Dans les années 1830, Hiroshige fut l'auteur de plusieurs séries de gravures illustrant la célèbre route entre Tokyo et Kyoto qui inspira tant de scènes aux poètes et romanciers japonais.
Réédition séparée sous étui du plus petit album consacré par Hiroshige à cette route: une reproduction en fac-simile qui figurait dans le coffret Hiroshige. Sur la route du Tokaido, lui-même accompagné d'un album montrant les autres types d'estampes traitant du même motif. L'ouvrage est accompagné d'un livret écrit par Nelly Delay expliquant l'origine et la fortune du thème d'inspiration que représente cette route et décrivant toutes les planches de l'album consacrées à autant de stations de cette célèbre voie de communication.
Le Pont Nihonbashi, Le Mont Fuji, et la nature toujours présente, les jeux de lumière et de transparence à travers les sudare, le théâtre Kabuki, les courtisanes des maisons vertes, les visages et le miroir... autant de thèmes qui sont source d'inspiration permanente pour les artistes Ukiyo-e, à travers les siècles.
Suivant une trame historique de la fin du XVIIe siècle jusqu'à nos jours, Nelly Delay explique la permanence de ces thèmes dans l'art de l'estampe. Elle décrit le contexte historique, culturel et social dans lequel cet art a vu le jour et évolué au cours des siècles et montre combien il est profondément ancré dans la civilisation japonaise.
Elle explique les origines de l'estampe et la voie que des audacieux comme Moronobu et Kiyonobu ont suivie en réalisant les premiers bois pour des tirages exécutés en noir et blanc. Elle montre comment les artistes du XVIIIe siècle et leurs estampes de brocart - et parmi eux peut-être plus que tout autre Harunobu qui eut le premier l'idée d'utiliser toutes les possibilités de la couleur - permirent à l'Ukiyo-e d'accéder par la suite à un véritable âge d'or : Utamaro éternellement inspiré par les femmes, Sharaku et les visages d'acteurs, Hokusai, le « vieux fou du dessin » , Hiroshige et la nature, Kuniyoshi et ses thèmes fantastiques, Toyharu, Shiba Kokan et bien d'autres.. Si le livre suit un plan chronologique qui s'impose sur pareil sujet, l'auteur établit toutefois des comparaisons entre artistes d'époques très différentes afin de faire percevoir l'art de l'estampe hors du temps, au-delà des oeuvres et des écoles. L'originalité et l'abondance de l'iconographie, la richesse des informations rassemblées au fil des chapitres et la diversité des thèmes abordés font de ce livre, très illustré et vivant, un précieux guide du Japon traditionnel. Le style adopté le rend accessible à un large public alors que l'importance des annexes - où sont présentés notamment les étapes de fabrication, les cachets de censeurs et d'éditeurs, les signatures des artistes, les formats, les techniques et les couleurs - en fait un outil scientifique appréciable par les spécialistes, les collectionneurs et les amateurs avertis.
Synthèse inédite dans l'oeuvre de Jacques Le Goff, fruit de plus de quarante années de fréquentation quotidienne de l'art médiéval et de ses images, cet ouvrage se propose de restituer le monde visuel du Moyen Âge. Représentations de la féodalité (seigneurs et paysans), de la violence guerrière, de la mort : ces phénomènes sont bien connus mais n'expriment pas autant, selon lui, le Moyen Âge essentiel, profond, que ne le font les gestes, la société humaine face à la société divine, les images de l'au-delà. Ce Moyen Âge en images lui paraît d'autant plus vrai que l'image inclut dans la représentation le côté imaginaire, symbolique de la réalité aussi « vrai » que son côté matériel, réaliste (surtout dans une société qui, comme la société médiévale, vit sur le double registre naturel/surnaturel). Ces deux lectures s'imposent parmi celles que le lecteur-spectateur de ce livre peut légitimement mettre en oeuvre. Pour Le Goff, le Moyen Âge a été un univers de combattants, de travailleurs, de rêveurs.
