L'auteur du Bref Été de l'anarchie et de La Grande Migration retrace dans cet essai l'histoire des terroristes russes qui, de 1862 à 1917, inlassablement, ont sacrifié leur vie pour renverser le régime tsariste. C'est peu dire que ces personnages sont romanesques ou hors du commun : ils se sont volontairement situés, par l'absolu de leur révolte, hors de l'humanité, poussant à son extrême le mépris de soi, des autres et de la vie en général. Mépris qui culmine dans les figures de Netchaiev ou Asev, qui organisèrent des dizaines d'attentats terroristes et travaillaient en même temps pour la police secrète du tsar.
Hans Magnus Enzensberger est né en 1929 à Kaufbeuren en Bavière. Docteur en philosophie et éminent représentant de la poésie allemande contemporaine, H. M. Enzensberger est aussi romancier, traducteur, journaliste et essayiste. Analyste critique des médias, il s'est notamment illustré par ses études consacrées aux liens qui unissent violence et politique.
À l'occasion de ses 90 ans, l'homme politique et philosophe, Mario Tronti, revient sur une vie consacrée à la lutte, à la sagesse de cette lutte politique essentielle qui a marqué son siècle, le vingtième, et dont l'édifice s'est effondrée comme sous le coup d'une date de péremption. Revenir sur une vie, c'est ne pas craindre la mort. Il est un âge auquel on peut dire: "la vieillesse est finie, vient l'âge des patriarches". Cet âge permet un regard sans complaisance sur ce qui a été accompli et sur ce qui a été gâché. La longue réflexion de Tronti est un enseignement exemplaire pour un temps sans horizon. Déjà dans La politique au crépuscule il écrivait: Surgit alors le critère de l'honnêteté: à un certain moment tu sens que tu dois savoir comment les choses se sont effectivement passées.
Mario Tronti (Rome 1931) est une penseur politique italien, fondateur du mouvement opéraïste, défenseur d'une politique qui l'a conduit à entrer au Parti communiste italien, dont il fut sénateur. Auteur d'ouvrages fondateurs, il a publié à partir de la fin des années 90 des livres qui témoignent d'un certain pessimisme à l'égard du politique : La politique au crépuscule (2000) Nous opéraïstes (2013) ont paru aux éditions de l'éclat.
« Lequier, à toi toujours ! » s'écrie André Breton dans l'avant-dire de Nadja, et Xavier Tilliette d'ajouter : « Lequier est un des rares philosophes qui font aimer d'emblée la philosophie, par le frémissement qu'il communique, par l'urgence qui le talonne, par ce langage direct, inhabituel, sans fioritures ni abstractions. » C'est dire combien nous espérons que cette nouvelle édition de ses écrits les plus importants puisse suggérer à notre siècle un `retour' à Lequier (1824-1862), qui a posé en des termes, souvent repris mais jamais égalés, la question de la liberté : « Je suis libre. Je suis, par-delà ma dépendance, indépendant, je suis une indépendance dépendante ; je suis une personne responsable de moi, qui suis mon oeuvre, à Dieu qui m'a créé créateur de moi-même. »
Le volume comprend également La notice biographique de Jules Lequier par Prosper Hémon établie par Gérard Pyguillem, le très étonnant « L'incommunicable secret caché sous ce mot `Nous' » de Lequier, tiré des manuscrits, et différentes contributions en appendice.
Jules Lequier (1824-1862) est né à Quintin (Cotes-du Nord) et meurt (noyé) à côté de Saint-Brieuc. Il n'a jamais rien publié de son vivant, mais adressait ses écrits à Charles Renouvier qui publia dans SES écrits des pages de Lequier sans en préciser la provenance. A la mort de Lequier, Renouvier publia ses écrits mais ne les diffusa pas. Sartre emprunte à Lequier la définition de l'existentialisme: "Faire, non pas devenir, mais Faire et en faisant se faire."
La Dramaturgie se présente comme l'équivalent contemporain de La poétique d'Aristote. C'est donc un traité sur les mécanismes du récit, leur raison d'être et leur signification. Mais alors que le philosophe n'avait que les pièces grecques pour illustrer son ouvrage, Yves Lavandier peut s'appuyer sur un répertoire beaucoup plus riche, puisant ses nombreux exemples dans le théâtre, le cinéma, la télévision, les contes et la bande dessinée.
