Belles Lettres
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Golda Meir était sans aucun doute l'une des femmes les plus incroyables de son époque - et de toutes les époques. Née en 1898 à Kiev, fille d'un charpentier pauvre, elle est devenue la première (et la seule) femme Premier ministre d'Israël. Le premier souvenir de Meir est celui de son père barricadant la porte d'entrée en réponse aux rumeurs d'un pogrom imminent. La famille a émigré aux États-Unis et, pendant un certain temps, Meir a vécu avec sa soeur, où elle a été exposée à des débats sur le sionisme, le droit de vote des femmes, la littérature et le socialisme. Elle devient enseignante et, après son mariage, émigre à nouveau en Palestine, où elle s'installe dans un kibboutz. Toujours active sur le plan politique, elle est devenue le premier envoyé d'Israël à Moscou, a été promue ministre des affaires étrangères et a finalement été élue Premier ministre, à la tête d'Israël. Dans son autobiographie, elle écrit : « Pour moi, être juive signifie et a toujours signifié être fière de faire partie d'un peuple qui a maintenu son identité distincte pendant plus de 2 000 ans, malgré toutes les souffrances et tous les tourments qui lui ont été infligés. »
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Le communisme au village : la vie quotidienne des paysans russes de la Révolution à la Collectivisation
Nicolas Werth
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 3 November 2023
- 9782251455020
Basé sur des sources inédites longtemps inaccessibles dans les bibliothèques de recherche et les archives en URSS, cet ouvrage, à la fois d'ethnographie et d'histoire politique, explore la force et la cohésion du monde paysan face au monde extérieur et hostile de la ville et du pouvoir soviétique entre les révolutions de 1917 et la Seconde guerre mondiale. Il plonge dans le quotidien et les mentalités d'un monde rural ressorti - paradoxalement - plus traditionnel, voire plus archaïque, qu'avant la Première guerre mondiale et les révolutions de 1917. La grande réforme agraire menée par les paysans eux-mêmes a renforcé l'organisation sociale très particulière fondée sur une sorte de self-government paysan symbolisé par la toute puissance de la commune rurale, responsable de la marche au quotidien des affaires paysannes.
L'ouvrage décrit la lutte entre « l'ancien » - cette organisation et cette culture paysanne si spécifiques, et le « nouveau », c'est à dire les valeurs bolcheviques fondées sur une vision marxiste des luttes de classes dans les campagnes entre « paysans pauvres » et « paysans riches », les fameux « koulaks ». Cette lutte culmine lors de collectivisation forcée des campagnes lancée en 1929 par Staline.
Cette collectivisation forcée a non seulement réactivé la fracture profonde entre les « deux Russies », une Russie urbaine, industrielle et dominante et une Russie rurale, politiquement dominée, isolée et repliée sur elle-même ; elle a été bien plus que l'expropriation des paysans et leur embrigadement dans des kolkhozes : elle a détruit, définitivement, une culture, un mode de vie, une civilisation paysanne.
Elle a entraîné une véritable « dépaysannisation » de la paysannerie, véritable révolution anthropologique qui transforma le petit propriétaire paysan en un kolkhozien, un être indolent, paresseux et clochardisé, qui n'avait plus le goût de travailler une terre et de soigner des bêtes qui ne lui appartenaient plus. -
Les Juifs, la mémoire et le présent
Pierre Vidal-Naquet
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 5 May 2023
- 9782251454429
Sous ce titre sont regroupés des textes très divers :
Articles scientifiques sur les crises et les affrontements qui ont ébranlé le judaïsme, du II?
Siècle avant notre ère aux négateurs du grand massacre du XX? siècle. Sont également repris des préfaces à des ouvrages de passion et de raison, des reportages en Israël, des prises de position dans la presse quotidienne ou hebdomadaire.
