«Le Mexique est un fragment, une partie d'une histoire beaucoup plus vaste. Les révolutions contemporaines en Amérique latine ont été et sont des réponses à l'insuffsance du développement, d'où procèdent aussi bien leur justification historique que leurs fatales et évidentes limites. Les modèles de développement que nous offrent aussi bien l'Est que l'Ouest sont des compendiums d'horreurs:pourrons-nous à notre tour inventer des modèles plus humains et qui correspondent mieux à ce que nous sommes?Gens de la périphérie, habitants des faubourgs de l'Histoire, nous sommes, Latino-Américains, les commensaux non invités, passés par l'entrée de service de l'Occident, les intrus qui arrivent au spectacle de la modernité au moment où les lumières vont s'éteindre. Partout en retard, nous naissons quand il est déjà tard dans l'Histoire; nous n'avons pas de passé, ou si nous en avons eu un, nous avons craché sur ses restes. Nos peuples ont dormi tout un siècle et, pendant qu'ils dormaient, on les a dépouillés et ils vont maintenant en haillons. Et pourtant, depuis un siècle, sur nos terres, si hostiles à la pensée, ici et là, en ordre dispersé mais sans interruption, sont apparus des poètes, des prosateurs et des peintres qui sont les égaux des plus grands des autres continents.»Le labyrinthe de la solitude est un ouvrage capital de la littérature mexicaine contemporaine.
Liberté sur parole.
Là où cessent les frontières, les chemins s'effacent. Là commence le silence. J'avance lentement et je peuple la nuit d'étoiles, de paroles, de la respiration d'une eau lointaine qui m'attend où paraît l'aube.
J'invente la veille, la nuit, le jour qui se lève de son lit de pierre et parcourt, yeux limpides, un monde péniblement rêvé. Je soutiens l'arbre, le nuage, le rocher, la mer, pressentiment de joie - inventions qui s'évanouissent et vacillent face à la lumière qui se désagrège.
Et puis, les arides montagnes, le hameau d'argile séchée, la réalité minutieuse d'un pirú stupide, de quelques enfants idiots qui me lapident, d'un village rancunier qui me dénonce. J'invente la terreur, l'espoir, le midi - père des délires solaires, des femmes qui châtrent leurs amants d'une heure, des sophismes de la lumière.
[...] Là où s'effacent les chemins, où s'achève le silence, j'invente le désespoir, l'esprit qui me conçoit, la main qui me dessine, l'oeil qui me découvre. J'invente l'ami qui m'invente, mon semblable ; et la femme, mon contraire, tour que je couronne d'oriflammes, muraille que mon écume assaille, ville dévastée qui renaît lentement sous la domination de mes yeux.
Contre le silence et le vacarme, j'invente la Parole, liberté qui s'invente elle-même et m'invente, chaque jour.
Octavio Paz.
Intérieur Pensées en guerre veulent briser mon front Par des chemins d'oiseaux avance l'écriture La main pense à voix haute le mot en convie un autre Sur la feuille où j'écris vont et viennent les êtres que je vois Le livre et le cahier replient les ailes et reposent On a déjà allumé les lampes comme un lit l'heure s'ouvre et se ferme Les bas rouges et le visage clair vous entrez toi et la nuit (in D'un mot à l'autre)
«J'appartiens à une tradition où la création poétique est complétée par la réflexion sur la poésie», écrivait Paz. À cette tradition il se montrera fidèle en préparant ce volume : la Poésie - l'essentiel de son oeuvre poétique, y compris de nombreux poèmes inédits en français - y est suivie d'une Poétique : quatre essais qui ne sont ni théorie pure ni pure spéculation, mais plutôt le témoignage d'une rencontre avec quelques poèmes.
«Grand poète mexicain, grand intellectuel européen, esprit universel et charmeur planétaire» (la définition est de Pierre Nora), Paz est un pérégrin impénitent : de voyages diplomatiques en rencontres fortuites, d'influences en révélations, ses écrits, vers ou prose, gardent la trace de chacune des étapes de son parcours. Mais jamais la découverte de l'autre - T. S. Eliot ou Ezra Pound, Paris et le surréalisme, l'Inde et ses dieux... - ne lui fait oublier ses propres ancrages, le Mexique et la Pierre de soleil, l'Espagne et Quevedo. Jamais non plus son goût des mythes ne le détourne de son temps. En Paz cohabitent la parole poétique et la passion politique. Sa poésie «révèle ce monde» et «en crée un autre». Produit du temps, elle en est aussi la négation, et constitue en quelque sorte la «religion secrète de l'âge moderne».