Auteur dramatique, cinéaste et script doctor, Yves Lavandier a été formé à Columbia University par Frantisek Daniel, Stefan Sharff et Milos Forman. Il a écrit et mis en scène des pièces pour marionnettes, écrit et réalisé une dizaine de courts métrages et un long métrage sorti en 2001 avec Émilie Dequenne et Gérard Jugnot : Oui, mais.... Il est également pédagogue et l'auteur de La Dramaturgie, devenu depuis longtemps une référence, ainsi que de Construire un récit et Évaluer un scénario.
Faire se retrouver dans un même volume le poète de Grado Biagio Marin (1891-1985), connu de quelques initiés et dont l'oeuvre en dialecte semble être aussi infinie que la lagune qui fait face à la ville, et Pier Paolo Pasolini (1922-1975), célébré dans le monde entier comme l'horizon d'un siècle dont il fut l'icône pourfendue, est de l'ordre du naturel. Un naturel toutefois paradoxal. Ces deux hommes, que plus de trente années séparent, furent amis. Amis de poésie, comme on l'est de l'enfance, passée pour l'un et pour l'autre dans ces régions des Trois Vénéties, à une époque où la langue était encore attachée au paysage. Aux 6 essais inédits de Pasolini sur Marin, font suite 2 recueils de Marin, l'un édité par Pasolini, l'autre écrit au lendemain de sa mort en 1975. Poèmes en bilingue.
Biagio Marin (1891-1985) est né à Grado (Vénétie). Auteur d'une oeuvre abondante en dialecte, elle ne fut connue du public que tardivement grâce à Pasolini.
Pier Paolo Pasolini (1922-1975) dont on célèbrera le centenaire de la naissance en 2022, est une des figures les plus importantes de la culture italienne du XXe siècle. Il meurt assassiné en novembre 1975 sur la base d'Hydravions d'Ostie, dans des conditions non encore élucidées.
Massimo Cacciari (1944) est philosophe et fut Maire de Venise.
Dire le `sonore' a été une des gageures de l'écriture esthétique et, au XXe siècle, on aura plus largement insisté sur la structure et la forme, au détriment de la sensation, en affirmant la toute-puissance du discours. Mais il suffit de porter l'oreille à une conque marine pour que le son de la mer qu'on y entend, ébranle les édifices, mette à bas les échafaudages rhétoriques de ce qu'entendre veut dire. Dans Les Mots et les sons, François J. Bonnet explore les voix fantômes, l'inframince du son, le sampling, la phonographie et les résonnances dont notre univers est peuplé et qui échappent à la forme traditionnelle de l'écoute. Il ouvre sur des archipels sonores inouïs, éphémères et précaires comme les TAZ, mais riches de nouvelles expériences d'écoute.
François J. Bonnet (1981), compositeur et théoricien, dirige le Groupe de Recherches Musicales de l'Institut National de l'Audiovisuel (INA grm) depuis 2018. Il a également publié L'infra-monde (MF, 2015), Après la mort (L'éclat, 2017) et La musique à venir (Shelter Press, 2020), qui ont été traduits dans plusieurs langues.
C'est dans la presse que sont nées les Aventures de Tintin, il y a bientôt un siècle, puis qu'elles y ont été massivement diffusées. Dans Hergé et la presse, Geoffroy Kursner retrace en détail l'histoire chronologique des parutions des bandes dessinées d'Hergé dans les périodiques (plus de trois cents titres) imprimés aux quatre coins du monde (plus de quarante pays, dont la Grèce, l'Iran, l'Inde ou le Venezuela). Par ailleurs, l'auteur en propose une analyse sous plusieurs angles (historiques, contractuels, techniques et promotionnels) et évoque des dizaines de projets avortés et de parutions incomplètes ou inachevées. Enfin, il offre un inventaire le plus exhaustif possible des parutions avérées (pays par pays, périodique par périodique).
L'ouvrage fourmille d'informations inédites, l'auteur ayant pu s'appuyer sur une bibliographie riche et polyglotte, diverses archives, ainsi que des collections publiques ou privées. Il est agrémenté de nombreuses illustrations, rares ou jamais vues.
