Chef-d'oeuvre du roman épistolaire, Les Liaisons dangereuses illustre et pervertit simultanément les lois du genre. Une fois lancé le pari libertin entre le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil, l'entrelacement virtuose des 175 lettres révèle l'intelligence calculatrice des deux stratèges comme l'ingénuité de leurs victimes. Le jeu de contrepoint qui en résulte démasque les faux-semblants de la société aristocratique et participe autant de la démystification du libertinage que de celle du moralisme dévot. Mais les deux libertins fascinent encore et toujours le lecteur contemporain : à l'éthique aristocratique de Valmont répond l'intransigeance de Merteuil qui a fait de la dissidence morale « le prix de la liberté » dans la société patriarcale du xviiie siècle.
Peu de recueils poétiques auront fait autant de tapage que Les Fleurs du Mal. Livre de tous les scandales, jugé érotique et provocateur, il vaut à son auteur une condamnation pour outrage aux bonnes moeurs dès sa parution. Mais il devient dans un même temps le chef-d'oeuvre magistral de Baudelaire, ténor d'une poésie moderne, empreinte de mélancolie et d'exotisme, dans « une époque déchue ». En plus de l'édition définitive établie par le poète en 1861, et augmentée d'un riche apparat critique, cette édition dirigée par Antoine Adam propose de restituer au lecteur contemporain les poèmes censurés par le tribunal ainsi que les morceaux poétiques ultérieurs, publiés sous le titre de Nouvelles Fleurs du Mal.
Antoine Adam fut professeur à l'université de Lille et à la Sorbonne. Par sa prestigieuse Histoire de la littérature française du xviie siècle en cinq volumes (Paris, 1948-1956), il fit valoir toute la modernité de ce siècle littéraire. Ses éditions érudites des chefs-d'oeuvre de l'époque, mais aussi du xviiie et du xixe siècles, livrent un éclairage neuf sur la littérature française.
Emma Bovary est peut-être la seule héroïne dont la renommée éclipse celle de son auteur. Lasse d'une vie routinière et d'un mariage médiocre qui lui font préférer les rêveries voluptueuses, cette femme de province fascine autant qu'elle choque. Et c'est à un véritable tapage judiciaire que s'expose Flaubert lorsqu'après cinq années de labeur, il livre son roman à la société dont il dépeint les traits. Mais plus que l'outrage aux bonnes moeurs, se retient de cette oeuvre un monument du style, conçu par Flaubert comme le ferment d'une réalité nouvelle. La présente édition, introduite et annotée par Édouard Maynial, participe à la redécouverte d'un roman qui aura eu l'audace de bouleverser les codes du genre.
Édouard Maynial, ancien élève de l'École normale supérieure, enseigna au lycée Henri-IV pendant de longues années. Il fut également président des Amis de Maupassant. Spécialiste de la littérature française du xixe siècle, il consacra ses principaux essais à Maupassant, Flaubert, Balzac, et dirigea plusieurs éditions critiques de leurs ouvrages.
« oeuvre capitale dans l'oeuvre », selon son auteur, lllusions perdues construit le mythe d'une jeunesse et d'une époque, celle de la Restauration. D'Angoulême à Paris, les épreuves humiliantes comme les succès fulgurants de Lucien de Rubempré et de David Séchard font découvrir au lecteur les nouvelles valeurs d'une société aussi brillante que superfi cielle et impitoyable. Des salons de province au grand monde, de l'imprimerie familiale aux milieux de la presse et de l'édition, Balzac compose le récit d'une chute moderne : à l'idéalisme et aux illusions du héros succèdent les compromissions de la vie parisienne et une initiation par défaut. La riche édition d'Antoine Adam éclaire la genèse de ce roman foisonnant et sa place centrale dans La Comédie humaine.
Bel ami que ce fringant Georges Duroy traquant la fortune dans les couloirs de la presse parisienne. Beau diseur qui, pour devenir baron, devra bien en payer le prix, quitte à convenir de quelques séductions... Croquant les dessous amers d'une ascension sociale, Maupassant signe une sorte de monographie mondaine où, dans l'ombre des scandales, l'ambition et l'argent triomphent comme la gangrène. Il y assoit surtout son talent de romancier parmi ses maîtres, dans une fin de siècle désenchantée. Établie par les soins de Daniel Leuwers, cette édition critique est là pour nous rappeler que Bel-Ami, un des romans français les plus adaptés à l'écran, n'a certainement rien perdu de son à-propos.
