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Arts et spectacles
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Cacher / montrer : Une histoire des oeuvres invisibles en Occident
Nadeije Laneyrie-Dagen
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 29 May 2025
- 9782073000873
ll s'agit de prendre le récit de l'art à rebours. Les oeuvres, considérons-nous, sont faites pour être montrées de la façon la plus large possible, mais, durant des millénaires, il n'en a pas été ainsi. C'est une histoire de la dissimulation voulue des oeuvres, et de la force qu'elles acquéraient en étant tenues éloignées d'une admiration constante, qui est tentée dans cet ouvrage. L'enquête part du texte de Bataille, Lascaux ou la Naissance de l'art (1955). Elle se poursuit en Égypte, puis à Byzance et en Occident au Moyen Âge. La Renaissance y tient une place majeure avec Van Eyck, Lotto, Giorgione, Titien, Raphaël (La Fornarina) et Léonard - derrière La Joconde aurait dû se trouver une version avec le modèle nu. L'essai examine les collections du XVIIe siècle, où les tableaux étaient protégés par des rideaux, les «boudoirs» du XVIIIe, où l'on conservait les oeuvres aux sujets indiscrets de Watteau, de Boucher, de Fragonard. Il chemine par les musées, où l'on prit des précautions pour que le grand pubtic ne voie point d'oeuvres qui puissent choquer, et se conclut par L'Origine du monde, de Courbet, tableau qui fut accroché, avant son arrivée au musée d'Orsay, soit dans des pièces intimes de demeures privées, soit derrière un rideau ou diverses peintures - jusqu'au «cache» d'André Masson, beau-frère du psychanalyste Lacan qui fut le dernier propriétaire de l'oeuvre.
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Correspondance avec Mathilde
Gustave Courbet, Berenice Rigaud-Hartwig, Ludovic Carrez
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 10 April 2025
- 9782073096890
Il s'agit de la plus importante découverte de lettres de Gustave Courbet depuis la publication de sa Correspondance en 1996. Ce sont des échanges particuliers entre une aventurière audacieuse et intrigante et un homme à la fois naïf et sans limites, une correspondance quasi pornographique qui dévoile le peintre dans sa dimension charnelle. Par là est rétablie la stature de Courbet, effaçant les révisions opérées par ses biographes après sa mort afin de rendre supportable l'artiste subversif, le communard «déboulonneur» de la colonne Vendôme, et révélant l'ultime liberté de l'artiste.
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Le lion de Rosa (Bonheur)
Laurence Bertrand dorléac
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 7 November 2024
- 9782073080493
À force de regarder une étude de lion et de lionne de Rosa Bonheur, Laurence Bertrand Dorléac imagine toutes sortes de contes qui exagèrent une vie singulière. Elle revient à l'imaginaire de l'artiste en matière de modèle, de dessin, de couleur, mais aussi d'animaux, de château, de carrière, de politique, de domptage ou d'amour. Pour saisir la folie douce de son oeuvre, elle retourne à un siècle de fer qui ne donne presque aucune chance à une femme d'exister.
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Marcel Duchamp : La magie de l'art
Pascal Rousseau
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 31 October 2024
- 9782073057518
Figure incontournable de l'avant-garde du XX? siècle, connu pour le geste iconoclaste du ready-made, Marcel Duchamp a trop vite été lu et interprété comme un artiste de la fin de l'art. Duchamp serait celui qui voulait, selon ses propres mots, «liquider complètement l'art» ou «tourner l'art en dérision». Mais, à le suivre dans ses oeuvres et ses déclarations, on découvre assez vite une autre facette, celle d'un artiste qui, tout en affirmant vouloir ne plus produire d'oeuvres, repense la fonction de l'art à partir de nombreux emprunts à une culture fin-de-siècle croisant anarchisme et symbolisme. S'appuyant pour partie sur les propos de Duchamp lors d'une fameuse conférence de 1957 consacrée au «processus créatif», cet ouvrage examine le poids et la fonction de cet héritage dans lequel Duchamp puise non seulement des modèles (médium, esthète, thaumaturge), mais un esprit de transgression qui annonçait, avant l'heure, une refonte radicale des notions d'auteur et de performance artistique, à grande distance de la démystification de l'art annoncée.