Dans la première partie de son livre (L'Universel inachevé), l'auteur trace un "portrait de l'artiste en philosophe", analysant la culture de Léonard-culture d'autodidacte, culture d'atelier-son mode de pensée, sa vision du monde. Il décrit ensuite comment, tout en établissant un rapport nouveau, moderne entre artiste et commanditaire ("La Fin de l'humilité"), Léonard a fait oeuvre d'artiste de cour, dans ses projets d'urbanisme, ses machines, se installations éphémères pour les fêtes et le théâtre. La seconde partie est consacrée aux dessins, à la peinture, de L'Adoration des mages à La Cène, en passant par les célèbres portraits. Cet ouvrage est à la fois une somme scientifique et une réflexion philosophique.
Cet ouvrage (catalogue de l'exposition Degas et le nu au musée d'Orsay en 2012) explore l'évolution de Degas dans la pratique du nu, de l'approche académique et historique de ses débuts à l'inscription du corps dans la modernité au cours de sa longue carrière. Occupant avec les danseuses et les chevaux une place prédominante dans l'oeuvre de l'artiste, les nus sont présentés à travers toutes les techniques pratiquées par Degas, la peinture, la sculpture, le dessin, l'estampe et surtout le pastel qu'il porte à son plus haut degré d'achèvement.
Que disent les oeuvres d'art et que représentent-elles ? Est-il possible que, sous ce que nos yeux voient, l'artiste ait représenté un message caché ? Dans le très vaste répertoire des symboles du passé, les peintres ont puisé images et codes de représentation, dont la clef de lecture est souvent perdue. Ces images et ces codes, le trésor iconographique de l'art occidental présenté ici les regroupe sous les thèmes suivants : le temps, l'homme, les allégories, l'espace, les plantes, les fleurs et les fruits, les animaux.
Cette compilation du trésor iconographique occidental réunit l'essentiel du contenu des titres Symboles et Allégories et La Nature et ses symboles de la collection «Guides Hazan», en grand format, à un prix très attractif. Les grands thèmes iconographiques y apparaissent sous les rubriques suivantes : le temps, l'homme, les allégories, l'espace, les plantes, les fleurs, les fruits, les animaux.
Cet ouvrage permet de s'orienter avec une extrême facilité parmi les personnages, les scènes et les épisodes tirés de l'Ancien et du Nouveau Testament, que les artistes occidentaux n'ont cessé de représenter depuis la fin l'Antiquité. La tradition du Livre des Livres, celle des Evangiles canoniques mais aussi celle des textes apocryphes, a été illustrée ainsi à des fin théologiques et dévotionnelles durant des siècles mais elle a servi de support à un extraordinaire foisonnement de recherches artistiques et de tous formats, depuis les grandes fresques monumentales (comme celle de la chapelle Sixtine au Vatican) jusqu'aux humbles panneaux de piété à usage intime. Chacune des 700 oeuvres de l'ouvrage est décryptée dans les détails : signification de la scène, identification des personnages, explications des attributs et des symboles.
Nous est offert, pour la première fois en France, un panorama de la création artistique allemande sur une durée relativement longue - plus d'un siècle. Les courants artistiques, du classicisme weimarien, des Nazaréens à Otto Dix, en passant par Hans von Marées, Adolf von Hildebrand ou Franz von Stuck, mais aussi du romantisme d'un Caspar David Friedrich à la « nouvelle objectivité », seront ainsi replacées dans le contexte intellectuel de leur création et confrontés aux écrits des grands penseurs au premier rang desquels Goethe.
Cette approche est importante pour le public français à qui l'art allemand dans ses différents développements a été peu montré. Elle permet de saisir comment l'art a joué un rôle déterminant dans le développement du concept allemand de « Kultur », à un moment historique capital où l'Allemagne cherche à construire son unité et son identité nationale. La notion de « Kultur », concept hérité de la philosophie des Lumières, est apparue comme la plus susceptible de constituer le terreau sur lequel inventer une tradition allemande moderne. Si l'occupation napoléonienne a pu favoriser la prise de conscience de cette unité, fournissant l'arrière-plan politique aux premières expérimentations romantiques, la montée du nazisme, à l'autre bout du parcours chronologique, a mis en évidence la dimension tragique de ce concept, sans pour autant réussir à l'anéantir. En coédition avec le musée du Louvre.
Baisse de prix de cet ouvrage, soit 29 ttc au lieu de 50 ttc.
