Jamais le désastre écologique n'a été aussi évident. Pourquoi cette connaissance nous laisse-t-elle apathiques, incapables de réagir et encore moins de nous révolter ? Alors que face au danger de la pandémie, nous avons accepté, et même demandé, des mesures coercitives immédiates.
Cet essai tranchant propose une réponse : la destructivité environnementale est inscrite au plus profond de nos inconscients. Notre adhésion au dogme du progrès ou de la croissance a été nourrie par des désirs de violence et de puissance à l'égard de la nature.
S'appuyant sur de nombreuses situations concrètes, Bénédicte Vidaillet bouscule ainsi bien des évidences. Par exemple, sommes-nous sûrs de ne vouloir que du bien à nos descendants ? Ne peuvent-ils être vécus comme des rivaux risquant de nous priver de ce que nous détenons - nos modes de vie, nos privilèges, nos petits plaisirs, notre pouvoir -, de devenir « rois » à notre place, de nous tuer symboliquement ?
En révélant sur quels ressorts inconscients se développe notre contribution active au désastre, cet essai montre qu'une profonde transformation psychique est nécessaire si nous voulons nous engager politiquement dans une autre voie.
« L'heure du rendez-vous approchait. L'heure de dire qui j'étais. `Une histoire d'immigration, monsieur le Docteur, d'une Brésilienne qui ne l'est pas pour les Libanais et encore moins pour les Brésiliens, qui la considèrent comme une Turque. Une créature qui n'a rien à faire dans son propre pays et qui en cherche un autre...' Mais non ! Je ne pouvais pas dire ça, puisque je ne savais pas qui j'étais, ni ce qui m'animait. Tout bien considéré, je voulais qu'on m'aime sans avoir à rien dire, point final. Accepter mon silence, c'était me donner une preuve d'amour. »
Voici réunis en un seul volume un roman - Le Perroquet de Lacan - et une pièce de théâtre - Adieu Docteur - tirés de l'analyse de Betty Milan auprès de Jacques Lacan dans les années 1970. Le roman sur le drame de l'immigration et la perte d'identité, la pièce de théâtre sur le genre et la maternité sont les deux faces de cette expérience analytique fondatrice.
Un ouvrage richement illustré
Lire l'entretien avec Michèle Forestier (propos recueillis par Audrey Minart)
De la naissance aux premiers pas : laissons les bébés bouger !
Stimulés ou pas, tous les bébés en bonne santé parviennent à marcher, sans que l'on ait besoin de leur apprendre. Toutefois, l'attitude des personnes qui les entourent peut favoriser ou freiner l'installation d'une bonne motricité.
Forte de son expérience de kinésithérapeute, l'auteur répond aux nombreuses questions que se posent les parents et les professionnels de la petite enfance :
Le passage par le quatre pattes est-il important ?
Faut-il aider le bébé à se mettre debout ou à marcher ?
Doit-on s'inquiéter d'un petit retard d'installation de la marche ?
Comment faire face à un bébé en difficulté ?
Cet ouvrage vivant et pédagogique, largement illustré de photos et de dessins, incite à mieux observer les tout-petits, à s'émerveiller devant leurs exploits moteurs, mais aussi à agir au bon moment en cas d'inquiétude. Il propose des conseils pour la vie quotidienne, pour le choix du matériel et des objets à mettre à disposition, mais aussi des jeux moteurs simples, faciles à partager, afin de donner au bébé toutes les chances d'être à l'aise dans son corps avant de savoir marcher.
Une affiche (format A3) est disponible sur demande à : a.bardou@editions-eres.com
Le droit de la famille était, dans le monde d'hier, essentiellement au service de la chose publique, et il serait passé en moins d'un demi-siècle au service de l'intérêt privé, autrement dit de l'individu. Dans un dialogue constructif, le psychanalyste et le professeur de droit explorent ce changement.
En confrontant leurs analyses, Jean-Pierre Lebrun et Jean-Louis Renchon passent en revue les aspects du droit, qui signent ce grand retournement. Ils mettent ainsi en évidence le cadre dans lequel se construit aujourd'hui la subjectivité.
Désormais prévaut la liberté de l'individu dans de multiples champs qui relèvent habituellement du droit de la famille : l'identité de la personne humaine, le nom, le prénom, le mariage, le divorce, les successions, la détermination du sexe devenu genre...