Scène parisienne, roman de déchéance, l'intrigue du père Goriot tiendrait en deux lignes : un brave homme, une pension bourgeoise, deux filles qui le dépouillent. Mais c'est aussi la clé de voûte de son cycle romanesque que livre ici Balzac. En systématisant pour la première fois le retour de ses personnages, l'auteur se joue des codes et révèle les destins croisés du jeune Rastignac et de Bianchon, les malheurs de la vicomtesse de Beauséant, ou le secret de Vautrin... Un coup de maître qui fait du Père Goriot un chef-d'oeuvre aux innombrables lectures. L'apparat critique de Pierre-Georges Castex accompagne le lecteur dans ce roman-carrefour à double fond, et aide à retracer l'histoire complexe de son édition.
Lorsqu'il reprend son manuscrit après douze années d'interruption, après l'exil à Jersey et La Légende des Siècles, Victor Hugo conçoit Les Misérables comme le sommet de son oeuvre. Des égouts aux barricades de Paris, de l'histoire d'un saint à celle d'une poupée, de la possible rédemption de Jean Valjean à la crasse morale des Thénardier, partout c'est l'humanité qui rugit à travers la misère. Roman inclassable dans son siècle, prose poétique et tonitruante épopée, il est ce livre visionnaire « écrit pour tous les peuples » et dont la présente édition, établie par Marius-François Guyard, nous rappelle qu'il n'a rien perdu de son actualité. Ce premier tome respecte l'architecture interne de l'oeuvre, soigneusement bâtie par Hugo.
Marius-François Guyard, professeur à la Sorbonne, ancien recteur de l'académie d'Amiens, demeure une des grandes figures du comparatisme français. Son manuel de Littérature comparée (Paris, 1951) fait aujourd'hui référence. Auteur de nombreuses préfaces et d'études sur le romantisme, il a également établi les éditions critiques des oeuvres de Lamartine, de Victor Hugo, de Chateaubriand et de Charles de Gaulle.
Revenant à l'inspiration lyrique après Les Châtiments, Victor Hugo livre dans ce recueil les « mémoires d'une âme ». Miroir tendu au lecteur, Les Contemplations sont autant les souvenirs d'un homme se tour- nant vers sa jeunesse et d'un père pleurant son enfant que les méditations du poète-mage qui prophétise « Ce que dit la bouche d'ombre ». Au fi l des 11 000 vers, il déploie toute sa virtuosité prosodique. Si les genres lyriques classiques sont brillamment illustrés, la langue hugolienne en bouleverse les codes faisant « souf er un vent révolutionnaire » sur les alexandrins et mettant « un bonnet rouge au vieux dictionnaire ». L'édition de Léon Cellier éclaire l'itinéraire spirituel qui se dessine dans les subtils jeux d'oppositions et d'échos des six livres.
Lorsqu'il reprend son manuscrit après douze années d'interruption, après l'exil à Jersey et La Légende des Siècles, Victor Hugo conçoit Les Misérables comme le sommet de son oeuvre. Des égouts aux barricades de Paris, de l'histoire d'un saint à celle d'une poupée, de la possible rédemption de Jean Valjean à la crasse morale des Thénardier, partout c'est l'humanité qui rugit à travers la misère. Roman inclassable dans son siècle, prose poétique et tonitruante épopée, il est ce livre visionnaire « écrit pour tous les peuples » et dont la présente édition, établie par Marius-François Guyard, nous rappelle qu'il n'a rien perdu de son actualité. Ce second et dernier tome poursuit la destinée de Cosette et Marius, jusqu'à la suprême aurore.
Marius-François Guyard, professeur à la Sorbonne, ancien recteur de l'académie d'Amiens, demeure une des grandes figures du comparatisme français. Son manuel de Littérature comparée (Paris, 1951) fait aujourd'hui référence. Auteur de nombreuses préfaces et d'études sur le romantisme, il a également établi les éditions critiques des oeuvres de Lamartine, de Victor Hugo, de Chateaubriand et de Charles de Gaulle.
