« En conséquence, l'esprit désormais perdu, il en arriva à la plus étrange pensée où tomba jamais fol au monde, qui fut qu'il lui parut convenable et nécessaire, tant pour l'accroissement de son honneur que pour le service de sa république, de se faire chevalier errant et de s'en aller de par le monde, avec ses armes et son cheval, pour chercher les aventures et s'exercer en tout ce qu'il avait lu que s'exerçaient les chevaliers errants, remédiant à toute espèce d'injures et s'exposant à des dangers et des périls propres à lui valoir, en y mettant fin, éternel renom et gloire. » Don Quichotte, I, 1.
« Pendant tout ce temps-là, don Diego de Miranda n'avait pas dit un mot, tant il mettait d'attention à observer et à noter les oeuvres et les propos de don Quichotte, qui lui apparaissait tour à tour comme un mélange de sage et de fou et comme un fou mâtiné de sage. Il n'avait pas encore eu connaissance de la première partie de son histoire, et s'il l'avait lue, il eût cessé d'être étonné de la conduite et des propos de don Quichotte, car il eût connu la nature de sa folie. Mais comme il l'ignorait, tantôt il le tenait pour un sage, et tantôt pour un fou, parce que ce qu'il disait était sensé, élégant et bien dit, et ce qu'il faisait, extravagant, téméraire et stupide. » Don Quichotte, II, 17.
« Mon livre est tout entier une invective contre les romans de chevalerie » avertit sans détour Cervantès. Difficile, en effet, de prendre au sérieux les aventures abracadabrantes de cet hidalgo improvisé, adoubé par un aubergiste, et suivi comme son ombre par un écuyer paysan. En défiant la littérature chevaleresque et en se jouant des codes, Cervantès ne se cantonne pourtant pas à la caricature. Ridicule jusqu'au panache, Don Quichotte de la Manche se hisse dès le xviie siècle en mythe intemporel que l'on ne cesse de lire et de réinterpréter. Enrichi d'un apparat critique de Maurice Bardon, l'ouvrage à la polyphonie foisonnante continue de surprendre par sa modernité et par son burlesque sublime.
«Un vieux bohémien amena Précieuse et se plaçant devant André lui dit : Cette fillette, qui est la fine fleur de toute la beauté des gitanes d'Espagne, nous te la livrons pour épouse ou pour amie. Mais sache qu'une fois choisie, tu ne dois chercher d'autre aventure auprès des autres femmes, mariées ou pucelles. Parmi nous, bien qu'il y ait beaucoup d'incestes, on ne compte aucun adultère ; et s'il y a quelque friponnerie chez notre propre femme ou chez l'amie, nous n'allons pas en faire plainte à la justice ; nous sommes nous-mêmes juges et bourreaux de nos épouses ou amies. Nous les tuons et enterrons dans les montagnes et les déserts, aussi aisément que si c'étaient des animaux nuisibles. Il n'est parent qui les venge, ni père qui nous en demande raison.»