Sous l'impulsion du néolibéralisme, le discours social et politique concourt à ce que le droit de la famille inverse ce qu'il a été. Il n'invite plus le sujet à la citoyenneté responsable mais consacre au contraire la possibilité pour chacun de se trouver légitimé dans ses revendications particulières. Assistons-nous à un possible progrès ou plutôt à un processus décivilisateur ? Au-delà de la mutation anthropologique à l'oeuvre, les auteurs questionnent les processus qui organisent la vie collective.
« Dialoguer entre parents, ça permet d'ouvrir des voies, de réfléchir ensemble, ça nous a fait grandir ensemble. »
Vingt ans après la parution de Mon enfant est différent (Fayard, 2000), Marielle Lachenal donne à nouveau la parole à des parents d'enfants avec un handicap aujourd'hui jeunes adultes, ainsi qu'aux frères et soeurs. Sans édulcorer ni dramatiser, ils évoquent le fil de la vie, les relations avec les indispensables professionnels, avec les médecins, leur combat pour changer le regard que pose la société sur le handicap.
Ils racontent l'épuisement, la colère, mais aussi les joies, le respect et l'amour pour leurs enfants. Ils disent l'aide des amis et la solitude, la peur, les difficultés, et également la vie possible et la vie belle : comment, en affrontant la réalité, ils ont trouvé un sens à leur expérience.
Classés par thèmes, les échanges entre parents sont enrichis de ceux de chercheurs, de sociologues qui viennent souligner l'importance de ces témoignages. Les parents veulent expliquer, transmettre, faire comprendre mais surtout donner des pistes pour construire ensemble une société plus inclusive.
Demain, c'est la Toussaint. La narratrice, psychanalyste à l'hôpital psychiatrique, vient d'apprendre la mort par overdose d'un de ses patients psychotiques. Découragée, elle s'en veut et en veut à la psychanalyse de cet échec. Tentée d'abandonner son travail, elle y retourne néanmoins « à reculons ».
Débute alors un étrange voyage où des personnages surgis du passé, fous du Moyen-Âge, acteurs des Sotties Mère Folle se mêlent aux malades de l'hôpital, mais aussi à de grands penseurs comme Erasme, René Thom, Artaud, Wittgenstein ou Schrdinger avec qui elle engage des dialogues imaginaires. Cette traversée dialogique, qui est aussi un retour vers son propre passé, la rend capable de recevoir et mettre en actes les enseignements de Gaetano Benedetti à qui elle rend visite à Bâle pendant le Carnaval. Il lui conseille de s'immerger dans le délire de ses patients afin de devenir leur égal fraternel et de leur ménager un espace auxiliaire où pourront être rendues conscientes les « aires catastrophiques » constitutives de leur folie. Le traitement possible de la psychose est à ce prix.
Dans le contexte actuel de guerre et de pandémie, la réédition de Mère Folle qui met en scène la rencontre anachronique des Fous d'un théâtre politique très populaire en Europe après la Grande Peste et la Guerre de Cent ans avec ceux des asiles où l'auteur a travaillé comme analyste pendant trente ans, se révèle particulièrement précieuse.
Que nous apprennent les cas limites ? À l'analyste, ils peuvent d'abord enseigner un peu de modestie : ne plus croire qu'il va rendre compte de tout le réel clinique en le réduisant au ternaire nosologique hérité de Freud, névrose, psychose et perversion. Entre ces entités, connues depuis longtemps, et certes essentielles pour se repérer, apparaissent des formes encore mal étudiées et dont les particularités pourraient nous amener à réinterroger la notion même de structure clinique.
De telles questions pourraient par ailleurs intéresser, non seulement le praticien, mais tous ceux qui s'interrogent sur le monde contemporain. En effet, on ne peut guère comprendre les impasses et les soubresauts de la civilisation moderne (ou postmoderne) sans avancer dans l'approche de ce que, depuis quelques décennies, nous désignons comme une nouvelle clinique. Voilà en tout cas la visée de ce livre, écrit à la faveur d'échanges suivis, entre des analystes dégagés de tout a priori dogmatique et de toute orthodoxie institutionnelle.
