Peu de recueils poétiques auront fait autant de tapage que Les Fleurs du Mal. Livre de tous les scandales, jugé érotique et provocateur, il vaut à son auteur une condamnation pour outrage aux bonnes moeurs dès sa parution. Mais il devient dans un même temps le chef-d'oeuvre magistral de Baudelaire, ténor d'une poésie moderne, empreinte de mélancolie et d'exotisme, dans « une époque déchue ». En plus de l'édition définitive établie par le poète en 1861, et augmentée d'un riche apparat critique, cette édition dirigée par Antoine Adam propose de restituer au lecteur contemporain les poèmes censurés par le tribunal ainsi que les morceaux poétiques ultérieurs, publiés sous le titre de Nouvelles Fleurs du Mal.
Antoine Adam fut professeur à l'université de Lille et à la Sorbonne. Par sa prestigieuse Histoire de la littérature française du xviie siècle en cinq volumes (Paris, 1948-1956), il fit valoir toute la modernité de ce siècle littéraire. Ses éditions érudites des chefs-d'oeuvre de l'époque, mais aussi du xviiie et du xixe siècles, livrent un éclairage neuf sur la littérature française.
Les exploits des Trois Mousquetaires fascinent toujours les lecteurs, Dumas combinant le prestige du roman historique à l'efficacité dramatique du roman-feuilleton. L'édition critique de Charles Samaran remonte aux sources historiques d'un récit ancré dans l'histoire nationale et l'imaginaire collectif.
Emma Bovary est peut-être la seule héroïne dont la renommée éclipse celle de son auteur. Lasse d'une vie routinière et d'un mariage médiocre qui lui font préférer les rêveries voluptueuses, cette femme de province fascine autant qu'elle choque. Et c'est à un véritable tapage judiciaire que s'expose Flaubert lorsqu'après cinq années de labeur, il livre son roman à la société dont il dépeint les traits. Mais plus que l'outrage aux bonnes moeurs, se retient de cette oeuvre un monument du style, conçu par Flaubert comme le ferment d'une réalité nouvelle. La présente édition, introduite et annotée par Édouard Maynial, participe à la redécouverte d'un roman qui aura eu l'audace de bouleverser les codes du genre.
Édouard Maynial, ancien élève de l'École normale supérieure, enseigna au lycée Henri-IV pendant de longues années. Il fut également président des Amis de Maupassant. Spécialiste de la littérature française du xixe siècle, il consacra ses principaux essais à Maupassant, Flaubert, Balzac, et dirigea plusieurs éditions critiques de leurs ouvrages.
Bel ami que ce fringant Georges Duroy traquant la fortune dans les couloirs de la presse parisienne. Beau diseur qui, pour devenir baron, devra bien en payer le prix, quitte à convenir de quelques séductions... Croquant les dessous amers d'une ascension sociale, Maupassant signe une sorte de monographie mondaine où, dans l'ombre des scandales, l'ambition et l'argent triomphent comme la gangrène. Il y assoit surtout son talent de romancier parmi ses maîtres, dans une fin de siècle désenchantée. Établie par les soins de Daniel Leuwers, cette édition critique est là pour nous rappeler que Bel-Ami, un des romans français les plus adaptés à l'écran, n'a certainement rien perdu de son à-propos.
« oeuvre capitale dans l'oeuvre », selon son auteur, lllusions perdues construit le mythe d'une jeunesse et d'une époque, celle de la Restauration. D'Angoulême à Paris, les épreuves humiliantes comme les succès fulgurants de Lucien de Rubempré et de David Séchard font découvrir au lecteur les nouvelles valeurs d'une société aussi brillante que superfi cielle et impitoyable. Des salons de province au grand monde, de l'imprimerie familiale aux milieux de la presse et de l'édition, Balzac compose le récit d'une chute moderne : à l'idéalisme et aux illusions du héros succèdent les compromissions de la vie parisienne et une initiation par défaut. La riche édition d'Antoine Adam éclaire la genèse de ce roman foisonnant et sa place centrale dans La Comédie humaine.
Les aventures d'Edmond Dantès entraînent le lecteur du port de Marseille jusqu'en Orient en passant par les cachots du Château d'If. Dans cette grandiose fresque romantique, le jeune marin s'élève au rang de mythe. Cette édition éclaire la genèse de l'oeuvre à la lumière des sources ayant inspiré Dumas.