Il se trouve que Pierre Vidal-Naquet, qui a choisi le monde antique gréco-romain comme objet d'études historiques, est aussi un Juif. En tant que tel, il s'efforce de penser dans l'histoire, la mémoire, le présent, le destin des siens : journaliste ou historien de métier, c'est un même homme qui a écrit tous ces textes au nom d'un même engagement existentie -
Au soir du 1er décembre 1934 - jour de l'assassinat du chef du Parti de Leningrad, Sergueï Kirov -, Staline ordonne d'élargir et d'accélérer la répression de tous les suspects de la « préparation d'actes terroristes ». Le signal de la plus gigantesque répression policière du xxe siècle est donné. Pendant quatre ans, des milliers de responsables du régime soviétique vont être arrêtés, emprisonnés et souvent exécutés. La liquidation de tous les anciens opposants à Staline va s'étendre, par cercles concentriques, à la majeure partie des cadres dirigeants. Les accusés, soumis à des procès publics, avoueront unanimement les crimes les plus abominables et les plus invraisemblables. Une fraction notable de l'opinion internationale quant à elle se cantonnera dans une expectative prudente, voire s'aveuglera sur ces mascarades judiciaires. Nicolas Werth retrace ici, parallèlement au récit mouvementé des « grands procès », la genèse et la dynamique de ce moment paroxystique de la logique totalitaire. Il le fait en tenant compte des données nouvelles et des discussions historiques récentes. Au-delà des banalités sur le culte de Staline ou des généralités sur le totalitarisme, l'auteur apporte des clefs d'interprétation qui permettent de mieux cerner cette période tragique.
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Des hommes ordinaires ; le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution finale en Pologne
Christopher R. Browning
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 9 September 2022
- 9782251453316
À l'aube du 13 juillet 1942, les hommes du 101e bataillon de police de réserve allemande entrent dans le village polonais de Josefow. Arrivés en Pologne quelques jours auparavant, la plupart d'entre eux sont des pères de famille trop âgés pour être envoyés au front. Dans le civil, ils étaient ouvriers, vendeurs, artisans, employés de bureau. Au soir de ce 13 juillet, ils se sont emparés des 1 800 Juifs de Josefow, ont désigné 300 hommes comme « Juifs de labeur », et ont abattu à bout portant, au fusil, 1 500 femmes, enfants et vieillards.
La plupart de ces réservistes ordinaires étaient devenus adultes avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir et n'avaient jamais été des nazis militants ni des racistes fanatiques. Pourtant en seize mois, ces hommes vont assassiner directement, d'une balle dans la tête, 38 000 Juifs, et en déporter 45 000 autres vers les chambres à gaz de Treblinka - un total de 83 000 victimes pour un bataillon de moins de 500 hommes.
Utilisant les témoignages de 210 anciens de ce bataillon, Christopher Browning les laisse raconter avec leurs propres mots leur participation à la Solution finale - ce qu'ils ont fait, ce qu'ils ont pensé, comment ils ont rationalisé leur conduite meurtrière.
Christopher Browning établit le bilan incontestable de l'activité d'extermination de ce bataillon, et accorde un soin minutieux à analyser l'environnement social et les actions personnelles des individus qui le composaient : il nous offre ainsi la preuve la plus accablante jamais établie à ce jour de l'ordinaire aptitude humaine à une extraordinaire inhumanité. -
Il est cinq heures, le cours est terminé : Bergson, itinéraire
Michel Laval
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 13 January 2023
- 9782251453910
« Il est cinq heures, le cours est terminé » sont les dernières paroles prêtées à Henri Bergson sur son lit de mort début janvier 1941 à Paris.
Avec Bergson disparaissait « le dernier grand nom de l'intelligence européenne » (Paul Valéry). Né au milieu du siècle précédent, Bergson avait suivi un itinéraire à nul autre pareil qui le conduisit des salles obscures d'une pension israélite à Paris où ses parents l'avaient abandonné enfant, aux cimes éblouissantes de l'École normale supérieure, de l'agrégation de philosophie, du Collège de France, de l'Académie française et du Prix Nobel de ittérature, en laissant derrière lui une oeuvre magistrale nimbée, comme d'une poussière d'étoiles, d'honneurs, de distinctions, de récompenses et de titres.
