Le chant a un statut à part dans l'art musical : c'est comme si la musique, en composant des sons, cherchait à créer par là une voix, à prendre modèle sur la voix humaine. Dès lors, le chant se présente comme la musique par excellence et comme un sujet particulièrement riche de réflexion. S'appuyant sur une analyse des Lieder de Schubert, des pièces d'opéras contemporains ou des musiques d'Orient, l'auteur saisit la complexité du chant en explorant sa proximité avec le cri et son rapport au silence.
Rythmée par différentes lecture du mythe d'Orphée, cette étude présente une philosophie inédite de l'art vocal.
Aujourd'hui, et ce contrairement aux présages d'un Adorno, plus personne n'ose mettre en cause ce genre lyrique qu'est l'opéra. Le propos de l'auteur est d'interroger ce phénomène de survivance à partir du paradigme de renouveau. Cette force de renouvellement - ce retour à l'opéra et de l'opéra - serait-elle peut-être même inhérente au genre? Si le temps de l'opéra est le récit, quels sont alors les rapports entretenus entre texte et musique, et plus précisément entre narrativité et musique? C'est dans une proximité étroite avec les analyses de Walter Benjamin que l'auteur met en lumière la dimension métaphysique de la narrativité musicale, dans la relation au logos qui lui est propre. C'est en effet l'aspect utopique de l'opéra qui permet à ce genre de se critiquer tout en se sauvant. Comme le dit l'auteur : « l'opéra marche à reculons vers son avenir ».
Tout en demeurant l'ensemble qui a fondé l'histoire de la musique spectrale, l'Itinéraire souhaite maintenir une tension et une utopie créatrice qui excèdent les questions théoriques ou les simulacres de liberté et cherche à préserver la possible diachronie entre réflexion et composition.
Ce volume, préparé dans les arcanes d'une tournée musicale européenne qui réunissait de jeunes compositeurs, est né du désir de chacun d'entre eux d'interroger les raisons pour lesquelles ils ne se sentent plus autant portés par une mouvance dite contemporaine que leurs prédécesseurs.
L'art "total", c'était la grande utopie wagnérienne selon laquelle l'opéra, rassemblant de façon quasi fusionnelle la musique, le drame, les arts plastiques, la littérature, aurait du opérer une synthèse supérieure. C'est aussi l'utopie revendiquée par certains cinéastes persuadés que le cinéma finirait par purement et simplement remplacer le théâtre, le roman, la peinture, l'opéra. Au delà de "l'art total" conçu selon un mode synthétique, c'est le champ des décloisonnements, des différentes modalités de la confrontation et de l'interaction antre les arts qui nourrissent cette réflexion.
Luciano Berio est mort le 26 mai 2003. Ce volume de textes rend hommage à un des plus grands compositeurs de sa génération, dont les traces indélébiles ont fondé un véritable langage et une véritable pensée du XXe siècle. Luciano Berio a désenclavé au plus haut niveau l'oeuvre musicale de sa Tour de Babel, en s'inscrivant au coeur de la réflexion esthétique et des pratiques transversales. D'où son lien indélébile avec le théâtre, la poésie, la littérature, la scène, la technologie et la philosophie.
" L'opéra marche à reculons vers son avenir ".
Il n'est pas rare qu'un paradoxe relève de la provocation. Danielle Cohen-Levinas l'a voulu ainsi. La tâche qu'elle s'est assignée, penser l'opéra aujourd'hui, n'est pas, en effet une mince affaire et les circonlocutions ne sont pas ici de mise. L'opéra, pour être réfléchi dans son présent, contraint inévitablement à " s'enfoncer généreusement dans les méandres labyrinthiques de son histoire ", une histoire traversée d'enjeux croisés, esthétiques, institutionnels, sociaux et politiques.