Le choix de ces poèmes a été fait par Octavio Paz lui-même pour La Délirante. « Ecrits il y a près d'un demi-siècle », proteste-il dans sa préface, « ce sont les traces confuses d'un jeune homme qui en cherchant la poésie se cherchait lui-même. » Mais on sent déjà, en même temps que les ombres tutélaires de Soeur Juana Inés de la Cruz et de Rubén Darío, auxquels il consacrerait deux essais par la suite, le ton inimitable, d'une page à l'autre, de cette voix qui coule puissamment de source dans le Spacieux ciel d'été qui clôt le recueil :
Soudain arrive le mot amande.
Mes pensées glissent comme de l'eau.
Moi immobile je les vois s'éloigner entre les peupliers.
Face à la nuit identique un autre que je ne connais pas.
Les pense aussi et les voit se perdre.
«Aux côtés du Labyrinthe de la solitude, de L'arc et la lyre, ce dernier essai de Paz se propose comme le troisième volet d'une réflexion qui, depuis plus d'un demi-siècle, ne cesse de s'interroger sur l'enracinement de l'homme dans son lieu, dans son temps, dans son acte de parole. L'amour y tient assurément la place majeure. Encore faut-il qu'on sache le reconnaître sous ses multiples visages, en dépit de ses travestissements et de ses trahisons. La flamme double est tout d'abord l'histoire de cette étrange attirance d'un être vers un autre, qui débute sans doute dans l'aventure culturelle de l'Occident aux confins de la Grèce et de Rome. [...]Mais ce livre est, tout autant, la confidence d'une inquiétude. L'Occident n'était pas seul à écrire l'amour; l'Islam, l'Inde, l'Extrême-Orient ont concouru jadis à cette exaltation des sens et de l'esprit. Aujourd'hui maître des conduites du monde, l'Occident ne serait-il plus désormais qu'une machine mentale qui désacralise l'amour, qui corrompt les consciences avec le commerce des corps, collaborant ainsi à l'universelle éclipse de l'âme? Octavio Paz questionne les hommes de science, des neurobiologistes aux zélateurs de l'intelligence artificielle. Mais c'est, en vérité, à son lecteur qu'il s'adresse, c'est à lui qu'il pose l'impérieuse question:Sans liberté, ce que nous nommons la personne n'existe pas. Existe-t-elle sans âme?»Claude Esteban.
Octavio Paz poursuit ici là réflexion commencée vingt-cinq ans plus tôt dans L'arc et la lyre sur le langage et la poésie. Quelle est l'origine de la langue chez l'homme ? Par quelle malédiction fut rompue l'unité originelle, provoquant la dispersion babélienne en une multitude de langues et de dialectes par le monde ?
Interroger le langage, c'est nous interroger nous-mêmes, écrit Octavio Paz qui tente de définir, à partir des recherches linguistiques contemporaines et d'expériences poétiques les plus radicales, ce que peut être la traduction, notamment la traduction poétique.
«Ce qui surprend avant tout si l'on passe en revue l'oeuvre de Marcel Duchamp, c'est sa rigoureuse unité. Tout ce qu'il a fait, en vérité, tourne autour d'un seul objet qui se dérobe comme la vie même. Du Nu descendant un escalier à la jeune femme nue de l'assemblage de Philadelphie, en passant par La Mariée mise à nu par ses célibataires, même..., on peut voir dans son oeuvre les différents moments - les différentes apparences - de la même réalité. Une anamorphose, dans le sens littéral du mot; envisager son oeuvre sous ses formes successives, c'est remonter à la forme originale, à la véritable source des apparences. Tentative de révélation ou, comme il disait, «exposition ultra-rapide». Il était fasciné par un objet à quatre dimensions et par les ombres qu'il projetait, ces ombres que nous nommons réalités. L'objet est une Idée mais l'Idée finit par se résoudre en une femme nue:une présence.»Octavio Paz.
