Le constitutionnalisme contemporain accorde aux juges un rôle considérable. Garants du respect de la norme suprême, ils assurent le bon fonctionnement des pouvoirs publics et la protection des droits fondamentaux. Les antagonismes politiques les plus vifs, de même que les questions éthiques les plus complexes, se présentent dorénavant devant eux plutôt que devant les institutions représentatives classiques.
Ce Traité aborde successivement l'histoire de la justice constitutionnelle, la méthodologie de l'étude comparative de la justice constitutionnelle, la magistrature constitutionnelle, la juridiction constitutionnelle, les litiges constitutionnels, la procédure constitutionnelle et la décision constitutionnelle.
De l'Afghanistan au Zimbabwe en passant par la Corée du Sud, l'Équateur, les États-Unis ou la République tchèque, cet ouvrage offre la première étude exhaustive de la justice constitutionnelle.
En couvrant près de 200 systèmes de justice constitutionnelle, l'étude revêt une ampleur inégalée. Elle associe de manière pionnière la perspective réaliste de la political jurisprudence et celle, technique, du droit processuel. Elle éclaire ainsi avec une précision inédite le pouvoir des juges dans les sociétés contemporaines, tout en explorant l'imaginaire profond dont est solidaire la justice constitutionnelle.
Unique en son genre, cet ouvrage est ainsi destiné aux étudiants, aux enseignants, aux chercheurs en droit et en science politique aussi bien qu'aux praticiens du contentieux constitutionnel, notamment avocats et magistrats. Il intéressera également le citoyen désireux de se familiariser avec l'État constitutionnel contemporain.
Il n'est pas fréquent qu'un jeune chercheur produise dans une thèse de doctorat un nouveau concept et qu'il en démontre l'utilité. Il est encore moins fréquent qu'en proposant ce concept, il parvienne à suggérer une nouvelle perception de la fonction même de la discipline. Telle est pourtant la signification que l'on peut attacher à ce travail véritablement hors du communLa théorie générale du droit est souvent - et de façon parfaitement légitime - mise en demeure de se justifier : à quoi sert-elle ? Une théorie positiviste doit affronter cette question plus souvent encore qu'une philosophie du droit d'inspiration jusnaturaliste, qui évalue le droit positif et peut ainsi fournir des arguments aussi bien à ceux qui veulent le conserver tel qu'il est qu'à ceux qui aspirent à le modifier. Mais une théorie qui entend rester descriptive ne peut remplir ce genre de fonction et ceux qui l'interpellent, qu'ils soient praticiens ou enseignants spécialistes de telle ou telle branche du droit, ne se satisfont pas d'une réponse du type elle offre une meilleure connaissance du droit positif, parce que le droit positif, si cette expression désigne les règles en vigueur, ils le connaissent évidemment bien mieux que le théoricien. [']Le monde que décrit la théorie générale du droit est le discours des juristes. L'affirmation qu'il y a des normes d'habilitation ne signifie ni que ces normes ont une existence objective, ni que le théoricien trouve commode de décrire ainsi les énoncés produits par le législateur, mais seulement qu'il peut ainsi rendre compte de la manière dont ces énoncés sont produits, compris et employés. Kelsen disait que la théorie de la norme fondamentale n'a nullement pour objet d'affirmer l'existence de cette norme, ni même de formuler une véritable hypothèse, mais de révéler, d'amener à la conscience, que tout raisonnement juridique est fondé sur le présupposé de la norme fondamentale. De même, la théorie du droit est en mesure de révéler à l'aide du métaconcept de norme d'habilitation que le discours juridique repose sur l'emploi, conscient ou non, d'un concept de norme d'habilitation.Prix Paul Deschanel de la Chancellerie des Universités de Paris
La controverse contemporaine qui s'élève au sujet de l'épistémologie de la discipline du droit comparé nourrit une interrogation relevant de la théorie générale du droit.Si l'on postule qu'ils sont distincts, droit comparé et théorie générale du droit peuvent entretenir deux types de rapports. Selon une approche inductive, le droit comparé fournit, en définissant des invariants du phénomène juridique, la matière d'une théorie du droit applicable à tous les ordres juridiques. Selon une approche déductive, c'est au contraire la théorie du droit qui, par les concepts généraux qu'elle fournit au comparatiste, permet l'étude d'une pluralité de droits positifs.Aucune de ces deux démarches n'échappe à des difficultés considérables. La première suppose, en amont de la comparaison, que le juriste soit doté de concepts théoriques. La seconde ne peut s'appuyer sur une théorie du droit neutre et détachée de tout ordre juridique positif.Afin d'échapper à l'antinomie qui conduit, pour répondre à l'une de ces deux séries d'objections, à s'exposer un peu plus à l'autre, une métaméthodologie d'orientation pragmatiste est explorée. Du point de vue des difficultés gnoséologiques, celle-ci propose une vision cohérentiste, fondée sur une interaction constante des concepts et des objets au sein de l'enquête juridique. Du point de vue du risque d'ethnocentrisme qu'affronte tout comparatiste, elle renonce à toute perspective de surplomb et invite, à travers l'opération comparatiste, à une prise de conscience réflexive des présupposés non scientifiques de toute démarche scientifique.
