Dans notre monde, des algorithmes proposent, selon la règle d'optimalité à l'oeuvre, la paire la mieux ajustée possible, entre des personnes à la recherche de relations amoureuses utilisant des applications de rencontre, ou entre des personnes et des logements HLM, des traitements médicaux, des emplois ou encore des formations via la plateforme Parcoursup. Les enjeux résultant de ces processus d'appariement, de matching sont majeurs : moments de bifurcation qui façonnent les trajectoires individuelles, ils constituent une nouvelle manière d'allouer des ressources et de structurer les inégalités.
Cet ouvrage étudie ces processus sociaux afin d'éclairer leur fonctionnement et de comprendre leurs implications sociales et politiques.
Philippe Steiner est professeur de sociologie à Sorbonne Université.
Melchior Simioni est docteur en sociologie économique.
Certains mondes sociaux font rarement parler d'eux. Celui des jeunes femmes de la campagne, cette partie de la jeunesse qui « ne pose pas problème » a priori, est l'un d'eux.Pour faire entendre la voix de celles qui ont grandi et qui vivent en milieu rural, Yaëlle Amsellem-Mainguy a sillonné des territoires ruraux très divers. Originaires de milieux populaires, les jeunes femmes qu'elle a rencontrées et dont elle restitue le quotidien et les aspirations occupent souvent des emplois au bas de l'échelle, quand bien même leur formation leur permettrait de prétendre à « mieux ».
Yaëlle Amsellem-Mainguy est sociologue, chargée d'études et de recherche à l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP) et membre du Centre d'études et de recherches sur les liens sociaux (CERLIS).
Portraits de 6 jeunes dans la crise sanitaire à partir d'entretiens réalisés par Yaëlle Amsellem-Mainguy, Julie Couronné et Laurent Lardeux en 2020 et 2021
« Je suis en colère car on a été abandonnés par les profs, abandonnés par l'État » Louisa, 21 ans, étudiante en DUT carrières sociales « Si tu ne travailles pas, t'as pas d'argent c'est le problème quand t'es vacataire » Djénéba, 22 ans, étudiante et vacataire à l'APHP en ménage « Quand ils nous ont confinés, ils ont empêché toutes les possibilités de manifester d'exister » Yanis, 17 ans, lycéen à Paris, membre de Youth for climate « On ne peut pas déconnecter la crise actuelle de ce qui se passe sur la planète » Flora, 21 ans, militante à Alternatiba « Maintenant c'est le flou complet » Coline, 26 ans, secrétaire administrative dans la fonction publique « C'est pas la peine en fait de continuer en restauration » Gautier, intérimaire dans la logistique en Ile-de-France, 19 ans
Yaëlle Amsellem-Mainguy, chargée de recherche INJEP, associée CERLIS-INED, est notamment l'auteure des Filles du coin. Laurent Lardeux est chargé d'études et de recherche à l'INJEP et chercheur associé au laboratoire CNRS Triangle de Lyon. Julie Couronné est chargée d'études et de recherche à l'INJEP.
Tom Chevalier, Joanie Cayouette-Remblière, Benoît Coquard, Adrien Delespierre, Anne Gosselin, Élie Guéraut, Marion Maudet, Patrick Peretti-Watel, Camille Peugny et Arthur Vuattoux
À en croire les propos du président de la République et de nos diplomates, la politique de défense nucléaire française ne fait pas débat. Le choix est fait : celui d'un monde désormais structuré par la prolifération nucléaire. Ce choix repose sur trois composantes : validité de la politique de dissuasion, absence de risque grâce à un contrôle adéquat de notre arsenal, responsabilité morale et politique sans faille du chef de l'Etat, habilité à déclencher le feu nucléaire. En démocratie, est-il acceptable que ce choix ne soit pas questionné ?Benoît Pelopidas montre la fragilité de ces présupposés et ouvre ainsi le choix des possibles.
Benoît Pelopidas est titulaire de la chaire d'excellence en études de sécurité de Sciences Po (Centre de recherches internationales, CERI) et chercheur affilié au Center for International Security and Cooperation (CISAC) de l'Université Stanford.
