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Juan Asensio
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Maudit soit Andreas Werckmeister !
Juan Asensio
- Ovadia
- Les Carrefours De L'etre
- 10 May 2024
- 9782363925725
Tout n'est pas perdu, s'il est vrai que c'est dans le danger que croît ce qui sauve. Il ne faudra dès lors pas craindre de fixer cette orbite vide qui effraya Jean Paul. Il faudra que nous soyons sans peur au moment d'escalader la montagne morte de la vie, qu'importe même si nous perdons nos forces en nous approchant de ses flancs. Il faudra encore que nous osions regarder ce qui se tient au fond du cratère, une fois que nous serons parvenus au sommet de la montagne, presque paralysés. Nous ne pourrons éviter de contempler, fascinés et horrifiés, ce qui se tient au fond du cratère. Nous ne pourrons nous empêcher de nous y jeter et d'y tomber sans fin.
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Depuis sa création au mois de mars 2004, le blog Stalker sous-titré Dissec¬tion du cadavre de la littérature a acquis une réelle audience en raison de l'exigence des travaux qui y sont publiés, point tous de l'auteur d'ailleurs, mais aussi du ton polémique de certains des articles qui y paraissent. Cette zone où les belles découvertes et les grandes surprises abondent tout au¬tant que les dangers est devenue au fil des ans et d'un travail acharné une espèce de bibliothèque de survie désormais labyrinthique, un espace de parole qui rappelle une évidence aujourd'hui cruellement moquée : nul ne devrait écrire pour rire. Nous pourrions même prétendre de façon ironique, bien évidemment contre la réalité qui s'étale de façon quotidienne sous nos yeux, que nul ne devrait écrire qui ne sait écrire.
Le livre présent ne comporte cependant aucun de ces textes au ton virulent et qui osent ruiner les assurances si comiquement prétentieuses de tant de nos écrivants - bien davantage qu'écrivains - contemporains, relayés par des pseudo-critiques ne sachant plus rien faire d'autre que recopier de creuses fadaises journalistiques appelées « argumentaires » et autres « élé¬ments de langage » qui mériteraient bien davantage d'être qualifiés de langages rudimentaires. C'est la raison pour laquelle cet ouvrage ne regroupe que les textes que nous pourrions dire de pure célébration, même si, bien sûr, l'exigence critique n'est jamais mise de côté, puisque s'y trouvent des analyses sur les oeuvres pour le moins aussi variées que profondes de Malcolm Lowry, Ernesto Sabato, Joseph Conrad, W. G. Sebald, William Faulkner, László Krasznahorkai et bien d'autres en¬core, oeuvres remarquables qui toutes tournent autour de ce que José Bergamín appela le monstre du romanesque, sans toutefois jamais devoir tomber dans sa gueule menaçante.
En somme, Le temps des livres est passé se veut une illustration, sombre peut-être mais point complètement désespérée, de la mission que Sainte-Beuve assigna aux critiques littéraires consistant à faire l'office de la vigie, et notre cri de découverte sera lui aussi toujours mêlé d'émotion et de joie.
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ESSAI SUR L'ŒUVRE DE GEORGE STEINER : La parole souffle sur notre poussière
Juan Asensio
- L'Harmattan
- 1 November 2003
- 9782747507516
Premier ouvrage en français sur le grand penseur de tous les paradoxes, ce livre se veut un commentaire de l'oeuvre de Steiner ainsi qu'un dialogue avec des auteurs tels que Karl Kraus, Léon Bloy, Soren Kierkegaard, Herman Broch ou Pierre Boutang qui fut son ami. Il tente de conserver le mystère dont s'est auréolé l'auteur de Réelles présences, tout en questionnant l'énigme d'une pensée qui ne cesse de sonder le Mal dont le vingtième siècle a été le miroir monstrueux.
