Schoenberg est à l'évidence un des compositeurs majeurs du XXe siècle. L'héritage classique et romantique dont il s'est toujours revendiqué, le contexte intellectuel dans lequel il évolue et sa singularité toute moderne constituent sans doute une part non négligeable de sa légende, que les questions sociales et politiques ont accrue.
Dans la musique de Schoenberg, transparaît l'esprit d'une époque et l'espérance qui lui donne sens. Un souffle messianique plane sur elle ; et, parallèlement, une empirie à l'épreuve de l'histoire du langage musical l'empêche de revenir à un état antérieur. Or - et c'est bien là le paradoxe - la musique de Schoenberg est là où on ne l'attend pas. Certes, elle répond point par point au mythe fondateur de la modernité, mais elle bâtit aussi sa déroute. Sa tentative de rébellion contre le système est aussi importante que le système moderne. Ce à quoi elle résiste est aussi fédérateur que ce qu'elle préserve. D'où le fait que le modèle structural pour l'analyser ne fait que la fixer là où tout est déjà défait. Comment donc parler d'une musique qui accueille l'instant ? Comment comprendre une musique qui fait de chaque son un événement insaisissable ?
C'est en cherchant à résoudre ce paradoxe que ce volume entend présenter la genèse de la pensée et de la poïétique compositionnelle de Schoenberg.
Psychanalyste de renom, René Major est l'auteur d'une remarquable oeuvre de pensée qui a ouvert, notamment grâce aux Cahiers Confrontation, un espace de dialogue entre la psychanalyse, la philosophie et la littérature, en élargissant ces échanges aux discours des sciences humaines. Selon le voeu formulé lors de la création en 2003 de l'Institut des hautes études en psychanalyse qu'il a présidé jusqu'en 2017, ses travaux ont relancé l'étude de la psychanalyse dans toutes ses composantes : cliniques, théoriques, éthiques.
Lecteur éclairé des oeuvres de Freud, Lacan et Derrida, René Major se distingue par la portée politique de sa réflexion qui analyse les symptômes individuels et sociaux, les nouvelles formes de violence et de cruauté dans la société. Accordant une attention particulière à la pulsion de pouvoir, sa réflexion s'est incarnée dans des engagements concrets, qu'il s'agisse de la politique de la psychanalyse face à la dictature et la torture au Brésil, de la guerre au Moyen-Orient, des maux de de l'économie néolibérale ou de l'organisation des États généraux de la psychanalyse en 2000.
Cet ouvrage réunit pour la première fois autour de cette oeuvre unique psychanalystes, philosophes, historiens et critiques littéraires, qui entendent saluer le travail et l'enseignement de René Major, mais surtout penser avec lui cette « psychanalyse à venir » telle qu'il la rêve et l'imagine.
Avec les contributions de :
Isabelle Alfandary - Alan Bass - Philippe Beck - Geoffrey Bennington - Sergio Benvenuto - Anne Bourgain - Danielle Cohen-Levinas - Jacques Derrida - Jean-Luc Evard - Stéphane Habib - Elias Jabre - Henri-Pierre Jeudy - Georges Leroux - Claude Lévesque - Michel Lisse - Per Magnus Johansson - René Major - Catherine Malabou - Pierre Marie - Ginette Michaud - Michael Naas - Manuel Pérez Rodrigo - Michel Plon - Warren Poland - Jean-Michel Rabaté - Henri Rey-Flaud - Chantal Talagrand - Sophie Wahnich - Daniel Wilhem
Ce livre est l'histoire d'un cheminement à travers des idiomes qui sont autant de formes, de rythmes, de noms, dans la multiplicité des questions posées pour dire ce qu'est l'impatience des langues. Ce cheminement philosophique va de la patience du concept à l'impatience de son refus. Il est comme l'incessant recommencement du « refus de la patience du concept » dans l'entrelacs de langues aussi prometteuses que menaçantes, puisqu'elles accueillent l'aléatoire du temps tout en demeurant exposées à la ruse exorbitante du concept.
Sur le chemin de l'impatience des langues, des questions se pressent. Y a-t-il un temps de la politique ? À quels usages des langues et de leurs entre-traductions est assigné ce temps ? En quoi la justice signifie-t-elle la scansion de ces temps désajointés et discordants ? Peut-on penser une justice sans destin et sans téléologie ? Pourquoi et comment l'amour vient-il faire effraction dans ces mouvements, comment vient-il les altérer encore ? La mémoire oublieuse et infidèle est-elle une condition du partage et de la promesse ? L'exil peut-il en dessiner l'horizon ? Et le messianisme, pourquoi en parler aujourd'hui ? Quelles langues, pour quelle éthique ?
Dans ce livre à deux voix, Danielle Cohen-Levinas et Gérard Bensussan mettent ainsi la philosophie à l'épreuve d'elle-même en la désaccordant de ce qui historiquement l'engage et la porte.
Mystique et philosophie dans les trois monothéismes présente un travail d'enquêteur, sur les traces du concept de « mystique ». La notion de « mystique » est le plus souvent associée à une expérience indicible, incommunicable, celle d'une union à une entité supérieure, qu'elle soit transcendante ou non. Le but de ce recueil est de redéfinir non seulement l'expérience mystique, mais aussi son écriture et ses représentations, ou tout au moins de les examiner et de les questionner. Qu'en est-il des questions religieuses et spirituelles face à ces deux massifs, au regard tantôt convergent, tantôt divergent, qui mettent résolument à l'épreuve l'histoire, les traditions, les langues et les cultures dont nous sommes aujourd'hui les héritiers ? Comment le discours philosophique rend-il compte de cette expérience sans pour autant la ramener à un déjà-su et à un déjà-vécu ? Ne peut-on concevoir une modification de la rationalité elle-même, ou de son mode opératoire, induit par la percée mystique ? Le projet de cet ouvrage est d'élaborer à travers les siècles des proximités entre les différents idiomes philosophiques, théologiques et anthropologiques. Géraldine Roux, enseignante et docteur en philosophie, est directrice de l'Institut universitaire européen Rachi. Elle est notamment l'auteur de Du prophète au savant. L'horizon du savoir chez Maïmonide (2010).