The book gathers the general report and the national reports presented at the XXth General Congress of the IACL, in Fukuoka (Japan), on the topic "Debating legal pluralism and constitutionalism: new trajectories for legal theory in the global age". Discussing the major contemporary changes occurring in and problems faced by domestic legal systems in the global age, the book describes how and to what extent these trends affect domestic legal orderings and practices, and challenges the traditional theoretical lenses that are offered to tackle them: constitutionalism and pluralism. Combining comparative law and comparative legal doctrine, and drawing on the national contributions, the general report concludes that most of the classic tools offered by legal doctrine are not appropriate to address most of today's practical and theoretical global legal challenges, and as such, the book also offers new intellectual tools for the global age.
Obsédé par les fictions qui le terrorisaient dans son enfance, Jeremy Bentham, le fondateur de l'utilitarisme, n'a eu de cesse de les combattre.
Qu'elles prennent la forme du droit naturel, du contrat social ou qu'elles revêtent des dehors plus techniques dans la common law, les fictions du droit n'ont pour autre but que d'abuser la majorité de la population, d'entraver la délibération politique et de tromper le justiciable. Mais la réalisation du plus grand bonheur du plus grand nombre ne peut se contenter de démystifier l'utilisation aliénante des fictions.
Puisque celles-ci s'avèrent intrinsèquement liées au langage lui-même, il est nécessaire d'en élucider le fonctionnement. Philosophie du langage et des symboles raffinée, la théorie des fictions de Bentham jette alors les fondements de la théorie analytique des concepts juridiques. A travers un activisme réformiste qui emprunte la forme de la codification, elle préside ensuite à l'établissement d'une démocratie radicale dont l'organe central n'est autre qu'une fiction à la puissance démesurée : le Tribunal de l'opinion publique.
Aussi, l'oeuvre du philosophe anglais peut-elle être comprise comme une guerre des mots paradoxale, une lutte qui doit au langage aussi bien sa cible que ses armes.
La revue Les annales de droit a été lancée en 2007. Revue généraliste, elle ambitionne d'entrelacer les réflexions juridiques autour de thématiques qui concernent à la fois juristes, historiens et politistes. Elle se pense comme une pierre apportée à la compréhension de l'édifice juridique. Cette publication se veut aussi un outil de référence en devenir, comme en témoignent la richesse et la diversité des contributions, tant dans les deux premiers numéros parus, que dans ce numéro de 2009. À cet égard, la parution de ce nouveau volume est la marque d'un véritable tournant : l'ambition de départ apparaît en voie d'aboutissement. En effet, les sollicitations pour publication se sont faites nombreuses : cela révèle que les universitaires commencent à considérer la revue comme une des publications qui, en France, prétendent être de véritables outils d'enseignement et de recherche. De plus, la diversité des auteurs apportant leur contribution cette année appelle à un autre constat : Les annales de droit n'interpellent pas seulement des chercheurs disséminés sur l'ensemble du territoire français, mais également les chercheurs étrangers. Ainsi, la parution de ce troisième numéro confirme que cette revue a véritablement « trouvé sa place » dans le paysage des publications juridiques.