Il n'y a pas encore de guerre dont le déclenchement puisse être directement imputable aux conséquences du changement climatique. Mais nous voyons déjà à quel point celui-ci affecte la sécurité personnelle, économique, alimentaire, sanitaire et environnementale.
Les militaires doivent anticiper les impacts du changement climatique sur le paysage stratégique international (migrations, aires géopolitiques les plus impactées). Ils doivent aussi analyser la façon dont leurs grandes missions de défense vont être affectées par la hausse des températures : opérations militaires, sécurité sanitaire, contribution aux politiques publiques d'atténuation, sécurité énergétique, adaptation des équipements et des infrastructures de défense.
Nicolas Regaud est délégué au développement international à l'Institut de recherche stratégique de l'école militaire (IRSEM).
François Gemenne, membre du GIEC est chercheur à l'université de Liège, enseignant à Sciences-Po. Il est coauteur de l'Atlas de l'Anthropocène (Presses de Sciences Po 2e éd. 2021).
Bastien Alex est responsable du programme Climat-Energie au WWF-France.
Traduction d'un ouvrage paru en 2018 chez Harvard University Press, le livre de Herrick Chapman propose une relecture de la reconstruction française après 1944. Il raconte ce qu'il appelle la « longue reconstruction », pendant laquelle les élites gouvernementales, les partis, les groupes de pression et les mouvements de citoyens de base n'ont pas su réduire la tension entre démocratie et « technocratie » au fil d'une période dont il montre qu'elle s'étend jusqu'à 1962. Seul pays d'Europe à réaliser sa reconstruction tout en menant deux grandes guerres coloniales, en Indochine puis en Algérie, la France affronta des défis spécifiques pour financer sa reconstruction, proclamer une nouvelle ère de paix et démêler sa "modernisation" du processus de décolonisation.
Herrick Chapman est un historien américain spécialiste de l'histoire française et professeur à l'Université de New-York.
Des attentats islamistes que notre pays subit depuis 2012 aux manifestations à dimension émeutière actuelles, nous sommes saturés d'images de violence. La France du XXIe siècle semble s'éloigner de la « civilisation des moeurs » amorcées au XVIe siècle avec la construction de l'État selon la thèse classique de Norbert Élias. La violence politique fait couler beaucoup d'encre, mais sa matérialité est rarement étudiée. C'est ce que propose cet ouvrage, qui effectue un recensement inédit des actes de violence politique en France de 1986 à aujourd'hui. Ce regard à la fois froidement statistique et historique permet d'objectiver la réalité de faits qui font souvent la une d'une actualité anxiogène. S'en dégagent plusieurs évolutions remarquables tranchant avec les représentations communes.
Isabelle Sommier, professeure de sociologie politique à l'Université Paris-1-Panthéon-Sorbonne et chercheure au Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP) dirige cet ouvrage en collaboration avec Xavier Crettier, professeur de science politique à Sciences Po Saint-Germain et François Audigier est professeur en histoire contemporaine à l'Université de Lorraine.
« Sympathiques » ou « khmers verts », « idéalistes » ou « arrivistes », les militants écologistes ont une image très contrastée auprès des commentateurs de la vie politique comme de la population française. Le principal parti vert hexagonal, Europe écologie les verts (EELV), passe pour une organisation divisée, « coupeuse de têtes » et cacophonique. Contrairement à d'autres militants, leurs moeurs et pratiques quotidiennes sont aussi exposés à la critique que leurs positions politiques, environnementales et sociales.Écrite à hauteur d'adhérent, cette enquête revient sur trente ans d'un parti qui entend faire de la politique autrement. Elle interroge les implications d'un engagement chez les Verts, de la prise de carte à la formation de semi-professionnels de la politique.
Vanessa Jérôme est politiste, docteure associée au CESSP/Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Spécialiste du parti écologiste français, ses recherches portent sur l'engagement militant, la socialisation politique, le métier politique et les violences sexistes et sexuelles en politique.
Toutes les femmes sont citoyennes, quelques femmes sont artistes. La citoyenne et l'artiste sont-elles les semblables des hommes ? Oui. Tout autant concernées par la politique et par l'art ? Oui.