Comment un art de la signature, d'abord localisé, a-t-il pu, en une douzaine d'années, envahir le monde et susciter des développements typographiques aussi poussés et originaux? Comment, depuis l'abandon d'une culture de gang, au sein d'une architecture dégradée et pauvre, des hommes et des femmes ont-ils défini le socle hypergraphique de ce mouvement? Pourquoi des milliers d'adolescents se sont-ils voués à cette pratique obsédante, attachant viscéralement leurs vies au wagon et au mur?
Sous la direction de l'artiste Lokiss, cet ouvrage a pour ambition de dresser l'histoire du graffiti moderne, autrement dit le writing, des métros new-yorkais des années 1970 aux murs et aux institutions du monde actuel. Les auteurs en étudient les signes et le langage, en abordant de façon conjointe l'aspect artistique et les prolongements contextuels.
La convergence de ces deux problématiques, celle de l'art et celle de son intégration dans la sphère sociale et politique, au sein d'une culture initialement fondée sur l'illégalité, mérite une analyse poussée. Il s'agit d'éclairer cette « interaction » historique entre la rue et l'art. Entre le vandalisme du bien public et le musée du bien culturel.
Cet ouvrage livre une histoire de l'art «embarquée», au contact de la culture dont il se veut la description. À la fois informé et vivant, il confronte analyses, témoignages, photographies et dessins d'un blackbook, sur la surface duquel le crayon expert de Lokiss nous entraîne à la découverte des styles inventés par les writers les plus emblématiques.
Pourquoi une histoire générale de l'art aujourd'hui ? Parce que chaque époque a ses raisons de regarder les oeuvres, parce qu'elle pose à l'art les questions qu'elle pose au monde, la présente histoire veut prendre en compte les interrogations qui sont nôtres.
Pourquoi une histoire de l'art " pour tous " ? C'est une histoire qui se veut destinée à tous : elle est à la fois exigeante et pédagogique, mais elle refuse tout élitisme. Une histoire qui se pose la question de savoir quel plaisir et quel bénéfice les hommes et les femmes d'aujourd'hui peuvent trouver à la rencontre avec des oeuvres créées il y a des millénaires ou à l'autre bout de la Terre ou aujourd'hui.
À la recherche du sens : apprendre à lire les formes. A l'âge d'internet, vouloir réunir une immense collection d'images ou délivrer un savoir prétendument exhaustif n'a pas de sens. Chercher à retrouver la signification des formes, mettre en évidence les simultanéités, les parentés, les causes ou les effets, cela paraît en revanche légitime. Ce livre se revendique comme une synthèse. Il invite le lecteur à découvrir à la fois les grandes fonctions de l'art, mais aussi la diversité des formes possibles de la création et les corrélations qui peuvent les unir.
Enrichir le regard : un dispositif concerté permet des allers et retours entre le texte, les commentaires et les images, tout au long de l'ouvrage. Découvrant, sur des millénaires, les échanges et les redécouvertes, d'une civilisation à l'autre, d'un continent à l'autre, le lecteur apprendra à confronter, ne serait-ce que pour mieux les différencier, des productions d'époques ou de lieux qu'il n'aurait pas songé à rapprocher.
Ce catalogue de l'exposition Qui a peur des femmes photographes ? 1839 à 1945 au musée de l'Orangerie et au musée d'Orsay (2015) présente la contribution de ces femmes dans le développement et l'évolution de la photographie.
Les femmes occupent une place de plus en plus éminente dans notre société, j'en suis conscient et heureux. Cette nouvelle exposition qui montre comment, aux XIXe et XXe siècles, les femmes s'emparèrent du médium photographique dans des stratégies d'affirmation artistique et professionnelle, conquérant des territoires jusque-là reservées aux hommes, n'est pas qu'une exposition sur l'histoire des modernité. Elle porte un regard contemporain sur l'histoire de notre temps. Elle fait doublement sens. Extrait de la préface du catalogue par Guy Cogeval, ancien Président des musées d'Orsay et de l'Orangerie.
S'appuyant sur des recherches nouvelles comme sur les nombreuses histoires de la photographie qui, depuis une quarantaine d'années, ont réévalué l'extraordinaire contribution des femmes au développement du medium qu'est la photographie, Le phénomène est en effet appréhendé à travers ses manifestations aussi bien en Europe - essentiellement en France, Grande-Bretagne et Allemagne - qu'aux États-Unis, de l'invention officielle de la photographie en 1839 jusqu'en 1945.