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Des visages entre les draps : La ressemblance inquiète, II
Georges Didi-Huberman
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 25 April 2024
- 9782073000972
La ressemblance, particulièrement à l'époque de la Renaissance, n'est souvent qu'un mythe : à la fois une opération «légendaire», littéraire, et un «bricolage», un montage technique destiné à réunir dans le concret des ordres de pensée ou de réalité tout à fait hétérogènes. C'est ainsi que le fameux «portrait de Dante» par son «ami Giotto» - qui a fixé jusqu'à aujourd'hui notre image du poète - n'aura été qu'une invention rétrospective destinée à fonder, au XVI? siècle, l'idée d'une Renaissance tout entière ordonnée par la conquête des ressemblances optiques et picturales... et à refouler de notre culture historique l'importance des ressemblances par contact en usage dans maints objets florentins du Trecento et du Quattrocento. Une réflexion sur un célèbre portrait en buste, moulé et modelé en terre cuite, poursuit ce parcours critique : à travers son destin dans le discours de l'histoire de l'art - chef-d'oeuvre de Donatello ou, au contraire, oeuvre indigne du qualificatif même d'«artistique» ? - on verra émerger quelques présupposés théoriques majeurs de la discipline elle-même qui, trop souvent, ignore qu'elle regarde aussi avec ses... mots. Dans l'autoportrait «christique» de Dürer, enfin, nous aurons à découvrir que l'image peinte n'avait rien, pour lui, d'une simple conquête virtuose sur le monde visible. Envisagée au prisme de son inquiétude religieuse, elle s'imposait plutôt comme un drame de la ressemblance : ainsi dans la hantise de visages disparaissant sous le blanc des linceuls.
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La Ressemblance inquiète Tome 1 : L'Humanisme altéré
Georges Didi-Huberman
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 6 April 2023
- 9782073000927
En définissant l'histoire de l'art comme «discipline humaniste», Erwin Panofsky entendait un tel humanisme dans la perspective de cette longue tradition, éthique autant qu'érudite, qui court depuis l'Antiquité et aura trouvé sa moderne reformulation chez Kant. L'humanisme s'entendait aussi dans son acception historique de moment crucial pour la culture occidentale, à savoir la Renaissance italienne et nordique. C'est un fait frappant que l'histoire de l'art s'est souvent refondée dans sa propre méthode à partir d'une vision renouvelée qu'elle pouvait offrir de cette période fascinante et initiatique à bien des égards. Mais il faut compléter cette histoire de l'art par une anthropologie des images, des regards, des relations de ressemblance. Et renouer par là avec le point de vue d'Aby Warburg, pour qui l'humanisme fut un âge non seulement de conquêtes majeures, mais aussi d'inquiétudes, de tensions, de crises, de conflits. Cet ouvrage réunit une série d'études où l'humanisme renaissant se révèle altéré dans certains objets figuratifs. On y découvre comment la ressemblance inquiète autant qu'elle s'inquiète, délivrant ses symptômes par-delà tous les signes iconographiques qu'on peut y reconnaître. Qu'il s'agisse de la Peste noire, de l'expression pathétique, du portrait ou des multiples usages figuratifs de la cire, dans tous les cas l'humanisme aura montré son malaise impensé, sa fêlure constitutive : une fatale altération qui est vocation à l'altérité.