Au commencement de l'ère démocratique, initiée par la Révolution française, ces affirmations furent pourtant sources de débats et de polémiques : aux femmes la famille plutôt que la cité, la muse plutôt que le génie, arguaient bien des hommes qui n'étaient pas tous réactionnaires. Deux cents ans après, nous en discutons encore.
L'ouvrage revient sur les conséquences de ce moment fondateur. Il rend compte du travail sans fin de la démonstration de l'égalité, dans une « démocratie exclusive » où chacun - donc chacune - peut théoriquement se voir individu, sujet, citoyen, créateur, un, une parmi tous et toutes.
De Poulain de la Barre, philosophe du XVIIe siècle, à Jacques Rancière, penseur contemporain, avec Virginia Woolf comme avec Simone de Beauvoir, les textes réunis ici montrent à quel point ces questions demeurent essentielles pour la modernité : celle de la jouissance revendiquée, celle de la stratégie subversive, celle de la mesure de l'émancipation des femmes, celle du féminisme comme dérèglement de la tradition occidentale.
Comment l'interdiction de la fracturation hydraulique a-t-elle pu s'imposer en France en quelques mois? Le gouvernement, l'administration publique et ses experts, de puissants lobbies semblaient pourtant s'accorder sur l'intérêt économique de cette exploitation quand le grand public ignorait jusqu'à l'existence des gaz de schiste.
S'appuyant sur une vaste enquête, ce livre donne à voir la politique en train de se faire. Il rappelle qu'une politique publique n'est pas écrite d'avance : elle est le produit de luttes entre divers acteurs qui mettent l'État sous pression. Menées tantôt dans les arènes discrètes de l'administration ou des lobbies, tantôt dans l'espace médiatique et public, ces batailles du sens permettent de comprendre comment se construisent les politiques publiques.
Philippe Zittoun est chercheur HDR en science politique à l'Université de Lyon. Ses recherches portent sur le processus de fabrique des politiques publiques.
Sébastien Chailleux est enseignant-chercheur au Laboratoire Passages (UMR5319) à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour.
Conseils de « psys » adressés aux managers et aux dirigeants, formations au « management bienveillant », chief happiness officers, offres de méditation pour conjurer le stress au travail, toute une panoplie de discours et de pratiques se sont multipliées ces dernières années pour promouvoir le développement personnel et le bien-être au travail, dans la perspective de la performance de l'entreprise. Une nouvelle figure et une nouvelle activité professionnelle emblématique de cette orientation se sont installées dans le monde de l'entreprise depuis plus d'une vingtaine d'années en France : les coachs et le coaching. À travers elles, sont promues une optimisation de soi et une hygiène psychique au travail en phase avec les mutations contemporaines du capitalisme.
Sociologue, Scarlett Salman est maîtresse de conférence à l'université Paris est-Marne-la-vallée.
Début 2008, les prix agricoles mondiaux s'envolent. Des « émeutes de la faim » éclatent dans soixante pays à travers le monde. Paradoxalement, la production agricole mondiale est alors particulièrement élevée. Le défaut d'anticipation des gouvernements nationaux comme des organisations internationales se fait jour : la sécurité alimentaire ne peut plus être envisagée uniquement comme un problème agricole et de développement. De plus, la traditionnelle vision productiviste de la lutte contre la faim se confronte aux enjeux sanitaires et environnementaux. Pour nourrir neuf milliards de personnes en 2050, le meilleur levier ne serait-il pas de mieux répartir ?
Cet ouvrage dresse un panorama éclairant de la nouvelle gouvernance de la faim.
Antoine Bernard de Raymond est sociologue, chargé de rechercher INRA.
Maîtresse de conférences en sociologie, Delphine Thivet est directrice adjointe du Centre Émile Durkheim.
avec les contributions de : Arlène Alpha, Pierre-Marie Aubert, Nicolas Bricas, Matthieu Brun, Vincent Cardon, Priscilla Claeys, François Collart Dutilleul, Jessica Duncan, Eve Fouilleux, Nadia Lambek, Florence Pinton, Yannick Sencébé, Sina Schlimmer, Gilles Tétart.