Eugénie Grandet demeure l'héroïne la plus fameuse et la plus controversée des Scènes de la vie de province. Riche héritière aux prises avec ses propres inclinations, le joug paternel, les concupiscences d'intrigants et les us de Saumur, elle figure le génie de Balzac romancier, mais aussi ses ambitions d'historien. Car c'est une étude de moeurs sur fond de révolution bourgeoise que tisse savamment ce drame de la vie privée au temps de la Restauration. Mise en lumière par l'intelligence critique de Pierre-Georges Castex, cette édition est l'occasion d'une incursion éclairée dans l'univers, éternellement contemporain, de La Comédie humaine.
La peau de chagrin, c'est ce talisman offert par un antiquaire au jeune Raphaël de Valentin, symbole de la finitude humaine, et auquel se voit désormais liée sa vie. À la lisière du conte fantastique, Balzac livre une suite de tableaux de moeurs et de milieux, où la passion et le drame côtoient les grands débats intellectuels de son époque. À travers l'intrigue romanesque aux accents orientaux se profile surtout une remarquable étude philosophique, clé de voûte de La Comédie humaine. Cette édition, établie et annotée avec soin par Maurice Allem, remet au jour un des romans balzaciens les plus acclamés de son temps, et qui ne cesse de donner lieu à de nouvelles adaptations cinématographiques.
Maurice Allem, de son vrai nom Léon Allemand, fut historien de la littérature et co-éditeur de la revue des Lettres françaises. Cet éminent philologue, spécialiste de la littérature française au xixe siècle, signa d'importantes monographies sur Balzac, Sainte-Beuve, Musset, ainsi qu'une étude historique, La Vie quotidienne sous le Second Empire (Paris, 1948).
Ce roman historique, s'il l'est, est celui d'un poète. Celui qui ressuscite l'Orient des noires splendeurs, dans un exotisme de désir et de sang, qui fait résonner les marbres du palais sous les pas d'Hamilcar, et qui mêle à la chair le vin et la soie. À travers la guerre des Mercenaires, c'est toujours de beauté que Flaubert nous parle : une beauté brute et vive, triomphale, dont les parnassiens comme les symbolistes recevront l'héritage.
Qu'importe alors que s'efface l'histoire sous la légende quand, dans le soleil rougeoyant de Carthage, entre les figuiers et les vignes, Salammbô paraît.
Notre-Dame de Paris est le roman d'un siècle. S'il propose une reconstitution historique du Paris moyenâgeux, il n'en traduit pas moins les grandes problématiques morales et politiques d'une époque prise dans les soubresauts de la révolution de Juillet.
Mais il est plus encore le roman d'un poète. En reprenant les codes du roman gothique à l'aune de son idéal poétique, Victor Hugo accomplit son ambitieux chef-d'oeuvre qui « enchâssera Walter Scott dans Homère », au confluent du drame et de l'épopée. C'est un tourbillon d'aventures et de verve qui nous emporte auprès du plus célèbre sonneur de cloches élu Pape des Fous, d'une danseuse bohémienne aux yeux de velours et d'un capitaine de la garde, dans le secret de la cathédrale.
Héroïne à la fouge délicieusement exotique, Indiana échappe à tout plan romanesque. Par elle transparaît la réalité de l'âme humaine, l'authenticité des passions et des voluptés. Entre Paris et la Réunion, entre la Restauration et la monarchie de Juillet, elle profile les déchirements d'une société, mais aussi les déploiements d'une révolte intérieure contre des moeurs patriarcales et bourgeoises. Avec ce premier roman signé de sa seule plume, George Sand obéit à une impulsion ; impulsion à la verve éminemment moderne et dont la justesse lui vaudra la reconnaissance immédiate de ses pairs.
L'appareil critique de cette édition, soigneusement établi par Pierre Salomon, rend toute justice à la place de l'auteure dans son siècle.
C'est par ce troisième livre, rédigé plus tardivement, que Michel de Montaigne affirme le mieux le projet de son oeuvre : se livrer tout entier à l'étude, dans la spontanéité de ses humeurs et les limites de son expérience. Une réalité mouvante au plus près de l'homme en train de se faire, et qu'il dévoile au lecteur avec une honnêteté sans fard.
Sommet d'érudition et de réflexions personnelles, ce dernier volume vient clore l'entreprise d'une vie. L'édition critique, présentée et commentée par Maurice Rat, nous rappelle l'histoire et la modernité d'un chef-d'oeuvre, considéré aujourd'hui encore comme un des fondements de notre culture occidentale.