Parcourir ce détour obligé nécessite, outre la connaissance, toute l'audace et la détermination que révèle ici Danielle Cohen-Levinas. Plusieurs fils circulent dans les arcanes du labyrinthe. La question n'est pas de tirer le bon mais d'entrecroiser les écheveaux de manière à tenir ferme le lien conduisant à une possible réponse. L'idée est simple : comment une forme imprégnée de tradition et victime d'un traditionalisme parfois opiniâtre, parvient-elle en dépit de stigmates anachroniques non seulement à survivre à l'ère de la modernité mais à renaître contre toute attente ? Entre l'événement - l'oeuvre - et le concept, là où loge trop souvent la pierre d'achoppement de la réflexion sur l'art, chaque fragment dresse un pont et confère à l'ensemble de ces " variations sur le concept opéra " la dimension véritablement philosophique que requiert toute théorie esthétique.
Pour Danielle Cohen-Levinas, " l'Ange de la composition est invoqué ". Une telle démarche, où les " exemples " - les analyses musicologiques - ne jouent plus simplement le rôle de références démonstratives mais sont inclus dans l'ensemble du dispositif réflexif et critique, devrait très tôt faire école.
Ce volume regroupe un ensemble de rencontres, dialogues et causeries avec des compositeurs de toutes tendances esthétiques : Georges Aperghis, Antoine Bonnet, Gualterio Dazzi, Pascal Dusapin, Luc Ferrari, Gérard Grisey, Michaël Jarrell, Michaël Levinas, Philippe Manoury, Tristan Murail, François Paris, Fausto Romitelli, Kaija Saariaho, Marco Stroppa, Yannis Xenakis.
Ces textes démontrent une volonté de définir, une fois pour toutes, la logique qui accompagne la plupart des mouvements compositionnels - comme si la cohérence de ces mouvements pouvait relever d'un ordre. D'où la tentation d'interroger la puissance propre du mot Loi au lieu même où se nouent les interrogations que partagent ensemble ou séparément compositeurs, musicologues, interprètes et philosophes.
Schoenberg est à l'évidence un des compositeurs majeurs du XXe siècle. L'héritage classique et romantique dont il s'est toujours revendiqué, le contexte intellectuel dans lequel il évolue et sa singularité toute moderne constituent sans doute une part non négligeable de sa légende, que les questions sociales et politiques ont accrue.
Dans la musique de Schoenberg, transparaît l'esprit d'une époque et l'espérance qui lui donne sens. Un souffle messianique plane sur elle ; et, parallèlement, une empirie à l'épreuve de l'histoire du langage musical l'empêche de revenir à un état antérieur. Or - et c'est bien là le paradoxe - la musique de Schoenberg est là où on ne l'attend pas. Certes, elle répond point par point au mythe fondateur de la modernité, mais elle bâtit aussi sa déroute. Sa tentative de rébellion contre le système est aussi importante que le système moderne. Ce à quoi elle résiste est aussi fédérateur que ce qu'elle préserve. D'où le fait que le modèle structural pour l'analyser ne fait que la fixer là où tout est déjà défait. Comment donc parler d'une musique qui accueille l'instant ? Comment comprendre une musique qui fait de chaque son un événement insaisissable ?
C'est en cherchant à résoudre ce paradoxe que ce volume entend présenter la genèse de la pensée et de la poïétique compositionnelle de Schoenberg.
Peut-on imaginer un dialogue entre un musicien contemporain et Beethoven ? La scène se passe dans l'atelier de Michaël Levinas, là où le pianiste travaille et explore depuis plusieurs décennies l'oeuvre de cet immense compositeur. Son incessante interprétation des Trente-deux Sonates, qu'il a jouées plusieurs fois en concert et auxquelles il a consacré une partie de son enseignement au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, est ancrée dans une tradition dont il remonte le temps et dans un avenir qui est encore à écrire. Ces entretiens sont l'occasion pour le lecteur, musicien ou mélomane, de suivre en temps réel le mouvement d'une lecture/relecture infinie.
En novembre 1998 disparaîssait un des compositeurs les plus importants de sa génération, Gérard Grisey. Ce volume collectif qui lui rend hommage, nous invite à une expérience quasi proustienne de la musique. L'oeuvre de Gérard Grisey, profondément arrimée à la perception et aux lois acoustiques du phénomène sonore, élabore ce que l'on pourrait appeler une écriture du temps et de l'écoute, devenue une des esthétiques les plus irréductibles dans les années quatre-vingt. Gérard Grisey concevait le son "comme une nouvelle peau. Comme une zone de contact presque tactile entre l'auditeur et l'oeuvre".