Né à Genève, Geoffroy Kursner est juriste. Passionné d'histoire et de littérature en tous genres, il est l'auteur de plusieurs ouvrages et articles. Il est membre de diverses associations tintinophiles (aux quatre coins de l'Europe) et collabore régulièrement à la revue Hergé au pays des Helvètes.
Né à Genève, Geoffroy Kursner est juriste. Passionné d'histoire et de littérature en tous genres, il est l'auteur de plusieurs ouvrages et articles. Il est membre de diverses associations tintinophiles (aux quatre coins de l'Europe) et collabore régulièrement à la revue Hergé au pays des Helvètes.
Ces huit essais inédits de Martin Buber témoignent de la permanence de la réflexion politique chez ce penseur du judaïsme. Proche de Gustav Landauer, Buber a su associer une réflexion profondément ancrée dans la spiritualité à un attachement jamais démenti envers la pensée anarchiste sous ses formes les plus variées. Ce volume en témoigne, où la question n'est pas tant celle du 'socialisme', que celle des pratiques de la politique qui ont pu nourrir une réflexion sur la question des utopies réalisables. Qu'il s'agisse de la non-violence, prônée par Ghandi, ou de la désobéissance civile théorisée par Thoreau, Martin Buber tresse autour de l'idée d'un principe politique non dogmatique les fils multiples d'une action alternative en vue d'un nation sans État autour de l'idée de communauté.
Martin Buber (Vienne 1878-Jérusalem 1965) a enseigné à l'université de Francfort, avant de quitter l'Allemagne pour Jérusalem en 1938, pour les raisons que l'on sait. Il rejoint alors un groupe d'amis qui oeuvraient en Palestine mandataire au sein de mouvements prônant la solution d'une terre pour deux peuples. On peut lire lui en français Utopie et socialisme (1952), ou la biographie: Martin Buber, sentinelle de l'Humanité, par Dominique Bourel. À L'éclat on peut lire: Communauté, paru en 2018.
À ces êtres qui ne m'ont jamais plu !
Poète dandy, Lord Byron (1788-1824) a écrit une oeuvre empreinte de mélancolie. Mais aussi de rébellion. Mis au ban, par l'aristocratie à la suite de scandales, aussi bien publics que domestiques, il quitta l'Angleterre, se réfugia en Suisse puis en Italie. Mais il était alors déjà entré dans la légende, incarnant le romantique révolté par excellence. Son oeuvre et sa vie ont remporté l'admiration de Shelley et de Goethe, et inspiré Delacroix et Berlioz. Allia a déjà publié Poèmes et Caïn.
Qu'est-ce que le Commun? Quels sont ses fondements? S'agit-il d'un ensemble de ressources bien délimitées ou, au contraire, d'un principe général d'organisation sociale de la production? L'objectif de cet ouvrage est double. Fournir au lecteur un guide pour une analyse critique des principales théories économiques et juridiques des biens communs, qu'il s'agisse de la contribution d'Elinor Ostrom, du débat sur la prétendue "tragédie des biens communs" ou des propositions de Dardot et Laval. Le second objectif est de proposer une approche alternative à celle de l'économie politique. Dans ce cadre, le Commun est pensé comme un véritable "mode de production" qui implique une reconsidération complète des fondements de notre société.
Carlo Vercellone est économiste, professeur des universités à l'UFR « Culture et communication », Université de Paris VIII. Chercheur associé au Sophiapol - Paris Ouest. Chercheur invité au CES-CNRS - Paris 1.
Francesco Brancaccio est enseignant-chercheur à l'UFR Culture et Communication de l'Université Paris 8 et membre du CEMTI.
Alfonso Giuliani, économiste, est chercheur au Centre d'économie de la Sorbonne (CES-CNRS 8174).
Sous le titre un peu académique de cet inédit, se cache un questionnement d'un grand intérêt sur le statut du texte biblique. Pour la tradition, la Bible, en tant que révélée, ne peut être sujette à la critique. Elle doit être lue à la lettre, à la différence de la critique biblique qui étudie la formation du texte, ses différentes époques, etc. Ces deux courants opposés ne satisfont entièrement l'homme de foi et d'ouverture qu'était André Neher. La complexité de l'hébreu est au coeur de son raisonnement. Les commentaires bibliques sont à leur manière une 'lecture critique' de la Bible, qui en préservent la dimension révélée. Pour Neher, la révélation s'exprime dans la langue et la langue est le coeur d'une lecture critique, confirmant la dimension toujours dialectique du judaïsme.