«Le temps moderne, le temps linéaire, homologue des idées de progrès et d'histoire, toujours projeté vers le futur; le temps du signe non-corps, acharné à dominer la nature et à maîtriser les instincts; le temps de la sublimation, de l'agression et de l'automutilation:notre temps - s'achève. Je crois que nous entrons dans un autre temps, un temps qui ne laisse pas encore voir sa forme et dont nous ne pouvons rien dire, si ce n'est qu'il ne sera ni le temps linéaire ni le temps cyclique. Ni histoire, ni mythe. Le temps qui revient, s'il est vrai que nous vivons effectivement un retour des temps, une révolte générale, ne sera ni un futur ni un passé, mais un présent. Du moins est-ce là ce que, obscurément, réclament les rébellions contemporaines. L'art et la poésie non plus ne demandent rien d'autre, même si parfois les artistes et les poètes l'ignorent. Le retour du présent:le temps qui vient se définit par un maintenant et un ici. [...] Si la rébellion contemporaine (et je ne pense pas seulement à celle de la jeunesse) ne s'éparpille pas en une succession de clameurs isolées ou ne dégénère pas en systèmes autoritaires et fermés, si elle articule sa passion dans l'imagination poétique, au sens le plus libre et le plus large du mot poésie, nos yeux incrédules seront les témoins du réveil et du retour à notre monde abject de cette réalité, corporelle et spirituelle, que nous appelons présence aimée.»Octavio Paz.
« "La conversation est chose humaine" écrivit Octavio Paz dans l'un des poèmes de sa dernière période. Et il ajouta : "La parole de l'homme/ est fille de la mort/ Nous parlons parce que nous sommes/ mortels (.)". L'écrivain mexicain nuançait ainsi une formule du poète portugais Alberto de Lacerda, pour qui "la conversation est chose divine". En mettant l'accent sur l'humanité de la conversation, Paz soulignait surtout la valeur dialogique du langage et sa dimension temporelle. De là son intérêt, très tôt manifesté, pour cette forme spécialisée de la conversation qu'est l'entretien long, une modalité du dialogue qui lui permettait d'élaborer de subtiles synthèses de sa pensée et, en même temps, de faire valoir la temporalité du langage. » Andrés Sánchez Robayna.
«La première partie de ce livre est composée de trois essais. Je me penche d'abord sur les antécédents du poème long. Ce genre a connu une heureuse fortune tout au long du XX? siècle. Le deuxième essai traite de la poésie moderne et de la fin de la tradition de la rupture. Le troisième, quant à lui, est une brève réflexion sur les relations ambiguës et presque toujours malheureuses entre la poésie et le mythe révolutionnaire. La seconde section du livre, la plus étendue, examine la fonction de la poésie dans la société contemporaine. Elle s'achève par une question et une tentative de réponse:Quel sera le lieu de la poésie dans les temps à venir? Plus qu'une description - et bien moins qu'une prophétie -, ma réponse est une profession de foi. Les pages qui suivent ne sont qu'une nouvelle variante de cette Défense de la poésie que, depuis plus de deux siècles, les poètes modernes écrivent inlassablement.»
Édition bilingue
Goethe disait que tout poème est un texte de circonstance, et cette réflexion pourrait s'appliquer au recueil L'Arbre parle, le dernier livre de poèmes en date de l'écrivain mexicain Octavio Paz. Ce livre est divisé en cinq sections. Dans la première, le poète approfondit sa réflexion sur le temps. La deuxième, intitulée «La main ouverte», célèbre des moments choisis, des liens et des amis écrivains. La troisième est une approche du «soleil» de la mort. La quatrième partie, «En regardant, en écrivant», est centrée sur la démarche de grands artistes contemporains. Enfin, la dernière section est une suite de poèmes d'amour qui culmine dans «Lettre de créance», une longue cantate qui est aussi un des poèmes les plus émouvants et les plus achevés d'Octavio Paz.Jean-Claude Masson.