Et un texte inédit de Moustapha Safouan
Jean Oury s'est formé à la psychiatrie avec François Tosquelles et auprès de différentes personnalités de la psychiatrie et de la psychanalyse : Lacan, Ey, Bonnafé, Ajuriaguerra, Daumezon... En appui sur une culture encyclopédique, il a proposé une psychiatrie pétrie d'humanité qui a fait école en France et dans divers pays. Avec ses nombreux amis, il a su remodeler une psychiatrie accueillante et sans discrimination. Des milliers de stagiaires du monde entier sont venus apprendre auprès de lui et de son équipe, dans la clinique de La Borde, les conditions de mise en oeuvre de la psychothérapie institutionnelle. Son enseignement a été rendu possible par ses séminaires hebdomadaires de La Borde, ses séminaires mensuels de Sainte-Anne à Paris, sur plusieurs décennies, et ses très nombreuses publications, livres, articles, revues et conférences, dont une partie seulement est éditée.
La naissance, qui devrait être une rencontre intime, est devenue un moment de tous les dangers. Face à l'hyper-médicalisation de la naissance, aux violences obstétricales et aux dépressions maternelles du postpartum, ce livre est un plaidoyer pour les enfants à naître et pour les femmes reconnues dans leur capacité à mettre au monde leur enfant.
Valérie Néel Foucault et Hélène Viquesnel Labigne, toutes deux sage-femmes, dressent un état des lieux de l'obstétrique aujourd'hui. Elles interrogent le sens de ce premier grand passage dans le développement affectif humain. A l'aide de nombreux exemples cliniques, elles témoignent, très inspirées par l'enseignement du docteur Mehdi Djalali, de la puissance de l'haptonomie et de l'importance de porter un nouveau regard sur les parents et l'enfant, reconnu et respecté comme un être à part entière, sujet de son histoire, pour promouvoir une naissance en pleine confiance, plus éthique et humaine.
En quelques années, les technologies numériques ont bouleversé notre vie publique, nos habitudes familiales et même notre intimité. Les parents et les pédagogues en sont souvent désorientés. Les balises que j'ai appelées « 3-6-9-12 » donnent quelques conseils simples articulés autour de quatre étapes essentielles de la vie des enfants : l'admission en maternelle, l'entrée au CP, la maîtrise de la lecture et de l'écriture, et le passage en collège. A nous d'inventer de nouveaux rituels.
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Le sommeil est une des préoccupations les plus importantes des nouveaux parents. Cet ouvrage, né de la rencontre entre des professionnels de différents champs (anthropologie, art, psychologie, neurologie), s'intéresse à la manière dont les bébés sont accueillis comme nouveaux dormeurs et à son impact sur le sommeil des mères, principales concernées. Il illustre le caractère complexe, polymorphe et transculturel du sommeil.
En effet, le sommeil n'est pas qu'un phénomène biologique, il est influencé par notre état psychique, la société, la culture et l'environnement dans lequel nous vivons. Bien que le sommeil soit universel, nous n'apprenons pas tous à dormir de la même façon.
Bousculant les idées reçues, les auteurs ont conçu un outil transdisciplinaire, les ateliers du sommeil, où mères et bébés partagent leurs expériences. Certains faits saillants émergent, comme l'influence de l'environnement nocturne, les peurs de la nuit et les rêves..., qui conduisent à une réflexion sur les enjeux sociétaux du sommeil et de ses représentations précoces.
Le « Je préférerais pas » du Bartleby de Melville n'est-il pas en train de se généraliser dans notre société ? Ne nous sommes-nous pas progressivement autorisés à refuser la limite, à rejeter la contrainte, toutes deux étant aujourd'hui « ressenties » comme des atteintes au développement de notre individualité ?
Jean-Pierre Lebrun lance une alerte : il existe un lien étroit entre la construction psychique individuelle et la dimension sociétale aujourd'hui largement tributaire de l'idéologie néolibérale. Notre société en mutation n'a pas pris la mesure de la nécessité de mettre fin au fantasme de toute-puissance de l'enfant pour qu'il devienne un citoyen responsable et non pas uniquement un consommateur avide, pris toujours davantage dans des addictions.
Le vivre ensemble dans nos démocraties s'en trouve ainsi mis en grande difficulté. Les impasses actuelles de la vie collective sont interrogées et illustrées par cette légitimité donnée à l'enfant comme à l'adulte d'énoncer un « Je préfèrerais pas » qui permet de se soustraire à toute contrainte ou obligation, sans même avoir à la contester.
