Ces travaux, sans prétendre couvrir exhaustivement le champ "idéalisme allemand" et "lumières, Aufklärung" abordent les thèmes essentiels où ces deux moments de la culture européenne se sont confrontés : la métaphysique, la raison, la logique, la liberté, l'histoire, la religion et la foi, l'esthétique, le sujet. De d'Alembert à Foucault, de multiples trajets sont empruntés passant par Kant, Fichte, Hegel, Schelling, via Leibniz, Rousseau, Hume, Lessing, Voltaire, les matérialistes français, jusqu'à Kierkegaard et Hofmannsthal.
Cet ouvrage utilise les pensées de Michel Foucault dans la culture arabe. Il joint à une histoire socio-politique de cette culture une critique qui vise à y établir les conditions d'une émancipation réelle, indépendante de l'actualité brûlante qui semble la rendre aujourd'hui impossible. Cette expérience de critique socio-politique développe en effet les critères d'une émancipation intellectuelle qui conditionne toute émancipation sociale.
"Les approches de Michel Foucault à propos du droit sont contondantes et pourtant disperses. Michel Foucault et le droit est un livre qui réussit à les rassembler sans réduire la versatilité de son contenu ni la finesse de son style. Au contraire, situé dans les horizons de la pensée foucaldienne, il les étend et, au même temps, instigue le lecteur à des réflexions originelles" (Salma Tannus Muchail, Professeur émérite à l'Université Catholique de São Paulo).
Parmi les philosophes hérétiques, souvent ignorés de la pensée académique, Leopardi occupe sa place comme figure qui bouleversa le monde intellectuel occidental, au début du XIXe siècle, peu avant Nietzsche. La conscience qu'avait le penseur de Recanati d'être lui-même un génie, un poète-philosophe, confirme la thèse qui fait de lui le premier philosophe-artiste. Libre, indépendant, brillant profanateur du mythe du progrès du XIXe siècle, Leopardi s'impose comme penseur inactuel, un hérétique au sens plein du terme. Ce livre entend contribuer à la redécouverte de ce penseur extraordinaire.
Aujourd'hui en Amérique latine, une société qui soit une alternative au capitalisme, démocratique, sans exploitation, défendant des valeurs humanistes et respectant la nature est une idée largement acceptée. La définition d'une stratégie pour cette transformation sociale est l'objet principal des réflexions des courants politiques qui se réclament du pouvoir populaire. Ce livre expose les grandes lignes conceptuelles qui sous-tendent la création et le développement de ce pouvoir ainsi que leur intérêt pour la pensée émancipatrice et la transformation sociale, ici et maintenant.
L'auteur a consacré en précurseur ses travaux à la surdité telle qu'elle est vécue, telle que chacun d'entre nous peut en avoir l'expérience, la surdité entendue dans un sens sociologique comme rapport, ou plus exactement comme rupture dans un rapport. La rupture se nourrit du déni, de l'intolérance et du racisme vis-à-vis des Sourds, au point de mettre en cause leur existence. Cet ouvrage est le récit de ce combat collectif contre le déni, dans lequel Bernard Mottez a tenu un rôle essentiel depuis 1975, pour que la langue des signes française et les Sourds soient enfin accueillis au coeur de la cité.
La concentration des médias atteint un point sans équivalent. Internet bouleverse le rapport des industries aux représentations. Mais si les populations profitent des opportunités de démocratisation médiatique, elles subissent aussi des effets de ré-instrumentalisation. Plus déroutant encore, une fraction importante de ces populations se tourne vers des formes de contestation qui débouchent sur la xénophobie et le racisme. Ce livre prend la mesure du télescopage entre épuisement des récits politiques classiques, prolifération des moyens de communication et développement des capitalismes globalisés, qui sapent les formes stables d'échange et de coopération.