La connaissance de l'utilitarisme en tant que philosophie morale se développe progressivement en France. La dimension juridique de l'oeuvre du fondateur reste pourtant largement dans l'ombre, hormis quelques mentions de sa réflexion sur le droit pénal. Cet ouvrage reconstruit la théorie du droit constitutionnel de Bentham, c'est-à-dire les cadres conceptuels qui lui permettent de penser certains phénomènes comme juridiques, et souligne la cohérence de son oeuvre.
Ce manuel de droit constitutionnel couvre l'ensemble du programme de première année en faculté de droit ou à Sciences Po.
En quarante chapitres courts, vivants, nourris de nombreuses données facilement lisibles par de multiples tableaux et graphiques, il offre un outil indispensable à ceux qui entrent dans l'enseignement supérieur.
Au-delà, il traite de la démocratie, de notre histoire, de la France d'aujourd'hui d'une façon originale. L'horizon s'élargit avec l'examen de grands pays trop méconnus, tels l'Inde, le Japon ou la Chine. Il propose donc un moyen sans équivalent d'enrichir sa culture juridique et politique.
La démocratie moderne est vue dans sa double composante, gouvernante et délibérante. Un récit animé rend compte de l'étonnante histoire constitutionnelle de la France. Sont analysés en contrepoint les systèmes politiques d'une dizaine d'autres démocraties, ce qui permet de proposer un modèle d'explication du fonctionnement du pouvoir. La seconde moitié de l'ouvrage analyse l'originalité du pouvoir politique en France. Son attribution, ni à l'américaine ni à l'européenne, mais dans un curieux mélange des deux. Son exercice, cas unique de « présidentialisme démocratique ». Sa limitation, interne, par la distinction entre les pouvoirs qui se renforce, externe, par la démocratie locale ou le développement de l'Union européenne.
La présente édition, revue et augmentée, intègre les développements les plus récents dans le vaste ensemble des pays étudiés et en France.
Institution juridique, la codification peut également être comprise comme une construction intellectuelle et culturelle qui implique de porter un regard particulier sur les interactions sociales. La figure de Jeremy Bentham (1748-1832), qui en inventa jusqu'à la dénomination et en forgea les instruments techniques, permet de saisir l'émergence de ce modèle de compréhension et de modelage des interactions humaines, ainsi que de tracer les lignes de force de sa diffusion diachronique et synchronique.
Théorisée et systématisée au tournant des années 1770 et 1780, dans des écrits rédigés en français par un Anglais nourri aux sources des Lumières européennes et isolé au sein de sa propre culture, cette vision particulière de la normativité fait figure de paradigme de la gouvernance humaine. Elle s'est rendue disponible pour des usages multiples et délocalisés. Aussi, délaissant le strict champ juridique, apparait-il fructueux d'explorer les ambitions, la portée et les limites de cette approche sur les questions religieuses et le raisonnement pratique des individus. Comment ceux-ci s'articulent-ils à une réglementation juridique rationnelle et systématique, ambitionnant de réaliser le plus grand bonheur du plus grand nombre ? Doivent-ils y être soustraits ou en constituent-ils le présupposé nécessaire ? L'imbrication va-t-elle jusqu'à imposer de réduire au silence toute autre manière de voir, au point d'assurer le triomphe d'une forme de panjuridisme ? C'est à questionner de manière critique cette dynamique que s'emploient les contributions réunies dans ce volume.
L'exigence de déontologie est présente de toutes parts. Doit-on disqualifier ce discours comme une rhétorique creuse, qui se déploie de manière erratique, notamment au gré de divers scandales ? S'agit-il uniquement d'un nouvel habillage de principes traditionnels de bonne gestion, relevant davantage du management que de l'éthique ? Assiste-t-on au contraire à l'émergence d'une normativité transversale, touchant les domaines juridique, politique, économique, social, professionnel, et de nature à gagner la sphère privée ? Dans quelle mesure doit-on y voir la généralisation d'une société de la défiance et du politiquement correct ? Quelles sont, dans une optique critique, les instances de pouvoir susceptibles de bénéficier d'un tel discours ?
La perspective qu'offre la pensée de Jeremy Bentham, créateur du terme « déontologie » et remarquable inventeur de dispositifs de contrôle destinés à guider les individus, notamment les gouvernants, vers la réalisation du plus grand bonheur du plus grand nombre, éclaire l'horizon conceptuel de la déontologie. Elle permet d'en cerner les racines et les implications idéologiques. Elle invite à porter un regard neuf sur plusieurs réformes récentes ou en cours, au premier rang desquels la mise en place de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, incarnation la plus remarquable d'une exigence aux figures démultipliées.
