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Phebus
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Retour à la Caraïbe pour Roland Brival (Les Tambours de Gao, Bô, Biguine Blues). Deux frères que tout sépare :
Toby, qu'on prend pour un Blanc, brillant à l'école, éduqué en métropole, défenseur public des opprimés ; et Jaran le plouc noir de cuir, resté au village avec les copains. À la mort de Toby, Jaran s'en va errer toute une nuit par les mauvais chemins, à la poursuite de ce frère trop haï, trop aimé, avec lequel il a encore tant de comptes à régler.
Un Brival de bonne et rude cuvée, qui envoie promener les bons sentiments et qui nous rappelle qu'au pays du mélange, la couleur de la peau n'est jamais une petite affaire.
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" Bô " : c'est le bruit que fait le verre de rhum vide que l'on repose sur le comptoir de bois - un bruit qui sonne comme un appel, car la vie supporte mal de rester à sec.
" Bô ", c'est aussi le nom que se donne le gamin - tout juste un adolescent - qui raconte cette histoire à sa drôle de façon : avec des mots qui se cherchent - et qui finissent par se trouver -, des mots qui s'étonnent de ce qu'il soit si difficile de vider sans s'étrangler le gobelet que l'on vous sert au comptoir de la vie...
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Après le succès de Bô (1998) et de Biguine Blues (1999), Roland Brival délaisse l'horizon de la Caraïbe pour un plongeon dans la jungle urbaine américaine, " paradis " en trompe-l'oeil offert à tous les paumés attirés là par la frime, la misère ou le cafard.
Wichita Falls, Texas. Dans une cellule du pénitencier de l'Etat, un jeune homme se réveille. Il sait que le soir même il mourra sur la chaise électrique. Il s'appelle Brenton Kingsley. Age : 25 ans. Race : noire. Motif de la condamnation : meurtre. Dehors, une fille - sa soeur, son amour - a reçu l'autorisation de le voir et de lui parler avant l'instant ultime. A l'issue d'une journée violentée par le ressac de la mémoire, elle décide de jouer le tout pour le tout...
Un livre placé sous le signe du sang, ce tribut que sont bien souvent requis de verser ceux qui ne sont pas nés du bon côté de la vie. Où la musique bluesy chère à Brival vire au sombre, habitée par une rage qui consent, cette fois, à aller nue.
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C'est à Venise que Fabien, la cinquantaine, natif de la Martinique, se voit tendre pour la première fois sans complaisance le miroir de son passé.
Jeune étudiant rêvant à l'époque de ne cultiver qu'un seul art - celui de l'Etonnement -, il était venu autrefois à Venise en quête du miracle. Au bord des eaux glauques il avait rencontré Silvana, qui l'avait initié à tout, et d'abord au mystère qui réunit dans une même étreinte l'Amour et la Mort. Trente ans plus tard, l'image de Silvana hante encore les eaux de la lagune. Comme pour faire reproche à Fabien d'avoir trahi son rêve d'autrefois.
Rien qui fasse place à l'étonnement, dans sa vie rangée d'aujourd'hui. L'étudiant exilé a vieilli, a cultivé une prudente amnésie (en particulier quant à son métissage). Et voici qu'à contempler les eaux vertes de la vieille cité, un autre passé lui revient, mieux celé encore : il est enfant, dans son île, élevé sans père au milieu d'une petite société de femmes qui le choient d'étrange façon - l'une d'elles, Tatie Solange, dont les mauvaises langues murmurent qu'elle a arrondi son magot en tapinant, vend régulièrement le gamin à un amateur de chair fraîche...
On ne se méfie jamais assez des miroirs troubles, qui font semblant de ne rien réfléchir... et qui gardent en eux, plus fidèles que nous, les images d'un passé que nous sommes impuissants à tuer.