André Neher (1914-1988) a marqué le judaïsme français du 20e siècle, inaugurant son enseignement universitaire, oeuvrant comme penseur et éducateur, depuis Strasbourg jusqu'à Jérusalem, où il s'installe en 1967. Son oeuvre, qui traite de la prophétie, de l'hébreu, du Maharal de Prague et du silence de Dieu, est un viatique pour ceux qui veulent comprendre le judaïsme, dans ses dimensions, morales, spirituelles et philosophiques. L'éclat lui a consacré un volume en 2011 : Héritages d'André Neher.
Le livre de Xavier Tilliette sur Jules Lequier a été le premier ouvrage d'envergure qui a tenu compte des travaux consacrés à Lequier depuis l'édition des OEuvres en 1952. Il replace cette oeuvre atypique dans le contexte d'une «philosophie chrétienne», dont on a pu dire qu'elle n'existait pas plus que la «mathématique chrétienne». Tilliette inscrit l'oeuvre de Lequier dans une réflexion philosophique et religieuse, où la question de la liberté est posée en même temps que celle de la foi, et qui trouve une résolution tout à fait originale par rapport aux philosophies rationnelles de la liberté et aux philosophies religieuses de la foi. L'authenticité de ma foi dépend de ma liberté! Et c'est à ce titre que la pensée de Lequier accomplit une véritable révolution dans le christianisme.
Xavier Tilliette (1921-2018) est philosophe et jésuite et auteur de nombreux ouvrages sur Schelling, Jaspers et la philosophie chrétienne. Il a formulé une "christologie philosophique" qui propose une lecture philosophique des Evangiles. Il fut professeur à la Catho et au Centre Sèvres et dans différentes universités étrangères. A une rigueur philosophique exemplaire, Tilliette associe un style d'une très grande beauté, fidèle en cela à Jules Lequier qui fut, à sa manière, son "tourment".
Le livre de Bertocchi revient sur la question lancinante de Sur la Question juive du jeune Marx. Le pamphlet a fait couler beaucoup d'encre et de larmes sur le supposé `antisémitisme' de Marx et, par ricochet, de la gauche tout entière. La psychanalyse a parlé de haine de soi et les historiens ont invoqué l'air du temps pour expliquer une position qu'il faut replacer dans un ensemble de textes de la même époque, dont la cible est principalement la société bourgeoise capitaliste. Sur la Question juive dérange parce que le texte procède plus par invectives que par démonstrations et semble vouloir régler des comptes pour lesquels l'auteur manque d'argumentation, au point que le « Juif » de Marx finira par disparaître comme figure et principe de l'égoïsme bourgeois dans les oeuvres à venir.
Jean-Louis Bertocchi, docteur en philosophie, a participé aux activités du laboratoire de recherches du CNRS (URA 1084) dirigé par Yves Schwartz. Entre autres livres ou articles, il a publié Marx et le sens du travail, aux Éditions sociales en 1996 et, plus récemment, Moses Hess. Philosophie, communisme et sionisme. De la fraternité sociale à la terre du retour, aux Éditions de l'éclat en 2018.
Dans le climat de l'Ère des réformes, l'utopie technologique imaginée par John A. Etzler n'est pas vraiment extravagante : tant d'autres, au milieu du XIXe siècle, ont imaginé des projets saugrenus pour refaire le monde. Fort réticent à l'égard de ces communautés chimériques, Emerson suggère au jeune Thoreau de rédiger une critique de l'ouvrage d'Etzler. Dans la fantaisie irréalisable qu'il commente, Thoreau apprécie la suggestion d'une relation apaisée avec la nature mais n'accepte pas une société idéale dont le but serait le confort matériel et la recherche du plaisir. Surtout, l'utopie d'Etzler manque l'essentiel : elle ne fait pas confiance à l'homme. Or, s'il doit y avoir progrès, il sera individuel.
