Âmes Publiques est le deuxième recueil d'histoires courtes de Marcello Quintanilha après Mes Chers Samedis, publiés chez çà et là en 2015. A travers les sept histoires qui composent ce recueil, Marcello Quintanilha continue sa description du Brésil contemporain, des années 1920 aux années 2000. On y retrouve le goût de cet auteur pour la description de scènes du quotidien, centrées sur des personnages hauts en couleurs et à la langue bien pendue. Les âmes publiques sont celles d'une vieille couturière amie avec sa femme de ménage, d'un enfant des bidonvilles, d'un compositeur de samba, de deux petits vieux... Le recueil comporte également deux grandes histoires autour du football, ou plutôt de footballeurs. La première se déroule dans les années 2000 et met en scène un joueur de troisième zone qui s'invente une carrière de semi-pro et l'autre décrit un jeune et prometteur joueur qui, en 1954, rate sa chance de passer dans une grande équipe à cause du suicide du président brésilien de l'époque, Getúlio Vargas.
Alternant histoires en couleurs directes et récits en noir et blanc, découpages hyper dynamiques et structures narratives sophistiquées, Âmes Publiques est une nouvelle démonstration de la virtuosité de cet auteur incontournable.
Au cours des vingt-cinq chapitres que compte le roman - correspondant aux 25 années de prison encourues par les criminels -, cinq narrateurs prennent tour à tour la parole :
Un avocat et son frère, un herboriste, deux collecteurs de créances. Ces cinq hommes sont liés par un pacte criminel :
Tous ont pris part au kidnapping et à l'assassinat d'un chef d'entreprise fortuné, dont ils ont dissous le corps dans de l'acide sulfurique, espérant que leur forfait reste impuni (« pas de corps, pas de crime »). Quand ils prennent la parole, chacun des protagonistes évoque le déroulement des faits, mais multiplie également les digressions sur ses états d'âme, les mille et une misères de l'existence, sa famille, ses souvenirs d'enfance, ses obsessions...
António Lobo Antunes nous fait pénétrer dans la maison, l'enfance, le corps, la routine des autres, à travers sa langue éminemment personnelle, puissamment brassée, qui fait résonner les voix entremêlées des vivants et des morts. En nous ouvrant les portes des esprits de ces cinq personnages criminels, António Lobo Antunes nous dépeint une comédie humaine allant du plus sensible au plus grotesque.
Dans les brefs récits qui composent Mythologies, Gonçalo M. Tavares explore un nouvel univers d'une perturbante étrangeté, mêlant légendes archaïques, fables revisitées, contes cruels et drolatiques, visions allégoriques et cauchemardesques. D'un humour noir et acéré, cet opus venimeux nous plonge dans un imaginaire délicieusement incongru. Avec les Hommes-à-la-Tête-près-du-Sol, l'Autruche, le Chasseur, la petite Anastasia, l'Homme-à-la-BoucheOuverte, la Femme-Sans-Tête et tant d'autres, le génial auteur portugais esquisse une mythologie du xxie siècle qui interroge la violence et la déraison de l'être humain, sa fascination pour la technique et les machines, les liens du sang, la trahison, la peur, la liberté....
Sous les yeux du lecteur, tout à la fois décontenancé et fasciné, prend forme un nouveau cycle qui pourrait bien s'étendre à l'infini. Dominique Nédellec, traducteur et Prix Laure Bataillon 2021 .
Otto et Ada partagent depuis un demi-siècle une maison jaune perchée sur une colline et une égale passion pour le chou-fleur à la milanaise, le ping-pong et les documentaires animaliers. Ada participe intensément à la vie du voisinage, microcosme baroque et réjouissant. Quant à Otto, lecteur passionné de romans noirs, il combat ses insomnies à grandes gorgées de tisane tout en soupçonnant qu'on lui cache quelque chose...
Cette machine à fiction pleine de fantaisie et de malice, au tour inattendu d'intrigue policière, pétille d'une énergie contagieuse et d'un charme fou.