Une histoire globale (XVIIIe-XIXe siècles)
Les récits de Conrad m'accompagnent depuis mon enfance. À cette époque, j'aimais surtout l'aventure, le bruit et le parfum de la mer. [...] Je pensais avoir mis de côté Conrad
jusqu'à ce que, il y a quelques années, un ami [...] me dise : as-tu remarqué que tes terrains de recherche suivent à peu près les périples de Conrad ?
Le livre de l'historien Alessandro Stanziani ne parle pas des voyages de Joseph Conrad, mais des travailleurs et des asservis que l'écrivain polonais a côtoyés : les serfs de Russie, les salariés et les marins des empires français et britannique, les esclaves et les immigrés de l'océan Indien. Il s'achève au Congo, dans les violences extrêmes perpétrées contre les indigènes par des compagnies coloniales en quête effrénée de profits.
De la pensée des Lumières à l'évolution du droit et à la réalité des conditions de travail, Alessandro Stanziani montre par son approche globale que l'histoire du travail forcé ne peut se comprendre qu'en relation avec celle du travail libre. Les deux aires ne cessent de se superposer et de se répondre mutuellement pour écrire une seule et même histoire encore inachevée, celle d'une difficile émancipation.
Directeur d'études à l'EHESS et directeur de recherche CNRS, Alessandro Stanziani a notamment publié Les Entrelacements du monde. Histoire globale, pensée globale (CNRS Éditions, 2018).
Directeur de recherche CNRS, Alessandro Stanziani est directeur d'études à l'EHESS. Il est notammment l'auteur de Les entrelacements du monde. Histoire globale, pensée globale (CNRS éditions, 2018).
« Chercheur embarqué », Frédéric Mérand a pu faire une immersion au sein du cabinet du commissaire européen Moscovici entre l'été 2015 et l'automne 2019. Passant deux mois par an au Berlaymont , il a suivi l'évolution de chaque dossier (crise du Grexit, surveillance budgétaire, taxe sur les GAFA, etc.) presque en temps réel. De la cantine aux rencontres internationales, il a observé le commissaire et son cabinet. Il a recueilli au quotidien, leurs stratégies et leurs espoirs mais aussi leurs étonnements, leurs craintes et leurs déceptions. L'objectif, scientifique, n'était pas de savoir si la politique menée fut bonne ou mauvaise, mais de comprendre et de raconter comment elle s'est faite dans les pratiques.
Un voyage unique dans les arcanes de la politique européenne.
Professeur de science politique à l'Université de Montréal, Frédéric Mérand y dirige le Centre d'études et de recherches internationales (CÉRIUM).
Comment le billet a-t-il gagné la confiance des Français ? Au début de cette histoire de la fabrication des billets de banque, la monnaie fiduciaire est encore convertible en espèces métalliques. Mais son cours est régulèrement forcé par la Banque de France qui gère avec une très grande prudence la diffusion du billet. Son usage se démocratise peu à peu. La production industrielle permet de combler les besoins croissants mais aussi de limiter le prix de revient du billet et de sécuriser le moyen de paiement. Une veille et une adaptation technologiques sont nécessaires car le billet est un produit imprimé qu'il faut sans cesse perfectionner pour le mettre à l'abri des faussaires et pour conserver sa crédibilité. A la veille de la première guerre mondiale, le billet s'est pleinement imposé.
Secrétaire scientifique de la Mission historique de la Banque de France
(2016-2018), Mathieu Bidaux est historien.
Après l'ouverture du mariage aux couples homosexuels en France, les mouvements réactionnaires ont orchestré une vaste campagne contre la « théorie du genre », dangereuse propagande venuetout droit des campus américains.Bruno Perreau démontre que cette campagne s'attaque en réalité à la théorie queer, précisément parce que celle-ci est largement inspirée de penseurs français tels que Foucault, Beauvoir et Derrida. Il propose une enquête sur les liens entre identité, communauté et nation en France : si la théorie queer dérange autant, c'est parce qu'elle soutient l'idée que le sentiment d'appartenance ne naît pas d'un socle de valeurs et de références communes mais, au contraire, de la capacité à en contester le bien-fondé.Qui a peur de la théorie queer ? présente les nombreuses facettes de la réponse à la théorie queer en France, de la Manif pour tous au militantisme lesbien, gay, bi et trans, en passant par les séminaires de recherche, l'émergence de nouveaux médias, les politiques de traduction ou encore les débats autour du nationalisme etde l'intersectionnalité.Contre l'idée de « tyrannie des minorités », Bruno Perreau propose une théorie critique de la représentation, plus attentive et plus hospitalière.
