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Basile Ader
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Une image vaut mille mots. Elle raconte beaucoup de choses que ni le texte, ni même les images animées ne disent. La photographie, utilisée dans les procès jusqu'en 1954, est aujourd'hui interdite. Images d'archives.
Le musée du Barreau de Paris a constitué un fond de photographies d'audience unique par son nombre et sa diversité. Une partie de ces photographies sont l'objet du présent ouvrage. Elles apportent des témoignages inédits des grands procès. Elles illustrent et restituent des moments de justice très précieux L'instantanéité du moment permet de saisir un regard, un sourire, une attitude. Lesquels, parce qu'on peut s'y arrêter et les scruter, livrent des informations inédites. Là où le film se contente d'horizontalité, une photo est une victoire sur le temps. Elle fige un regard, lequel est le miroir de l'âme. Elle en révèle des vérités méconnues. Or, un procès est toujours un grand moment de vérité. Il est celui où l'on s'explique, où l'on confond le coupable, celui qui panse les plaies des victimes.
Depuis que la photographie existe, elle s'est invitée dans les salles d'audience au côté de la chronique judiciaire. Des photographes ont pu saisir des images qui ont intéressé l'opinion comme celui de Dreyfus comparaissant devant le 2ème conseil de guerre, à Rennes en 1899 puis les grands procès des criminels de droit commun ou des grands criminels de guerre. Jusqu'à ce que La cohue qui a régné aux procès de Marie Besnard à Blois puis à Orléans, et surtout, à Dignes, lorsque fut jugé Gaston Dominici, a amené l'interdiction, en 1954, des prises de vue. Ce qui fit incidemment le bonheur des dessinateurs de presse, seuls autorisés à rapporter par l'image ces moments de vérité. Mais un dessin n'a jamais remplacé une photographie. Une histoire en 185 images. -
Rendre la justice est au coeur du contrat social. C'est pour cela que les procès tiennent une place centrale et publique dans la cité. Ce sont trois grands procès qui sont proposés dans ce livre Procès en scène par Basile Ader. Le premier d'entre eux est une très belle découverte : « Bénac devant le conseil de guerre » est un récit profondément émouvant, qui montre de façon lumineuse ce qu'est la mission de l'avocat. L'histoire est particulièrement touchante, puisque Bénac, avocat-stagiaire, récemment appelé sous les drapeaux, prononcera de très belles plaidoiries, les seules de sa vie, pour sauver de l'exécution trois présumés déserteurs sur quatre, alors que lui-même mourra sous le feu de l'ennemi quelques mois plus tard, Les deux autres procès, celui dit de Bobigny, et celui de Patrick Henry sont exemplaires. Exemplaires, parce qu'ils ont chacun donné lieu à une réforme essentielle de la loi, la dépénalisation de l'avortement et la suppression de la peine de mort, grâce à la façon dont Gisèle Halimi, puis Robert Badinter ont tous deux pris la main sur le déroulement du procès. Il est nécessaire aujourd'hui encore, de témoigner de ses deux grandes réformes, en rappelant les raisons profondément humaines qui les ont motivés, qu'il ne faut pas oublier et qu'il faut faire connaître aux plus jeunes. Le lecteur de « Procès en scène » retrouvera ou découvrira, dans cette reconstitution des dépositions, des réquisitions et des plaidoiries, ces grands moments de justice qui furent des moments d'Histoire : le théâtre se prête parfaitement à la reproduction de procès, tant il ressemble à une audience judiciaire, par la force que lui confère aussi la règle classique des trois unités : de lieu, de temps et d'action. Basile ADER, avocat au Barreau de Paris, ancien Vice-Bâtonnier et conservateur du Musée de l'Ordre ajoute désormais à ses talents de défenseur, celui d'auteur de théâtre. Extraits : « ...dans le procès de Bobigny, Gisèle Halimi fait citer de nombreux témoins, des médecins et diverses personnalités, qui vont venir expliquer au tribunal que c'est la loi qui est inique et criminelle, et qu'elle ne doit pas être appliquée. Le procès s'ouvre en novembre 1972. La petite salle du tout nouveau tribunal correctionnel de Bobigny ne peut contenir la foule qui est venue au soutien de la cause, au point qu'on organise une sonorisation des débats à l'extérieur du tribunal et que des militantes prendront une sténographie de ceux-ci. C'est à partir de cette sténographie que nous avons réalisé cette adaptation, en restant le plus fidèle possible à ce que furent les débats, tant ils éclairent sur ce qu'était alors la condition féminine. Cinquante ans après, ce procès garde une acuité particulière, au regard de l'état général toujours précaire des droits des femmes dans le monde... » page 70 « Le sort de Patrick Henry semblait scellé, surtout qu'à la différence de Ranucci, il ne contestait pas sa culpabilité. Aucun avocat de Troyes ne voulut le défendre. Robert Bocquillon, bâtonnier de Chaumont, localité voisine, se commit lui-même d'office pour qu'il ait un avocat. Il appela très vite à ses côtés Robert Badinter. Robert Badinter n'avait lui-même pu éviter quatre ans plus tôt à son client Roger Bontems d'être condamné à mort par la Cour d'assises de l'Aube, celle-là même où Patrick Henry allait être jugé. Il avait raconté le traumatisme qu'avait représenté pour lui cette affaire et le passage de son client sous la guillotine dans L'Exécution (Fayard, 1973). Il allait donc devoir revenir devant cette même cour et y retrouver le même président et le même avocat général. Une forme de revanche s'offrit ainsi à lui. Mais cette fois-ci, il décida, comme l'avait fait Gisèle Halimi à Bobigny, d'inverser la mécanique de l'accusation. Il allait faire le procès de la peine de mort. Il fit citer plusieurs témoins qui ne connaissaient ni l'affaire, ni l'accusé, qui viendraient dire à la barre ce qu'il faut penser du caractère prétendument exemplaire de la peine de mort et la façon dont elle était alors administrée. Les débats qui se sont tenus lors de ce procès, à ce titre, sont universels et intemporels. » p147-148