Avec ces cent mots, pour une profession longtemps restée sans mots, Philippe Gaberan parle de pratiques éducatives, dans un langage simple, mais non simpliste. En analysant ce qui se trame entre Soi et l'Autre, entre l'éducateur et la personne accompagnée, il fait le lien entre les actes posés au quotidien et le sens que ceux-ci prennent au regard des objectifs éducatifs. Au-delà des définitions, ce dictionnaire jette un pont entre l'apparente banalité des gestes quotidiens et leur fondamentale répercussion sur le développement de l'être. Il n'est pas à laisser dans la bibliothèque mais à intégrer dans la trousse à outils que tout professionnel devrait avoir à porter de main, comme tout artisan qui se respecte. Car le métier d'éducateur relève d'un savoir faire dont la complexité n'est pas toujours bien perçue parce que souvent trop mal exprimée. Philippe Gaberan, éducateur spécialisé, formateur et chercheur en travail social à l'ADEA de Bourg-en-Bresse.
« Le dialogue BION-LACAN n'a eu lieu qu'une seule et unique fois, dans ce moment de l'immédiat après-guerre où l'histoire du monde venait de basculer, et où aucun des deux, pourtant déjà dans la maturité, ne savait que leurs apports personnels et leur inventivité, allaient bouleverser le monde de la psychanalyse et de toutes les sciences sociales. L'un comme l'autre portaient en eux les germes de recherches alors incertaines dont il apparait que les psychanalystes du siècle suivant soient encore habités. Avec eux les théories psychanalytiques ont porté le regard vers la modernité de l'homme contemporain, dans toutes ses dimensions sociales, politiques, culturelles là où se trouve le champ de l'Autre. Depuis que l'ombre du futur s'est posée sur eux, nous savons qu'il n'y a plus de pensée sans lien.
Nous ne pouvons cependant pas nier que le rapprochement des concepts de ces deux grands penseurs de la psychanalyse soulève bien des difficultés. Se hasarder à soulever quelques-unes de ces difficultés peut-il aboutir à des rapprochements féconds ? Bion et Lacan, faux-amis ?
Au penser- rêver, nous avons choisi d'ajouter l'Imaginaire comme matière précieuse à partager, médium malléable par excellence, éminemment transmissible d'un inconscient à l'autre, quelque chose d'humain et de créatif, d'infantile.
Ce petit enfant entre en séance avec un livre. Il veut me le raconter mais me met d'abord en garde : `Je te préviens, je ne sais pas si ça va te plaire. C'est complètement imaginaire.' » MJD
« Au début, vous vous figuriez que cet enfant, votre enfant, serait le plus beau du monde, le plus intelligent, le plus doué, le plus aimant, le plus tout ce que vous pouviez imaginer. Mais vous allez devoir déchanter parce qu'aucun enfant ne vient au monde pour satisfaire les rêves de ses parents, parce qu'aucune puériculture n'est simple, aucune éducation aisée, parce qu'être parent, parfois c'est galère, parfois c'est super, parce qu'accompagner un enfant sur les chemins de la vie, c'est un vrai engagement, quotidien, lourd, riche. Vous serez ravis, émerveillés par la petite, le petit, qui vous donnera du peps, du bonheur, qui vous fera sourire, pleurer, penser. Et à d'autres moments, vous serez éreintés, démoralisés, perdus, contrariés, déprimés, enfin bref si c'était à refaire, le referiez-vous ? Ben oui, vous le referiez. Parce que vous allez survivre à ces moments, trop bons ou trop pénibles. Vous allez trouver par vous-même les moyens de tenir, de durer, de bien vivre, de bien faire.