« Enfuis-toi à Trafaria puisque c'est là que le monde se termine sur un ponton qui s'avance dans le fleuve et sur le ponton mon grand-père et moi en train de penser à toi, Maria Adélaïde, pas malade, immobile dans le potager un ruban dans les cheveux, je me souviens si bien de ce ruban et ce qu'il peut m'exalter, vraiment, ses ondulations au gré de tes pas. »
Un homme oisif, en piteux état physique, arrive dans un petit hôtel de Copacabana. Au même moment, un cadavre est en train d'être évacué des lieux, ce qui provoque chez lui un fou rire incontrôlable. Après une nuit de repos tout relatif, il se lance dans un voyage erratique de Rio de Janeiro à Porto Alegre, en bus, à pied et en fauteuil roulant. En chemin, il croise une panoplie de personnages aussi perdus que lui, qui le confondent souvent avec un acteur de télénovela. Il endosse des rôles au gré des circonstances - prêtre, aveugle, martyr politique - son identité est aussi malléable que les situations qui l'entourent, jusqu'au moment où il atteindra son but, s'il en est un : l'Hôtel Atlantique.
Dans ce roman, João Gilberto Noll déploie avec brio une narration parsemée d'énigmes, court-circuitant la manière dont nous avons l'habitude d'appréhender une histoire et ses intrigues.
Les animaux seraient-ils plus responsables que nous ?
Un long cri silencieux pour dire STOP.
Un jour, un oiseau s'est arrêté de chanter, puis tous les oiseaux l'ont imité. Mais ils n'ont pas été seuls. À leur tour, les chats n'ont plus miaulé et les chiens ont cessé d'aboyer. Le bourdonnement des insectes s'est tu, avec lui le gloussement des poules. D'autres animaux ont refusé de satisfaire les attentes des humains. Les vaches n'ont plus donné de lait, les gorilles ont tourné le dos aux visiteurs du zoo... Jusqu'aux pingouins qui n'ont plus voulu marcher. Les journaux ont fait état d'un pacte entre les animaux. À cette révolte manifestée par les bêtes, c'est ajouté celle des enfants. Certains ont cessé de jouer, d'autres ne sont plus allés à l'école. Petit à petit le monde est devenu silence, un silence symbolisant l'asphyxie générée par la pollution courante de notre mode de vie.
Un policier en fin de carrière a reçu pour mission de neutraliser une bande d'adolescents se livrant à " des actes antisociaux à caractère violent " et qui a pour base de repli le Quartier du Premier-Mai, amoncellement hétéroclite d'habitations clandestines au nord-ouest de Lisbonne. Les suspects sont " des métis et des Nègres originaires de ce qu'on appelle les ex-colonies, désignation discutable ", et donc naturellement " enclins à la cruauté et à la violence gratuites ". Dans un rapport destiné à sa hiérarchie, le policier détaille l'opération qu'il a pour tâche de superviser. Mais la précision toute professionnelle de " l'agent de première classe " cède bientôt la place à des divagations amères, à des épanchements endoloris : vexations infligées par ses supérieurs et collègues, ratés familiaux et sentimentaux, vague à l'âme abyssal, autant de motifs qui viennent sous sa plume aussi facilement que le descriptif minutieux des exactions commises par les " suspects ".
Le policier n'est cependant que le premier d'une longue série de narrateurs, tous concernés à des titres divers par l'enquête : c'est ainsi qu'on entendra une vieille prostituée usée par toute une vie de malheurs et qu'un des délinquants somme de venir vivre dans le Quartier, le beau-père de l'un des métis qui se remémore son enfance chaotique, un vieillard impotent qui laisse macérer dans une haine increvable le souvenir de sa première épouse, un trafiquant à la petite semaine en cheville avec les suspects, le professeur d'une institution spécialisée dans laquelle l'un des membres du gang a été placé...