- Initiatrice des tableaux tirs à la carabine, auteur des sculptures monumentales des Nanas et du jardin des tarots, Niki de Saint-Phalle (1930-2002) traverse les avant gardes de la fin du XXème siècle sans s'inféoder à d'autre mot d'ordre que celui d'exprimer généreusement sa vie et son temps dans un féminisme enjoué.
Cette biographie éclaire le dialogue que la femme et la créatrice entretiennent, contribuant ainsi à rétablir l'artiste à sa juste place - l'une des premières - au sein de l'histoire de l'art de la seconde partie du XXème siècle. Première biographie documentée de l'artiste fondée sur les archives familiales.
Entrée sur la scène de l'art armée d'un fusil destiné à « faire saigner la peinture », Niki de Saint Phalle (1930-2002) a créé une oeuvre protéiforme traversée de façon continue par ce qu'elle a vu et vécu. Cette biographie de référence - la première en langue française qui lui est consacrée - éclaire le dialogue que la femme et la créatrice ont constamment entretenu. Elle révèle le parcours hors du commun de cette artiste autodidacte, élevée en Amérique dans une famille de la vieille aristocratie française, et met en évidence la cohérence de son engagement artistique, depuis ses débuts peu connus de peintre, jusqu'aux animaux de l'Arche de Noé, en passant par les Tableaux-tirs, les Autels, les Mariées, les Nanas, les diverses sculptures monumentales, créées ou non avec son compagnon Jean Tinguely, sans oublier les films et les innombrables dessins, pétris de poésie et d'humour, qu'elle a réalisés. Croisant, pour la première fois et de manière systématique, quantités de sources (témoignages, correspondance, journaux, travaux préparatoires, archives sonores et audiovisuelles, notes, manuscrits) recueillies dans plusieurs pays (Amérique, France, Allemagne, Suisse, Belgique, Italie), cet ouvrage a bénéficié de la confiance de la Fondation Niki de Saint Phalle installée en Californie. Il campe une personnalité exceptionnelle par la forme remarquablement joueuse qu'elle a donnée à son féminisme, par l'énergie qu'elle a déployée, notamment pour construire son Jardin des tarots en Toscane, et l'opulence de son oeuvre, conçue en menant vies privée et professionnelle de concert. A travers le portrait de celle qui fut la seule femme du groupe des Nouveaux réalistes (Klein, César, Arman, Villeglé, etc.), cette biographie dessine celui d'une époque dont les révoltes et les audaces fascinent toujours la jeune génération.
Peintre et théoricien, né à Moscou, Wassily Kandinsky (1866-1944) est un des tout premiers acteurs de la modernité artistique. Le fondateur du Blaue Reiter (1911) à Munich, apôtre de la couleur et de la résonance intérieure, a influencé par ses écrits et ses recherches en peinture nombre de mouvements ou d'écoles artistiques, de Dada au Bauhaus - où il enseigne de 1921 à 1933 -, en passant par De Stijl et le constructivisme russe.
Admiré par André Breton, ami de Marcel Duchamp, proche de Paul Klee et de Hugo Ball, il entretint aussi des échanges nourris avec les musiciens de son temps comme Arnold Schonberg ou Thomas von Hartmann. L'auteur de Du spirituel dans l'art (1911) a laissé un ensemble considérable de peintures, mais aussi des gravures, des poésies et des compositions scéniques, qui se répartissent entre impressions (impressions du monde extérieur), improvisations (impressions du monde intérieur) et compositions (mise en tension des deux précédentes). Traversé par deux dynamiques actives, l'une allant du figuratif à l'abstrait, l'autre du profane au sacré, l'oeuvre de Kandinsky recèle un ensemble d'images voilées, porteuses du message de l'abstraction et de son inventeur, qui ont transformé notre rapport à la représentation. Spécialiste internationalement reconnu de l'oeuvre et de la pensée de Kandinsky, Philippe Sers présente le cheminement de l'artiste dans sa cohérence et dans son évolution interne. Son analyse s'appuie sur la documentation exceptionnelle à laquelle il a eu accès depuis le début de ses travaux, dans l'atelier même de l'artiste : les écrits autobiographiques, les textes théoriques et la correspondance du peintre apportent un éclairage radicalement nouveau sur un parcours créatif d'une exceptionnelle fécondité.
