Belfast, début des années 1990. La ville vit au rythme des slogans de haine, des bombes, des assassinats. Pourtant, au coeur de l'incendie se niche toujours le quotidien. Dans les rues aux murs de briques vivent les victimes de l'histoire qui s'écrit dans le sang. Ici et là, on a appris à faire abstraction, on sort entre amis et on boit, beaucoup, on tombe amoureux, souvent, on trafique la misère, surtout. Jake Jackson, le catholique, et son ami Chuckie Lurgan, le protestant, ainsi que que tout ce que Belfast compte de brinquebalants, sont l'incarnation de cette existence à l'intensité dramatique. Au fond de leurs immenses bières, dans l'urgence d'un rire ou d'un mot d'amour, il y a tout ce qu'il reste d'humanité.
Le roman «culte» d'un écrivain «culte», trop rare depuis vingt ans.
Clochard surdoué à l'humour féroce, SDF arrogant, Ripley Bogle, vingt-deux ans, a le froid et la faim pour compagnes et connaît Londres comme sa poche. La solitude et l'errance aiguisant sa mémoire, il livre le récit - plus ou moins fiable - des événements qui l'ont conduit dans la rue : une enfance dans un quartier ouvrier catholique de Belfast dans les années 1980, un bref passage à Cambridge, quelques rencontres décisives... Le premier roman de l'auteur culte d'«Eureka Street.»
Lorsque Manfred se découvre une douleur inconnue au bas du ventre, il devine immédiatement ce qu'elle présage mais décide de ne pas tenter de la soulager et de n'en parler à personne. Pas même à Emma, son épouse qui l'a quitté il y a vingt ans mais qu'il continue tout de même à rencontrer une fois par mois sur le même banc du même jardin public. Dans une veine plus intimiste que «Ripley Bogle», Robert McLiam Wilson signe avec ce roman le portrait complexe et émouvant d'un homme qui, au crépuscule de sa vie, cherche dans la douleur la clé d'une rédemption sans doute impossible.
Des visages marqués, des parcours singuliers disant la misère, la dégradation morale, physique, la déshérence : Robert McLiam Wilson raconte la pauvreté, au début des années 1990, dans une Angleterre marquée par l'ultralibéralisme du gouvernement Thatcher. Son récit, illustré par les photographies de Donovan Wylie, abandonne toute distance journalistique au profit d'une empathie émue, pudique et profonde à l'égard des personnes rencontrées. Parfois, le lecteur devine même les ombres d'une autobiographie déguisée et une préfiguration des oeuvres à venir.
Né en 1964 à Belfast, Robert McLiam Wilson a grandi dans un quartier ouvrier catholique de la ville avant de s'expatrier à Londres. Son premier roman, Ripley Bogle, publié en 1988, remporte plusieurs prix littéraires en Grande-Bretagne. Il est considéré comme l'un des romanciers irlandais contemporains les plus importants. Robert McLiam Wilson, membre de la prestigieuse agence Magnum, réalise également des reportages pour la télévision sur la misère sociale des sans-abri. « Lire Les Dépossédés aujourd'hui en France, sous le chant des sirènes réformistes, est une expérience curieuse : on y voit comme dans une boule de cristal ce qui pourrait nous arriver. » Libération « Des figures remarquables hantent ces pages douloureuses. » Télérama
« Je hais les photographes. Je hais les mauvais photographes, je hais les photographes médiocres mais c'est avec une incomparable passion que je hais les bons photographes. Les écrivains doivent tous haïr les bons photographes parce que, ce qu'ils font, nous ne pouvons pas le faire. Les mots racontent des histoires mais les bonnes photographies nous montrent à quoi elles servent et pourquoi on les raconte. Elles cartographient la silhouette de l'humanité, la forme et la couleur de nos vies, de notre travail, de nos lieux et de nos plaisirs. Une bonne photographie est à la fois étrange et familière, elle allie la sensation du jamais vu à celle de l'intimement connu, elle est un mélange de souvenir et de prédiction. Les photographies de Géraldine Lay montrent une Grande-Bretagne immédiatement et superbement reconnaissable, pourtant rendue étrange et presque magique par la distance et l'empathie de son regard. Un endroit que je connais bien mais que je n'avais pourtant jamais vu. » Robert Mac Liam Wilson, écrivain