Le Livre des égarés démarre à la fin du XVIIIe siècle, sur une scène de pogrom dans un village d'Alsace. Il raconte l'histoire de l'accession des juifs de France à la citoyenneté française, conduite par le personnage de Théodore Cerf, un petit orphelin devenu une figure des Lumières.
Ce roman se passe sur fonds de l'antisémitisme de toute une société et d'une concurrence entre les juifs pauvres venus de l'Est de France et des riches juifs bien établis à Paris et à Bordeaux.
C'est l'histoire de cette marche vers la justice, l'intégration, la dignité, et de la réconciliation entre les juifs et les chrétiens que nous conte François Debré dans ce très beau livre.
L'opium est une femme du monde, l'héroïne une fille des rues mais elles sont soeurs; on peut fréquenter l'une sans rencontrer l'autre car elles ne vivent pas dans le même milieu, mais si l'on tombe dans les bras de la fille des rues, elle ne vous lâche plus, elle vous tient par la jouissance d'abord, par la douleur ensuite; on y perd son âme, on y brûle sa vie.
Même s'il s'agit d'un roman, François Debré avance ici à visage découvert. Il est désormais bien au-delà des conventions, des fausses bonnes réputations. Avec une dignité qui force le respect, il retrace la terrible spirale qui l'a conduit à détruire sa vie et celle de ceux qu'il aime. il a, au cours de ses voyages, rencontré des vivants et des blessés, des soldats, des réfugiés, des Chinois, des Khmers, des Biafrais, des Ougandais, des Syriens puis des policiers, des toxicomanes et des déséquilibrés.
Il a longtemps cru qu'il n'avait plus de billet de retour dans la poche arrière de son jean. Peut-on guérir, redevenir un vivant après la mort?
Grande, rousse, la peau mate de fond de teint, les lèvres laquées, ses yeux verts assombris de rimmel, Gail est une jeune Allemande qui pose pour les photographes de mode. Sa beauté a tout de suite séduit le narrateur, qui vit avec elle une singulière passion à éclipses, comme si leur attirance commune les empêchait aussi de s'aimer.À Paris, à Munich, dans la famille de Gail, à Bangkok, où il la suit au cours d'un voyage, le jeune homme sent naître entre eux, malgré lui, malgré elle, un malentendu qu'il ne peut s'expliquer tout à fait. Gail du matin, fraîche, neuve, n'a plus de rapport avec l'idole fardée qui l'émerveille le soir. Bientôt naît une sourde insatisfaction que ne dissipent ni les écarts, ni les expériences les plus audacieuses, ni même l'annonce d'une naissance. Gail restera la femme seule qu'elle veut être, et celui qu'elle abandonne va s'en aller les yeux ouverts vers des rêves étranges, des rêves inquiétants, peut-être des rêves qui tuent...Au-delà d'une histoire d'amour, violente et brève, Premier Crime est surtout, en profondeur, l'histoire d'une sensibilité dont le narrateur semble découvrir les replis et les secrets, à mesure que son récit nous captive. Il nous tient comme lui-même est prisonnier de ses hantises, peu à peu débusquées. Roman des errances nocturnes, des rencontres réelles ou imaginaires, des expériences sensuelles de toutes sortes, roman d'une fascination des fards et des apparences, ce livre chaste autant qu'il est osé, surprenant jusqu'en ses pudeurs, révèle en François Debré un véritable écrivain d'aujourd'hui, avec des inquiétudes et des angoisses qui sont nôtres aussi, parce qu'elles sont propres à notre temps.
Le lieutenant Kléber Cerf, descendant d'une grande famille de la bourgeoisie judéo-alsacienne, se sent et se veut français avant d'être juif.
Blessé au cours de la guerre de 1870, Kléber repousse peu à peu tout ce qui, à ses yeux, assombrit l'image qu'il se fait d'un officier républicain, d'un citoyen du pays pour lequel, comme beaucoup d'autres Alsaciens, il vient d'opter.
C'est d'abord sa religion qu'il abandonne avant de s'éloigner de ses coreligionnaires puis de sa propre famille, sans pour autant être accepté par ceux à qui il veut ressembler.
Il aura à se battre contre les préjugés, l'hostilité, la haine d'une époque qui voit naître l'antisémitisme moderne, celui de Drumont, celui des conservateurs comme des socialistes.
Roman d'une vie, roman d'une famille - celle des Cerf et de leurs cousins Lazare -, c'est aussi un roman historique, le roman des premières années de la IIIe République - scandales financiers, agitation politique, conquêtes coloniales, duels - où apparaissent, mêlés aux personnages fictifs, tous les hommes qui ont marqué cette époque.
Kléber Cerf n'a pas existé mais son drame, l'ombre portée d'un judaïsme qu'il refuse d'assumer, a été et est peut-être toujours celui d'hommes innombrables qui ne l'avouent jamais.
Ce roman, qui brasse idées et hommes dans un même flot qui les emporte impitoyablement, fait suite à un autre roman de François Debré, Le Livre des égarés (1979), qui racontait la lutte de Théodore Cerf, de 1740 à 1790, pour mener ses compatriotes à la citoyenneté française. Kléber est l'arrière-petit-fils de Théodore. Mais Les Fêtes d'automne, qui constituent une nouvelle étape de l'histoire d'une famille, peuvent se lire tout à fait indépendamment du livre précédent.