À travers ces essais, nous voyons comment l'auteur s'est engagée, tout au long de sa vie, à lutter en faveur des droits de l'homme et à prôner une éducation qui doit permettre à chaque individu de devenir conscient de son identité humaine, car l'un des buts de « l'éducation éthique » est « d'apprendre à faire une "évaluation correcte" pour pouvoir trouver, dans la plupart des cas où l'action est nécessaire, ce que l'on doit faire ou ce que l'on peut faire en faveur de la protection des droits humains. »
Le nominalisme constitue une réfutation de la temporalité historique. Réfutation en vertu de laquelle toute identité entre histoire et justice est d'avance exclue : il n'y a pas de règlement de comptes possible entre l'universalité de la pensée et le langage, et la singularité du réel. La question de la légitimation du pouvoir devient une affaire de profane susceptible seulement d'être résolue de façon pragmatique.
Dans ce livre Eugenio Correa propose une interprétation philosophique de l'idée du temps. D'abord, il s'interroge sur l'existence du temps et ses différentes notions historiques. Il nous fait voir le rapport du temps à la nature et à la création. De même il aborde le lien entre le temps, l'argent et l'homme. Enfin, l'auteur cherche à nous mettre en alerte contre les dérapages du temps technique et il insiste sur les limitations de l'actuelle conception techno-économique du temps.
L'auteur interroge ici la théorie inhérente à l'usage des signes et la façon dont elle a inspiré les mille et une variations réduisant l'être humain à un usager des signes. Loin de se limiter au récit rhapsodique de ces variations, il retrace la façon dont les pragmatistes Peirce, James et Dewey ont décelé dans la nature de signe de l'homme sa capacité à réaliser l'enjeu philosophique d'une formation de l'être humain susceptible de le conduire à un accord avec lui-même qu'il ne peut atteindre que par le détour de la production d'un accord avec le monde et ses allocutaires.
L'oeuvre de Foucault apparaît comme une succession d'études dispersées, plus que comme un tout cohérent. C'est l'une des raisons pour lesquelles on doute du caractère même d'oeuvre que constitueraient l'ensemble de ses travaux. Ce livre montre, au contraire, que ces travaux sont marqués par une cohérence fondamentale. Celle-ci n'est pas une caractéristique transitoire, mais un trait constant de la recherche de Foucault, à laquelle elle accorde sa valeur proprement philosophique.
Qu'est-ce que la douleur et quelle place lui accorder dans la définition de la maladie ? Pour tenter de répondre, Canguilhem, dans Le Normal et le Pathologique, se tourne vers les écrits de René Leriche (1879-1955) : un chirurgien qui, contrairement aux opinions couramment répandues dans le corps médical de son temps, place la douleur au premier plan de sa recherche. Voici une pensée originale qui propose à la médecine et la chirurgie de renouveler leur approche de l'homme malade.
Horacio Cerutti Guldberg est auteur de nombreux titres et articles dans le domaine de la philosophie et de la pensée latino-américaines. L'auteur affirme qu'une vision du monde excentrique, bien que non marginale, ressort de ce livre qui cherche à "nous sudéer"...
Ce livre est conçu comme un essai sur la nécessité, en éducation et en travail social, d'adopter un changement stratégique de paradigme envers ceux qui devraient être les objectifs de tout projet concernant la formation et l'aide aux personnes. Dans tous les cas, il s'agit de comprendre que la réalisation, aussi bien que la réorganisation des itinéraires de vie, exigent la capacité d'affronter des aléas, des phases indéfinies, des mutations, des fluctuations, etc., qui n'ont rien à voir avec la rigidité des principes abstraits, ni avec la consistance des pratiques stables, ni avec la sécurité des comportements convenus.
Après le lycée d'Angers où il enseigne la philosophie à partir d'octobre 1881, Bergson est nommé à Clermont-Ferrand le 28 septembre 1883. Au-delà de l'ambiguïté du "mythe de Bergson à Clermont-Ferrand", alimenté par les témoignages de Joseph Désaymard d'abord, de Gilbert Maire ensuite, ces leçons transcrites au fur et à mesure de l'exposition nous font pénétrer dans sa classe de terminale, nous montrent un professeur avec le devoir de préparer ses élèves pour le baccalauréat, ce qui n'exclut pas que des thèmes proprement bergsoniens apparaissent déjà dans les cours.