Aucune monographie récente sur Rubens n'est disponible en librairie. Cette lacune va être comblée par cette étude très fouillée, et novatrice à plus d'un égard, qui confronte carrière et tempérament créatif chez un des artistes majeurs des temps baroques perçu comme l'incarnation du dynamisme et de l'esprit d'entreprise.
En apparence, rappelle Nadeige Dagen, Rubens n'a rien négligé pour embrasser son temps, explorer tous les courants artistiques (assimilés durant un long séjour à Rome), approcher une clientèle princière et royale, se hisser au rang d'homme de cour et de diplomate comme un Titien jadis dont à plus d'un égard il a fait son modèle. Et pourtant, aucun honneur ne le détournera, à l'inverse d'un Vélazquez de se consacrer à son art. Cet art, l'auteur l'envisage à travers un portrait intellectuel de Rubens qui remet à l'honneur ses curiosités scientifiques, décrit son énergie à la tâche, son immense capacité d'assimilation et d'organisation en analysant la "fabrique Rubens", objet d'une approche extrêmement riche et suggestive dans l'ouvrage.
L'atelier peut apparaître à cet égard comme une PME mais Rubens saura toujours garantir l'unité de style à ces créations collectives auxquelles travaillaient spécialistes des animaux, spécialistes du paysage ou de la nature morte d'après ses esquisses, elles-mêmes de sa main mais tout aussi bien générées par des emprunts à l'Antiquité ou à d'autres artistes, vivants ou morts. Une telle pratique, souligne l'auteur, indique une conception de l'art qui est moins affaire « d'identité", que d'assemblage, moins le résultat d'une inspiration immédiate (nous ne sommes pas encore chez les Romantiques) que celui d'une série d'opérations, d'états toujours susceptibles d'être changés ou améliorés. Pour naître, le chef d'oeuvre requiert une somme talents (d'où qu'ils viennent) dont Rubens assure la synthèse.
Ainsi voient le jour les immenses cycles de tapisserie ou de décorations comme la Galerie de Médicis (Louvre), Bankerting House (Londres) et les grandes compositions religieuses (Descentes de Croix, Assomption) à la postérité innombrable dans le fervent climat de reconquête des Pays-Bas par la Contre-Réforme. D'où l'importance, dans cette division du travail qui va s'opérer souvent, en l'absence du maître, en mission ou en voyage à l'étranger, des dessins préparatoires et des esquisses remises aux assistants et enfermées chaque soir et qui l'auteur les interroge attentivement ( illustrations à l'appui), constituent le véritable laboratoire de la création.
L'énergie de la vie, son mouvement perpétuel, sa circulation jusqu'à la véhémence entre les différents règnes de la Nature (Les Chasses), tout cela réunit dans une même poétique et une même approche plastique le goût de Rubens pour le paysage (souvent négligé par les spécialistes), pour les lions, les chevaux et surtout pour le corps humain, dépeint jusque dans la chair intime de ses épouses (La petite pelisse), alors que le portrait chez lui (en dehors de celui de ses proches) restera une activité alimentaire ou de marketing pour se gagner de nouvelles clientèles.
Objet de luxe proche de l'édition bibliophilique de 1913, le fac-similé de Klänge rend toute sa saveur à l'invention poétique de Kandinsky et au jeu qu'il impose entre texte et image. Oeuvre charnière de Kandinsky, Klänge opère la transition entre figuration et abstraction, autour des thèmes qui traversent son travail.
L'étude critique de Philippe Sers éclaire les poèmes autant que la recherche picturale de Kandinsky. Le texte original est accompagné de la traduction inédite en français de Philippe Soupault.