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Etel Adnan : Les anges, le brouillard, le Palais de la nuit
Yves Michaud
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 9 November 2023
- 9782072997273
Etel Adnan (1925-2021) a connu sur le tard une reconnaissance qui ne cessera de grandir. Vivant tour à tour dans plusieurs pays (Liban, France, États-Unis, Grèce, etc.), écrivant en français et en américain, poète, peintre et philosophe, elle n'a jamais cherché la célébrité, mais voulait simplement «vivre en poète». Figure fascinante, conteuse orientale, elle rayonnait d'intelligence, de culture et de sensibilité. Cette personnalité, que l'auteur a eu le bonheur de fréquenter ne doit surtout pas faire oublier l'oeuvre : un oeuvre peint et dessiné exceptionnel et un oeuvre écrit qui la situe parmi les très grands poètes de la seconde moitié du XX? et du début du XXI? siècle. ll n'est pas possible de séparer les aspects de cet oeuvre : philosophie, vie, poésie et oeuvre peint forment un même tissu. Elle-même disait que la vie est un tissage. Etel Adnan : Les anges, le brouillard, le Palais de la nuit suit la symphonie des thèmes de l'oeuvre : déplacement, engagement, philosophie des éléments et de l'espace, rêves de l'intersidéral, rythmes du monde, anges appelant à l'évasion, ouverture intégrale au présent.
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Donner à voir : Images de Birkenau, du Sonderkommando à Gerhard Richter
Eric de Chassey
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 30 May 2024
- 9782073058027
En 2014, le peintre Gerhard Richter achève quatre tableaux abstraits qu'il nomme Birkenau. Ils sont le résultat de sa longue confrontation avec quatre photographies prises pendant l'été 1944 près du crématoire V d'Auschwitz-Birkenau par les membres du Sonderkommando affectés à la préparation des victimes et au traitement de leurs cadavres. Ce sont les seules images documentant de façon directe le processus d'extermination des Juifs d'Europe par gazage et destruction de leurs restes. Éric de Chassey analyse ici ces photographies, à partir de leur matérialité et de ce que l'on sait des conditions de leur prise de vue, et mène une enquête minutieuse pour comprendre quels traitements, problématiques, elles ont subis de la part d'un artiste contemporain attaché à maintenir vivante la mémoire de la Shoah. Il montre ainsi comment, à force de spectacularisation et de relativisme, nous sommes devenus
insensibles aux enjeux moraux et politiques des images et de la manière dont on les montre et les regarde. -
Les arcs-en-ciel du noir : Victor Hugo
Annie Le Brun
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 15 March 2012
- 9782070137039
«À plusieurs reprises, on s'est déjà intéressé aux jeux de l'ombre et de la lumière chez Victor Hugo comme à son activité graphique indissociable du noir de l'encre. Mais a-t-on mesuré quelle puissance génératrice a chez lui l'obscur, qui semble l'équivalent d'une énergie noire tout aussi déterminante dans ses écrits que dans ses dessins? Jusqu'à lester l'une et l'autre d'une gravité inédite qui les travaille pareillement de l'intérieur. D'où ce que j'appelle les arcs-en-ciel du noir, dont l'idée m'est venue lors d'une invitation à faire une exposition à la Maison de Victor Hugo. Reflétant le parcours de cette exposition, ce livre a pour objet de faire apparaître comment, chez Victor Hugo, cette énergie noire irradie dans tous les domaines pour y déployer, à travers autant de répliques souterraines de l'arc-en-ciel, une force de transfiguration à l'origine de cette énormité poétique qui n'a pas fini de nous sidérer.» Annie Le Brun.
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Ninfa moderna ; essai sur le drapé tombé
Georges Didi-Huberman
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 17 April 2002
- 9782070763757
L'histoire des images ne vit pas seulement au rythme manifeste des renaissances et des obsolescences. Elle vit également au rythme, plus latent, des survivances. Aby Warburg, qui interrogeait l'art occidental sous l'angle des «survivances de l'Antiquité», accorda une attention particulière à cette figure mouvante et drapée qu'il nommait Ninfa - sorte de personnification ou de demi-déesse des éternels retours de la forme antique. Ce livre entend prolonger aujourd'hui la quête warburgienne de Ninfa : il interroge le motif du corps féminin et de la draperie jusque dans ses avatars contemporains. Comme dans un montage cinématographique, on y voit Ninfa tomber progressivement, et son drapé se séparer d'elle jusqu'à échouer, seul, au plus bas de la représentation. Par-delà les Vénus alanguies de la Renaissance et les martyres baroques écroulés à terre, se dessine un mouvement général qui prendra toute son ampleur lorsque les artistes - d'Atget à Brassaï et Picasso, de Moholy-Nagy à Alain Fleischer - attacheront leur attention à tout ce qui traîne dans les rues de nos grandes villes : par exemple, cette informe «serpillière» des caniveaux parisiens, qui forme un surprenant leitmotiv de notre modernité.
