L'auteur fait coexister la petite et la grande histoire dans ce magnifique roman d'initiation peuplé de personnages insolites et complexes [...] Une véritable pépite. L'Obs
Gina ira en pension. Son père adoré l'a décrété sans donner la moindre explication : Ne dis au revoir à personne, amie ou connaissance. Tu ne dois pas dire que tu quittes Budapest. Promets-le-moi ! Elle doit oublier son ancienne vie et rejoindre, dans la lointaine province, Matula, une institution calviniste très stricte, reconnue pour la qualité de son enseignement.
Enfant gâtée, rétive aux règles, elle est vite mise en quarantaine. Seule solution pour survivre, l'évasion... qui se solde par un échec piteux. Désespérée, l'adolescente finit par confier ses malheurs à Abigaël, la statue qui se dresse au fond du jardin. Car selon l'antique tradition matulienne, Abigaël aiderait tous ceux qui le souhaitent. Et, miracle, l'ange gardien se manifeste ! Une série d'aventures rocambolesques sortent Gina du purgatoire et lui font comprendre la douloureuse décision de son père en même temps que le sens des mots honneur, solidarité et amitié.
Ce que nous dit Magda Szabó, avec une grâce et une simplicité confondantes, c'est que, de tout ce qui constitue une vie, seuls quelques lieux et épisodes comptent vraiment. [...] Oui, c'est bien cela au fond qui est fascinant chez Magda Szabó, cette réflexion profonde sur ce qu'on garde, ce qu'on laisse. Le Monde
Nous restâmes assis en silence, comme de braves frère et sœur, et pour la première fois de ma vie, je pressentis que les morts ne mouraient pas, que ce qui avait un jour été vivant sur cette terre, sous quelque forme que ce soit, était indestructible.
Les morts demeurent :
Rue Katalin en donne une magistrale illustration. À Budapest, des années après la disparition de la jeune Henriette, les membres de trois familles vivent sous l'emprise de sa présence. Et, d'outre-tombe, la jeune fille nous introduit dans la vie naufragée de ceux qui furent ses amis : Balint, Irén, Blanka, M. et Mme Elekes...
Que s'est-il passé pendant la guerre, rue Katalin ? Quels événements ont acculé ses habitants à la détresse et au désespoir ?
Ce que nous dit Magda Szabó, avec une grâce et une simplicité confondantes, c'est que, de tout ce qui constitue une vie, seuls quelques lieux et épisodes comptent vraiment. [...] Oui, c'est bien cela au fond qui est fascinant chez Magda Szabó, cette réflexion profonde sur ce qu'on garde, ce qu'on laisse.
Le Monde
Ce roman a reçu le Prix Cévennes 2007.
Premier roman d'Árpád Kun, Nord Bonheur est l'histoire d'Aimé Gbédo, alias Aimé Billion, un homme qui « après une vie entière sans chez soi, rentre enfin chez lui, vers l'inconnu ».
Ce conte de fée contemporain, que l'auteur tisse à la manière d'un griot, entre le Bénin et la Norvège, met en scène un homme en quête de lui-même et une jeune femme prisonnière de son corps que l'amour parvient à révéler et à libérer.
C'est le constat - difficile et amer - de ce qu'avoir un corps meurtri veut dire, mais aussi de cet espoir et cet élan vital si précieux qui sommeillent en nous. C'est cette vérité, toute simple, que tant qu'il existe quelqu'un à nos côtés, rien n'est perdu pour donner un sens à sa vie.
Un roman initiatique inspiré de faits réels, un récit foisonnant d'histoires et d'humour.
Árpád Kun est né en 1965 en Hongrie. Diplômé de l'Université de Budapest et de Paris la Sorbonne, il a enseigné l'histoire de la peinture à Budapest, écrit des scénarios de séries télévisées et travaillé comme lecteur d'université à Bordeaux entre 2003 et 2005. Depuis 2006, il vit en Norvège et travaille en tant qu'aide-soignant à domicile pour les personnes âgées. Il est l'auteur de Nord Bonheur, prix Aegon 2014, d'un autre roman, de quatre volumes de poésie, et d'un recueil de nouvelles.
