Au cours d'un voyage apostolique à Lourdes (2008), Benoît XVI affirmait avoir eu « un contact très profond, très personnel et enrichissant avec la grande culture théologique et philosophique de la France ». Il prolongeait ainsi le mot de Paul VI paraphrasant le cardinal Eude de Châteauroux (la France « cuit le pain intellectuel de la chrétienté »). La même année, lors de son discours au Collège des Bernardins, il évoquait, dans le sillage de l'historien Jean Leclercq, la France des « fils de saint Bernard de Clairvaux » aux « origines de la théologie occidentale » et aux « racines de la culture européenne ».
Le présent ouvrage, issu d'un colloque tenu à l'université de Strasbourg, explore les raisons pour lesquelles J. Ratzinger-Benoît XVI a ainsi tenu pour « décisive » la mémoire de la créativité intellectuelle française, tant pour son parcours personnel de vie et d'études que pour l'élaboration de la pensée - théologique philosophique, scientifique et littéraire - en Occident.
Avec les contributions de Jean-Luc MARION de l'Académie française, Philippe CAPELLE-DUMONT, Davide DE CAPRIO, Christian GOUYAUD, Dominique MILLET-GERARD, Vincenzo ARBOREA, Santiago Sanz SÀNCHEZ, Gabriel FLYNN, Jean-Robert ARMOGATHE
Cet ouvrage examine le rapport qu'entretiennent théologie chrétienne et philosophie, en faisant le choix d'interroger le parcours de l'un des théologiens les plus prestigieux de l'Église catholique, Joseph Ratzinger, devenu pape sous le nom de Benoît XVI. Une méthodologie multiple (diachronique, systématique et dialogique) permet d'évaluer, à la fois historiquement et théoriquement, l'hypothèse ratzingerienne d'une triple alliance Jérusalem, Athènes et Rome , dans laquelle s'articule la relation entre foi et raison, et plus largement la circularité entre théologie et philosophie (surtout dans leur responsabilité par rapport à la vie politique et à la recherche technico-scientifique). Héritier de la réflexion moderne qui distingue philosophie et religion, le pape émérite ne s'en tient pas à une simple condamnation. Au contraire, il essaie de comprendre cette distinction comme le résultat d'une coexistence difficile et risquée entre ce que la foi chrétienne a uni et mis en tension. Entre Jérusalem et Athènes, le christianisme joue pour Ratzinger le rôle d'un tertium quid : mouvement de rencontre entre deux universalités ( l'universalité de Dieu et l'universalité de la raison ouverte à Lui ), mais aussi provocation qui empêche le théologien et le philosophe d'élaborer une synthèse ou un détachement radicaux du logos et du sacré.