Ascension vertigineuse, qui porta Bergson à l'apogée de la gloire et même de cette « rallonge bizarre de la gloire qu'est la légende » (Thibaudet), mais qui s'acheva dans la désolation d'une nuit d'hiver où la France qu'il chérissait tant, s'enfonçait dans la honte de la collaboration et de la persécution des Juifs dont il ne voulut pas se désolidariser en renonçant à une conversion catholique annoncée.
Plus de quatre-vingts ans après sa disparition, la figure de Bergson s'est estompée comme sur ces vieilles photographies qui avec le temps ne laissent voir que des silhouettes fantomatiques.
Il est cinq heures, le cours est terminé veut replacer dans la lumière celui que Raymond Aron sacrait « le plus français des philosophes ». -
Walter Benjamin : histoire d'une amitié
Gershom Scholem
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 7 October 2022
- 9782251453453
Gershom Scholem et Walter Benjamin, deux Juifs berlinois appartenant à la même génération, refusent d'emblée le mensonge et le confort. Scholem quitte dès 1923 Berlin pour Jérusalem. Il y édifiera une oeuvre magistrale. À ses certitudes s'opposent les hésitations de Benjamin, la dispersion de ses écrits, la précarité de ses entreprises universitaires et littéraires, son balancement entre les séductions du marxisme et un sentiment très vif de son appartenance au judaïsme. Il envisagera même de s'installer en Palestine.
Témoin lucide, Scholem évoque les phases et les lieux de cette amitié : le Berlin de la guerre et de l'après-guerre, la Suisse, le Paris de 1927 et de 1938. Lettres à l'appui, il apporte des précisions sur l'attitude de Benjamin envers le sionisme et le communisme, sur ses relations avec d'autres figures des lettres allemandes de son temps : Brecht, Buber, Ernst Bloch, Hannah Arendt, Adorno, Horkheimer et l'École de Francfort. Il retrace la formation de la pensée de Benjamin, sa conception du rôle du critique littéraire, ses goûts artistiques, sa position ambiguë devant le marxisme. Il constate son double refus ; ni Moscou, ni Jérusalem, puis le caractère tragique de son exil : pour Benjamin, chassé d'Allemagne par le nazisme en 1933, Paris, « capitale du XXe siècle », siège d'une littérature dont il est le critique et le traducteur (Baudelaire, Proust), sera un lieu de solitude et d'angoisse avant le suicide d'octobre 1940 à la frontière espagnole. Au moment où l'oeuvre de Walter Benjamin est l'objet d'une attention croissante, cet essai de Gershom Scholem est une contribution essentielle à sa compréhension. -
Staline et les juifs : l'antisemitisme russe, une continuité du tsarisme au communisme
Arkadi Vaksberg
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 16 September 2022
- 9782251453484
S'il est vrai qu'à ses débuts la Révolution russe de 1917 a pu se parer des apparences d'une émancipation du peuple juif, il n'en demeure pas moins que, sous Staline, le vieil antisémitisme a toujours été complaisamment alimenté, couvé, tel une lame de fond prête à refaire surface à la moindre occasion.
Vaksberg retrace les différentes étapes de la discrimination des Juifs et de leur persécution : l'établissement par la Grande Catherine de l'« aire de sédentarisation » (les juifs ne pouvaient résider que dans certaines provinces de l'Empire), la politique d'exclusion des différents tsars au cours du XIXe siècle, jusqu'à l'organisation des pogromes massifs par Nicolas Ier et Nicolas II, puis la vague d'espoir suscitée par la chute de la monarchie.
