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Roger Ikor
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La tete du poisson - les sectes, un mal de civilisation
Roger Ikor
- Albin Michel
- 2 January 2013
- 9782226227591
C'est par la tte que pourrit le poisson, dit un proverbe plus ou moins chinois.
C'est la tte de notre civilisation que commencent pourrir ces entreprises malfaisantes que sont les sectes, avec leurs 500 000 600 000 adeptes adultes. Dans la varit de leurs dogmes, un trait commun : attaquer ce qui fait le principe mme de notre civilisation industrielle notre esprit critique, notre libralisme, notre got pour la raison, l'innovation, et l'action individuelle.
la place se dveloppent les superstitions les plus folles, la ngation de la science, de la mdecine en particulier, assorties de l'obissance absolue un gourou. D'o irresponsabilit, et finalement passivit dans une sorte de Nirvna comparable celui qu'offre la drogue.
S'appuyant sur une analyse dtaille des procds de captation utiliss par les principales sectes, Roger Ikor nous incite y voir clair et agir en consquence. Pour cet homme prouv dans sa chair par les ravages des sectes, redresser le cap, dsamorcer la peur panique que nous semblons prouver devant l'avenir, sont choses possibles en restaurant une morale fonde sur les donnes permanentes de la nature humaine une nature humaine dbarrasse de tout masque ou illusion ainsi que sur la ralit nue de notre monde actuel.
Romancier, auteur d'une vingtaine de livres dont Les Eaux mles (Prix Goncourt), Roger Ikor a vu mourir son plus jeune fils, devenu vingt ans le jouet d'une secte. Cet pisode dramatique lui a inspir Je porte plainte, livre crit chaud dans le feu de la douleur et qui fut le dbut de son combat contre les sectes et leurs dangers. Un combat qui nous concerne tous, parents ou non. -
Mais qu'est-ce donc que l'amour ? Cette question, naïve et discrètement anxieuse, ne cesse de se poser aux divers personnages de LA PLUIE SUR LA MER. C'est en effet l'amour qui constitue la substance du livre. Non pas l'amour-passion, avec ses déchaînements spectaculaires et ses couleurs contrastées, mais l'amour-tendresse, avec ses pudeurs, ses élans contenus, ses fuites retenues, ses couleurs dont la grisaille apparente révèle à l'attention, comme les perles, une extraordinaire variété de nuances. Sujet difficile, assurément, et fort rarement abordé par les romanciers. N'intéresse-t-il pas pourtant l'ensemble des hommes de manière bien plus directe et intime que les passions exceptionnelles ? N'est-ce pas sur l'amour-tendresse que se fonde la vie de la plupart des couples, sitôt éteints les feux des premières rencontres ?
Dans une action concentrée sur quelques jours au bord de la mer, quatre couples s'affrontent, chacun aux prises avec son propre drame de la tendresse. L'amour de Ludovic Fenns et de sa jeune femme subira-t-il sans se rompre le difficile passage de la passion à la tendresse ? Plus riche peut-être, sous ses ridicules apparents, est l'amour profondément conjugal des Verschoop, menacé seulement, lui, par les démons de la quarantaine. Les vieux parents Fenns, de leur côté, ont atteint à une sorte de sérénité, tandis que le jeune fils Verschoop et son « flirt » demeurent pris dans les angoisses brumeuses des verts paradis...
« LA PLUIE SUR LA MER » est le troisième ouvrage de la grande série romanesque qu'a entreprise Roger IKOR, et dont le titre d'ensemble est SI LE TEMPS... -
Lettre ouverte à de gentils terroristes
Roger Ikor
- FeniXX réédition numérique (Albin Michel)
- Lettre ouverte
- 19 May 2017
- 9782402166201
C'est plus gentil qu'on ne croit, un gentil, terroriste, en dehors des heures de travail. C'est jeune, charmant, passionné, rieur, idéaliste ; ça aide les vieilles dames à traverser les rues. C'est même humanitaire. Quand le sang coule, la responsabilité en incombe forcément aux autres, police, gouvernement, dont l'odieuse intransigeance rejette des revendications légitimes. Mais également aux nécessités bien connues de l'action : faut ce qu'il faut, pas d'omelette sans casser d'oeufs, gloire à la tactique et à la stratégie. La société reconnaît cette innocence. Qu'une pincée d'otages soit massacrée de sang-froid, quel journal parlera d'assassinat ? Le seul mot employé est celui d'exécution, bien plus gentil. Notre connivence est ainsi patente, et elle a des causes profondes. Tous, à un moment ou à un autre, nous subissons la tentation du terrorisme. Livrés sans défense à l'arbitraire de ces énormes organismes collectifs qui se partagent désormais le monde, comment les individus que nous sommes ne rêveraient-ils pas d'une vengeance à leur échelle ? Le terrorisme d'en bas réplique à la Terreur d'en haut. Mais, par un retournement étonnant, il en vient à la servir. Au niveau individuel, le gentil terroriste favorise la montée de l'inhumanité ; au niveau collectif, la Classe Intellectuelle canalise l'esprit libertaire de ses membres au profit de la dictature déshumanisante des Grands Ensembles. Pour arriver au port, ma lettre ouverte devait être protégée dans une bouteille bien fermée : mais l'ai-je seulement jetée à la mer ?