Diaboliques nouvelles que signe Barbey d'Aurevilly, déterminé à expérimenter là la vérité la plus crue. Si scandaleuses, que Buloz refuse en 1850 d'en faire paraître dans sa célèbre Revue des Deux Mondes pour ménager les nerfs de ses lecteurs. Dans une verve exultée et hallucinatoire, ces six histoires brèves révèlent à tour de rôle les cruautés intimes, les jalousies et les amours meurtrières d'un monde si familier que le charme opère quand la fiction s'efface. Désormais reconnu comme un chef-d'oeuvre, ayant donné lieu à de nombreuses adaptations, ce recueil conserve l'intemporalité des réalités terriblement humaines, dont cette édition critique, finement élaborée par Jacques-Henry Bornecque et Philippe Berthier, permet d'apprécier la grandeur.
Jacques-Henry Bornecque fut professeur à l'université de Caen, puis à l'université de Paris-Nord. Spécialiste de la littérature moderne française, il livra une importante histoire en deux volumes, La France et sa littérature (Paris, 1958). En plus d'essais sur Daudet, Verlaine, Mallarmé et Villiers de L'Isle-Adam, il établit les éditions critiques de grandes oeuvres du xixe siècle.
Philippe Berthier est professeur émérite à la Sorbonne Nouvelle. Il est l'auteur de nombreux essais sur la littérature française du xixe siècle, dont Barbey d'Aurevilly et l'imagination (Genève, 1978) et Stendhal en miroir (Paris, 2007). Il a par ailleurs établi de nombreuses éditions critiques et dirige la revue L'Année stendhalienne, dont il est le fondateur.
Pièce majeure des Scènes de la vie de campagne, librement tirée du Volupté de Sainte-Beuve qui vient à peine de paraître, Le Lys dans la vallée ne se veut pas seulement le récit d'un amour impossible. Il est pour Balzac l'occasion de renouveler le roman d'éducation tout entier, en alliant au drame psychologique les grands ressorts de ses peintures physiologiques et sociales. Pomme de discorde dans le Landerneau littéraire, cette étude de moeurs est une des illustrations les plus éclatantes des engagements de son auteur, qui ne manquera pas d'inspirer d'autres romanciers aussi illustres que Gide et Proust. La présente édition entend restituer l'oeuvre dans son contexte grâce à l'apparat critique soigneusement documenté de Moïse le Yaouanc.
Moïse Le Yaouanc, ancien élève de l'École normale supérieure, fut professeur à l'université de Rennes. Outre sa thèse sur la Nosographie de l'humanité balzacienne (Paris, 1959) qui fit date, on lui doit les riches éditions critiques de plusieurs romans de La Comédie humaine.
Plus qu'un recueil de nouvelles, Un coeur simple, La Légende de saint Julien l'Hospitalier et Hérodias composent un véritable triptyque aux accents de légende moderne. De la vie modeste d'une fille de ferme à la chute d'un fils maudit, Flaubert décline dans une verve sanguine et foisonnante un monde de passions, d'érotisme et de violence, qui traverse les siècles. Ces Trois Contes, dernière oeuvre romanesque achevée, rendent compte de toute la richesse de l'univers flaubertien, qui adjoint réalisme et fantastique, analyse et peinture, prophétie et silence. Cette édition en renouvelle l'accès à l'aide d'un apparat critique et d'une étude introductive, établis par les soins de Peter Michael Wetherill.
Pons est l'archétype du personnage balzacien : monomane entièrement voué à sa passion de collectionneur et martyr d'un entourage vénal, il révèle ces « moeurs que les familles ensevelissent dans l'ombre ». Mais il est aussi un de ceux qui reflètent avec le plus d'authenticité le portrait intime de Balzac. oeuvre de maturité, venant clore le diptyque qu'il forme avec La Cousine Bette, Le Cousin Pons nous rappelle la noble gran- deur du bien en dépit d'un monde qui ne le laisse pas triompher. La présente édition, savamment introduite et annotée par Anne-Marie Meininger, met en lumière sa place capitale dans une Comédie humaine dont il fut la dernière pierre...