Au fil des dix-neuf chapitres, près d'une vingtaine de narrateurs se succèdent. Autant dire, l'humanité tout entière. Que lit-on ? Des vraies fausses dépositions, des monologues imaginaires, des confessions fantasmatiques ? D'où peut bien surgir cette réminiscence du policier : " combien de noyés n'ai-je pas vus dans mon travail les paupières cousues par les poissons, crucifiés sur les rochers ? " Sont-ils seulement vivants, ces protagonistes qui prennent la parole et sondent leurs tourments ? En réalité, peu importe qui parle, qui écrit, qui entonne ce chant. Peu importe qu'il s'agisse d'une multitude ou d'une seule et même voix (" mon nom est Légion ", dit l'homme possédé de l'Évangile), plus ou moins spectrale. S'il aborde des thèmes comme le racisme primaire - et un passé colonial qui décidément ne passe pas -, les inégalités sociales, les déchirures familiales, l'auteur a tôt fait de leur conférer une dimension universelle et ce qui, à première vue, pouvait relever du fait divers gagne une ampleur et une profondeur bibliques.
Né en 1942 sous la dictature salazariste, António Lobo Antunes est issu d'une famille de la grande bourgeoisie portugaise. Médecin, il se spécialise en psychiatrie et exerce à l'hôpital Miguel Bombarda de Lisbonne jusqu'en 1985. Lobo Antunes nourrit son écriture du matériel psychique qui a marqué toute une génération de Portugais : les contradictions d'une bourgeoisie à la fois ravie et mise à mal par la Révolution des oeillets, les traumatismes de la guerre coloniale et le retour désoeuvré des colons en métropole. António Lobo Antunes a reçu le Prix Union Latine en 2003, le Prix Jérusalem en 2005 et le Prix Camoes, le plus prestigieux du monde lusophone, en 2007.
La publication de ce nouveau roman d'António Lobo Antunes coïncide avec la saison théâtrale qui lui sera consacrée à la Maison de la Culture (MC93) de Bobigny. De janvier à juin 2011, un programme de spectacles, de concerts, de lectures et d'installations est entièrement bâti autour de son oeuvre.
Une fois encore, António Lobo Antunes démontre avec virtuosité combien il maîtrise une technique narrative unique en son genre. Des pensées jaillissent sans ordre apparent, en flux irréguliers, indomptables, puis s'agencent inexplicablement, se juxtaposent, s'estompent, reviennent, s'entrechoquent : et des images surgissent, des échos se font entendre. Des récits innombrables se mettent en place simultanément, se mêlent en épaisses torsades et nous offrent mille livres en un seul. Tous les sens sont violemment sollicités et la réalité décrite excède de toutes parts notre monde à trois dimensions, trop étroit pour contenir ce foisonnement kaléidoscopique. Les narrateurs successifs se font les porte-voix d'une puissance qui semble les dépasser (certains confient d'ailleurs écrire sous la dictée - mais de qui ?) et c'est comme une immense et sombre symphonie qui résonne dans le cerveau du lecteur.
Sur Livre de chroniques IV :
" La façon très particulière de poser des questions, cette écriture haletante, sans repos, traversée de tirets, de passages à la ligne, de répétitions, de phrases coupées net, cette langue unique, mélancolique et remplie d'humour est aussi présente dans ses chroniques que dans ses romans. L'écriture obéit à une sorte de pulsion. [...] Il y a, dans sa manière de faire, une sorte de vertige. [...] Sa vie, sa mort et la nôtre : c'est exactement cela qu'on appelle la littérature. " (Raphaëlle Rérolle, Le Monde) Sur Je ne t'ai pas vu hier dans Babylone :
" Il faut littéralement s'immerger dans ce roman hypnotique pour mesurer ce que, dans la connaissance de l'humain, l'oeuvre d'un écrivain de cette trempe est encore à même d'accomplir. " (Bernard Fauconnier, Le Magazine littéraire) ??
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Dominer, contrôler, étouffer ses émotions, telle est l'ambition de Lenz Buchmann. D'une droiture intraitable, Lenz est en quête de pouvoir absolu. Il est ainsi amené à être médecin, prêtre puis homme politique... Jusqu'à la maladie et la perte de la raison. Tavares signe là le portrait d'un homme sans état d'âme, symbole d'une société qui expérimente l'effondrement des utopies et des idéologies, et où la rupture entre l'humain et la nature est définitive.
