Le retour en force de la religion dans les débats sociopolitiques et philosophiques actuels est un phénomène sur lequel la revue esse a décidé de se pencher pour tenter d'en saisir les échos dans le champ des arts visuels. Ainsi, le dossier de ce numéro interroge la manière dont les artistes réagissent face à cette problématique. Que ce soit par la création d'oeuvres de fiction à caractère critique ou humoristique, par l'emprunt, la subversion ou l'amalgame des codes religieux, par des références directes ou symboliques, ou encore par la reproduction de certains rituels, les oeuvres mises en valeur dans ce numéro abordent le thème des religions par l'entremise de problématiques qui révèlent le caractère actuel de sa prégnance.
Malgré les relations de pouvoir qui structurent leur milieu, les intervenants du monde de l'art arrivent-ils librement à prendre position ? Cette question a motivé l'appel à contributions du dossier « Prendre position », qui s'inscrit dans une suite de réflexions critiques lancées avec les numéros Indignation et Spectacle sur les contextes économiques, politiques et institutionnels qui influencent la scène artistique. Mais cette fois, c'est aussi vers l'intérieur qu'esse souhaite diriger notre regard. Ce numéro ouvre un espace de réflexion sur les formes et les conditions de la prise de position critique dans le champ de l'art actuel.
Le récent intérêt de l'histoire de l'art pour le domaine des études animales, de même que la volonté d'esse de contribuer à une prise de conscience et à une transformation des rapports de domination que l'humain entretient avec la nature et le monde du vivant, a incité la revue à observer de plus près ce phénomène, en prenant le parti de l'aborder selon une perspective non anthropocentrique. Le dossier « Autour du vivant » comprends une entrevue avec Giovanni Aloi et des textes d'analyse critique d'Amanda White, Estelle Zhong, Carlos Kong et Marina Roy, entre autres. Ailleurs dans la revue, les portfolios de Céleste Boursier-Mougenont, Miriam Simun, Sasa Spacal, Mirjan Svagelj & Anil Podgornik, Robin Meier et Brian Jungen, ainsi que des comptes rendus portant sur les expositions de Jessica Auer à Montréal, Olafur Eliasson à Shanghai et Kara Hamilton à Toronto, entre autres.
Comment les phénomènes naturels et politiques qui participent à la redéfinition des frontières géographiques traditionnelles se répercutent-ils sur les arts visuels? Ce dossier aborde les multiples regards de la science géopolitique sur les relations transversales de pouvoir et de domination, en observant les forces opposées qui remanient aujourd'hui le paysage mondial. Parmi les sujets explorés par cette thématique : la coexistence nouvelle des frontières physiques et de l'espace virtuel, la géopolitique de la surveillance, le marché de l'art et ses liens avec les paradis fiscaux, les enjeux de la territorialisation et de la marchandisation de la nature, pour ne nommer que ceux-là. Hors dossier, les portfolios de Thomas Kneubühler et Trevor Paglen, Sandro Calvo à la Biennale de La Havane et La pyramide de Samuel Roy-Bois à l'OEil de poisson, entre autres.
Le tout nouveau numéro de la revue Esse se place sous le signe d'un incontournable : le paysage. La conception classique du paysage repose sur l'idée d'une nature stable, permanente et harmonieuse, un idéal à atteindre et retranscrire. Les romantiques la percevaient au contraire comme une puissance immense, chaotique, et par conséquent potentiellement destructrice. Sans surprise, les pratiques artistiques actuelles sont plus nuancées et tentent d'explorer les effets réciproques que génère l'interaction dynamique entre l'humain et la matière. Sylvette Babin parle carrément de paysage « désencadré » : malmené, mis à distance, ou au contraire protégé à travers l'écologie et envisagé comme expérience à vivre. Voici donc en bref le paysage comme genre, à travers les différentes manifestations artistiques contemporaines et les travaux d'Anne Cauquelin, Ludovic Sauvage, Catherine Bodmer, Julius Von Bismarck ou encore Kendra Wallace.
Les bibliothèques sont des établissements qui ne se contentent pas d'accumuler le savoir, mais le sacralisent pour la postérité. Pourtant avec l'avancée de la numérisation dans les établissements du monde entier, la bibliothèque en tant que lieu physique voit son rôle fluctuer constamment. Comment les artistes abordent-ils ce mouvement séismique? De quelle manière les artistes ont-ils incorporé la culture livresque dans leurs oeuvres? Quelles sont les avenues théoriques qui motivent l'expression critique sur la transformation du rôle de la bibliothèque? Ce numéro explore le rôle, le statut et la fonction de la bibliothèque dans l'art contemporain.
Le dossier de ce numéro s'intéresse au phénomène de la rénovation que certaines pratiques artistiques abordent, et qui est aussi vécu en marge des activités artistiques par les artistes ou par les lieux de diffusion. Il appert d'abord que nombre d'oeuvres se rattachent au champ de la rénovation par leurs usages comme tel de matériaux et d'outils, mais également en recourant à des dispositifs qui mettent l'accent sur le bâti, la construction, l'élaboration de chantiers ou la mise en chantier de processus. Dans cette perspective, nous nous sommes intéressés à des textes qui analysent des corpus d'oeuvres où, sur le plan réel ou métaphorique, des opérations de (re)construction sont en cause et où il est question de rebâtir.
Ce numéro s'intéresse aux rapports singuliers entre l'art et les féminismes. En tenant compte de la multiplicité des subjectivités et de l'hétérogénéité des femmes, il s'agit de faire connaitre comment les multiples pratiques et les théories sur l'art participent à déconstruire les oppressions et les limites liées au genre. On présente une sélection de pratiques féminines et féministes, militantes ou non, issues d'approches et de communautés diverses. Les différentes revendications, prises de position et affirmations témoignent de la diversité des artistes : subversion, soulèvement protestataire, remise en question des archétypes de genre et d'hétéronormativité, approche féministe postcoloniale, résurgence des pratiques ancestrales, représentation de soi, utilisation consciente et assumée de la séduction sont autant de manières de dire, encore, la nécessité des féminismes.
Esse propose, dans son numéro hivernal, une réflexion critique sur le concept de démocratie afin d'explorer ses contradictions inhérentes et ses retombées réelles, ainsi que le rôle que l'art peut y jouer. En réunissant des prises de position multiples, ouvertes et possiblement divergentes, ce dossier répond à l'urgence de mieux comprendre la place de l'art dans le contexte politique actuel pour, éventuellement, cultiver le désir de participer à une démocratie nouvelle. Consultez les portfolios des artistes Sayeh Sarfaraz, Laurent Lacotte, Mo Yi, Kader Attia, Cynthia Girard-Renard et du collectif derrière on ne répond pas à la question - contre toute attente, on procède. Puis, lisez les nombreux comptes-rendus d'expositions s'étant déroulées autant à Montréal qu'à l'étranger.