Américain dissident, Henry D. Thoreau (1817-1862) est un réfractaire qui se plaît à résister, à suivre son chemin absolu en dépit de tout. Par ses écrits, il met la force tonifiante de sa résistance au service de tous ceux qui veulent garder l'esprit en éveil et maintenir une position critique peut-être plus nécessaire que jamais à notre époque de contrôle soft de l'opinion par les divers moyens d'information ou les « produits culturels ».
A travers les multiples représentations de Marie, Massimo Cacciari interroge la figure de cette femme qui accepte d'enfanter Dieu et de se soumettre à l'Enfant de Dieu, disant toutes la complexité d'une religion devenue humaine, fondée sur le geste propre de la féminité, mâtiné de miracle et de doute. Marie incarne un aspect bouleversant du christianisme. Une femme met au monde un enfant (in-fans=privé de parole). Une scène vécue par chaque femme devenant mère, mais qui révèle ici l'essence de la divinité. Dans un très grande forme stylistique, Cacciari passe ici de l'étude esthétique de telle ou telle représentation, à la plus pure réflexion théologique et philosophique. En montrant Marie dans sa plus claire béatitude et détermination face au monde, il montre l'invisible et l'indicible.
Massimo Cacciari est né à Venise en 1944. Il a été maire de cette ville de 1993 à 2005. Son oeuvre philosophique est abondante, depuis Krisis (1976) jusqu'à sa plus récente parution : Le travail de l'esprit (2020). En français on peut lire à L'éclat: Drân. Méridiens de la décision dans la pensée contemporaine (1992). Déclinaisons de l'Europe (1994) Le Jésus de Nietzsche (2012) ainsi. que Icônes de la Loi (C. Bourgois 1990), L'Ange nécessaire (C. Bourgois 1988), Le Dieu qui danse (Grasset 2000).
L'utopie sociale naît d'une insatisfaction collective. L'utopie réalisable, c'est la réponse collective à cette insatisfaction. Mais comment répondre collectivement à une insatisfaction ? et quelles limites une collectivité doit-elle respecter pour satisfaire à son utopie réalisée ? Telles sont les questions soulevées - avec une grande précision et quelques dessins au trait - par le livre de Yona Friedman, paru pour la première fois en 1974, et revu et augmenté pour cette édition.
Si la très jeune danseuse contorsionniste hante l'art et la peinture, depuis les descriptions priapiques d'Augustin ou de Jean Chrysostome, c'est au coeur du xixe siècle que Salomé entre de plein pied et en grande pompe dans la littérature, avec l'Hérodias de Flaubert, suivi par Huysmans, avant qu'à son tour Jules Laforgue s'en mêle et qu'Apollinaire, enfin, ferme le bal au début du nouveau siècle. Sont rassemblées ici quatre Salomé, auxquelles s'ajoutent deux notes de Gustave Moreau sur ces propres tableaux, qui laisse voir le mythe entier d'une fillette aux prises avec le pouvoir et la cruauté, et un cahier d'images en couleurs qui va de la Salomé en mosaïque de Venise aux Mangas. Préface de Patricia Farazzi.
C'est Gustave Flaubert qui, en France, ouvre le bal des Salomés avec son Hérodias en 1877, presque en même temps que les Salomés de Gustave Moreau qui en donne les descriptions dans ses carnets (1876), avant que ne s'y collent Huysmans à la fois dans ses critiques d'art et dans A rebours (1884) ou Jules Lafforgue (1877). Apollinaire ferme le bal en 1902 avec une Salomé mourante, dont la tête flotte sur un lac gelé de Nicopolis du Pont, où elle fut reine d'Arménie mineure.
Le verbe Avoir est au coeur de notre langage. Nous disons continuellement que les êtres humains ont des pensées, des expériences, ou encore qu'ils ont peur ou soif. Quelles implications se cachent derrière ces phrases familières ? En suivant les aventures de l'avoir, Paolo Virno nous entraîne dans un voyage à l'intérieur de la nature du langage et de l'humain. Celui qui a quelque chose ne se confond jamais avec ce qu'il est. Cet écart entre ce que l'on a et ce que l'on est nous fait réfléchir sur nous-mêmes, sur ce que nous faisons et dont nous avons conscience. Mais c'est aussi par là que nous sommes libres d'abandonner ce dans quoi nous ne nous reconnaissons plus, et de désirer ce que nous n'avons pas encore : un ami intime, une vie plus gratifiante, une communauté.