Immanquablement sur votre route, vous allez croiser ces nouveaux papes de la parentalité, bienveillante la parentalité, non-violente, compréhensive. Ils vous ont dit de ne pas vous inquiéter, qu'ils allaient vous donner les moyens de bien faire, qu'on a enfin trouvé la méthode miracle pour élever les enfants dans la paix et l'harmonie. Imaginez, finis les conflits, les prises de tête, les pétages de plomb, le burn-out et la déprime ! Contre quelques euros, vous avez acquis la notice, et vous vous êtes persuadés qu'à la course à l'enfant parfait, vous alliez finir prem's. Alors, vous l'avez gagnée votre médaille de parents zéro déchet ? Vous avez pu vous connecter au flux de la bienveillance et de l'empathie et vibrer à hauteur de l'illumination parentale ? Vous l'avez retrouvée cette positive attitude qui, immanquablement, a fait de vous des parents merveilleux, de vos enfants des enfants merveilleux, de votre famille une famille merveilleuse ? Comment ? Non ! Ce n'est pas possible, je ne vous crois pas, vous avez vraiment bien appliqué les techniques, les recettes, les 10 commandements et les 14 outils de la parentalité positive ? Vous vous êtes bien servi des 5 clés pour tout comprendre de votre enfant ? Vous avez soigneusement lu et administré ces petits guides à l'usage des parents positifs, ces kits de démarrage, ces fiches outils du « Parent bienveillant » ? Vous êtes bien allés aux ateliers ? Quoi ? Vous avez fait tout cela ? Et vous n'avez pas su trouver votre bonheur et celui de votre enfant ? Malgré tout l'outillage contemporain du parent moderne qu'on vous a distribué ? Oh ! Là, il y a un `blème... Vous avez un problème. Bien sûr, à cet instant précis, vous lisez « vous êtes un problème » parce que si les promesses de la parentalité positive ne se sont pas réalisées, c'est de votre faute n'est-ce pas ? C'est vous qui ne savez pas faire. Ouh, les parents qui se ratent ! La honte ! Pas fichu de bien faire avec leur gosse, bouh ! Et voilà qu'au lieu de contribuer à révéler vos « compétences » parentales, la super méthode clés en main ne fait que vous culpabiliser davantage.
Allez, ne vous inquiétez pas, prenez ses conseils comme ils sont, lénifiants parfois, de bon sens d'autres fois, cucul-la-praline aussi et carrément insupportables encore. Et continuez, tranquilles, votre petite traversée de la vie avec enfant, par grand beau temps et mer calme mais aussi tempête et houle. Cultiver le bonheur en famille, développer l'équilibre des enfants et rendre leur vie future harmonieuse et sereine n'est pas une mince affaire. Parfois vous serez des parents 100% positifs, parfois juste 100% nuls. Et ce n'est pas grave. Pis, c'est normal. Parce que vivre, du mieux que l'on peut, cette incroyable et folle aventure de la parentalité, c'est pas évident. Mais vous y arriverez. »
Un nouveau genre de citoyenneté, jusque-là moins visible, est aujourd'hui mis en lumière : le « citoyen-enfant », celui qui a peu de lien avec le collectif, aucun respect pour l'autre, ne connaît pas les règles de la négociation sinon la superbe disparité entre lui et les autres. Les parents ont renoncé au rôle de guide pour devenir des protecteurs inconditionnels de leurs enfants : c'est le plusmaternel qui suspend le moment de la responsabilité.
Or c'est dans les familles que les enfants devraient s'entraîner à trouver l'élan vers le monde, en devenant adultes. Rater cette transformation les condamne à une éternelle enfance, ce qui ouvre la porte non seulement aux enfants tyrans mais aussi aux dictateurs véritables. Cette crise de l'humanisation des enfants touche l'ensemble de la société car le social se construit déjà dans la famille.
Laura Pigozzi offre un plaidoyer pour l'avenir de nos enfants, pour que nous ne les angoissions pas avec nos propres peurs et les laissions sortir de la sphère utérine. Dans une relecture inédite des origines du totalitarisme, elle les invite à apprendre à désobéir à la mère infantilisante et à construire la polis.
Cette oeuvre a été traduite avec le soutien du Centre pour le livre et la lecture du Ministère de la Culture italienne.
Quest'opera è stata tradotta con il contributo del Centro per il libro e la lettura del Ministero della Cultura italiano.
Le travail occupe une part centrale dans nos vies modernes. Or les conditions imposées par la rationalisation du travail, la course éperdue aux réductions de coûts et la prévalence des seules dimensions économiques ont fait voler en éclat les anciens rapports au travail.
Il est de plus en plus difficile de pouvoir faire du beau travail, du travail bien fait, d'avoir de bonnes relations professionnelles, dans un cadre acceptable.
Pouvoir faire un beau travail, c'est pouvoir être fier de ce que l'on fait, alors que l'oubli du beau, voire son empêchement, met chacun dans l'inconfort et la frustration. Faire un beau travail, c'est résister à la pression économique et gestionnaire de l'organisation. À côté de la souffrance éthique, il y a une véritable souffrance esthétique dans l'empêchement de ce beau travail qui demeure pourtant une véritable revendication professionnelle, et un droit moral pour chacun.