Fort des enseignements de l'abbé Faria, le désormais comte de Monte-Cristo met en oeuvre son implacable vengeance. Le roman d'aventures se double d'un roman de moeurs sans concession dévoilant la corruption de la société de la Restauration et de la Monarchie de Juillet, fondées sur l'inversion des valeurs.
Scène parisienne, roman de déchéance, l'intrigue du père Goriot tiendrait en deux lignes : un brave homme, une pension bourgeoise, deux filles qui le dépouillent. Mais c'est aussi la clé de voûte de son cycle romanesque que livre ici Balzac. En systématisant pour la première fois le retour de ses personnages, l'auteur se joue des codes et révèle les destins croisés du jeune Rastignac et de Bianchon, les malheurs de la vicomtesse de Beauséant, ou le secret de Vautrin... Un coup de maître qui fait du Père Goriot un chef-d'oeuvre aux innombrables lectures. L'apparat critique de Pierre-Georges Castex accompagne le lecteur dans ce roman-carrefour à double fond, et aide à retracer l'histoire complexe de son édition.
Archétype du roman d'adolescence, le chef-d'oeuvre de Fournier est à la fois un roman d'amitié, d'amour et d'aventures. La quête initiatique du héros oscille entre la résurrection de l'univers onirique et merveilleux de l'enfance et le rachat d'une mystérieuse faute. La présente édition éclaire la genèse et l'esthétique d'une oeuvre unique.
Lorsqu'il reprend son manuscrit après douze années d'interruption, après l'exil à Jersey et La Légende des Siècles, Victor Hugo conçoit Les Misérables comme le sommet de son oeuvre. Des égouts aux barricades de Paris, de l'histoire d'un saint à celle d'une poupée, de la possible rédemption de Jean Valjean à la crasse morale des Thénardier, partout c'est l'humanité qui rugit à travers la misère. Roman inclassable dans son siècle, prose poétique et tonitruante épopée, il est ce livre visionnaire « écrit pour tous les peuples » et dont la présente édition, établie par Marius-François Guyard, nous rappelle qu'il n'a rien perdu de son actualité. Ce premier tome respecte l'architecture interne de l'oeuvre, soigneusement bâtie par Hugo.
Marius-François Guyard, professeur à la Sorbonne, ancien recteur de l'académie d'Amiens, demeure une des grandes figures du comparatisme français. Son manuel de Littérature comparée (Paris, 1951) fait aujourd'hui référence. Auteur de nombreuses préfaces et d'études sur le romantisme, il a également établi les éditions critiques des oeuvres de Lamartine, de Victor Hugo, de Chateaubriand et de Charles de Gaulle.
Revenant à l'inspiration lyrique après Les Châtiments, Victor Hugo livre dans ce recueil les « mémoires d'une âme ». Miroir tendu au lecteur, Les Contemplations sont autant les souvenirs d'un homme se tour- nant vers sa jeunesse et d'un père pleurant son enfant que les méditations du poète-mage qui prophétise « Ce que dit la bouche d'ombre ». Au fi l des 11 000 vers, il déploie toute sa virtuosité prosodique. Si les genres lyriques classiques sont brillamment illustrés, la langue hugolienne en bouleverse les codes faisant « souf er un vent révolutionnaire » sur les alexandrins et mettant « un bonnet rouge au vieux dictionnaire ». L'édition de Léon Cellier éclaire l'itinéraire spirituel qui se dessine dans les subtils jeux d'oppositions et d'échos des six livres.
Lorsqu'il reprend son manuscrit après douze années d'interruption, après l'exil à Jersey et La Légende des Siècles, Victor Hugo conçoit Les Misérables comme le sommet de son oeuvre. Des égouts aux barricades de Paris, de l'histoire d'un saint à celle d'une poupée, de la possible rédemption de Jean Valjean à la crasse morale des Thénardier, partout c'est l'humanité qui rugit à travers la misère. Roman inclassable dans son siècle, prose poétique et tonitruante épopée, il est ce livre visionnaire « écrit pour tous les peuples » et dont la présente édition, établie par Marius-François Guyard, nous rappelle qu'il n'a rien perdu de son actualité. Ce second et dernier tome poursuit la destinée de Cosette et Marius, jusqu'à la suprême aurore.
Marius-François Guyard, professeur à la Sorbonne, ancien recteur de l'académie d'Amiens, demeure une des grandes figures du comparatisme français. Son manuel de Littérature comparée (Paris, 1951) fait aujourd'hui référence. Auteur de nombreuses préfaces et d'études sur le romantisme, il a également établi les éditions critiques des oeuvres de Lamartine, de Victor Hugo, de Chateaubriand et de Charles de Gaulle.