Dès la prise du pouvoir effective par Staline, l'attitude envers les juifs sera marquée d'une grande ambiguïté qui virera progressivement à une politique ouverte de persécution, menée sous le prétexte d'un combat « antinationaliste ». L'apogée de ce mouvement de balancier sera atteint après la guerre, avec l'ass assinat du grand acteur Mikhoels, puis le tristement célèbre complot des « blouses blanches » : des médecins du Kremlin, pour la plupart d'origine juive, censés avoir comploté pour assassiner Staline, dont le procès - on le sait aujourd'hui - devait servir de prélude à une grande vague de persécutions antisémites. -
Chroniques du temps de la guerre (1941-1943)
George Orwell
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 9 April 2021
- 9782251451800
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L'éminence grise : études de religion et de politique
Aldous Huxley
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 21 October 2022
- 9782251453828
La vie du Père Joseph (1577-1638), surnommé par ses détracteurs « l'éminence grise du cardinal de Richelieu » dont il était ministre, est un saisissant paradoxe.
Le jour, ce chef de redoutables services spéciaux dirige les opérations sur le champ de bataille. Son exercice impitoyable du pouvoir réussit à prolonger les horreurs de la guerre de Trente Ans.
La nuit, ce fondateur d'un ordre de religieuses contemplatives prie ou compose des poèmes.
Pourquoi Aldous Huxley, le romancier de Contrepoint et du Meilleur des Mondes, s'est-il fait le biographe de ce prodigieux méconnu, mélange de Talleyrand et de saint Jean de la Croix ?
Parce que, dit-il, « la création d'un tel homme dépasserait le génie de n'importe quel artiste littéraire ». Certainement aussi parce que le Père Joseph, politicien mystique, s'est vu, le jour comme la nuit, en bâtisseur d'un monde meilleur... -
Weimar : une histoire culturelle de l'Allemagne des années 20
Walter Laqueur
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 22 October 2021
- 9782251452258
La plupart des Français l'ignorent : c'est en Allemagne, pendant les années 1920, que s'est développée la première culture authentiquement moderne. L'expressionnisme, Einstein, Bertolt Brecht, Gropius, Thomas Mann, Fritz Lang, Max Reinhardt, le Bauhaus, Heidegger, Paul Klee...
Autant de noms qui témoignent de l'exceptionnel jaillissement créateur de cette époque dont le livre de Walter Laqueur présente le premier panorama complet - et contrasté : car, la musique atonale ne doit pas faire oublier le brillant renouveau de l'opérette ni le néo-marxisme de l'École de Francfort, le succès de Marlène Dietrich, dans une société « permissive » avant la lettre. Mais, cette époque, aussi contradictoire que riche, connut aussi, peu après la Russie, l'assaut le plus radical et le plus violent contre la modernité, qui devait entraîner l'Allemagne et l'Europe avec elle au bord de l'apocalypse.
L'héritage de Weimar n'a pas fini de nous imprégner, ni de nous hanter.
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Les assassins ; terrorisme et politique dans l'Islam médiéval
Bernard Lewis
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 18 October 2019
- 9782251450384
Au Moyen Âge, pendant deux siècles, une secte islamique organisée en véritable internationale terroriste, pratique l'assassinat politique sous toutes ses formes, se forgeant ainsi une réputation mondiale d'Assassins. Aujourd'hui encore, l'histoire des Assassins nous concerne, car elle est une première et fascinante représentation des péripéties tragiques qui, dans des contextes différents, se sont reproduites jusqu'à nos jours.
Les idéologies sont autres, mais les lois du jeu politique étant constantes, le modèle reste le même. Au nom de la cause, la fin, déjà, justifiait les moyens.
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Les voisins ; 10 juillet 1941, un massacre de juifs en Pologne
Jan T. Gross
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 8 March 2019
- 9782251449197
Une historiographie radicalement nouvelle sur l'implication de la population civile polonaise dans l'Holocauste. La parution du livre a nourri une intense polémique aux Etats-Unis puis en Europe. Il est toujours censuré en Pologne.