Face à la critique du système représentatif, la démocratie délibérative est de plus en plus fréquemment invoquée. Cet ouvrage revient, grâce aux contributions d'une quinzaine de spécialistes français et internationaux, sur les manières multiples de penser la démocratie délibérative mais aussi ses limites.
Loïc Blondiaux est professeur de science politique à l'Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne et chercheur au Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP, EHESS-Paris-1-CNRS).
Bernard Manin est philosophe, directeur d'études à l'EHESS et professeur de science politique à New York University.
La lutte contre la pauvreté connaît une transformation majeure depuis la fin du XXe siècle. Longtemps au coeur d'une politique sociale inclusive, « les pauvres » sont désormais une catégorie d'individus qu'une administration tatillonne stigmatise, tout en leur dispensant d'insuffisantes prestations. Comment est-on passé d'un idéal d'insertion sociale à l'injonction de traverser la rue pour trouver un emploi ?
Pour comprendre cette évolution, Frédéric Viguier retrace l'histoire de la cause des pauvres depuis 1945. Il décrit notamment le travail mené par des associations comme ATD Quart Monde ou la Fédération des acteurs de la solidarité dans les campements et les cités de transit de l'après-guerre et la façon dont elles ont, au fil des ans, porté cette cause sur les scènes administratives, politiques, médiatiques et scientifiques. Un combat qui s'est souvent soldé par des victoires à la Pyrrhus face aux représentants des hautes sphères de l'État social et à leur conception d'une bonne action publique.
Normalien, agrégé de philosophie et docteur en sciences sociales, Frédéric Viguier enseigne les sciences sociales à l'Institut d'études françaises de New York University.
Paris, les 7,2 millions d'habitants du Grand Paris ou les 12,2 millions d'habitants de la région Ile-de-France sont des enjeux majeurs pour l'Etat, qui a créé au fil du temps des institutions, lancé des politiques publiques, souvent en tension avec les autorités locales, pour les gouverner.
Quelle que soit l'échelle retenue, beaucoup estiment que la métropole parisienne est ingouvernable.
Les auteurs de ce livre analysent la manière dont l'enjeu parisien est devenu un problème pour l'Etat français et comment la création d'institutions a tenté d'y répondre. Ils montrent les limites et les contradictions de l'action de l'Etat en lien avec les collectivité locales pour gouverner le foncier, le logement ou encore les transports.
Doyen de l'école urbaine de Sciences Po, politiste et sociologue comparatiste, Patrick Le Galès est directeur de recherche CNRS au Centre d'études européennes et de politique comparée de Sciences Po et professeur à Sciences Po.
Avec les contributions de Thomas Aguilera, Francesca Artioli, Christine Barwick, Emmanuel Bellanger, Renaud Epstein, Vlad Gross, Charlotte Halpern, Patrick Le Galès, Patrick le Lidec, Jacques de Maillard, Sébastien Pradella, Pauline Prat, Mathieu Zagrodski.
« Chacun comprend aisément qu'une croissance infinie dans un monde fi ni est impossible, tout en agissant comme si cela n'était pas vrai. Nous sommes collectivement affligés d'une dissonance cognitive : pour assurer notre confort psychique, nous renonçons à considérer la vérité qui nous embarrasse en espérant que, finalement - mais sans trop savoir comment - tout finira par s'arranger... » En réalité nous savons comment sortir de l'impasse. Pour nous guérir de notre addiction à la croissance, nous devons restaurer la notion de biens communs, réhabiliter la réciprocité, en fi nir avec l'endettement, renouer le dialogue avec la nature.
Surpris par l'irruption des « révoltes arabes », les régimes autoritaires d'Afrique du Nord ont, pour la plupart, fait preuve d'une certaine robustesse. Pour combien de temps encore ?