Le signe et le grimoire rassemble des essais composés par Octavio Paz au long de quarante années de réflexion sur l'art mexicain. Ces textes retracent l'itinéraire méandreux, souvent accidenté, des histoires de l'art au Mexique, depuis la statuaire colossale des Olmèques jusqu'à la peinture non figurative.Dans «L'art au Mexique:matière et sens», Octavio Paz donne un aperçu général, historique et artistique, des civilisations précolombiennes; dans «Réflexions d'un intrus», il aborde plus spécialement l'art maya, comme le visiteur d'une maison ferait connaissance avec ses hôtes d'un autre temps et d'un autre monde.Mille ans après l'âge d'or des Mayas, à travers l'oeuvre du peintre indien Hermenegildo Bustos, Paz évoque la vie au Mexique à la veille et au lendemain de l'Indépendance. La troisième partie est une revisitation du muralisme, c'est-à-dire tout à la fois de la Révolution mexicaine et de la modernité artistique, à travers l'oeuvre de Rivera, d'Orozco et de Siqueiros.L'ouvrage est enfin consacré à des artistes du XX? siècle, qui ont généralement séjourné en France ou dont la reconnaissance s'est affirmée à Paris, comme Rufino Tamayo, Frida Kahlo, Manuel Alvarez Bravo, Günther Gerzso, Alberto Gironella. L'ensemble est accompagné d'une présentation générale de l'art contemporain au Mexique:«Le prix et la signification».Jean-Claude Masson.
«La maladie est l'état normal du civilisé. Encore s'agit-il de maux imaginaires : d'une certaine façon, la civilisation n'est rien d'autre qu'une immense architecture fictive. Elle pétrit la substance de nos vies pour dresser ses tours de fumée. Nous lui donnons notre sang et, en échange, elle nourrit nos existences de ses chimères. Si l'homme ne peut retourner à l'éden de la satisfaction naturelle de ses désirs sans cesser d'être homme, peut-on concevoir une civilisation qui ne s'accomplisse pas aux dépens de son créateur ? [...] Puisque la civilisation repose sur la coexistence des instincts, est-il possible de créer un monde où l'érotisme ne soit plus agressif ou autodestructeur ?»
Dans son livre précédent, itinéraire, Octavio Paz nous restituait les espérances et les convulsions de la première moitié du siècle, essentiellement en Europe et en Amèrique.
Avec Lueurs de l'Inde, nous retrouvons le poète mexicain à Paris, en 1951, à la veille de son premier voyage au pays de Gandhi et Nehru, où il sera nommé ambassadeur dix ans plus tard. Cette fois, l'Occident cède la place à l'Orient, qui se libère de sa tutelle et fait valoir son droit d'aînesse. Un Orient d'autant plus déroutant qu'il est celui de l'Inde, immémoriale, c'est-à-dire de l'Altérité par excellence.
Il n'en fallait pas moins pour nourrir deux des grandes passions d'Octavio Paz, la poésie et la politique, avec, pour socle, la spéculation métaphysique et son doublet dans les arts plastiques : la fastueuse, luxuriante, proliférante statuaire indienne. Autant de matières qui s'inscrivent dans une interrogation de l'histoire universelle, une des plus pénétrantes que l'auteur nous ait livrées.
Notons encore que la longue présentation de la poésie Kàvya (la poésie sanskrite à l'âge classique) est une exclusivité de l'édition française.
Les trois parties qui composent ce livre (le poème - la révélation poétique - poésie et histoire) voudraient répondre aux questions suivantes : y a-t-il un dire poétique - 1e poème - irréductible à tout autre dire ? que disent les poèmes ? comment se communique le dire poétique ? peut-être n'est-il pas inutile de répéter que rien de ce qui est ici affirmé ne doit être considéré comme une théorie pure ou une spéculation, mais comme le témoignage d'une rencontre avec quelques poèmes.
Toute tentative pour comprendre la poésie englobe des résidus qui lui sont étrangers, qu'ils soient philosophiques, moraux ou autres. mais il faut reconnaître que le caractère suspect d'une poétique est comme racheté dès lors qu'on s'appuie sur la révélation que, parfois, quelques heures durant, nous accorde un poème. car le poème est voie d'accès au temps pur, immersion dans les eaux originelles de l'existence.