« Le massacre collectif des Juifs de Jedwabne dans le courant de l'été 1941 rouvre le dossier de l'historiographie des relations entre Polonais et Juifs au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il faut mettre de côté les sédatifs administrés depuis plus de cinquante ans à ce propos par les historiens et les journalistes. Il est tout simplement inexact que les Juifs massacrés en Pologne au cours de la guerre l'aient été uniquement par les Allemands, à l'occasion assistés dans l'exécution de leur besogne macabre par des formations d'auxiliaires de police essentiellement composées de Lettons, d'Ukrainiens et autres « Kalmouks », pour ne dire mot des légendaires « boucs émissaires » que chacun fustigeait parce qu'il n'était pas facile d'assumer la responsabilité de ce qu'il avait fait - les szmalcowniks, les extorqueurs qui se firent une spécialité de faire chanter les Juifs essayant de vivre dans la clandestinité. En les désignant comme coupables, les historiens et autres ont trouvé commode de clore ce chapitre en expliquant que toute société a sa « lie », qu'il ne s'agissait que d'une poignée de « marginaux » et que, de toute manière, des cours clandestines s'occupèrent d'eux. [...] En vérité, il nous faut repenser l'histoire polonaise de la guerre et de l'après-guerre, mais aussi réévaluer certains thèmes interprétatifs largement acceptés comme explications des faits, attitudes et institutions de ces années-là. » - J. T. G
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La revolution brune ; la société allemande sous le IIIe Reich
David Schoenbaum
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 14 January 2021
- 9782251451572
Avec La Révolution brune de David Schoenbaum, l'étude du nazisme est passée du stade anecdotique au stade scientifique, de l'horreur des charniers et des champs de bataille à la froide objectivité de données sociologiques et quantitatives.
1933, date de l'accession de Hitler au pouvoir, plus que 1918, date de la déposition de Guillaume II, marque le début réel d'un processus de « modernisation » de l'Allemagne traditionnelle.
Arrivé au pouvoir avec une idéologie prônant le retour à la terre et à la petite entreprise, plus généralement à une image mythique de l'Allemagne médiévale, féodale ou barbare, le régime nazi accéléra dans la pratique le processus de transformation du pays en une société industrielle moderne, n'empêchant finalement ni l'exode rural, ni la liquidation de la petite entreprise, ni le travail féminin, « démocratisant », mieux que ne l'avait fait la République, l'armée et les administrations, en noyant les élites aristocratiques et bureaucratiques traditionnelles sous un flot d'arrivisme petit-bourgeois. En 1945, terme du processus, année zéro d'une nouvelle Allemagne, la vieille Prusse a cessé d'exister. Paradoxalement, le nazisme a créé les conditions d'exercice du régime démocratique stable qu'est la République fédérale.
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Le trois-mâts Bounty fait route vers l'Angleterre après avoir embarqué à Tahiti des plants d'arbres à pain quand, un matin d'avril 1789, le jeune officier Fletcher Christian - entraînant avec lui une partie de l'équipage - s'empare du commandement et abandonne dans une chaloupe au large des îles de la Société son capitaine William Bligh et dix-huit matelots avec cinq jours de vivres.
Bligh navigue quarante-trois jours avant d'aborder dans l'île de Timor, se révélant un remarquable meneur d'hommes et un excellent navigateur. La justice entre alors en action, mais ne saisit à Tahiti qu'un certain nombre des mutins. Christian et neuf autres ont disparu avec le Bounty. L'énigme de leur sort ne se résout que par la découverte en 1808 de la communauté de l'île de Pitcairn.
