La notion du care, le fait de prendre soin de l'être humain dans toutes ses dimensions, devient de plus en plus centrale dans notre société où la technique et le virtuel ont tendance à se substituer aux relations interpersonnelles les plus concrètes. Si la vocation de l'Église est d'être experte en humanité, elle est plus que jamais appelée - tout particulièrement en raison du drame des abus commis en son sein - à revisiter sa tradition pour déployer en elle et autour d'elle les ressources de care . À travers une lecture approfondie de la parabole du bon Samaritain, Mgr Ravel montre comment le Christ, par l'intermédiaire de ses disciples, prend soin aujourd'hui comme hier d'une humanité en souffrance : Seule l'extrême attention à l'autre nous permet d'aimer le prochain comme soimême et donc de répondre au commandement de la Loi. Ne regarde pas ton amour, regarde celui que tu aimes !, chante l'homme décentré de lui-même. AUTEUR Mgr Luc Ravel est archevêque de Strasbourg depuis 2017 après avoir été évêque aux Armées. Membre de l'Académie des sciences morales et politiques, il est l'auteur de Comme un coeur qui écoute (Artège, 2019).
L'heure est grave et il s'agit de faire face à une Église en peine et en pleurs. Elle pleure les siens. L'Église en est pleinement consciente et le dit. Cette parole sur le scandale d'un mal qui perdure est indispensable. Tout comme la conversion de l'Église tout entière.Cette conversion place les victimes dans tous les coeurs, en accord avec l'exigence évangélique qui accorde au petit et au faible la première place et ne le sacrifie jamais à la conservation de l'institution.Cette conversion porte sur la relation des prêtres et des fidèles. Comme le Christ distingue les bons et les mauvais pasteurs, il nous revient d'avoir une juste vision du prêtre qui délimite son autorité. La confiance aveugle n'est pas une qualité évangélique, le cléricalisme, longuement expliqué ici, une dérive à combattre.Cette conversion est celle d'une juste appréhension de la justice et de la miséricorde. Pour les victimes et pour les bourreaux. Loi de Dieu et loi civile, absolution des péchés et punition, ou même réputation et scandale doivent être justement compris.Aller à la source, revenir à l'eau pure de l'Évangile : c'est chacun, personnellement, qui est appelé à la conversion et permettra au corps tout entier de guérir. Transparence ? Transparence !
Mgr Luc Ravel est archevêque de Strasbourg. Ordonné prêtre en 1988, il a été évêque aux Armées jusqu'en 2017. À la suite du pape François, il a publié une lettre pastorale pour une prise de conscience de ce mal.
Expression historique de la volonté divine d'aller auprès des nations et d'y faire retentir les paroles du salut, l'Église a parcouru, dans une entreprise singulièrement féconde, au prix de nombreuses conversions spirituelles, un chemin de réalisations sans précédent.
« Donner la priorité à l'espace, écrit le pape François, conduit à devenir fou pour tout résoudre dans le moment présent, pour tenter de prendre possession de tous les espaces de pouvoir et d'auto-affirmation. C'est cristalliser les processus et prétendre les détenir. Donner la priorité au temps, c'est s'occuper d'initier des processus plutôt que de posséder des espaces. Le temps ordonne les espaces, les éclaire et les transforme en maillons d'une chaîne en constante croissance, sans chemin de retour. » (La Joie de l'Évangile.) Inviter les pasteurs à initier des processus visant à remettre l'homme actuel dans une vision chrétienne du temps, tel est l'enjeu porté par le présent ouvrage. De sorte que le temps du sens, cette quête assoiffée du sens de la vie et du monde, qui traverse aujourd'hui à nouveau les générations « post-modernes », soit assumé par le sens du temps, celui du salut et de l'enfantement, dans l'attente de la fin des temps et de l'éternel commencement.