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écrits sur l'art : édition de David Gullentops
Jean Cocteau
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 7 April 2022
- 9782072954818
Les Écrits sur l'art rassemblent les articles, préfaces, hommages et études monographiques que Jean Cocteau a consacrés aux artistes qu'il a côtoyés et admirés. Notamment les principaux représentants de l'avant-garde, Gleizes, Picasso, Braque, Dalí, Delaunay, Modigliani, Dufy, Matisse, Lipchitz, Picabia, Man Ray et De Chirico ; tout en y incluant les femmes artistes actives en cette période, Abbott, Krull, Madame d'Ora, Laurencin, Lagut, Fini, Vautier.
L'ouvrage contient les éloges aux maîtres du passé qu'il a pris pour modèles : le Greco, le Douanier Rousseau, Watteau, Toulouse-Lautrec, Cappiello, Vermeer, Cézanne, Tiepolo, Rembrandt, de Vinci, Van Gogh, Morisot, Ingres, Delacroix ; ainsi que les témoignages de soutien aux jeunes créateurs qu'il a considérés comme des précurseurs dans leur domaine : Bérard, Harold, Bellmer, Clergue, Buffet, Mathieu, Moretti.
Ce volume montre comment Cocteau relie les différentes disciplines artistiques : le dessin, la caricature, la peinture, la décoration d'intérieur, le décor de théâtre, la mode, la photographie, la sculpture, la céramique et la tapisserie. Et révèle ses conceptions sur la création artistique en général, tout en livrant un panorama permettant de saisir l'évolution de l'esthétique dans la première moitié du XXe siècle.
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Art et artistes - correspondance
Pierre Bonnard
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 4 April 2001
- 9782070760763
Dès 1891, Pierre Bonnard et Édouard Vuillard commencent à s'écrire, peu après leur rencontre dans les ateliers de l'académie Julian et de l'École des beaux-arts. Ce sont d'abord les lettres de jeunes artistes heureux de partager leurs découvertes, s'informant de tout, se renseignant sur tout, métier, amis, expositions. Puis, au fil des ans, les lettres et les cartes échangées entre Bonnard l'itinérant, souvent éloigné de Paris, et Vuillard le sédentaire deviennent surtout les petites bornes d'une affection indéfectible, dont elles jalonnent le cours.Bonnard et Vuillard se découvrent la même indépendance dans la réflexion personnelle, la même sincérité. Ils vénèrent Mallarmé, dont ils ont compris l'aristocratique visée supérieure. Leur intelligence s'accompagne d'une même pudeur. De là cet incomparable respect qu'ils ont l'un pour l'autre dans ce qu'ils savent ou devinent l'un de l'autre.La vie de Vuillard s'achève en juin 1940. Du Cannet, Bonnard écrit simplement à Roussel, leur plus ancien et plus proche ami commun:«Comme cette mort de Vuillard a resserré les liens qui nous unissaient tous, ses vieux camarades. Éloigné comme je suis, je crois par moments que ce n'est pas vrai et que je vais revoir son sourire dans sa barbe blanche...»