Les raisons de la rébellion, l'odyssée de Bligh (qui finira amiral et mourra en 1817 à soixante-trois ans), la tragique ou l'étonnante destinée des mutins, c'est ce que relate Sir John Barrow d'après les archives du procès et ses propres recherches dans ce récit publié en 1831, à la fois authentique et passionnant, d'une des plus célèbres mutineries de la marine anglaise. -
Les mémoires de Nell Kimball ; l'histoire d'une maison close aux Etats-Unis (1880-1917)
Nell Kimball
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 20 September 2019
- 9782251449821
Les Mémoires de Nell Kimball ne sont pas la « philosophie dans le bordel ». Cette « madam » au vocabulaire terriblement cru, brutal, tout en décrivant les maisons closes qu'elle a fréquentées, analyse et dissèque avec un réalisme aigu son époque.
Extraordinaire documentaire sur la vie quotidienne aux États-Unis de la guerre de Sécession au début de l'ère moderne, ce livre, oeuvre d'une femme intelligente, dure, sans illusions, nous révèle la face cachée d'une Amérique en proie à la révolution économique et aux bouleversements des moeurs.
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La ruine de la civilisation antique
Guglielmon Ferrero
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 17 January 2020
- 9782251450483
Dans La Ruine de la civilisation antique, publiée pour la première fois en France en 1921, le grand historien et intellectuel italien Guglielmo Ferrero se livre à son exercice favori :
Amener son lecteur à prendre du recul sur l'histoire contemporaine par une relecture en profondeur de la Rome antique (en l'occurrence, celle du Troisième siècle de l'Empire, au moment de sa chute).
Par ce détour, Ferrero souhaite interroger son lecteur, à une époque ébranlée par l'après Première Guerre mondiale et les débuts de la révolution russe, sur les mécanismes politiques et culturels à l'oeuvre dans le temps long d'une histoire politique occidentale qui est avant tout celle de la civilisation européenne.
Cet usage de l'histoire comme d'une lanterne éclairant le temps présent n'a rien perdu de son actualité et de sa finesse. Dans la description des luttes que se livrent des modèles institutionnels aussi différents que la dictature, la monarchie et la démocratie, Ferrero cherche à isoler les grands principes et mécanismes qui les sous-tendent. Ces mécanismes, il saisit quelques années plus tard l'occasion d'y revenir de façon plus détaillée dans sa grande oeuvre, Pouvoirs. Les génies invisibles de la cité (1943).
Dans son cheminement théorique, La Ruine de la civilisation antique apparaît comme le carrefour majeur entre les écrits de l'historien spécialisé dans le décryptage de la Rome antique et ceux du théoricien des limites mais surtout des principes de légitimité dont il a donné une lecture qui reste indépassée. Relire Guglielmo Ferrero c'est rendre hommage, dans la crise que nous traversons, à un européen convaincu, qui écrivait déjà que l'Europe se sauverait ou périrait tout entière et que, dans la bascule entre ces deux avenirs, la question de la forme des régimes politiques et de leur sincérité au regard de ses principes fondateurs n'est pas anecdotique, elle est centrale.
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Rue sans joie ; Indochine (1946-1962)
Bernard Fall
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 18 October 2019
- 9782251450360
La guerre d'Indochine a dominé la politique française de 1946 à 1954. Son souvenir a pesé lourdement sur le drame algérien. Renaissant de ses cendres en 1957, elle n'a cessé depuis lors de poser un angoissant problème à l'Amérique.
Incapables de résoudre leurs propres contradictions, le Laos et les deux Viet-Nam n'en viennent pas moins à bout des meilleures armées du monde. Pourquoi et comment ?
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Le conte de ma vie
Hans Christian Andersen
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 10 May 2019
- 9782251449388
Andersen avait la conviction que le récit de sa propre vie serait le meilleur commentaire de son oeuvre. Aussi avait-il doté l'édition de son oeuvre complète en allemand, parue en 1847 à Leipzig, d'une autobiographie, écrite et rédigée pendant son grand voyage en 1846 à travers l'Allemagne, l'Autriche, l'Italie et le Midi de la France.