Le handicap et la folie inquiètent, dérangent et ne laissent personne indifférent ni peut-être indemne. C'est pourquoi, de tout temps, la littérature, la peinture, le théâtre, les mythes, la musique ont mis en évidence les réactions individuelles ou collectives qu'ils suscitent.
Au fil d'un voyage dans l'histoire, du paléolithique supérieur à nos jours, Gérard Bonnefon explore les représentations artistiques de vies ainsi blessées, du désarroi qu'elles génèrent et des formes de traitement social dont elles sont l'objet.
Il interroge l'impact de ces représentations sur le regard individuel et collectif. Prenant appui sur des exemples issus de la mythologie, d'oeuvres romanesques et picturales, du cinéma et du théâtre, il montre qu'une plus juste image de l'altérité est susceptible de nourrir le mouvement inclusif aujourd'hui à l'oeuvre.
Au début des années 1990, en marge de ses propres recherches, Patrick Tort découvre que les États-Unis, par le truchement de leurs fondations philanthropiques, ont financé le nazisme avant de le combattre. Dans cet essai, il montre comment leur puissance s'est construite sur l'intégration des productions de l'Angleterre victorienne (le « darwinisme social », l'individualisme libéral, l'impérialisme et ses justifications raciales, l'eugénisme auto-protecteur des dominants) au sein desquelles Hitler, dès la rédaction de Mein Kampf, put largement effectuer ses choix.
S'appuyant sur les ressources de l'histoire politique, de l'analyse textuelle, de la psychologie sociale et de la psychanalyse, l'auteur conduit une réévaluation critique rigoureuse des usages contemporains de la notion de totalitarisme. Il met en évidence la manière dont les États-Unis ont fabriqué, grâce à la propagande politique, la publicité commerciale, la psychologie des foules et les technologies de l'influence, un nouveau totalitarisme euphorisant et consensuel dont l'effort permanent consiste à occulter sa propre violence sous le vêtement de la « liberté ».
La réalité est divisée chez Freud entre réalité matérielle et réalité psychique, et chez Lacan entre réalité et réel. Le réel, tout en restant inaccessible, commande les symptômes du sujet, à son insu. Quelles en sont les conséquences sur l'enjeu d'une cure ?
À partir de là, Pierre Bruno pose les contours de ce qui, dans une cure analytique conclue de façon satisfaisante, peut apporter au sujet une réponse aux questions existentielles, dont l'abord aura été auparavant réservé à la magie et aux religions. Il en vient ainsi à revisiter les moments qui conditionnent un tel parcours, démontage du fantasme d'une part, repositionnement du Nom-du-Père d'autre part.
La vérification de cette issue implique que l'analysé soit délesté du surmoi, qu'il ait déjoué les artefacts magiques et religieux, et qu'il se soit départi du « je n'en veux rien savoir » dont la science voudrait faire son credo. En effet, celui-ci n'a rien à voir avec le « je n'en veux rien savoir » qui se décline à la fin d'une analyse, et dans le dénouement du transfert, et dans le consentement à une division, non suturable, entre savoir et vérité.
Pouvoir penser librement aujourd'hui à partir de l'enseignement de Freud et de Lacan permet de faire les « petites trouvailles d'après ». Inventer, c'est poursuivre dans leurs traces. Un concept analytique ne s'attrape ni sur injonction ni par amour, il se saisit sur des chemins subjectifs singuliers. Solal Rabinovitch nous y invite en revenant sur son itinéraire en psychanalyse dans un dialogue avec Nils Gascuel et Marie-Jeanne Sala.
Le jeu entre paroles et écritures tisse la trame de ces conversations psychanalytiques. Il éclaire les thèses qu'elle soutient sur l'« essence aphonique de la voix » et la « matérialité de la pensée », ou encore « l'autre non spéculaire » et « l'irréel », mais aussi la façon dont se fabrique collectivement une école de psychanalyse (encore une affaire de paroles et de lettres).
Le rêve écrit, les voix écrivent, les noeuds s'écrivent. Depuis l'École freudienne de Paris, l'école aussi s'écrit. Si l'inconscient est une machine d'écritures, ces écritures sont la trace de ce que les paroles restent. Elles restent dans l'inconscient, elles restent dans la cure, elles sont le coeur de la transmission.