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Connu avant tout pour ses remarquables travaux sur la Renaissance italienne, Daniel Arasse a touché un vaste public avec Le Détail, pour une histoire rapprochée de la peinture (1992) et la série d'émissions qu'il enregistra pour France Culture, Histoires de peintures (2003). Il fut régulièrement sollicité par le milieu de l'art contemporain et n'hésita pas à s'y engager, notamment en écrivant une monographie sur Anselm Kiefer en 2000. Anachroniques rassemble dix textes écrits à partir de 1993 et consacrés à des artistes modernes (Max Beckmann, Mark Rothko) ou contemporains (Alain Fleischer, Andres Serrano, Cindy Sherman, Michale Snow). La diversité des artistes étudiés montre l'ouverture de Daniel Arasse et la liberté qu'il s'autorisait dans le choix des commandes qui lui furent proposées. Mais la motivation qui l'anime est toujours fondée sur l'intérêt qu'il porte au regard artistique et aux dispositifs anachroniques que celui-ci met en oeuvre par rapport au passé ou à certaines questions théoriques anciennes que l'art d'aujourd'hui renouvelle. L'autoportrait, la mort, le désir ; les petits bricolages ou les grandes machines rhétoriques, la relation entre mémoire, histoire et mythes, ou celle entre pulsion sexuelle et pulsion créatrice ; les diverses modalités de la représentation du temps et, corrélativement, le rapport dialectique entre temporalité et chronologie dans l'oeuvre d'un artiste. Daniel Arasse remet ici en question certaines idées reçues et ouvre de nouvelles perspectives sur l'ancrage de l'art actuel dans la longue durée de l'histoire des oeuvres.
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«Je ne cherche pas je trouve.» Il en est de cette phrase de Picasso comme de beaucoup d'autres («l'art nègre, connais pas», «Cézanne est notre père à tous», «au fond, il n'y a que l'amour»), tout le monde les connaît, les cherche et personne ne les trouve. Si Picasso a peu écrit sur l'art - ses écrits sont essentiellement poétiques -, il a, en revanche, beaucoup parlé, accordant de 1923 à 1975 de nombreux entretiens à des journalistes, des critiques d'art, des amis, des marchands. Il s'exprima également directement dans la presse sur des thèmes politiques, idéologiques ou humanitaires, à l'occasion de la guerre d'Espagne puis du combat contre le fascisme. La plupart de ses biographes, compagnes ou compagnons ont tenté de transcrire le plus fidèlement possible ses réflexions sur l'art ou sur les artistes. Ce livre rassemble donc, pour la première fois en français, l'ensemble des entretiens et des propos rapportés par ses proches. Il permet ainsi de se faire une idée non seulement des conceptions esthétiques de Picasso, de connaître ses goûts en matière de peinture, de sculpture et ses jugements sur le cubisme, l'art abstrait, le surréalisme, etc., mais il révèle aussi sa pensée décapante faite de coqs-à-l'âne, de paradoxes et d'ironie.
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«À la question:Expliquez-moi votre peinture!, je lance:Si je pouvais le dire, je ne le peindrais pas. Développerais-je, aussitôt mon tableau deviendrait la poupée du ventriloque. Mais la peinture ne couvre pas tout... Peintre écrivant, je ne suis pas toujours un fanatique de la peinture. Souvent elle m'offre des facilités, je me les passe. Écrire me pose davantage de problèmes, m'en impose. Je biffe à longueur d'idées et de pages. Dans l'ordonnance ratissée du parc typographique subsistent peu de traces de mon vagabondage. Dommage. Le peintre qui tire parti de ses ratures aime les exhiber. Le livre imprimé, au contraire, masque celles de l'écrivain. Porte-à- faux de ce préambule:Roue libre ne parle pas du tout de cela. Il y sera question de roues et d'interprétations tissées dans leurs rayons. Rue de la Verrerie, une roue renverse un verre:le voilà Rêve.» Pierre Alechinsky.