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FÉVRIER 1934, mai 1968 : à une génération de distance, voici deux insurrections d'écoliers, de sens contraire, mais parallèles, qui échouent pareillement après avoir failli bouleverser tout le destin du pays. Qu'est donc cette Université, ainsi dévorée d'une généreuse et meurtrière soif de pureté, en pleine époque de cynisme industriel, d'égoïsme jouisseur et d'épais confort ? Elle est le vrai sujet, en tout cas le personnage central du Tourniquet des Innocents. Le récit se dispose autour de deux pôles, un grand lycée parisien et la Faculté de Nanterre, derrière lesquels le lecteur sent vivre en profondeur tout le Paris 1970, banlieue comprise, et même le quartier Latin ou les Batignolles de l'avant-guerre. Dans ce cadre, évoluent professeurs, grands élèves, étudiants, aux prises les uns avec les autres suivant les mille modalités de la vie même, les parents avec les enfants au sein des familles, les jeunes gens entre eux, à l'âge des amours, des combats pour l'affirmation de soi, des désespoirs aussi. En ce sens, Le Tourniquet des Innocents pourrait être saisi comme le roman de la jeunesse en quête de sa raison de vivre. On ne saurait résumer l'intrigue, les intrigues mêlées plutôt, de ce livre qui avance comme un fleuve. Pris dans son flot, ses personnages, groupés autour de la famille Jourdedieu, se laissent progressivement entraîner jusqu'au point où leurs drames individuels se nouent en crise collective. Les leçons à en tirer, s'il en est ? Aucune, bien entendu, n'est imposée, et le lecteur choisit à sa guise : Le Tourniquet des Innocents est un vrai roman, non une thèse.
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Lettre ouverte aux Juifs
Roger Ikor
- FeniXX réédition numérique (Albin Michel)
- Lettre ouverte
- 16 November 2017
- 9782402235631
Le Juif d'aujourd'hui est en pleine mutation. Après tant de siècles de servitude, voici qu'il se trouve jeté dans une liberté neuve. Tout son drame est là. Vit-il dans la Diaspora ? Le vieil antisémitisme, agonisant peut-être mais assurément pas mort, demeure toujours cramponné à ses épaules ; parfois même, la bête s'anime d'une nouvelle vigueur en s'alimentant à des sources inattendues. C'est ainsi que, sous prétexte d'antisionisme, l'el-fathomanie d'une certaine « gauche » déboussolée peut sans invraisemblance faire craindre au Juif une reprise de la persécution, sinon des massacres. Comment alors ne serait-il pas porté à réagir non pas d'après ses aspirations réelles, mais en fonction de cette menace, et finalement contre lui-même ? En Israël, le danger a un autre visage, bien qu'il soit en fait identique. Le Juif là-bas ne risque-t-il pas de succomber à l'ivresse de ses propres succès ? Face à des ennemis impitoyables, ne risque-t-il pas, pour survivre, de leur emprunter leur âme ? En écrivant cette Lettre, j'ai voulu surtout montrer à mes « co-juifs » engagés sur une route si étroite que, pour eux plus encore que pour les Autres, il n'est qu'une sauvegarde : être soi. C'est-à-dire raison garder. R.I.
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ON écrit ce qu'on croit : puis, on croit ce qui est écrit », disait Barbusse. C'est ainsi qu'en moins de rien, en une génération, les rêves se transforment en cauchemars, les idées en coques vides, et les novateurs en gardiens de momies.
Vivante et agissante pendant une bonne génération, notre littérature, depuis la guerre, ne fait plus que se répéter mécaniquement; innover, pour elle, c'est renchérir, et de préférence dans l'horrible, dans le monstrueux, dans l'exceptionnel. Autant dire qu'elle est morte, comme est morte l'époque qu'elle exprimait. Pour renaître, il lui faut d'abord briser net avec le passé récent.