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La critique meurt jeune si on compare sa longévité artificielle et bavarde aux oeuvres qu'elle est censée éclairer de ses nombreux savoirs. Aujourd'hui, à vrai dire, toutes ces sciences et pseudo-sciences (linguistique, psychanalyse, structuralisme, déconstruction, etc.) qui en ont enrichi. - et aussi brouillé - (exercice difficile, si elles semblent lui avoir procuré une caisse de résonance commode auprès des universitaires, mais aussi des journalistes, font hélas éloignée de sa nature première, après tout éminemment suspecte : la critique littéraire est un saut périlleux qui s'exécute sans filet. Surtout si l'on admet que le but des textes recueillis dans ce livre, consacrés dans leur majeure partie à des romanciers comme Nabe, Dantec, Semprun, Calasso ou encore Imré Kertesz dont les oeuvres sont écrites en ce moment même, sous nos yeux, ne vise à rien d'autre qu'à accompagner ces écrivains dans leur expérience radicale, celle du gouffre qu'est la littérature. On pourra donc lire les critiques recueillies dans ce volume, comme autant d'exercices dangereux, d'admiration ou de détestation, nécessairement voués à l'oubli. Ce serait pourtant compter sans la béquille - ou la lanterne si on admet que le critique littéraire est ce lanternarius chargé, aux temps des banquets romains, de raccompagner les convives à leur demeure, la nuit venue- dont la littérature ne saurait bien longtemps se passer à moins de se condamner à une cécité volontaire ou de se rendre, pieds et poings liés, aux hurlements des belles âmes qui, en détestant critique prétendument impuissante, n'aiment la littérature qu'à la moitié. Il faut donc, sans crainte, répéter les vers qu'Horace écrivit pour son Art poétique et qui doivent être lus comme une définition précise, à la fois modeste et redoutable, en un mot virile, de ce que doit ou plutôt devrait être la critique littéraire : Je jouerai le rôle de la pierre à aiguiser, /Capable de rendre la lame coupante sans être elle-même apte à couper.
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A mesure, donc, que disparaît la littérature, le mal paraît ne plus constituer la question taraudant comme nulle autre l'esprit des hommes, l'Ennemi qu'il s'agit de combattre sans relâche. Tout au plus lui prédit-on quelques années d'une triste existence, réduit en bouillie qu'il sera bientôt par les rangs serrés des forces du Progrès.
Dans cette nouvelle édition relue, corrigée et augmentée de son deuxième essai, Juan Asensio poursuit son questionnement original concernant les rapports complexes que le Mal entretient avec la littérature. Il privilégie quelques-unes des oeuvres les plus marquantes d'auteurs tels que Joseph Conrad, Georges Bernanos, Georg Trakl, Paul Gadenne, Joseph de Maistre, Arthur Rimbaud, Ernesto Sabato ou encore Ernest Hello. Chacune des études proposées dans ce livre expose une voie d'approche qui, ne dédaignant jamais la rigueur universitaire, n'en privilégie pas moins la richesse d'un style sans laquelle un livre n'est rien de plus qu'une thèse banale. De cette polyphonie revendiquée par l'auteur, de ce mélange des genres permettant de multiplier les angles d'attaque, jaillit une analyse brillante de la parole, du silence et du désespoir en littérature. Comme dans les gravures de Giovanni Benedetto Castiglione, à qui Juan Asensio emprunte la technique dite de "contre-nuit", c'est de la plus parfaite noirceur que surgit la lumière, celle, peut-être éphémère, d'une tentative de compréhension du Mal.
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Arthur Machen est un écrivain britannique qui a eu une influence sur Lovecraft, au même titre que Robert W. Chambers, Abraham Merritt ou Lord Dunsany. Howard Phillips Lovecraft en fait une courte présentation dans « Epouvante et surnaturel en littérature » . Nous avons choisi de rééditer ce texte sous forme d'un livre illustré par deux artistes afin d'inaugurer une collection autour des textes qui ont nourri l'imaginaire du reclus de Providence pour sa construction du Mythe de Cthulhu. « On parlera de lui, je crois, un jour ou l'autre, comme de l'un des grands décadents, car il a su cristalliser en argile et saura bientôt traduire dans le marbre les cauchemars et les visions fantastiques qu'Arthur Machen évoque en prose et que Clark Ashton Smith nous dévoile dans ses poèmes et sa peinture. » Howard Phillips Lovecraft. Juan Asensio livre une préface magistrale qui s'apparente à un essai : « Le Grand Dieu Pan ou les voies de la « dévolution ». Quelques aperçus sur une filiation entre Arthur Machen, Paul-Jean Toulet et Georges Bernanos » ( http://www.juanasensio.com/ ) . Coralie Doublet et Pierre Émilien Grenier, artistes des Hauts-de-France, partagent leurs visions du récit au travers d'une série d'illustrations qui viennent prendre place à la fin de chaque chapitre, sur la couverture et à la fin de l'ouvrage.