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Pour en finir avec la nature morte
Laurence Bertrand dorléac
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 19 November 2020
- 9782072886096
Ce livre revisite de fond en comble le genre de la nature morte comme lieu idéal du dialogue entre le vivant et le non-vivant, entre nous et les choses, entre présent et passé. Il invite à repenser l'histoire et la géographie de la représentation des choses : il remonte à la Préhistoire et ouvre des frontières sur d'autres contrées que l'Europe et les États-Unis. Il établit des correspondances entre les arts contemporains et les arts anciens en montrant de quelle manière les choses représentées par les artistes sont un bon observatoire des sensibilités.Cet essai est aussi une histoire de la tension entre l'abondance et son contraire, entre l'être et l'avoir depuis que l'on accumule des vivres, des outils, des armes, des proies, des vêtements, des parures, des choses désirables. Il est fondé sur l'observation des oeuvres d'art des peintres, sculpteurs, photographes et cinéastes (anonymes, Piraïkos, Mu Qi, Aertsen, Spoerri, Gupta, Tati, Tarkovski...) et sur la pensée des savants (Philostrate, Marx, Weber, Sterling, Barthes, Latour, Appadurai...) - et est traversé par l'esprit des poètes et des écrivains (Montaigne, Deubel, Baudelaire, Hugo, Michaux, Ponge, Perec...).
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Souvenirs d'un voyage dans le Maroc
Eugène Delacroix
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 21 September 1999
- 9782070754137
Un manuscrit de Delacroix, conservé depuis la mort de l'artiste dans les papiers de son ami intime et exécuteur testamentaire Achille Piron, vendu en décembre 1997 par ses descendants et acquis à cette occasion par la Bibliothèque nationale de France, vient d'être complété, en novembre 1998, par un autre manuscrit, conservé dans une collection privée, identifié grâce au musée des Beaux-Arts de Tours et qui porte le titre même imaginé par Delacroix : Souvenirs d'un voyage dans le Maroc. Ces deux fragments miraculeusement réunis se complètent donc pour former un ensemble incomparable et tout à fait fondamental pour la connaissance de plus grand peintre-écrivain du XIX? siècle. L'édition critique ici proposée, où toutes les variantes sont répertoriées à la fin du texte, permettra de saisir par l'exemple cet aspect de la création littéraire chez l'artiste. Delacroix n'a jamais raconté en continu son voyage de 1832 en Afrique du Nord, sinon fragmentairement dans des lettres à ses amis et des carnets qu'il emporta sur place où, au jour le jour, le texte se mêle étroitement à l'image. Ici, dix ou douze ans après cette expérience décisive, il se la remémore, d'ailleurs à partir de cette documentation primitive, dont on retrouve par endroits la trace directe. Si les faits évoqués sont aussi connus par d'autres sources, c'est leur mise en relation qui s'avère passionnante. Mais au-delà d'un irremplaçable témoignage, ce texte révèle en réalité des pans entiers de la personnalité intime de Delacroix, de ses idées politiques à sa conception de l'oeuvre d'art.
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Quand la lumière devient couleur
Georges Roque
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 12 April 2018
- 9782072754104
Cet ouvrage a pour objet les rapports entre couleur et lumière, principalement en histoire de l'art. Ces rapports complexes n'avaient pas encore été étudiés sous l'angle retenu : la dépendance de la couleur à l'égard de la lumière, puis son difficile affranchissement. Comme la plupart des traités artistiques depuis la Renaissance font dépendre la couleur de la lumière, il s'agit d'aller à l'encontre de cette vieille tradition.
Cette question est abordée sous différents angles. D'abord interroger les rapports entre les deux premiers parmi les trois critères qui définissent d'ordinaire une couleur donnée (teinte, clarté et saturation). Puis questionner l'opposition classique faite entre le Nord qui serait coloré et le Sud lumineux, une distribution datant de l'Époque des Lumières et qui en viendra à s'inverser diamétralement dans la seconde moitié du XIXe, à partir du moment où certains artistes (Gauguin, Van Gogh) transformeront l'intensité lumineuse en intensité chromatique.