« Là-dessus ils découvrirent trente ou quarante moulins à vent, et, dès que don Quichotte les vit, il dit à son écuyer : "La fortune conduit nos affaires mieux que nous n'eussions su désirer, car voilà, ami Sancho Pança, où se découvrent trente ou quelque peu plus de démesurés géants, avec lesquels je pense avoir combat et leur ôter la vie à tous. - Quels géants ? dit Sancho. - Ceux que tu vois là, répondit son maître, aux longs bras, et d'aucuns les ont quelquefois de deux lieues. - Regardez, monsieur, répondit Sancho, que ceux qui paraissent là ne sont pas des géants, mais des moulins à vent et ce qui semble des bras sont les ailes, lesquelles, tournées par le vent, font mouvoir la pierre du moulin. - Il paraît bien, répondit don Quichotte, que tu n'es pas fort versé en ce qui est des aventures : ce sont des géants, et, si tu as peur, ôte-toi de là et te mets en oraison, tandis que je vais entrer avec eux en une furieuse et inégale bataille." Et, disant cela, il donna des éperons à son cheval Rossinante. »
« Là-dessus ils découvrirent trente ou quarante moulins à vent, et, dès que don Quichotte les vit, il dit à son écuyer : "La fortune conduit nos affaires mieux que nous n'eussions su désirer, car voilà, ami Sancho Pança, où se découvrent trente ou quelque peu plus de démesurés géants, avec lesquels je pense avoir combat et leur ôter la vie à tous. - Quels géants ? dit Sancho. - Ceux que tu vois là, répondit son maître, aux longs bras, et d'aucuns les ont quelquefois de deux lieues. - Regardez, monsieur, répondit Sancho, que ceux qui paraissent là ne sont pas des géants, mais des moulins à vent et ce qui semble des bras sont les ailes, lesquelles, tournées par le vent, font mouvoir la pierre du moulin. - Il paraît bien, répondit don Quichotte, que tu n'es pas fort versé en ce qui est des aventures : ce sont des géants, et, si tu as peur, ôte-toi de là et te mets en oraison, tandis que je vais entrer avec eux en une furieuse et inégale bataille." Et, disant cela, il donna des éperons à son cheval Rossinante. »
Alonzo Quixada sera chevalier sous le nom de Don Quichotte ! Les gens le traitent de fou, mais qu'importe. Il veut vivre comme les héros de romans. Sur les routes d'Espagne, le voilà parti en quête d'exploits, intrépide et généreux. Avec Sancho Panza, son fidèle écuyer, il va vivre de fabuleuses aventures. mais pas du tout celles qu'il imaginait !
À Madrid, Preciosa, une jeune gitane, fascine tous les hommes par sa beauté, son esprit et son mystère. D'où vient-elle et qui est-elle vraiment ? Quel est son secret ? Pour départager ses prétendants, elle leur impose une épreuve : celui qui l'aime deviendra lui aussi gitan s'il veut l'épouser... Un portrait de femme coloré et romanesque, une nouvelle poétique et baroque par l'auteur de Don Quichotte.
"L'amant généreux" est l'un des douze textes qui composent le recueil des "Nouvelles exemplaires", paru à Madrid en 1613.
"J'ai donné à ces nouvelles le titre d'exemplaires, car à bien les considérer il n'y en aucune dont on puisse tirer un exemple utile" (Miguel de Cervantès, 1547-1616).
Don Quichotte.
A force de lire de livres de chevalerie, un gentilhomme perd la raison et décide de partir à l'aventure. Se baptisant lui-même chevalier Don Quichotte de la Manche, il parcourt les routes d'Espagne, accompagné de son fidèle écuyer sancho Panza. Don Quichotte va alors vivre des drôles de mésaventures, prenant des moulins à vent pour des géants et des paysannes pour des princesses...
Ce deuxième tome est peutêtre encore plus passionnant que le premier ! Texte intégral. Cet ouvrage s'inscrit dans un projet de sauvegarde et de valorisation de bibliothèques et fonds patrimoniaux anciens appartenant à la littérature des 19e et 20e siècles. Une collection de grands classiques, d'écrits pour le théâtre, de poésie, mais aussi des livres d'histoire, de philosophie ou d'économie, des récits de voyage ou des livres pour la jeunesse à retrouver via les librairies en ligne ou à lire sur papier avec une mise en page étudiée pour optimiser le confort de lecture.
Donde es la pena tan larga¡Triste ¡Triste y miserable estado!esclavitud amarga, amo de Aurelio.
Infierno puesto en el mundo,cuan corto el bien y abreviado!¡Oh purgatorio en la vida, estrecho do no hay salida!mal que no tiene segundo, dano que entre los mayoresse reparte en los ¡Cifra de cuanto dolordolores, se ha de tener por mayor!¡Necesidad increible, mal visible e invisible!trato misero intratable,muerte creible y palpable, retrato de penitencia!pobre vida descubre si es valerosa;¡Toque que nuestra pacienciatrabajosa, que, según me es enemigo,a un punto de lo que siento.no llegara cuanto digoCallese aqui este tormento,Pondérase mi dolor yque mi cuerpo esta entre moroscon decir, banado en lloros,el alma en poder de Amor.
