Maxim Livius hésite entre deux soeurs, Cecilia et Antonia.
Pour échapper à ce dilemme il rejoint l'armée. Quinze jours avant d'être démobilisé sans explication, il est muté dans la forteresse, au coeur d'une montagne. Là, les hommes ignorent tout de leur situation, sinon qu'ils doivent obéir à un Ordre énigmatique. L'ennemi est invisible, la frontière, hypothétique ; les soldats errent dans un univers paranoïde, s'accrochent à un passé et à des certitudes absurdes.
La Forteresse concentre les évènements de l'ex-Yougoslavie la décomposition de l'Etat et la guerre civile, en un épisode unique. L'auteur oseille entre naturalisme et onirisme, l'entreprise est grandiose. Rôdent les ombres de Kafka, Borges, Buzzati, Gracq...
En 1768, les savants du monde entier s'organisent pour observer depuis différents points du globe le prochain passage de Vénus devant le Soleil. Maximilianus Hell, éminent astronome à la cour impériale de Vienne, choisit János Sajnovics, un jeune jésuite, pour l'accompagner dans son voyage jusqu'à Vardø, en Laponie, afin d'étudier le phénomène. Leur pérégrination, au rythme de péripéties et de rencontres étonnantes, les mène de ville en ville à travers l'Europe, dévoilant la complexité des systèmes idéologico-politiques et des échanges intellectuels de ce XVIIIe siècle riche en découvertes et en mutations.
En parallèle se lit le questionnement intérieur de János. Tourmenté par la fragilité de sa vocation, le jeune prêtre affronte les tentations de la chair tout en se voyant offrir la possibilité de participer à l'édification d'un monde nouveau fondé sur le rationalisme scientifique, « une entreprise qui peut changer le cours de l'Histoire ».
Ici encore, l'écrivain explore « l'homme, et son dans l'Histoire, esclave du monde matérialiste, dans l'Antiquité comme dans le présent ». Le Passage de Vénus devient ainsi un roman initiatique d'une envergure et d'une ambition prodigieuses comme seul Hász en a le secret.
Au Xe siècle, alors que le Saint Empire et les Eglises romaine et orientale rivalisent en Europe centrale, les Magyars s'installent dans les Carpates. Ils étaient dirigés conjointement par le gyula, chef temporel et le künde, chef spirituel, jusqu'à l'assassinat de ce dernier. Mais un bénédictin de Saint-Gall, chargé de proposer une alliance entre le gyula et le pape, s'introduit chez les Magyars.
«Diogène secoua la tête.
- Tu ne comprends pas. Les aveugles n'ont pas besoin de la vérité. Ils sont très heureux dans leur monde fallacieux, mais douillet. Qu'est-il arrivé aux voyants qui ont voulu décrire le monde réel aux aveugles ? Qui les a écoutés ?
- Mais les temps changent. Il peut venir une génération qui croira peut-être les voyants.
Diogène leva l'index :
- Eh bien, vois-tu, c'est la première chose que tu dois apprendre : les temps ne changent pas. La mer fait des vagues, mais l'eau reste. Les nuages peuvent avoir la forme de champignons, mais on ne peut pas les manger. L'homme est tel qu'il est né : ou il voit, ou il ne voit pas. Qu'une maison soit construite en brique grossière ou en verre étincelant, au bout de dix, cent, mille ans, le sable dont ils sont faits sera toujours du sable. Que dit l'Ecriture : "Tu es poussière..." - Ce ne sont que des lieux communs.
- Ne fais jamais fi des lieux communs. Ce sont des vérités pétrifiées. Il faut du courage pour essayer de briser ces pierres.»