À part quelques coupures indispensables, quand on s'adresse à un public français moderne, cette traduction suit fidèlement le texte original du Mit Livs Eventyr. Le langage et le style d'Andersen sont, même en danois, très particuliers. Le grand critique George Brandès a dit : « Ce n'est pas du danois, c'est beaucoup plus, c'est de l'Andersen. » J'ai tenu dans ma traduction à garder autant que possible ce ton naïf, plein de charme et de poésie, qui fait du Conte de ma vie, le plus riche et le plus vivant des contes d'Andersen.
L'édition présente du Conte de ma vie se termine comme l'édition originale danoise le 2 avril 1855. De la suite (du 2 avril 1855 au 17 décembre 1867) parue après la mort du poète, je n'ai indiqué que quelques dates et quelques événements.
Ainsi commence l'autobiographie d'Andersen : «Ma vie est un beau conte, riche et heureux. Si, lorsque je n'étais encore qu'un pauvre enfant abandonné, j'avais rencontré une puissante fée qui m'eût dit : « Choisis ta route et le but de ta vie, puis selon tes dons et les lois de ce monde je te protègerai et te guiderai », mon sort n'aurait pu être meilleur, ni plus sagement ordonné. L'histoire de ma vie confirme ce qu'elle m'a appris : « Il y a un bon Dieu qui mène tout pour le mieux. »»
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« Commissaire-priseur, il est vrai que c'est un drôle de métier qui s'apparente à l'art du spectacle, à cela près que la vedette n'est pas celui qui parle haut, s'agite sur une tribune, ponctuant régulièrement son discours de coups de marteau, mais bien plutôt l'objet. Pièce d'autant plus animée qu'à chaque instant environ cent vingt fois dans un après-midi, un nouveau comédien surgit et, tel Guignol, salue comme il se doit le commissaire, se retourne vers le public, fait le beau et s'esbigne à la dernière enchère.
Le thème de la comédie jouée chaque jour à Drouot, comme dans toute salle des ventes, c'est quelque chose comme «l'objet mis en jugement» et «ouragan sur la brocante». Stimuler les passions, énumérer les chiffres, donner des coups de maillet fut mon occupation pendant plus de trente ans. Une sorte de juge de paix chargé de tenir la balance égale entre celui qui désire se défaire au plus haut prix de son objet et le voisin qui brûle de l'acquérir pour pas cher. «Pour rien.» Ainsi dira-t-on d'un Van Gogh adjugé seulement 100 millions, comme on peut affirmer de la même oeuvre qu'elle est sans prix. C'est Babel et la confusion des langages. »
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Un siècle de trahisons ; la diplomatie francaise et les juifs, 1894-2007
David Pryce-Jones
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 10 January 2020
- 9782251450551
Durant tout le XXe siècle, et aujourd'hui encore, le Quai d'Orsay a mis en oeuvre une « politique arabe » destinée à assurer l' « influence française ». Quitte pour cela à trahir non seulement les valeurs fondamentales dont la France aime à se prévaloir, mais également ses citoyens juifs perçus, au mieux, comme partagés entre deux allégeances, au pire, comme traîtres en puissance. David Pryce-Jones met en lumière quelques constantes de l'action du Quai d'Orsay :
Préservation des intérêts matériels de la France, fascination pour la realpolitik, une anglophobie qui deviendra de l'antiaméricanisme... Les positions politiques de la diplomatie française masquent souvent un antisémitisme replacé ici dans un contexte culturel, historique et religieux plus large, avec notamment l'évocation de grandes figures d'intellectuels (Paul Morand, Paul Claudel, Jean Giraudoux et Louis Massignon).