La poésie n'est rien d'autre que temps, rythme perpétuellement créateur.
«Ce livre comporte huit chapitres. Dans les cinq premiers, je me penche successivement sur les changements dans l'opinion et l'état d'esprit des nations du Vieux Monde; sur la crise de la démocratie impérialiste des États-Unis et sa contrepartie, celle du système russe de domination bureaucratique; sur la révolte des particularismes, surtout dans les pays de la périphérie; sur la modernisation, ses dangers et les difficultés qu'elle rencontre. Dans ces cinq chapitres, j'ai réduit au minimum les allusions à la situation en Amérique latine car j'aborde ce thème, avec plus d'ampleur, dans les trois derniers textes.»Octavio Paz.
Nouvelle édition en 1990
Singulier destin que celui de Sor Juana Inés de la Cruz (1648?-1695), un des fleurons de la littérature hispanique à la fin de l'âge baroque! Féministe avant l'heure, cette jeune femme de génie, belle de surcroît et adulée du monde, mais fille naturelle, comprit tôt qu'elle ne pourrait satisfaire sa vocation d'écrivain qu'en entrant au couvent. Elle y fut bonne religieuse, quoique un peu mondaine, y écrivit beaucoup et put y jouir de l'extraordinaire renommée que son oeuvre littéraire et sa culture, bien rares à l'époque chez une femme, lui avaient value tant en Espagne qu'en Amérique. Jusqu'au jour où l'appui des Grands qui la cautionnaient lui faisant défaut, celui des quelques princes de l'Église qui la protégeaient à contre-courant cessa du même coup. Elle se vit alors contrainte de renoncer aux lettres et à tous ses biens pour mourir peu après, victime de son dévouement auprès de ses soeurs, lors d'une grave épidémie qui ravagea le couvent.C'est ce que raconte Octavio Paz, en poète qui se fait historien. Un dialogue passionné s'instaure entre deux grands écrivains du Mexique à trois siècles de distance. Occasion pour l'auteur du Labyrinthe de la solitude de reprendre, à travers une figure qu'il rend proche et dont paraît en même temps que cette biographie un recueil de poèmes, Premier somge..., les grands thèmes qui lui sont chers, notamment celui de la liberté de l'écrivain face à l'orthodoxie régnante et aux abus du pouvoir dans les sociétés bureaucratiques.
«Entre le passé fourmillant et le futur dépeuplé, la poésie est présente», conclut Octavio Paz, poursuivant une réflexion inaugurée vingt ans plus tôt avec la publication de L'Arc et la Lyre.
À la recherche de l'«intersection des temps», du «point de convergence», la poésie moderne de l'Occident européen et américain est une ; elle poursuit un «dialogue contradictoire avec et contre les révolutions et les religions chrétiennes», s'inscrivant à rebours du temps linéaire que nous prêtons à l'Histoire.
Comment communiquer les poèmes dans notre monde où l'avenir n'est plus promesse de bien-être, mais menace de destruction de la planète?
Du romantisme à nos jours, la poésie n'a cessé de contester le rationalisme parce que, précisément, elle reproduit un univers où le temps s'écoule autrement que dans ce que nous désignons comme «vie réelle». C'est ce qu'Octavio Paz, mexicain et cosmopolite, démontre au long de cet historique qui est en même temps un constat : le «modernisme» et les avant-gardes cèdent la place à une expression poétique qui tend à redevenir la voie de tous à force de n'être plus clle de personne.
Édition bilingue
Édition bilingue - espagnol/français -, précédée d'une préface de Jean-Clarence Lambert, « Nocturne de San Ildefonso » célèbre le « retour » d'Octavio Paz au Mexique - après vingt ans passés à l'étranger. San Ildefonso, cet ancien collège de Jésuites dans les bâtiments desquels Paz fit une partie de ses études, est l'un des plus beaux et majestueux emblèmes du Mexico colonial. « Le Nocturne où grandit une invocation au temps transfiguré, écrit Jean-Clarence Lambert, fonde la poésie, vérité du langage, dans l'amour, au-delà des dates, en deçà des noms que dédaigne l'Histoire. »