Anne-Marie Meininger est spécialiste des oeuvres de Balzac et de Stendhal. Grande préfacière, elle dirigea notamment les éditions des Scènes de la vie parisienne (1977) et du Rouge et le Noir (1931).
Balzac projetait l'écriture d'une nouvelle : mais La Cousine Bette se déploie au fil de sa plume, grossit et finit par s'imposer comme l'un des drames les plus riches et les plus fournis de La Comédie humaine. Lisbeth Fischer n'est pas seulement la parente pauvre, elle est l'incarnation féminine de la frustration et du sadisme qui, par jalousie, s'emploie à causer la ruine financière et morale de sa propre famille. Figure redoutable dans laquelle l'auteur télescope les femmes qui l'auraient malmené, elle représente le pendant noir du Cousin Pons. Cette édition critique de Maurice Allem remet à l'honneur «ce roman terrible» avec lequel Balzac n'entendait pas moins que surpasser Eugène Sue.
Maurice Allem, de son vrai nom Léon Allemand, fut historien de la littérature et co-éditeur de la revue des Lettres françaises. Cet éminent philologue, spécialiste de la littérature française au xix e siècle, signa d'importantes monographies sur Balzac, Sainte-Beuve, Musset, ainsi qu'une étude historique, La Vie quotidienne sous le Second Empire (Paris, 1948).
La Légende des siècles est le chef-d'oeuvre épique de Victor Hugo et de la poésie romantique. oeuvre monumentale com- mencée en exil, le volume regroupe les trois recueils publiés entre 1859 et 1883. Cette épopée modernise radicalement le modèle antique en lui donnant la démesure de l'histoire de l'humanité depuis la chute jusqu'au règne de Napoléon III.
Hugo transfi gure récits bibliques et événements historiques pour les élever au rang du mythe et peindre les « empreintes successives du profi l humain ». Il écrit un nouvel évangile, celui des peuples opprimés en quête de liberté et de spiritualité.
L'originalité littéraire de ce poème et la richesse des références nourrissant l'imaginaire hugolien sont révélées par l'édition d'André Dumas et l'introduction de Jean Gaudon.
Partout sa réputation le devance. Fine lame de Gascogne, gentilhomme audacieux à la langue habile et au coeur tendre, nul n'est encore besoin de présenter le capitaine Fracasse. Jeté sur les routes de France en compagnie d'une troupe de comédiens pour tenter fortune, le voilà embarqué dans une série d'aventures cocasses et détonantes, comptant autant de duels, d'enlèvements et de conquêtes... Avec ce roman de cape et d'épée mûri sur près de trente ans, Théophile Gauthier redonne vie au règne de Louis XIII jusque dans l'éclat du style. Une prouesse littéraire et fantaisiste qui ne compte plus ses adaptations théâtrales et cinématographiques, et que cette édition critique permet de (re)découvrir en toute lumière.
Formée à partir de plusieurs nouvelles, cette Scène de la vie privée est l'une de celles que Balzac aura le plus longuement remaniées. S'y orchestrent, comme autant de drames intimes, des saynètes de la vie conjugale, au coeur desquelles le destin amer de Julie Aiglemont se noue d'âge en âge, en tant qu'épouse puis mère. Alliant l'art de la satire, de la peinture sociale et du rocambolesque, Balzac livre un roman-feuilleton engagé, qui interroge avec acuité la condition des femmes dans ce jeu d'apparences qu'est le mariage.
Ainsi déploie-t-il, sur fond historique, une trame éminemment moderne, que cette édition critique établie par Maurice Allem se propose de mettre savamment en lumière.
« Mon livre est tout entier une invective contre les romans de chevalerie » avertit sans détour Cervantès. Difficile, en effet, de prendre au sérieux les aventures abracadabrantes de cet hidalgo improvisé, adoubé par un aubergiste, et suivi comme son ombre par un écuyer paysan. En défiant la littérature chevaleresque et en se jouant des codes, Cervantès ne se cantonne pourtant pas à la caricature. Ridicule jusqu'au panache, Don Quichotte de la Manche se hisse dès le xviie siècle en mythe intemporel que l'on ne cesse de lire et de réinterpréter. Enrichi d'un apparat critique de Maurice Bardon, l'ouvrage à la polyphonie foisonnante continue de surprendre par sa modernité et par son burlesque sublime.