Enfin réfuter cette idée selon laquelle l'aventure de la couleur dans l'art moderne à partir de l'impressionnisme aurait consisté à se focaliser sur les couleurs « spectrales » en éliminant le noir, alors que cette aventure a eu lieu grâce à la prise en compte du noir et du blanc et non par son rejet, d'abord au XIX e , puis chez les plus grands coloristes du XXe siècle.
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Surréalisme et mythologie moderne : Les voies du labyrinthe. D'Ariane à Fantômas
Didier Ottinger
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 6 March 2002
- 9782070764556
Il faut attendre 1942 et l'exposition qu'André Breton organise à New York pour que soit officiellement fixé comme but au surréalisme l'expression d'une mythologie moderne. Ce projet est réaffirmé à l'occasion de l'exposition Le surréalisme en 1947, qui marque le retour de Breton à Paris. Ariane guide De Chirico dans un labyrinthe qui se confond avec nos définitions de l'inconscient, Fantômas devient le déchiffreur des arcanes de la psyché moderne, Pasiphaé incarne un éros surréaliste sur lequel plane l'ombre du sadisme et de la bestialité, la «Femme-lune» des mythologies indiennes apparaît comme l'emblème de l'indépendance à laquelle aspire l'art d'avant-garde américain. La loupe mythologique posée sur l'histoire du surréalisme donne à ses formes des significations nouvelles, en redéfinit les figures tutélaires, De Chirico, Masson, Duchamp y retrouvent une place de premier plan. Rendu à la temporalité du mythe, le surréalisme s'échappe de la théorie saccadée des avant-gardes du XX? siècle. Ses chimères, ses cadavres exquis rejoignent ceux qui prolifèrent dans l'art maniériste des grotesques et dans l'art fantastique médiéval ou symboliste.
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Faire rêver ; de l'art des Lumières au cauchemar publicitaire
Thomas Schlesser
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 17 October 2019
- 9782072799440
Cet ouvrage est une histoire de ce qui fait rêver et de ceux qui font rêver:architectes des Lumières, partisans de la suggestion tels que Turner ou Mallarmé, visionnaires surréalistes, cinéastes du fantastique... Il reconstitue depuis le XVIII? siècle jusqu'à nos jours la généalogie d'une ambition extraordinaire:trouver les meilleures formules pour stimuler l'imaginaire et inventer un monde enchanté, ce que les saint-simoniens désignent comme un «paradis terrestre», grâce à l'influence de la création sur la psyché. C'est donc aussi une histoire politique car cette quête est sous-tendue par des projets de réforme de la société au potentiel parfois totalitaire. Le fantasme esthétique tourne alors au cauchemar publicitaire et asservissant - au point de rendre la formule «faire rêver» suspecte, sinon dangereuse. Dialogue entre les arts, les idées et les sciences, le présent essai fait écho à des problématiques qui vont bien au-delà de la culture visuelle, traitant aussi bien des développements de l'intime en Occident que des hantises post-humanistes.
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La cochenille, de la teinture à la peinture
Georges Roque
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 29 April 2021
- 9782072852312
L'ouvrage de Georges Roque, l'un des plus grands spécialistes mondiaux de la couleur en art, est consacré au pigment rouge tiré de la cochenille, insecte hémiptère que les peintres ont utilisé à partir de la seconde moitié du XVI? siècle.Il entreprend de remonter à la création de cette couleur qui, comme d'autres dès le Moyen Âge, était obtenue par la préparation, le broyage d'insectes, de plantes, de minéraux ou de mollusques.La méthode proposée rompt avec la façon commune d'approcher les couleurs, généralement analysées avant tout sous l'angle esthétique. Il s'agit, à partir du cas particulier de la cochenille, d'aborder la couleur comme la partie d'un tout complexe dans lequel la valeur esthétique est certes présente, mais corrélée à la valeur économique et à la valeur sociopolitique. Originale et plurielle, la démarche de Georges Roque convoque aussi bien l'histoire économique et l'industrie textile que les disciplines scientifiques de pointe. De Séville à Venise et à Amsterdam, il invite ainsi à porter un regard neuf sur les chefs-d'oeuvre de Velazquez, Titien, Véronèse, Rembrandt, Renoir ou Van Gogh.