« Hello, tout va bien ? Ça fait tellement longtemps. » Lorsqu'elle reçoit cet e-mail de Julia, l'amie et confidente de son adolescence, Cora n'en croit pas ses yeux. Cela fait des années qu'elles ne se sont pas vues, ni parlé. Elle accepte pourtant avec joie l'étonnante proposition de Julia : exaucer une vieille promesse et faire un road-trip dans le Rio Grande do Sul, une région reculée du Brésil. N'est-ce pas là l'occasion idéale de ressusciter leur intimité d'autrefois ?
Mais alors que les kilomètres défilent, rien ne se passe comme prévu. Les villages qu'elles traversent semblent abandonnés et, au gré de motels miteux, Julia se montre de plus en plus distante, plongeant Cora dans un profond malaise. Pourquoi Julia est-elle revenue au Brésil ? Pourquoi a-t-elle insisté pour qu'elles se retrouvent ?
Un jeune sous-lieutenant, après avoir servi en Angola pendant vingt-sept mois, rentre au pays où il ramène un tout jeune orphelin. Cet enfant noir, qui a survécu à la destruction de son village et au massacre des siens par l'armée portugaise, il va l'élever comme son propre fils. Plus de quarante ans plus tard, le vétéran et sa femme ont fait le trajet depuis Lisbonne pour rejoindre la vieille maison de famille, dans un village reculé et quasi abandonné, quelque part au pied des montagnes. Dans trois jours, conformément à la tradition, on tuera le cochon. Comme chaque année, leur fille, leur fils adoptif et son épouse, les rejoignent pour l'occasion. Dès le prologue, on apprend que ces retrouvailles connaîtront un dénouement tragique : le jour de la tue-cochon, l'animal ne sera pas le seul à se vider de son sang.
Dans les vingt-trois chapitres que compte le livre, à mesure que l'on s'approche du terme fatal de ces trois journées, on entendra alternativement les voix des différents membres de la famille, tout particulièrement celles du père, que l'Angola « ne lâche pas », et de son fils adoptif. L'ancien militaire n'en finit pas de revivre les horreurs de la guerre : toutes les attentions de sa femme, pourtant elle-même forcée de se battre contre un cancer, et les séances collectives de psychothérapie à l'hôpital n'y font rien.
Quant à son fils, c'est une autre guerre qu'il mène : sans cesse renvoyé à son identité de « Nègre », il est en butte à l'hostilité générale et au racisme le plus vil, y compris de la part de sa propre épouse, qui le méprise et l'humilie. Après des décennies de non-dits, de souvenirs escamotés, d'interrogations refoulées, quelles relations ces êtres peuvent-ils encore entretenir ?
Dans ce nouveau livre de Lobo Antunes, poignant, brutal, violent, mais qui sait également être tendre, délicat, une fois encore chacun fait de son mieux pour sauver sa peau - et sa part d'humanité.
Alors que l'Amazonie ne compte plus que quelques hectares brûlants comme l'enfer, et qu'une mission spatiale chinoise doit rejoindre Mars, l'énigmatique Boaventura cherche à sauver les cinquante derniers Indiens kaajapukugi.
C'est au Mexique, en territoire mazatèque, que ces anarchistes avant l'heure trouvent asile, avec une ultime provision de tinsáanhán, la poudre de hanneton grâce à laquelle ils accèdent aux mondes supérieurs. Mais le vieux Boaventura, qui doit les accueillir, est soudain rattrapé par son passé sulfureux et meurt dans de mystérieuses circonstances à la veille de l'arrivée des Kaajapukugi...
Extraordinaire immersion dans un univers luxuriant et fascinant, La Mort et le Météore mêle avec panache roman d'aventures survolté, polar haletant pimenté d'une audacieuse pointe de science-fiction et récit déjanté.
« O Bairro » (Le Quartier) créé par Gonçalo M. Tavares est en fête : ses habitants s'apprêtent à accueillir de nouveaux voisins. Ils sont réunis pour la première fois dans ce livre.