Dom Juan est un chef-d'oeuvre étrange, d'une originalité et d'une audace inouïes. Mais la fin de leur aventure reste problématique : que penser, en effet, du châtiment final de l'impie ?
Dans ce recueil, Maupassant renouvelle les manifestations du fantastique. Le surnaturel, désormais intériorisé, naît de la conscience tourmentée de l'individu et des objets du quotidien. Marie-Claire Bancquart montre comment l'esthétique fantastique de Maupassant prend appui sur ses qualités de conteur réaliste.
Eugénie Grandet demeure l'héroïne la plus fameuse et la plus controversée des Scènes de la vie de province. Riche héritière aux prises avec ses propres inclinations, le joug paternel, les concupiscences d'intrigants et les us de Saumur, elle figure le génie de Balzac romancier, mais aussi ses ambitions d'historien. Car c'est une étude de moeurs sur fond de révolution bourgeoise que tisse savamment ce drame de la vie privée au temps de la Restauration. Mise en lumière par l'intelligence critique de Pierre-Georges Castex, cette édition est l'occasion d'une incursion éclairée dans l'univers, éternellement contemporain, de La Comédie humaine.
Le cinquième volume d'À la recherche du temps perdu, paru en 1923, est le premier des trois posthumes. Il repose sur un étrange huis clos, entre Albertine, prisonnière insaisissable, et le héros, qui s'enferme dans l'enfer de la jalousie, mais s'approche du moment où va éclore sa vocation.
Poème allégorique complexe et foisonnant, La Divine Comédie mène le lecteur des neuf cercles de l'Enfer aux terrasses du Purgatoire pour aboutir aux neuf sphères du Paradis. Cette oeuvre est autant le récit didactique de la conversion de l'âme du poète perdu « au milieu du chemin de la vie » que l'avènement d'une création poétique universelle et totale alliant les traditions antique et médiévale au « poème sacré ». Sous l'égide de Virgile puis de Béatrice, Dante nous donne à voir des histoires tragiques et des visions mystiques, qui ont durablement inspiré les peintres, écrivains, musiciens et cinéastes. L'édition critique d'Henri Longnon éclaire la dimension historique et politique d'une oeuvre également ancrée dans les débats de son époque.
Le Malade imaginaire est l'ultime comédie-ballet de Molière, ornée par le musicien Marc-Antoine Charpentier. De manière géniale, le dramaturge réunit, dans une satire antimédicale féroce, le comique farcesque et la recherche de la vérité humaine.
Le manuscrit d'À rebours, conservé à la Bibliothèque nationale, est le seul vestige connu de la phase prééditoriale du roman de J.-K. Huysmans, publié en mai 1884. Ratures, ajouts, variantes ou ébauches avortées: le travail d'écriture est sensible dans ce brouillon, dont l'édition critique devrait faciliter les comparaisons avec le texte publié. Rédigé à grands traits ou griffonné et débordant l'espace de la ligne, nous voyons naître un texte qui marquera l'histoire littéraire: oeuvre en germe, mais déjà oeuvre à part entière.
Dans cette grande comédie bourgeoise, Molière, s'attaque au vice pérenne de l'avarice. Il montre la déshumanisation de son héros Harpagon, et, en réponse au tyran domestique, les procédés discutables que sont obligés d'employer ceux qui doivent défendre leur bonheur. Mais l'évidente gravité de la situation est surmontée par la volonté affirmée du comique.
La peau de chagrin, c'est ce talisman offert par un antiquaire au jeune Raphaël de Valentin, symbole de la finitude humaine, et auquel se voit désormais liée sa vie. À la lisière du conte fantastique, Balzac livre une suite de tableaux de moeurs et de milieux, où la passion et le drame côtoient les grands débats intellectuels de son époque. À travers l'intrigue romanesque aux accents orientaux se profile surtout une remarquable étude philosophique, clé de voûte de La Comédie humaine. Cette édition, établie et annotée avec soin par Maurice Allem, remet au jour un des romans balzaciens les plus acclamés de son temps, et qui ne cesse de donner lieu à de nouvelles adaptations cinématographiques.
Maurice Allem, de son vrai nom Léon Allemand, fut historien de la littérature et co-éditeur de la revue des Lettres françaises. Cet éminent philologue, spécialiste de la littérature française au xixe siècle, signa d'importantes monographies sur Balzac, Sainte-Beuve, Musset, ainsi qu'une étude historique, La Vie quotidienne sous le Second Empire (Paris, 1948).