Klänge (Résonances) est le titre de l'album que Kandinsky publia en 1913 à Munich, dans une édition de bibliophilie tirée à 300 exemplaires. Significatif de l'oeuvre de Kandinsky, l'ouvrage comporte trente-huit poèmes auxquels répondent cinquante-six bois gravés, dont douze en couleurs, d'une rare beauté. Cet ensemble de gravures sur bois, point d'aboutissement de ses théories artistiques, donne du propre aveu de Kandinsky la clef du passage de la figuration à l'abstraction autour des principaux thèmes qui habitent sa peinture. Publié pour la première fois depuis sa parution sous sa forme originale, Klänge est accompagné d'un second volume de présentation rédigé par Philippe Sers. Les deux tomes sont rassemblés sous un coffret renouant avec les exigences de la bibliophilie. Au fac-similé de l'édition originale est jointe la traduction inédite en français de Philippe Soupault, poète surréaliste et grand admirateur de Kandinsky. Dans le second volume, Philippe Sers propose des clés d'interprétation de Klänge. Les thèmes abordés par Kandinsky correspondent aux expériences fondatrices dont l'artiste veut rendre compte et qu'il s'attache à rendre perceptibles par la représentation graphique et l'évocation poétique. Le lecteur est introduit au coeur de l'aventure créatrice de Kandinsky. Il se révèle ici le grand inspirateur de Dada et de la poésie zaoum, mais aussi de la pensée russe de son époque dont il annonce les principaux thèmes. On en retrouve l'écho chez Vladimir Soloviev, Pavel Florensky ou Serge Boulgakov (le cousin de l'artiste) - ou encore chez Fiodor Dostoïevski. En confrontant les gravures à différentes oeuvres de l'artiste, Philippe Sers envisage Klänge comme le prolongement des réflexions picturales et théoriques de Kandinsky, acteur majeur de la modernité artistique du premier XXe siècle.
Les Mille et Une Nuits constitue le plus extraordinaire recueil d'histoires de toute la littérature. Livre « sans fin » ou « avec toutes les fins », son histoire est aussi curieuse, riche et prodigieuse que les péripéties des contes qu'il recèle et dont les sources sont, elles aussi, multiples.
Quelques trois cents oeuvres permettent d'approcher d'aussi près qu'il est possible le personnage de la troublante Shéhérazade, mais aussi Haroun al-Rachid, Shahriyâr, Sindbâd et Aladin dont cette étude dresse la généalogie. A travers des manuscrits parmi les plus anciens puis des éditions innombrables, on suit l'ouvrage, depuis sa genèse et les origines indo-persanes qui sont les siennes, en passant par les contes arabes du IXe siècle jusqu'à Antoine Galland qui fut l'auteur de sa première traduction dans une langue européenne au début du XVIII° siècle. A partir de là, l'oeuvre va inspirer les milieux artistiques durant tout le XIX° et le XX° siècle jusqu'à nos jours. Car si le texte des Nuits nous vient à l'évidence d'Orient, leur iconographie, d'une richesse proprement infinie, a en revanche sa source en Europe et en Occident. Tous les arts, tous les genres ont sacrifié à la passion des Mille et Une Nuits, du théâtre à la mode, de la musique au cinéma, de la peinture à l'opéra, de la photographie à la littérature... générant plus d'images qu'aucune autre oeuvre de l'esprit, serait-on tenté de penser, n'a jamais généré. Aujourd'hui, c'est sur le net et dans la publicité que leurs plus récents avatars prennent vie avec une vigueur intacte. Véhicule de mythologies et de croyances propres à l'Orient, cet ouvrage populaire est un témoin culturel unique.
Le musée d'Orsay est riche d'une collection de près de 93 000 dessins, dont 18 000 dessins d'arts décoratifs et d'architecture, auxquels s'ajoutent plus de 700 pastels. Fragiles à la lumière, peu exposés. Qu'ils soient esquisse ou oeuvre finie, ces dessins portent toujours la trace intime de la main qui les a tracés et colorés. Ils constituent ainsi le journal intime de l'artiste, où se côtoient autoportraits, notations du quotidien et de fragments du monde, visions fantastiques et oniriques, peut s'y écrire.