Fin connaisseur de la région, Luis Martinez fait le point sur la situation de pays tels que l'Algérie, le Maroc, la Libye et la Tunisie. Il montre qu'en s'arcboutant aux deux fonctions héritées du pouvoir colonial, maintien de l'ordre et extraction des ressources naturelles, ces États ont omis de placer l'intérêt général au coeur de leur action. Incapables de se départir d'une obsession sécuritaire - partagée par la communauté internationale -, les yeux braqués sur la bande sahélo-saharienne, nouvel épicentre du jihadisme, leurs gouvernants paraissent ignorer le véritable défi qui se pose à eux : répondre à la colère d'une jeunesse nombreuse et au chômage, et gagner la loyauté d'un peuple qui paie le prix de la corruption, de modèles erronés de développement économique et d'une absence d'État-providence.
L'islam de France a cessé de se faire discret. Les jeunes générations désirent lui faire une place et, à travers lui, affirmer leur identité, dénoncer les discriminations, voire contester un modèle de société.
L'engouement religieux et le communautarisme menacent-ils pour autant les libertés individuelles, la cohésion sociale et la paix ? Guerres et attentats menés au nom du fondamentalisme ne sont pas propices à l'analyse raisonnée ; c'est à elle pourtant que prétend cet ouvrage. Ni angélisme ni alarmisme du côté des auteurs, plutôt une analyse des faits à partir d'enquêtes de terrain et de témoignages. On y croise des étudiantes voilées, des entrepreneurs, des mères d'élèves de quartier sensible, des jeunes actifs de retour d'un pèlerinage à la Mecque, des délinquants rejoignant un islam rigoriste, des jeunes repérés par la Protection judiciaire pour « radicalisation ».
Les écouter, prendre au sérieux leurs opinions, comprendre leur cheminement et interroger leurs rapports à la société et à la République, voilà des clés pour éclairer le jugement, combattre quelques idées fausses et mieux vivre ensemble.
Lætitia Bucaille, vice-président de l'INALCO, et Agnès Villechaise, maîtresse de conférence à l'Université de Bordeaux, ont dirigié cet ouvrage auquel ont contribués:
Vincent Tiberj, Leila Seurat, Sarah Aïter, Fabien Truong, Geneviève Zoïa, Laurent Visier, Laurent Bonelli et Fabien Carrié.
L'usage des grands nombres dans le domaine de la santé n'est plus un secret pour personne. Les taux de mortalité, les courbes démographiques, les moyennes nationales comme les médianes par genre, profession ou âge ordonnancent nos vies biologiques. Nous sommes pris dès la naissance dans un système de mesure de l'espérance de vie, par lequel s'évaluent continûment nos chances de perdurer. En période de crise sanitaire, lorsque la connaissance scientifique fait défaut, les nombres prennent une place encore plus grande : la statistique médicale devient le principal outil d'aide à la décision des pouvoirs publics.
Cette épistémè computationnelle a une histoire que Mathieu Corteel nous invite à découvrir. Elle trouve sa source dans l'interprétation des tables de mortalité au XVIIe siècle, et s'est transformée depuis, articulant différemment à chaque époque un état des connaissances mathématiques avec une pratique médicale et une vision politique de la santé publique.
Mathieu Corteel est philosophe et historien des sciences. Il est membre du comité de rédaction de la revue Multitudes. Le hasard et le pathologique est son premier essai.
Philosophe des sciences, Mathieu Corteel enseigne à l'Université de Strasbourg. Le hasard et le pathologique est son premier essai.
Plus connu sous le nom de COMECON, son acronyme anglais, le Conseil d'aide économique mutuelle (CAEM) a été fondé en janvier 1949 par l'URSS et ses partenaires des démocraties populaires. L'histoire de cette organisation internationale, dissoute en 1991, soulève un paradoxe : malgré l'échec de sa vocation première - permettre la coopération économique au sein du bloc de l'Est - elle a connu une remarquable stabilité politique.La recherche historique menée par Simon Godard en s'appuyant sur de riches archives méconnues, permet de dépasser ce paradoxe en montrant le rôle véritable de cette institution dans l'univers de l'internationalisme. À travers elle, il renouvelle la connaissance du bloc soviétique dans le contexte de la guerre froide.
Simon Godard est maître de conférences à Sciences Po Grenoble.