Un chef-d'œuvre de l'écrivain et Européen, Róbert Hász. Le Monde
Dans un pays et un temps indéterminés, quinze jours avant d'être démobilisé, le lieutenant Livius fait l'objet d'une mutation dans la montagne, vers une lointaine forteresse. Une fois sur place, le jeune homme découvre un univers à part, absurde et paranoïde, où des hommes qui ne savent rien de leur situation, sinon qu'ils doivent obéir à un Ordre énigmatique s'accrochent à leur passé et à leurs certitudes...
Dès son titre, le livre annonce les pertes de cette vie. Ce qu'elle n'a pas perdu en chemin, c'est la conviction que rien n'est plus évident que de défendre ses droits. C'est en cela que réside le triomphe de Ruth Klüger. Frankfurter Allgemeine Zeitung
À mesure qu'on vieillit, les fantômes s'éloignent. Des années durant, ils nous suivent d'une démarche incertaine et nous ralentissent, car il est impossible de presser le pas pour fuir ou dépasser le grand frère assassiné à dix-sept ans, alors qu'on en avait tout juste onze.
Déportée et rescapée d'Auschwitz, Ruth Klüger nous racontait, avec
Refus de témoigner (éditions Viviane Hamy, prix Mémoire de la Shoah 1998), sa jeunesse et son exil à seize ans aux États-Unis.
Dans
Perdu en chemin, nous la découvrons adulte, confrontée au quotidien des années cinquante, en pleine lutte pour obtenir dignité, respect et reconnaissance de soi. Devenue une germaniste réputée, nommée docteur
honoris causa de l'université de Göttingen, elle poursuit le débat avec elle-même : quels sont les mécanismes de la mémoire individuelle et collective vis-à-vis des horreurs du passé, de leurs victimes, auteurs et témoins ? Le fil du récit est la discrimination intimement ressentie et constante, mais aussi celui d'une double émancipation : celle d'une Juive et celle d'une femme. Nous sommes submergés par sa sincérité, sa générosité et son intelligence souveraine.
De toute ma carrière d'écrivain, je n'ai jamais ressenti une telle tension de bonheur en préparant un ouvrage. Et de tous mes personnages, c'est Créüse qui m'a inspiré le plus de compassion. Magda Szabó
Quand Magda Szabó évoquait
L'Instant, elle en parlait comme d'une bombe . Porté durant plus de soixante ans, abandonné puis repris au gré des tourmentes que connut son pays, la Hongrie, le roman parut à la fin de l'année 1989, à l'heure où tombait le Mur.
Avec cette réécriture de
L'Énéide de Virgile, Magda Szabó se livre à une réflexion sur ce que sont les mythes et les héros. Chez Virgile, Créüse, la femme d'Énée, est condamnée par les dieux à mourir avant même que ne s'ouvre l'épopée. Ici, elle récuse cette sentence. À l'instant où cela est possible, l'épouse usurpe l'identité de son mari et s'octroie d'accomplir le destin de ce dernier, mort à sa place, mais également le sien propre. Cela, bien sûr, avec la complicité facétieuse de l'auteur, qui n'hésite pas à faire appel, entre autres, à une déesse soi-disant oubliée, Èchiès, l'exquise soeur jumelle d'Aphrodite.
Ludique, singulier, virtuose,
L'Instant, rend presque palpable le mystère de l'écriture. Le lecteur demeure ébloui par la manière dont Magda Szabó utilise et détourne l'œuvre originelle, qu'elle connaît dans ces moindres respirations.
À l'aube de la quarantaine, Antal Szerb avait écrit cette farce politique loufoque, qui est tout aussi bien une fable existentielle. Oliver VII contient, comme de juste, une morale - ou plutôt, à dire vrai, plusieurs. À chacun de choisir la sienne ! Le Monde diplomatique
– Depuis qu'il a quitté l'Alturie, il se trouve que le roi n'est accessible que par mon intermédiaire. C'est moi qui ai initié sa Majesté aux secrets de la vie, confia Saint-Germain avec un sourire subtil.
– Alors, droit au fait : je suis un homme d'affaires. En haut lieu, on n'aspire qu'à voir Oliver VII reconquérir le trône et signer l'accord qui était prévu avec la Nordlande et moi-même.
– Naturellement, M. Coltor. Nous avons reçu, aujourd'hui, un rapport de notre correspondant en Nordlande.
– De Nordlande ? Alors la princesse Ortrud se trouve au Lido, également incognito ?
– Effectivement, elle est ici.
Sandoval prit peur. Où Saint-Germain allait-il dégotter une princesse ? Stupéfait, il ne dit mot.