Ces archives du rêve nous sont présentées ici par l'historien de l'art Werner Spies, grand spécialiste et intime des peintres Ernst et Picasso mais aussi l'ami de nombreux créateurs, plasticiens, hommes de lettre et critiques de notre temps, à qui il a demandé de réagir à ces oeuvres, par les mots ou tout autre manifestation de leur main.Parmi les 100 contributions des personnalités du monde de l'art et des lettres invitées on trouvera ainsi : Adonis, Jean-Michel Alberola, Pierre Alechinsky, Eduardo Arroyo, Paul Auster, Georg Baselitz, Michel Butor, Christian Boltanski , Luc Bondy, Fernando Botero, Alfred Brendel, Daniel Buren, Jean-Marc Bustamante, Sophie Calle, Jean Clair, Tony Cragg , Marlene Dumas, Philippe Forest, Gloria Friedman, Andreas Gursky, Yannick Haenel, David Hockney, Rebecca Horn, Anish Kapoor, William Kentridge, Anselm Kiefer, Jeff Koons, Julia Kristeva, Michael Krüger, Bertrand Lavier, Jean Le Gac, Peter Lindbergh, Mario Vargas Llosa, David Lynch , Richard Meier , Annette Messager, Yan Pei-Ming, François Morellet, Richard Peduzzi, Guiseppe Penone, Christian de Portzamparc, Yasmina Reza, Daniel Richter, Gerhard Richter, François Rouan, Thomas Ruff, Sean Scully, Jean-Jacques Sempé, Cindy Sherman, Philippe Sollers, Gérard Titus-Carmel, Jean-Philippe Toussaint, Tomi Ungerer, Jacques Villeglé, Wim Wenders, Jean Michel Wilmotte. Catalogue de l'exposition Les archives du rêve, dessins du musée d'Orsay : carte blanche à Werner Spies Exposition du 25 mars au 14 juillet 2014 au Musée National de l'Orangerie. Coédition Musée Orsay-Musée de l'Orangerie/Hazan
Le thème de l' « Annonciation » représente un défi pour un peintre. Comment représenter en effet l'irreprésentable, l'invisible - le mystère de l'incarnation : cette venue du Créateur dans la créature ? C'est sur cette question abordée par les artistes italiens entre le XIVe et le XVIe siècles que Daniel Arasse se penche en renouvelant notre perception de l'Annonciation italienne.
L'invention progressive de la perspective à partir du XIVe siècle ouvre aux artistes de nouvelles formes de représentation par des moyens mathématiques perceptibles à l'oeil humain. Daniel Arasse montre comment certains d'entre eux utilisent paradoxalement la mesure géométrique de la perspective pour faire voir la venue de l'immensité divine dans le monde fini de l'humain, et l'acte par excellence mystérieux: l'incarnation.
Des Siennois, en passant par les Florentins du Quattrocento, cette histoire commune de la perspective et de l'Annonciation connaît de nombreux épisodes avant de produire à Venise, à la fin du XVIè siècle, un ultime avatar: les machines de Véronèse articulées hors de toute allusion théologique à des fins théâtrales.
Une passionnante confrontation des aspirations du monde plastique et du monde religieux à la Renaissance qui débouche ici sur l'écriture d'un nouveau chapitre de l'histoire de l'art italien.
Gustav Klimt est sans aucun doute la figure de proue de la Sécession Viennoise (1897), à l'origine d'un nouveau style figuratif et ornemental à l'intérieur de la mouvance internationale de l'Art nouveau. Klimt, à toutes occasions, s'est distingué comme l'un des meilleurs dessinateurs de son temps.
Il réalisait souvent jusqu'à 150 croquis ou esquisses pour un seul tableau, chacun représentant un détail particulier, un pan de vêtement, un bijou, une attitude. La plupart ont été réalisés au crayon Conté et au crayon noir mais certains sur papier transparent, parfois en feuille ! avec des rehauts de bronze argenté et d'or (frise du palais Stoclet, Bruxelles). Les dessins de nus, de temps à autre, sont directement enrichis de couleur : ce sont eux avec leurs contours anguleux et leur aspect visionnaire ou envoûtant de la femme qui, tout en inspirant Schiele, ont établi la renommée de Klimt comme dessinateur. Mais ses illustrations et ses affiches pour la Sécession et la Revue Ver Sacrum ont contribué à imposer le nouveau style décoratif au plan graphique et au plan ornemental. Le présent ouvrage s'efforce de rapprocher toutes ces études préparatoires des peintures ou gravures définitives tout en définissant la nature de son graphisme.