Paolo Virno enseigne la philosophie du langage à l'Université Rome 3. Il est l'auteur d'une oeuvre rigoureuse où la philosophie du langage s'imbrique dans une pensée du monde et de l'animal parlant qui l'habite. Outre ses récents écrits sur la négation (Essai sur la négation, 2016) ou sur la régression à l'infini (Et ainsi de suite, 2014), un ensemble de ses textes écrits sur près de 40 années a été rassemblé sous le titre L'Usage de la vie et autres sujets d'inquiétude (L'éclat, 2016).
De 1956 à 1973 la Tunisie a perdu la quasi-totalité de sa population juive, qui a émigré en France ou ailleurs. Ce livre, paru une première fois en 1983, raconte sous une forme romancée le drame de cet exil, tel qu'il a pu être vécu par des personnages aussi improbables qu'Alma Alba, détentrice malgré elle de la clé de la dernière maison juive, ou Judith, fillette égarée entre Tunis et Belleville où la communauté s'est installée à son arrivée en France. Il s'agissait de raconter le mythe de cet exil, à travers des personnages symboliques et de rappeler de quoi était faite la vie de cette population (coutumes, langages, histoires) et ce qu'elle a pu endurer, contrainte qu'elle était à un exil sans retour. L'auteur, quant à lui, apparaît masqué au fil des pages, mais ne la ramène pas trop.
Michel Valensi (Tunis, 1956) est (aussi) éditeur. Avant de créer les éditions de l'éclat en 1985, il a exercé différents métiers: rangeur de fiches au CNRS, agitateur de négatifs photo dans une chambre noire, cuisinier, tubiste, violoncelliste, barman, chanteur, deuguiste en Sciences des Textes et des Documents (qui n'est pas un métier). Il a publié avec Patricia Farazzi une correspondance en 2020, Lettres du chemin de pierre. L'empreinte a été son premier roman, mais pas son dernier.
- Ce n'est pas possible ! a crié Thomas.
Y a une erreur. Ils ne peuvent pas nous faire ça !
- Oh, si ! Ils peuvent..., a répondu le maître.
Et il a affiché le nouveau règlement du championnat de foot inter-écoles. La surprise était en bas de la feuille, en tout petit : « Chaque équipe comptera au minimum deux fi lles en permanence sur le terrain ».
- Des filles au foot ? Et puis quoi, encore ? a repris Antoine.
- Chloé ? Qu'est-ce que tu en penses ? m'a soufflé Aminata.
- J'en pense que je te verrais très bien dans les buts !
L'autrice :
Sophie Dieuaide a publié plus de 50 livres, notamment des romans juniors (Casterman, Nathan...), dont plusieurs figurent sur la liste de l'Éducation nationale ou ont reçu des prix. Elle écrit aussi pour la presse jeunesse (Bayard). Elle vit dans le Val-de-Marne.
L'illustrateur :
Fred L. est créatif dans la publicité. Chez Talents Hauts, il a publié Le zizi des mots, Quand Lulu sera grande, Le meilleur cow-boy de l'Ouest et la série « Les Papareils ». Il vit à Saint-Mandé (94).
enfant de demain, si ton rêve exhume nos corps - des mains qui se tendent avec force vers des visages de chiffons jaunes -, étouffe étrangle la gorge du rêve et enfouis dans la cendre tes larmes. car notre foi est devenue oiseau de proie.Cette anthologie du poète Avrom Sutzkever, a été confiée à Rachel Ertel, dont on connaît l'engagement pour le yiddish et le grand sens poétique des traductions. Son oeuvre qui traverse le siècle est porteuse d'un extraordinaire espoir en la poésie qui, en plusieurs occasions, lui a sauvé la vie. Tous ses ouvrages y sont représentés et si une grande partie est consacrée au ghetto et à sa résistance, l'ensemble résonne au-delà de l'engagement politique. On peut parler d'un véritable engagement poétique qui aura raison des drames de notre sombre XXe siècle.