Ce manuel de droit constitutionnel couvre l'ensemble du programme de première année des étudiants en faculté de droit ou à Sciences Po. En quarante chapitres courts, vivants, nourris de nombreuses données facilement lisibles par de multiples tableaux et graphiques, il offre donc un outil indispensable pour ceux qui entrent dans l'enseignement supérieur.
Au-delà, il traite de la démocratie, de notre histoire, de la France d'aujourd'hui d'une façon originale. L'horizon s'élargit avec l'examen de grands pays trop méconnus, tels l'Inde, le Japon ou la Chine. Il propose donc un moyen sans équivalent d'enrichir sa culture juridique et politique.
La démocratie moderne est vue dans sa double composante, gouvernante et délibérante. Un récit vivant rend compte de l'étonnante histoire constitutionnelle de la France. Sont analysés en contrepoint les systèmes politiques d'une dizaine d'autres démocraties, ce qui permet de proposer un modèle d'explication du fonctionnement du pouvoir. La seconde moitié de l'ouvrage analyse l'originalité du pouvoir politique en France. Son attribution, ni à l'américaine ni à l'européenne, mais dans un curieux mélange des deux. Son exercice, cas unique de « présidentialisme démocratique ». Sa limitation, interne, par la distinction entre les pouvoirs qui se renforce, externe, par la démocratie locale ou le développement de l'Union européenne.
La présente édition a été revue et augmentée de deux chapitres, sur la démocratie et sur la Chine.
L'utilitarisme, dont Jeremy Bentham (1748-1832) offre la première présentation systématique, a apporté une contribution majeure à des domaines de réflexion aussi variés que la philosophie morale, la théorie économique, la philosophie du langage ou la théorie politique.
Bentham n'en reste pas moins avant tout un juriste qui, à partir d'une réflexion sur ce qu'était et sur ce que devait être le droit anglais, a contribué à renouveler puissamment les cadres de pensée de tous les sujets que son esprit d'encyclopédiste le conduisait à aborder. Aussi doit-on s'étonner et regretter que la dimension juridique de son oeuvre reste largement dans l'ombre. Le colloque international « Bentham juriste : l'utilitarisme juridique en question », co-organisé par le Centre Bentham (SOPHIAPOLEA 3932) et le Centre d'étude des systèmes juridiques (JE 2010), se proposait de contribuer à combler cette lacune, tout en favorisant, par une approche interdisciplinaire, une discussion qui reflète la richesse des débats que suscite la pensée juridique benthamienne.
L'utilitarisme juridique , objet peu connu en tant que tel voit tout d'abord sa situation précisée au sein des grands mouvements de l'histoire de la pensée juridique (Révolution française, réalisme juridique, normativisme, théorie analytique du droit). La manière dont Bentham s'efforce, dans un seul regard, de saisir toutes les dimensions du phénomène juridique, portant l'attention aussi bien sur les disciplines juridiques en tant que telles que sur les diverses branches du droit (constitutionnel, civil, pénal, international), est ensuite mise en valeur.
La prétention de Bentham à offrir une pensée tournée vers l'action est enfin passée au crible d'un regard plus pratique sur le droit. Il s'agit ainsi de mesurer l'intérêt de l'utilitarisme juridique pour faire face à des problématiques telles que les droits des animaux, le droit de la commande publique, le management public, la rédaction des lois ou le droit de la preuve. Sans esprit de prosélytisme, et tout en faisant droit aux objections qu'il s'attire, les contours de l'utilitarisme juridique se trouvent ainsi mieux définis, celui-ci pouvant être discuté de manière fructueuse.
La revue Les Annales de droit, dont ce volume est la quatrième livraison, a été lancée en 2007. Revue généraliste, elle ambitionne d'entrelacer les réflexions juridiques autour de thématiques qui concernent à la fois juristes, historiens et politistes. Elle se pense comme une pierre apportée à la compréhension de l'édifice juridique. Cette publication se veut aussi un outil de référence en devenir, comme en témoignent la richesse et la diversité des contributions.