– C'est magnifique ! marmonna le comte. Une partie royale commence, Sandoval. Nous allons arnaquer le plus grand escroc qui soit sur Terre.
– Et qu'y a-t-il à gagner ?
– Pour l'instant, je n'en sais rien. Nous aurons le temps de penser plus tard à ces détails matériels. Mille possibilités se bousculent dans mon esprit. Mais l'essentiel, jeune homme, c'est la beauté et le plaisir du jeu.
Un roi qui ne voulait pas être roi, mais qui comprit que L'histoire nous enseigne que les rois doivent simplement partir de temps en temps en voyage, tout comme les maris, afin qu'on ne se lasse pas d'eux.
Venise, la fantaisie, le rire telles des bulles de champagne, et une pointe de
Lubitsch Touch : c'est ce que nous offre l'irrésistible
Oliver VII d'Antal Szerb.
Une histoire singulière emportée par un beau souffle romanesque. Le Figaro magazine
Aux environs de l'an 1000.
L'Europe centrale est l'objet de toutes les convoitises. Le pape décide alors de confier à un bénédictin retiré à l'abbaye de Saint-Gall, Stephanus de Pannonie, une mission capitale : convaincre les Magyars païens de s'allier avec le Saint-Siège contre l'empereur germanique Othon Ier. Voilà Stephanus sur les routes. À la frontière du monde chrétien, il est capturé par les barbares qui découvrent qu'il détient le médaillon représentant l'oiseau Togrul, insigne du
Künde. Ses ravisseurs se persuadent alors qu'il est ce chef spirituel qu'ils attendent depuis longtemps...
Des guerriers fougueux à cheval, une époque troublée, des intrigues, des trahisons...
Le Prince et le Moine, roman historique et d'aventures à la fois, plonge le lecteur dans le mythe fondateur de la Hongrie et dans les fracas du Xe siècle.
Au gré des guerres ottomanes et des légendes, les chroniques enchâssées du moine Stephanus de Pannonie forment une époustouflante chanson de geste.
Que chercher et, éventuellement, que découvrir, après cette négation absolue du progrès ? Un homme, peut-être. Ou bien l'éternité. Le Magazine littéraire
Diogène secoua la tête.
– Tu ne comprends pas. Les aveugles
n'ont pas besoin de la vérité. Ils sont très heureux dans leur monde fallacieux, mais douillet. Qu'est-il arrivé aux voyants qui ont voulu décrire le monde réel aux aveugles ? Qui les a écoutés ?
– Mais les temps changent. Il peut venir une génération qui croira peut-être les voyants.
Diogène leva l'index :
– Eh bien, vois-tu, c'est la première chose que tu dois apprendre : les temps ne changent pas. La mer fait des vagues, mais l'eau reste. Les nuages peuvent avoir la forme de champignons, mais on ne peut pas les manger. L'homme est tel qu'il est né : ou il voit, ou il ne voit pas. Qu'une maison soit construite en brique grossière ou en verre étincelant, au bout de dix, cent, mille ans, le sable dont ils sont faits sera toujours du sable. Que dit l'Écriture : Tu es poussière...'
– Ce ne sont que des lieux communs.
– Ne fais jamais fi des lieux communs. Ce sont des vérités pétrifiées. Il faut du courage pour essayer de briser ces pierres.
Voici un livre prodigieux où l'homme qui découvrit en 1945 la structure de l'ADN s'emporte contre les dangers mortels qu'une science devenue folle fait courir à l'humanité. Le Nouvel observateur
Ma vie a été marquée par deux découvertes scientifiques inquiétantes : la fission de l'atome et l'élucidation de la chimie de l'hérédité. Dans un cas comme dans l'autre, c'est un noyau qui est maltraité : celui de l'atome et celui de la cellule. Dans un cas comme dans l'autre, j'ai le sentiment que la science a franchi une limite devant laquelle elle aurait dû reculer.
Chargaff croit en la nature, mais doute radicalement de la science d'aujourd'hui. Elle est devenue trop puissante, trop soumise aux exigences de la technologie et de la finance, trop complexe et impénétrable. Scientifique, il sait de quoi il parle. Et il ne parle pas seulement avec l'autorité d'un spécialiste, mais aussi avec une âpreté critique et un amour de la polémique qui rappellent Karl Kraus, une des figures qui ont guidé sa vie.