La vie et l'oeuvre d'Avrom Sutzkever sont exemplaires à plus d'un titre. Né en 1913, il s'installe à Wilno en 1923 et rejoindra l'avant-garde poétique de la Jeune Wilno. Enfermé dans le Ghetto, il prendra une part active à la résistance et témoignera au procès de Nuremberg. Il fut actif au sein de la Brigade de papier qui cachait des milliers de livres qui furent retrouvés après la guerre. Après un séjour en Union soviétique, il s'installe en Israël en 1947 et y vivra jusqu'à sa mort en 2010.
La cabale a développé au sein du judaïsme un vaste réseau d'interprétations qui a permis l'édification d'un système accordant place et reconnaissance religieuse aux formes multiples de l'identité sexuelle, à la bisexualité, aux distorsions entre le «sexe des corps» et le «sexe des âmes» et à une économie complexe du désir, dont nos sociétés contemporaines sont également le reflet. C'est ce réseau que Charles Mopsik a exploré, à travers l'étude des écrits de grands cabalistes, tels que Hayyim Vital, Isaac Louria, ou Abraham ben David de Posquières. Ces essais que Charles Mopsik (1956-2003) avait voulu rassembler en volume, suite à son édition du Secret du mariage de David et Bethsabée de R. Joseph Gikatila (L'éclat, 2003), donnent toute la mesure de son génie paradoxal.
Charles Mopsik (1956-2003) a transformé profondément les études juives en France à partir de ses premières traductions des grands textes de la tradition et en particulier celle du Zohar, restée inachevée. Ses ouvrages témoignent d'une oeuvre d'une extraordinaire liberté et richesse d'esprit. Il disparaît prématurément à 46 ans. L'éclat à également publié ses Chemins de la cabale. 25 études sur la mystique juive (2004) et son édition du Secret du mariage de David et Bethsabée de J. Gikatila.
Peut-on parler d'une seule et même musique arabe ? Comment circonscrire géographiquement et stylistiquement un genre musical aussi vaste ? Le projet de cette anthologie est de montrer qu'il n'y a pas qu'une musique arabe, tout en révélant l'unité musicale qui rassemble une vingtaine de pays aux langues, à la culture et au développement différents. Quels sont les points communs entre Rachid Taha, Oum Kalsoum et Omar Souleyman ? Entre les artistes kurdes, libanais ou kabyles ou les musiques populaires, savantes ou religieuses de ces régions ? À travers une centaine d'enregistrements, qui feront passer le lecteur des musiques traditionnelles à leurs réinterprétations pop, se dessine une riche cartographie musicale, propice à une déambulation sonore inédite.
Née en 1987 à Nantes, Coline Houssais est une spécialiste des cultures du monde arabe. Passée par l'Institut d'Etudes Arabes de Damas, elle enseigne désormais à Sciences Po. Traductrice, journaliste, productrice, elle a créé deux performances musicales : les Rossignols de Bagdad, sur l'âge d'or de la musique irakienne, et Casseta, sur les archives sonores de la communauté kabyle en France. Coline habite en général dans un train, entre deux voyages.
L'Atelier du scénariste examine l'écriture pour le cinéma, du point de vue du métier comme de la création.
Comment rédiger un synopsis et une continuité dialoguée, comment concevoir un protagoniste, comment distinguer l'épaisseur d'une histoire de la simple trame du récit ? Cet ouvrage propose des principes utiles dans le cas d'une adaptation, il veille à distinguer le protagoniste du héros et l'antagoniste de l'ennemi, précise la fonction de la voix off et les ressources du flash back, révèle qu'un prologue peut contenir le secret d'un film tout entier. Il fournit aussi des conseils aux jeunes scénaristes, un plan de travail pour les enseignants.Avec Billy Wilder et Jean-Pierre Melville, Pedro Almodovar, Clint Eastwood, David Lynch et Jacques Audiard, Indiana Jones et Spiderman.
Luc Dellisse, écrivain, français, né en 1953 à Bruxelles, a publié cinq romans et trois essais aux Impressions Nouvelles. Et chez d'autres éditeurs, des livres de poèmes et des récits.
Dans ses essais, il utilise l'art du scénario et l'érudition littéraire comme des moyens d'explorer le réel.
Son blog L'Enfance de l'art traite des mystères de la littérature et de l'étrange métier d'écrivain.