"Cet ouvrage questionne le fondement métaphysique de notre civilisation technicienne mondialisée. Le premier essai est consacré aux fameux Séminaires du Thor, tenus par Heidegger à l'invitation de René Char, sur la base d'une inquiétude commune du philosophe et du poète concernant le péril que la technique fait courir à l'homme moderne. L'essai sur Kant et Hegel s'efforce, quant à lui, de montrer que l'idéalisme allemand, en lequel culmine la métaphysique, n'a pas d'autre signification fondamentale que de mettre au jour les présupposés ontologiques qui portent en secret notre civilisation. Enfin, le troisième essai, qui porte sur le dernier cours de Heidegger (Le Principe de raison, 1955), représente une tentative pour éclairer notre monde à la lumière du principe de raison suffisante formulé par Leibniz."
"En dépit de pertinentes et profondes lectures, le sens de la pensée de Descartes n'a jamais été pleinement exhibé dans toute sa portée ontologique. D'une part, parce qu'il est impossible de faire une lecture obvie de son oeuvre qui ne peut se comprendre qu'à partir de ce à quoi elle s'oppose, ensuite parce que l'erreur majeure la plus fréquente fut d'en faire un simple précurseur de l'idéalisme allemand. Or, Descartes, central dans l'histoire de la philosophie, visionnaire anticipant le monde moderne des sciences mathématiques et de la technique planétaire, doit être enfin compris, comme celui chez qui la métaphysique s'est pleinement accomplie et peut être alors élucidée en son sens fondamental."
"Cet ouvrage pose à nouveaux frais la question de l'être, car si Heidegger est aujourd'hui incontournable, il ne semble pas avoir tenu ses promesses. Sa pensée est en réalité clivée, de sorte qu'il ne répond pas à la question de l'être et s'évertue, au contraire, à en préserver l'énigme. Nous nous efforcerons d'exhiber la réponse à la question du sens originel de l'être demeurée impensée chez Heidegger. L'outil philosophique que nous extrayons de cette pensée permettra d'éclairer les grands systèmes métaphysiques et de faire la critique de la civilisation technicienne mondialisée."
"L'une des voies d'accès à l'oeuvre de Heidegger est son interprétation de la poésie. Bien comprise, elle n'aurait rien à voir avec l'expression d'une subjectivité, mais manifesterait la vérité originelle. Elle constituerait ainsi l'essence profonde de la langue comme dévoilement d'un monde et forme originelle de la pensée. S'efforçant de mettre au jour le sens de cette conception ontologique de la poésie, ce livre aboutit à une lecture cohérente et complète de l'oeuvre heideggérienne. La déconstruction n'est pas contre la philosophie : elle répond à la question de l'être."
"Dès 1935 Heidegger retrouve le sens originel de la métaphysique dans la conception présocratique de l être comme ""phusis"". Sur cette base il va interpréter la métaphysique traditionnelle qui apparaît avec Platon pour culminer chez Nietzsche dans une ontologie de la vie et qui prépare le règne moderne de la technique planétaire, comme un ""déni"" radical de ce sens originel. L un des interêts de cette interprétation de la métaphysique, et non des moindres, est ainsi de rendre compte de la signification de la vogue actuelle des philosophies de la vie."
Heidegger a bien développé une ontologie de la présence. L'homme et lui seul, se trouve confronté à la parfaite étrangeté du "faire face" de toutes parts et sans raison de ce qui est, c'est-à-dire à l'étrangeté d'un règne des choses se tenant étendu alentour, n'ayant pas d'autre sens qu'"être" (pour rien), et au sein duquel il se trouve lui-même "jeté" en sa finitude radicale. Ce règne incommensurable et englobant de la présence est éternel et sans dehors : il est le seul et unique monde incréé.
Hölderlin, Nietzsche, Aristote et le psychanalyste Jacques Lacan, ont renouvelé dans le même sens la lecture de la tragédie. Ils ont vu en elle la mise au jour conjointe de l'essence de l'homme et de l'essence de l'art, celui-ci étant compris comme le lieu même du dévoilement originel du monde. Or, une telle question du sens de la tragédie - ou du tragique - est à ce point difficile que ces quatre auteurs, chacun ayant son langage et son angle d'attaque propres, ne seront pas de trop pour nous aider à l'élucider.
A rebours des interprétations dominantes suivant lesquelles il est radicalement impossible de systématiser la pensée de Heidegger, ce travail en propose une analyse systématique qui, en évitant tout jargon et en s'appuyant sur des textes précis, offre ainsi une introduction destinée à faciliter l'accès à une pensée réputée difficile.
L'oeuvre de Heidegger trouve son accomplissement dans une pensée de la finitude radicale de l'homme et dans une ontologie tragique qui, dévoilant le monde comme abysse et béance, exclut tout horizon théologique. Cette absence est précisément la source d'un impensé fondamental, chez ce philosophe profondément préoccupé de religion: sa propre pensée, que sa dimension athéologique lui rend impossible à assumer entièrement.
L'âge technique, annoncé par Heidegger, n'est rien d'autre que la mise en place d'un règne absolu de la Raison. Ce règne planétaire, dont la forme aboutie est celle d'une domination des mathématiques, est la mise en oeuvre d'un idéalisme selon lequel la réalité empirique, qu'elle soit naturelle ou sociale, a pour vocation d'être entièrement produite et contrôlée par la pensée rationnelle.
"Lacan, qui a prôné le « retour à Freud », ne s'est jamais réclamé que de la psychanalyse. Il a cependant fréquenté les philosophes : Hegel par la lecture de Kojève, mais surtout Bataille et Heidegger. Cette profonde influence sur son oeuvre pose la question d'une interprétation philosophique de celle-ci. Pourrait-on développer une philosophie lacanienne ? Ce livre s'efforce de montrer qu'une telle lecture est concevable et que sa possibilité a été indiquée par Lacan. Cette interprétation ouvre des perspectives nouvelles et subvertit les présupposés de la philosophie traditionnelle."
À plusieurs reprises, Heidegger a présenté sa pensée comme inachevée et seulement préparatoire. Il s'agit d'un cheminement et non pas d'une oeuvre aboutie. Heidegger nous invite à essayer de prolonger sa démarche et finalement à tenter de le comprendre mieux qu'il ne s'est compris lui-même. Ce bref essai, qui s'efforce de mettre en relation sa pensée avec celle de Kant, de Bataille et de Lacan tente d'accomplir, précisément, cette démarche périlleuse qui consiste à essayer de comprendre la philosophie heideggérienne en dépassant sa lettre et en montrant qu'on peut ainsi parfois la « traduire » dans un autre langage que le sien.