La revue L'autoroute de Sable se donne pour ambition de diffuser régulièrement des nouvelles de fiction ; mystérieuses, drôles, absurdes, ou un subtil mélange des trois. À chaque numéro est associé un thème, une porte vers des interprétations échevelées, par des auteur.es reconnu.es ou en construction. Il soumet chacun à un défi créatif dont les différents résultats excitent la curiosité. Nous nous efforçons, à chaque numéro, de fournir un sujet dont le caractère courant, absurde ou ambigu saura inspirer, du moins intriguer. Le deuxième numéro a pour thème: Trois Grenouilles.
À travers ces quinze nouvelles, il s'agit de donner à lire le meilleur d'un auteur considéré comme le précurseur et le maître de la littérature fantastique brésilienne, dont aucun livre n'a jamais été publié en langue française. Elles sont souvent brèves et empruntent les chemins du banal avant de les faire basculer dans un à-côté étrange. Oniriques, absurdes, elles n'ont pas de chute, comme s'il s'agissait de suspendre le sens de chacune. Personnages banals, monstres de petits formats, héros inexistants, ils composent une galerie de personnages que l'auteur élève avec minutie en utilisant une écriture au cordeau.
Avec ce nouveau livre (le vingt-septième, si l'on excepte les volumes de chroniques), c'est dans la nécropole d'une vieille actrice de théâtre qu'António Lobo Antunes nous fait pénétrer. Recluse dans un appartement de Lisbonne, confiée par le neveu de feu son second mari aux bons soins d'une employée de maison, elle-même très âgée, elle vit ses dernières heures. Celle qui a fait une carrière plutôt modeste sur les planches sent progressivement la parole se refuser à elle. C'est tout le réel qui semble lui échapper et elle est même persuadée qu'elle commence à disparaître des miroirs. Tandis que son corps s'avoue vaincu, son esprit vit au rythme des soubresauts de sa mémoire chaotique. Les souvenirs resurgissent, épars, hétéroclites, comme autant d'éclats qui viennent cribler sa conscience altérée : épisodes de l'enfance passée dans le sud du Portugal, à Faro, moments de tendresse avec ses parents, petites et grandes misères de la vie de couple avec ses maris successifs, petites et grandes humiliations pour trouver sa place dans la capitale et dans le monde du théâtre...
Comme à son habitude, Lobo Antunes déploie une multitude de récits simultanément, et non successivement : il tisse une infinité de fils, passant d'un personnage à l'autre, d'une époque à l'autre, d'un narrateur à l'autre, avec une liberté effrontée et une impressionnante virtuosité. Soulignons également la présence de passages hautement comiques, que ce soit par leur humour noir, leur fantaisie débridée et onirique ou leur cocasserie toute burlesque. Des moments d'autant plus savoureux qu'ils alternent avec d'autres plus sombres. Car tous les personnages pourraient reprendre à leur compte cette confidence de l'un d'eux : « Si au moins quelqu'un voulait bien me prendre dans ses bras, me faire sentir qu'il y a une place pour moi dans ce monde. »
De tout temps, la guerre et l'humanité ont fait route commune. Née de la haine, de la soif de pouvoir et de la peur, la guerre est une machine de douleur qui écrase les innocents. Elle n'écoute pas, ne voit pas, ne ressent pas, ne sait que broyer et soumettre. Et après son passage, tout n'est que ruines et désolation. Ce livre a été pensé, voulu, comme une torche lancée dans la mémoire endormie. Un album tout public, sombre mais nécessaire, grave mais utile. Après le succès de leur précédent titre Si j'étais un livre, La Guerre marque le retour sur la scène internationale des « deux Letria ».
Paru en portugais chez Pato Logico, La Guerre a reçu de nombreux prix dont le Little Hakka 2018, le Prix du Talking Pictures Award de la New York Rights Fair 2019, le Prix d'excellence de la Communication Arts Illustration Annual 2019 et le Prix National de l'Illustration au Portugal 2019. Il a également fait partie de la sélection du prix des illustrateurs de la Foire du livre pour enfants de Bologne 2019 et dans celle des White Ravens 2018.