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Ce livre de Jean Starobinski s'ouvre sur une scène de largesse, dans la description célèbre qu'en fit Rousseau et à laquelle Baudelaire répondit dans l'un de ses poèmes en prose. Faire largesse, c'est donner à profusion, c'est jeter des trésors ou leur simulacre à la foule. Cette forme spectaculaire de la dépense est un rituel très ancien, étroitement lié à l'exercice du pouvoir et au cérémonial de la fête. Quelques grandes pages de la tradition littéraire d'Occident sont appelées à témoin : elles vont de l'Antiquité latine au XX? siècle (Antonin Artaud). Elles conduisent à reconnaître la version du don qui a prévalu dans l'échelle des valeurs. Le geste de charité, tel qu'il est enseigné par les écritures hébraïque et chrétienne, est celui d'une largesse inspirée par l'amour et non par une volonté de domination. Ce geste ne vise plus à impressionner la foule, mais à secourir des individus dans leur peine. La plupart des illustrations de cet ouvrage avaient figuré, sous le même titre, dans une exposition présentée en 1994 par le département du musée du Louvre. Pour la présente édition, le texte a été revu et corrigé par l'auteur.
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Portes closes et oeuvres invisibles
Denys Riout
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 25 April 2019
- 9782072785689
L'invisibilité des "oeuvres invisibles" n'est nullement due au hasard, à des circonstances malheureuses, la perte ou la destruction. Elles ont été pensées comme telles par des artistes qui ont sciemment décidé de les offrir aux amateurs sans les leur donner à voir, ou fort peu, ou encore durant un laps de temps très limité. La plupart ont une existence matérielle avérée.
Certaines négligent la vue et mobilisent, au sein des arts plastiques, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher. Quant aux oeuvres qui pourraient être visibles si l'artiste n'en avait pas décidé autrement, elles sont cachées, enterrées ou occultées afin que nous ne puissions les regarder.
L'effacement du primat de la vue opère un bouleversement profond dans notre rapport aux "arts visuels".
Certaines des oeuvres regroupées dans ce panorama ont déjà été réunies au sein d'expositions consacrées à l'art invisible, notamment A Brief History of Invisible Art (Los Angeles, 2005- 2006) ou encore Invisible. Art About the Unseen 1957-2012 (Londres, 2012). Les plus fameuses, souvent commentées, ont été étudiées par les meilleurs critiques et historiens mais jamais dans une perspective globale.
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Que représente l'art en France après la Seconde Guerre mondiale ? On a beaucoup parlé de " reconstruction " à propos de cette période, mais le terme limite considérablement le paysage réel car il ne dit rien du désastre, si bien traduit dans les oeuvres d'art qui sont comme l'envers du décor.
Encore une fois, ce sont les oeuvres des artistes - dont le métier est de dire l'indicible - qui livrent le plus justement les signes de la libération et de la joie, de la misère et de la colère, de l'amertume, du doute, de la fragilité, du trauma profond, de la mémoire du génocide et de la violence de guerre. L'auteur montre à quel point ces années sont dominées par une forme de liberté étrange où l'art n'a plus à respecter quoi que ce soit après avoir failli disparaître : attaqué, instrumentalisé, censuré par tous les pouvoirs à vocation totalitaire en Europe depuis les années 1920.
Que le retour aux origines, l'automatisme et l'expressivité sous toutes ses formes dominent une large part de la production des artistes après la guerre, rien de surprenant. Malgré toute la littérature fondée sur le poncif d'une France raisonnable et cartésienne, l'art est fait d'excès, de fureurs et d'hybridations : il n'est pas plus homogène que cette identité nationale dont l'Etat français sous Vichy avait espéré la " purification ".
Il ne répond plus aux traditions usées par la catastrophe qui vient de se produire. Il est comme la réaction contre " les années sordides ", comme les appelait André Pieyre de Mandiargues.