Entre poésie et philosophie, l'essai choisit l'une des figures les plus illustres de la poésie arabe des années 1930 : Abul Qacem Chabbi, pour y puiser les innombrables traits de cette union controversée. S'appuyant sur ses traductions remarquables du recueil poétique intitulé "Cantiques à la vie" et l'essai philosophique "L'imaginaire poétique chez les arabes", l'auteur
ouvre pour la première fois l'accès aux poèmes de Chabbi et à une compréhension critique de leur impact sur la culture arabe.
Pour Deleuze, la philosophie est moins une entreprise de fondation que de problématisation : la puissance de l'indéterminé prime sur l'acte de la détermination. A ce titre, le problème fondamental, né de cette tension entre détermination et indéterminé, est selon lui l'irréductibilité de la pensée à l'acte de penser, c'est-à-dire à l'être. C'est le va-et-vient de l'une à l'autre qui engendre le fameux plan d'immanence, aussi nommé chaosmos, règne de la contingence et de l'inconscient.
En suivant le chemin solitaire et silencieux au fond de lui-même, afin d'exprimer et de donner forme à ce qu'il perçoit, ressent et pense, Kafka descend en fait dans les galeries souterraines du réel dont le commun des mortels n'aperçoit hâtivement que le déroulement superficiel. Dans les profondeurs nocturnes où il a vécu plus que tout autre, prend naissance le rêve, tel que la psychanalyse l'a explicité. Cependant, les contenus des rêves de Kafka débordent de toutes parts les schémas psychanalytiques.
Parmi les courants de pensée française de l'après-guerre, le marxisme joua un rôle très important, en imposant les thèmes par rapport auxquels les philosophes se situèrent. Les débats sur le marxisme sont inséparables de l'existence du pays qui prétendait le réaliser dans toutes les sphères de la vie (URSS). La politique, comme action collective en vue de la transformation de la société par les débats et l'émancipation, n'a pourtant pas été développée : ni dans les États socialistes, ni dans les États bourgeois. En même temps, les intellectuels français de gauche dans l'après-guerre ont considérablement contribué au renouveau de la pensée socialiste.
Quelles postures une philosophie doit-elle inventer pour saisir des gestes ? Comment peut-elle dé-composer des mots pour tenter de dire ce qui se passe entre des corps en mouvement ? A quels pas communs et divergents sommes-nous invités en dansant et en philosophant ? Ici se dessine le paysage d'une rencontre entre danse et philosphie. En se mettant à penser, à marcher et à rouler ensemble, danse et philosophie croiseront des problèmes de représentations, de perceptions, de compositions et de démarches collectives.
"La genèse de l'idée de temps" est un ouvrage posthume publié par Fouillée en 1890 qui réunit deux articles dans lesquels ont été insérés de nombreux ajouts. La question essentielle est de savoir qui en est l'auteur, car des échos de Bergson sont perceptibles dans ce "petit livre": on soupçonnera Fouillé d'en avoir écrit certains chapitres. C'est l'avis partagé aussi bien par Jankélévitch, mais cette hypothèse est à rejeter car ces ajouts sont des notes rédigées par Guyau lui-même.
Descartes apparaît comme le penseur par excellence de la rationalité débarrassée de tout préjugé. Pour mieux déconstruire le mythe cartésien, l'auteure s'intéresse à sa vie pleine de paradoxes et de masques qui le voient hésiter entre inspiration ésotérique et projet scientifique. Dévoiler les masques de Descartes, le voile de ses présupposés philosophiques et religieux, est aujourd'hui plus que jamais nécessaire pour permettre de vivre et penser, enfin, sans Descartes.
Centré sur les conditions de l'action collective et de la formation de ses acteurs, et tirant parti de l'expérience des mouvements protestataires et utopiques liés à la crise argentine de la dernière décennie, cet ouvrage entreprend de refonder la pragmatique en lui incorporant la thèse (venue de Benjamin et Arendt) d'une force illocutionnaire non conventionnelle qui déjoue les jeux de langage établis et institue l'horizon d'une "violence non violente".