Seize chroniques voyageuses exaltant le Japon éternel, dernier refuge de la beauté et de l'authenticité selon l'auteur ; Wenceslau de Moraes (1854-1929), officier de marine et diplomate portugais, considéré par Inoué et Bouvier comme l'écrivain occidental ayant su approcher au plus près le génie du Japon.
Dans une cité rappelant une ville américaine des années 1950, José Carlos Fernandes scrute les petites folies ordinaires des habitants. En particulier celles de Sebastian Zorn, Ignacio Kagel, Idálio Alzheimer et Anatole Kopek, tous membres d'un jazz band (« le plus mauvais groupe du monde, résultat d'un mélange inouï d'ineptie et d'absence totale de sens musical »). Ils errent ainsi dans cette ville étrange, au gré de leurs divers engagements, plus minables les uns que les autres.
De manière générale, les personnages de José Carlos Fernandes, obsédés par leurs paranoïas, leurs angoisses nocturnes, leurs improbables lubies et leur persistante nostalgie, tentent de donner un sens à leur vie, de « rentabiliser leurs existences », d'expliquer l'inexplicable.
Avec ces vies brèves d'hypocondriaques, de doux dingues et de monomaniaques, de fêlés du dimanche ou de génies à la petite semaine, instantanés de la vie comme elle ne va pas toujours : José Carlos Fernandes excelle à dépeindre un monde qui ressemble fort au nôtre et des êtres qui sont nos semblables.
Un regard sur le monde propose, pour le dixième anniversaire de la mort de celui qui reçut, en 1998, le prix Nobel de littérature, un nouvel aspect de son oeuvre. Cet ouvrage regroupe ainsi un certain nombre d'extraits, en grande majorité inédits, qui dévoilent le paysage historique, littéraire et humain qui entourait José Saramago. Il comporte, comme autant de morceaux choisis, de la poésie, des considérations sur sa littérature, des hommages à des auteurs admirés et des réflexions sur la société contemporaine : textes politiques ou observations perspicaces qui traduisent la position de l'écrivain, résistant, fraternel et engagé, face aux bouleversements du monde.
Ce recueil dessine un visage fidèle de José Saramago, susceptible d'interpeler tous ceux qui ne le connaîtraient pas encore et auraient envie de le découvrir. Quant au lecteur déjà familier de l'univers fictionnel de l'auteur, il y trouvera ici un complément essentiel, itinéraire tracé à travers différents moments de l'existence d'un écrivain qui n'a jamais cessé de s'indigner face à l'intolérable et dont l'oeuvre est un remarquable instrument d'exploration du réel.
Anthologie établie par Maria Graciete Besse.
Avis au lecteur : Ce livre, c'est du n'importe quoi ! Des couleurs révoltées. Un paysage chamboulé...
Un poète au chômage se retrouve jeté en prison après avoir inexplicablement violé sa voisine, mais son temps d'enfermement est mystérieusement écourté quand il est brusquement emmené dans une nouvelle maison - un manoir rural où l'on pourvoit à tous ses besoins. Tout ce qu'on exige de lui, c'est... écrire de la poésie. Seulement qui sont ses ravisseurs, Kurt et Otávio ? Qu'en est-il de la femme de chambre séduisante, Amália, et de son aide, une femme malade d'un cancer, nommée Gerda ? Et, le plus alarmant de tous, pourquoi Kurt semble-t-il soudainement vieillir tellement plus vite qu'il ne le devrait ?