Logiquement, cet antisémitisme se doublera d'un antisionisme à partir du moment où les Juifs entreprendront de déterminer eux-mêmes leur destin sans tenir compte des desseins que la France nourrit pour eux. De l'affaire Dreyfus à la présidence de Jacques Chirac, le Quai d'Orsay apparaît ainsi comme suranné et pétri d'illusions, incapable d'accepter les événements et a fortiori de les analyser, qu'il s'agisse de la persécution des Juifs par l'Allemagne nazie, du soutien apporté au grand mufti de Jérusalem, de la création et de la préservation d'Israël ou des compromissions du gouvernement français avec le colonel Kadhafi, Yasser Arafat, l'ayatollah Khomeyni et Saddam Hussein. David Pryce-Jones dresse un portrait implacable et inquiétant de la diplomatie française.
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Anus mundi ; cinq ans à Auschwitz
Wieslaw Kielar
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 6 March 2020
- 9782251450841
Anus mundi, l'anus du monde : un médecin SS avait ainsi qualifié le camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz. Un homme a vécu là durant cinq années et raconte ce qu'il a vu. Arrivé avec les 728 premiers déportés politiques polonais le 14 juin 1940, Wieslaw Kielar (19I 9- 1980) sera à la fois le témoin et la victime des punitions arbitraires qui rythment la vie du camp. Il détaille la terrible hiérarchie installée par les nazis entre les prisonniers, le développement du camp, les nouveaux arrivants, la routine des exécutions qui vont s'accélérer durant la dernière année de sa détention.Tout est décrit aussi objectivement que possible.
Son témoignage a la précision d'une mémoire qui a été marquée au fer rouge de l'horreur et qui ne peut oublier ni les potences, ni les coups, ni l'entassement des morts, ni les SS, ni "l'organisation", c'est-à-dire la vie quotidienne dans l'enfer. La vérité modeste qu'il transmet fait de son récit un document irremplaçable pour l'Histoire. Il nous est parvenu au moment où de nouvelles générations ignorantes des faits qu'il rapporte ont pu douter de leur réalité, tant ils sont incroyables.
Le général Eisenhower l'avait prévu en termes crus : "Ecrivez, photographiez, filmez" avait-il dit aux journalistes présents lors de la libération des camps de concentration : "Dans cinquante ans il se trouvera des bâtards pour dire que tout ceci n'a jamais existé ! " Qui aura suivi "la lente descente de Kielar dans les ténèbres concentrationnaires" ne pourra toutefois plus oublier.
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Voici l'une des autobiographies les plus franches et les plus divertissantes de l'histoire littéraire ; voici un jeune auteur qui confesse, avec une désarmante et insolite franchise, ses désirs, ses ambitions et ses faiblesses. On a comparé ce journal à celui de Samuel Pepys et aux Confessions de Rousseau. Il y a des traits communs, mais Rousseau est un romantique, Boswell un classique. Rousseau compose un récit ; Boswell note au jour le jour ce qu'il fait et ce qu'il entend. Rousseau gémit sur ses échecs ; Boswell se moque des siens, avec une savante ingénuité.
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Louis II de Bavière ou Hamlet Roi
Guy Pourtales
- Belles lettres
- Le Gout De L'histoire
- 8 March 2019
- 9782251449234
Le présent livre offre un portrait de ce « malheureux roi » que fut Louis II, victime, à l'instar de Liszt et de Chopin, des affres du romantisme. Ce portrait d'un roi artiste s'inscrit dans le cycle biographique sur l'Europe romantique initié par Guy de Pourtalès en 1926 et qui connut un grand succès en librairie.
Chez Louis II de Bavière, la beauté fut l'unique forme de l'amour. Et si sa vie paraît marquée par l'impuissance et la folie, son drame touche d'autant plus le lecteur qu'il a été vécu pour l'illusion. Ce timide rougissant a eu pourtant des audaces de César, et dans la vieille Europe du XIXe siècle finissant, il est le dernier grand artiste portant couronne. C'est un véritable personnage de tragédie, si semblable à Hamlet que l'on pourrait reprendre les mots de Shakespeare pour en esquisser le portrait.