africaine appréhendée comme une mystique éthique.
Miettes philosophiques est un ensemble de communications s'inscrivant dans la dynamique de la recherche philosophique. La philosophie, nous le savons, naît à partir de la simple impression, de la simple attention devant le dévoilement du monde. Cependant, cela ne signifie pas encore trouver. Trouver c'est le fait même de chercher sans cesse, car chercher n'est pas une chose et trouver une autre, mais le gain de la recherche c'est la recherche elle-même.
Cet essai sur la réciprocité dans l'amitié a pour fil d'Ariane la Règle d'Or. En effet, dans cette société où les relations humaines sont biaisées par le principe du donner et du recevoir, un recours à la méditation et à l'application quotidienne de la Règle d'Or est un impératif, et ce pour parvenir à une éthique de la réciprocité fondée sur l'amitié en tant que le premier dépli du souhait de vivre bien. Invitant à ne pas regarder uniquement son bien-être et à penser au mouvement réflexif de sa propre action, la Règle d'Or dépasse le simple échange du donner/recevoir mais vise plus à donner sans recevoir. La pratique généreuse du don, du moins sous sa forme pure, ne requiert, ni n'attend de don en retour. Dans le don, l'on se donne soi-même : c'est soi-même que l'on donne dans la chose donnée. Avec la Règle d'Or prévaut alors la logique de surabondance.
Penser la grande politique en tant que nécessité pour l'Afrique, c'est repenser non seulement la politique, mais surtout le vivre-ensemble, car le désir et l'obligation d'être homme sont désir et obligation de l'être avec l'autre, avec les autres. Il n'y a de politique que là où il y a le vouloir vivre-ensemble. Et ce désir de vivre-ensemble est rationalisé par l'État en tant que lieu du déploiement de l'humanité de l'homme. En proposant avec Nietzsche la grande politique pour Afrique, l'intention est d'inviter les Africains à renoncer à cette politique mesquine où les États s'enferment dans leur particularisme, se perdent dans les piliers de l'identité nationale, dans les crispations identitaires et dans la folie nationaliste au profit de la quête d'une identité propre, c'est-à-dire une prise de conscience des Africains de leur africanité et aussi d'une prise de conscience de la perspective d'avenir de l'Afrique qui s'impose à tous.
Dans la philosophie de Paul Ricoeur, l'herméneutique du soi révèle que l'homme est un être de capabilités, c'est-à-dire un être qui s'atteste, s'estime comme sujet capable d'actions intentionnelles, selon des raisons réfléchies, et en outre capable d'inscrire ses intentions dans le cours des choses par des initiatives qui entrelacent l'ordre des intentions à celui des événements du monde. Eu égard au nihilisme qui menace le berceau de l'humanité et qui l'entraîne facétieusement vers la sépulture, l'herméneutique du soi en serait le palliatif. En effet, elle est ce par quoi l'homme africain expulsera tout ce qui est négatif aussi bien en lui qu'autour de lui. L'herméneutique du soi ne s'avère-t-elle pas une éthique par-delà le nihilisme africain ? Avec Paul Ricoeur, nous voulons, penser l'autrement qu'être de l'imaginaire social africain en nous attestant comme des sujets capables d'actions intentionnelles.
De sa compréhension historique ou originelle comme essence de la vie, l'État est, aujourd'hui, un facteur de la non-réalisation de l'humanité de l'homme. En Afrique, il étouffe les libertés individuelles, spolie le peuple et conduit allègrement à la décadence. Il est l'expression de la négation de l'homme.
Prendre courageusement conscience de soi et dire oui à ce qui est déjà réalisé, se libérer de l'ornière des vieux jugements de valeurs qui déshonorent encore nos conquêtes les meilleures et les plus fortes est un credo à professer par chaque Africain.
L'Afrique, nous le savons, ploie sous le poids de l'esprit de pesanteur qui compromet tout élan de réalisation, d'affranchissement voire de développement. Pour pallier cette décadence, il est impérieux d'écrire de nouvelles valeurs sur de nouvelles tables. L'Afrique moderne, en effet, a besoin d'hommes exigeants vis-à-vis d'eux-mêmes et vis-à-vis des autres, qui ne se contentent pas de l'à-peu-près ni ne se satisfont allégrement de la médiocrité.
D'où le recours à une éthique par-delà le nihilisme africain : la transmutation des valeurs.
La vérité sur soi n'est pas donnée comme une évidence. L'Africain qui vit selon une conscience de soi engagée dans le refus de soi est invité à s'inspirer de la pensée de Paul Ricoeur qui est une philosophie de l'attestation de soi. Dès lors, penser l'Afrique avec Ricoeur, c'est non seulement mesurer tout à l'aune de l'humain, mais surtout se réapproprier l'histoire et se forger une véritable conscience de soi qui se veut un écoulement dans l'universel et non un repli de soi sur soi.