EN LIBRAIRIE le 10 novembre 2011 Gonçalo M. TAVARES / MONSIEUR WALSER et la forêt 60 p. / 12 euros Ensemble O Bairro / Le Quartier Traduit du portugais par Dominique Nédellec ISBN978-2-87858-508-7 " Comme Walser est content ! À peine ouvre-t-on la porte de sa maison - il le sent bien - que l'on pénètre dans un autre monde. Comme s'il ne s'agissait pas seulement d'un mouvement physique dans l'espace - avancer de deux pas - mais aussi d'un déplacement - bien plus intense - dans le temps. Entre le pied de derrière dont émane encore l'odeur de la terre et qui donne la sensation, en rien objective, mais qui existe bel et bien, qu'on est entouré de choses vivantes qu'on ne comprend pas complètement et qui ne nous comprennent pas - les éléments de la forêt -, entre ce pied de derrière et le pied de devant, qui a déjà franchi le pas de la porte, la distance parcourue ne doit pas se mesurer en centimètres mais en siècles, voire en millénaires. " Le Bairro est un quartier dans lequel cohabitent plusieurs messieurs. C'est, comme Gonçalo M. Tavares aime à le dire, une utopie qui rend hommage à d'illustres auteurs. Ici, c'est Monsieur Walser qui fait son entrée en scène. Voilà un drôle de personnage, solitaire en apparence, qui décide de faire construire sa maison au beau milieu de la forêt, quelque peu éloignée donc du fameux Bairro.
Cette nouvelle demeure, fruit d'acharnement et d'exigence, est le symbole même de la victoire de la civilisation, c'est le pouvoir de la technique sur la nature, un espace que l'humanité a conquis sur la forêt !
Seulement voilà, le jour de l'inauguration les choses vont se compliquer à mesure que l'on sonne à la porte... Alors que Monsieur Walser semble au comble de la félicité, ce sont les professionnels, au lieu des invités, qui font irruption dans la maison afin de réparer les robinets, les murs, les fenêtres, le parquet... Monsieur Walser, l'esthète qui ne comprend rien à la technique, voit sa maison toute neuve chambardée, envahie d'échafaudages et autres matériels. Les professionnels finissent alors par prendre la décision de dormir sur place, au vu de l'ampleur des dégâts. L'homme n'est jamais à l'abri du chaos et Monsieur Walser en fera bien vite l'amère expérience ! Ce nouveau petit livre offre une caricature divertissante de la figure de l'intellectuel souvent isolé des choses concrètes et éloigné du monde réel.
C'est encore un bijou d'humour que signe l'auteur portugais, Gonçalo M. Tavares, qui a obtenu le Prix du meilleur livre étranger 2011 pour Apprendre à prier à l'Ère de la Technique et le Prix littéraire des jeunes européens 2011, étudiants francophones pour Monsieur Kraus.
Titres du Bairro déjà parus aux Editions Viviane Hamy : Monsieur Valéry et la logique (2008), Monsieur Kraus et la politique (2009), Monsieur Calvino et la promenade (2009), Monsieur Brecht et le succès (2010).
Qui était Robert Walser ? Un écrivain suisse allemand (1878-1956). Il a écrit quelques romans (Les enfants Tanner, 1907), mais il est surtout reconnu comme un maître de la forme brève. " Miniaturiste par excellence ", comme disait de lui Stefan Zweig, il a publié des centaines de textes courts, dans la plupart desquels un homme jette un regard simple, presque enfantin, sur le monde qui l'entoure : les villes, les gens, les hasards, le quotidien, les choses, les riens. Ce maître de Kafka, cet auteur salué par les plus grands écrivains de son temps (Hesse, Mann, Zweig, Musil) comme leur égal, est d'une grande modernité. Son style, sans doute comme le personnage, est mélancolique mais narquois, indolent mais vivace. L'écriture est fine et précise, dense mais charmante, elle transfigure le monde.
Jérônimo, alias Jé ou Jéjé, vit avec sa mère et son père, ainsi qu'avec Claudia, l'employée de maison.
Mais depuis quelque temps son grand-père est venu vivre avec eux à la maison. Papi Ga perd un peu la tête, c'est pour cela que Jé l'appelle papi Gaga.
Plusieurs fois par jour Papi Gaga demande, avec beaucoup de nostalgie dans la voix, à Jéjé s'il se souvient de Boa Esperança ? Ce qui a tendance à beaucoup énerver les parents du petit garçon...
Lors d'un week-end les parents de Jé sont invités à un mariage. Claudia doit rester s'occuper du grand-père et de Jéjé mais cela ne l'enchante guère. Elle finit d'ailleurs par les laisser...
Abandonnés mais heureux, les deux compères décident alors de partir en train pour Boa Esperança...