Un quidam caporal Italiano, De patria Perusino a lo que entiendo, De ingenio Griego, y de valor Romano, Llevado de un capricho reverendo, Le vino en voluntad de ir a Parnaso, Por huir de la corte el vario estruendo.
Solo y a pie partióse, y paso a paso Llegó donde compró una mul antigua De color parda, y tartamudo paso:
Nunca a medroso pareció estantigua Mayor, ni menos buena para carga, Grande en los huesos, y en la fuerza exigua:
Corta de vista, aunque de cola larga, Escrecha en los hijares, y en el cuero Mas dura que lo son los de una adarga.
Era de ingenio cabalmente entero, Caia en qualquier cosa facilmente Asi en Abril, como en el mes de Enero.
Enfin sobre ella el poeton valiente Llegó al Parnaso, y fue del rubio Apolo Agasajado con serena frente.
Sucedió, pues, lector amantisimo, que, viniendo otros dos amigos y yo del famoso lugar de Esquivias, por mil causas famoso, una por sus ilustres linajes y otra por sus ilustrisimos vinos, senti que a mis espaldas venia picando con gran priesa uno que, al parecer, traia deseo de alcanzarnos, y aun lo mostró dandonos voces que no picasemos tanto. Esperamosle, y llegó sobre una borrica un estudiante pardal, porque todo venia vestido de pardo, antiparas, zapato redondo y espada con contera, valona brunida y con trenzas iguales; verdad es, no traia mas de dos, porque se le venia a un lado la valona por momentos, y él traia sumo trabajo y cuenta de enderezarla.
Llegando a nosotros dijo:
-¡Vuesas mercedes van a alcanzar algún oficio o prebenda a la corte, pues alla esta su Ilustrisima de Toledo y su Majestad, ni mas ni menos, según la priesa con que caminan?; que en verdad que a mi burra se le ha cantado el victor de caminante mas de una vez.
Parece que los gitanos y gitanas solamente nacieron en el mundo para ser ladrones: nacen de padres ladrones, crianse con ladrones, estudian para ladrones y, finalmente, salen con ser ladrones corrientes y molientes a todo ruedo, y la gana del hur y el hur son en ellos como acidentes inseparables, que no se quitan sino con la muerte. Una, pues, desta nación, gitana vieja, que podia ser jubilada en la ciencia de Caco, crió una muchacha en nombre de nieta suya, a quien puso nombre Preciosa, y a quien ensenó todas sus gitanerias, y modos de embelecos, y trazas de hur. Salió la tal Preciosa la mas única bailadora que se hallaba en todo el gitanismo, y la mas hermosa y discreta que pudiera hallarse, no entre los gitanos, sino entre cuantas hermosas y discretas pudiera pregonar la fama. Ni los soles, ni los aires, ni todas las inencias del cielo, a quien mas que otras gentes estan sujetos los gitanos, pudieron deslustrar su rostro ni curtir las manos; y lo que es mas, que la crianza tosca en que se criaba no descubria en ella sino ser nacida de mayores prendas que de gitana, porque era en extremo cortés y bien razonada. La abuela conoció el tesoro que en la nieta tenia, y asi, determinó el aguila vieja sacar a volar su aguilucho y ensenarle a vivir por sus unas.
Salió Preciosa rica de villancicos, de coplas, seguidillas y zarabandas y de otros versos, especialmente de romances, que los cantaba con especial donaire. Porque su taimada abuela echó de ver que tales juguetes y gracias, en los pocos anos y en la mucha hermosura de su nieta, habian de ser felicisimos atractivos e incentivos para acrecen su caudal; y asi, se los procuró y buscó por todas las vias que pudo, y no faltó poeta que se los diese.