Il semble entendu de nos jours que la pensée chinoise est radicalement différente de la philosophie occidentale. Il est même proposé à cette dernière de s'appuyer sur ce décalage pour mettre en cause l'évidence de ses principes et apprendre à s'orienter autrement dans la réalité. On se réfère habituellement pour cela au taoïsme (très critique à l'égard des conventions) plutôt qu'au confucianisme (toujours suspect de moralisme), malgré l'importance primordiale de Confucius aux yeux des penseurs chinois eux-mêmes. L'intention de cet essai est d'établir des rapprochements entre la tradition de pensée issue de Confucius et la philosophie occidentale d'origine grecque, principalement la philosophie socratique.
La subjectivité moderne commence avec Descartes. La modernité n'est pourtant pas restée fidèle à la lettre de l'idéalisme cartésien. Chacun en hérite pour le modifier (Malebranche, Spinoza, etc.) ou le critiquer (Locke, Kant, etc.). C'est qu'en effet quelque chose ne fonctionne pas dans les Méditations de Descartes. Ce n'est pas le cogito. Le cogito est vrai, on n'avait d'ailleurs pas attendu Descartes pour s'en rendre compte : saint Augustin et Avicenne l'avaient vu avant lui. Ce qui ne fonctionne pas, c'est le doute hyperbolique. Cet essai montre que tous les lecteurs attentifs de Descartes, depuis le XVIIe siècle jusqu'à nos jours, ont vu le défaut du doute. Le problème, c'est qu'ils ont, à peu près tous, fait comme si cela n'avait pas d'importance. Compte tenu des conséquences du doute pour la constitution de l'idéalisme subjectif moderne, ce défaut de la méthode devait être mis en évidence.
La mode est Montaigne - un certain Montaigne du moins, dlicat, aux moeurs et aux lumires exquises, avec lequel il ferait bon passer l't. Mais il en existe un autre, qui il faut rendre sa violence, sa vivacit, son impatience, ses passions et ses colres sanguines, pour tout dire sa dmesure.C'est ce qu'entreprend ici Christophe Bardyn qui, tout en brossant le tableau difiant d'un xvie sicle embras par les guerres de religion, se laisse guider par l'oeuvre du moraliste pour y dceler les indices qu'il y a sciemment dissimuls. Cela donne un portrait audacieux, fourmillant d'hypothses indites, hardies et volontiers polmiques. O l'on dcouvre que Michel de Montaigne ne serait pas de noble naissance, mais fils de palefrenier ; qu'il n'avait pas tous les atouts de la virilit, mais assez d'esprit pour devenir un amant infatigable, notamment de Marguerite de Valois ; que sa passion pour La Botie - dont les oeuvres sont ici compltement revisites - eut sur sa pense philosophique, politique et religieuse une influence insouponne ; qu'il se cache dans les Essais d'tranges cryptogrammes qui semblent nous inviter d'infinies spculations...C'est un tout autre Montaigne qui surgit alors, plus complexe, plus humain, moins sage, et dont on savoure page aprs page la vraie religion, en dpit des jugements moraux, sociaux et religieux de son temps : celle de la libert.
Les grandes oeuvres littéraires offrent une porte d'entrée passionnante pour toutes les problématiques principales de la philosophie. Quand il s'agit des classiques, les textes littéraires ne doivent pas être considérés comme de simples supports, prétextes finalement vite oubliés avant de passer aux débats d'idées. Plus souvent qu'on ne l'imagine, une oeuvre littéraire a posé un concept, voire défini une problématique, bien avant qu'un philosophe ne s'en empare et ne les travaille sur un plan logique.
En suivant le fil directeur du programme de philosophie des classes de terminale, ce manuel offre aux étudiants et aux enseignants de littérature, de philosophie, mais aussi d'histoire, une véritable initiation au fondement de la culture générale, socle commun de la formation du citoyen par l'école où l'on apprendra, par exemple, en quoi Don Quichotte annonce Descartes, ou comment comprendre Rousseau avec Robinson Crusoé.