« Faire de la thérapie n'est pas résoudre des problèmes ou corriger des erreurs mais se plonger dans le mystère des familles et de leur rencontre. Ceci implique de passer d'une thérapie où le thérapeute observe à une thérapie où le thérapeute s'observe pour reflèter à la famille compétente cette perception qui permet de laisser émerger "l'autosolution".»
Ainsi dans ce livre qui reflète sa carrière déjà longue de praticien et de théoricien systémique, Guy Ausloos exhorte le lecteur à se laisser pénétrer par le mystère de la famille compétente plutôt qu'à rechercher des recettes pour traiter la famille dysfonctionnelle. Les difficultés et les mutations des statuts parentaux, la perte des valeurs traditionnelles, la violence sociale, l'incertitude quant à l'avenir devant le chômage et la maladie, l'évolution des modèles professionnels, etc., déstabilisent les familles qui ont aujourd'hui besoin d'être confortées dans leur parentalité pour accompagner leurs enfants vers l'âge adulte.
Par ses récits cliniques vivants issus de son expérience auprès d'adolescents et de jeunes adultes, dans le champ de la déviance et de la psychiatrie, ainsi que par une réflexion théorique constamment réactualisée et élargie, Guy Ausloos nous guide dans cette passionnante aventure du soin direct apporté lors des crises familiales et institutionnelles.
Vingt ans après L'homme sans gravité, Charles Melman et Jean-Pierre Lebrun poursuivent leur dialogue sur les conséquences de la mutation de société à l'oeuvre depuis près d'un demi-siècle, véritable bouleversement anthropologique pour la vie collective et la subjectivité de chacun.
À partir du film Petite fille, exemplaire sur la problématique de la dysphorie de genre en pleine expansion, ils se demandent si la possible autodétermination de l'enfant qui serait capable de se penser sexué à partir de lui-même est une avancée sociétale ; ou si elle témoigne d'un déni de la réalité, en l'occurrence anatomique, d'une récusation du sexuel et d'un refus de consentir à ce qui le détermine en tant qu'être parlant.
À travers l'actualité brûlante où les présupposés implicites de la question du transgenre résonnent avec la vie politique elle-même, ils osent s'attaquer au point crucial : l'évolution de notre société nous entraîne-t-elle vers davantage de civilisation ou contribue-elle à nous déciviliser ?
« Lorsqu'au début (mars 2020) des mesures politico-sanitaires autour de la pandémie j'ai constaté qu'une majorité de psychanalystes lacaniens s'enfermaient chez eux, renonçaient à recevoir en présence des analysants et pratiquaient éventuellement la télé-analyse, cela fut un choc et je fus envahi par des sentiments de colère et de solitude. Ainsi mes collègues désertaient-ils leur poste en pleine tempête et se calfeutraient dans leur domicile, retranchés derrière des injonctions qui en fait ne les concernaient pas puisqu'on était autorisés par dérogation à se déplacer pour des soins ! Quelle démission ! L'argument selon lequel la psychanalyse n'était pas une profession réglementée ou qu'un psychanalyste n'est pas un soignant m'apparaissait scandaleux et de mauvaise foi. La psychanalyse n'a-t-elle pas été par identifiée par Lacan, en 1973, à un poumon artificiel face à l'angoisse déclenchée par les progrès de la science ? Et là, la science était appelée en renfort d'une politique impuissante !
Je mis quelque temps à relier les sentiments que j'éprouvais à mon histoire personnelle. Suite à une tuberculose, attrapée sans doute à l'hôpital où j'étais externe et après avoir justement été vacciné par le bcg, j'avais été atteint par l'épidémie et je dus me confiner dans un sanatorium quelques mois. Expérience très riche qui m'avait conduit à demander à Lacan de faire une analyse.
L'excès des sentiments qui m'envahissaient se changea vite en réaction de ne pas en rester là et de les transformer en ce que j'appelle "épreuve de vérité". Comment des analystes lacaniens pouvaient-ils aborder les événements en se fixant sur des personnifications guignolesques du virus sans même prendre le temps d'analyser les effets des discours qui sont tenus sur lui et qui encadrent les significations et les actes que cela autorise. Qu'en était-il de l'acte du psychanalyste ? Derrière son écran d'ordinateur ?
Il me fallait prendre la parole en public. Pas pour seulement m'insurger, dénoncer ce qui me choquait, mais dire mes raisons de pratiquer autrement. » E.P.