Depuis un demi-siècle, Dionysos règne en maître sur notre monde. Un obscurantisme d'inspiration romantique s'acharne à démanteler l'esprit comme la torture démantèle les corps. Le moment n'est-il pas venu de restaurer, dans l'art et ailleurs, le pouvoir d'Apollon, de la lumière et des lumières, de la raison ? La révolution nécessaire, c'est celle de la santé contre le sadisme et le masochisme, contre la veulerie et le dégoût; celle de la vie, celle de la paix. Et qu'on ne la croie pas facile! Il est plus difficile de se tenir droit et de respirer largement que de se vautrer dans la boue; aujourd'hui du moins, cela exige plus de courage, moins de niaiserie, et aussi quelque injustice à l'égard des grands hommes d'hier.
Essai, tentative, brûlot, pamphlet, manifeste (peu importe le nom), ce petit livre s'efforce de contribuer à une « mise au net » de nos vraies valeurs. Plaidoyer pro domo d'un romancier ? Peut-être, mais surtout insurrection d'un homme de la rue; d'un homme parmi des milliers d'autres. -
Écrit il y a une quinzaine d'années dans un Oflag poméranien, CIEL OUVERT occupe une place tout à fait à part dans l'oeuvre de Roger Ikor. Voici en quels termes, sitôt terminé l'ouvrage, le futur auteur des EAUX MÊLÉES le présentait lui-même à un hypothétique lecteur. C'était en janvier 1945 : « Sous son apparente diversité de forme et d'inspiration, on saisira mieux, je pense, sa très réelle unité, quand on saura que l'auteur est depuis des années prisonnier de guerre et point près de cesser de l'être. - Arrête, lecteur ! Ces pages ne sont ni un journal de captivité, ni une description en règle de la « vie des camps », ni quoi que ce soit qui concerne directement les fameux barbelés. Je n'ai pas le moindre goût pour les épanchements publics et les coeurs en écharpe - passe encore pour un coeur de vierge ou d'aventurier ; mais le coeur pourrissant d'une bête en cage sent par trop mauvais. Quant à décrire la captivité, à peindre les barreaux de ma cage ou les immondices dans les coins, cette seule idée me sèche la plume. Je vis déjà en fait la captivité, je n'ai nulle envie de la revivre en pensée : une fois suffit. Je ne cherche qu'à oublier, à vivre ailleurs. « Si donc la captivité est constamment présente tout au long de ces pages, dont elle constitue le seul véritable lien, ce n'est pas sous forme de photographie, mais de négatif. Un captif qui chérit par-dessus tout la liberté s'évade par l'imagination et l'écriture quand il ne peut le faire autrement. L'art compte ici pour peu de chose ; c'est aux moindres frais esthétiques que j'ai écrit ce livre, ou plus exactement que ce livre, de lui-même, page à page, s'est écrit ; non pas oeuvre littéraire, mais manière de vivre, procuration de vie durant ces « journées trop longues et ces années trop brèves. » « Et aussi médication. D'innombrables images, inconsistantes et changeantes, me hantaient sans répit ; j'avais beau les chasser, elles revenaient toujours, acharnées, sous une autre forme et pourtant les mêmes et pareillement épuisantes. J'ai tenté une cure. Pour me délivrer de ces hantises, je les ai fixées sur le papier le plus fidèlement qu'il m'était possible ; j'espérais ainsi les exorciser en leur donnant une existence indépendante. »
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Molière double
Roger Ikor
- Presses universitaires de France (réédition numérique FeniXX)
- Littératures
- 24 November 2017
- 9782130775836
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Les cas de conscience du professeur
Roger Ikor
- Perrin (réédition numérique FeniXX)
- Les cas de conscience
- 25 March 2020
- 9782262093785
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Cinquante ans après la mort de Mahomet, vers la fin du VIIe siècle, les premiers conquérants de l'Islam sont aux portes de l'Afrique du Nord. Ils se heurtent à une résistance vigoureuse. C'est une tribu berbère de l'Aurès, donnée comme de religion juive, qui sera l'âme de la révolte. Elle est gouvernée par une femme : la Kahina. Dans un premier temps, la Kahina écrase et refoule les envahisseurs. Mais, parmi les prisonniers qu'elle a faits, se trouve un jeune homme qui, bientôt, devient son favori. Plus tard, il la trahira et la Kahina sera tuée au combat. Dans les mois mêmes qui suivirent sa mort, tout le Maghreb se convertit, comme si sa personne avait représenté l'ultime barrage. Le détroit de Gibraltar est franchi. Trente ans après seulement, ce sera la bataille de Poitiers... Histoire et légende, guerre et amour : dans l'épaisseur translucide des siècles, nous voyons palpiter une femme d'une singulière présence, dont le destin rejoint bien d'autres héroïnes de l'Histoire. La légende a un grand avantage pour le conteur : elle lui permet de sourire même des atrocités. J'avoue que je ne m'en suis pas privé.
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L'expérience d'un romancier
Roger Ikor
- FeniXX réédition numérique (Cercle parisien de la Ligue française de l'enseignement)
- Cahiers laïques
- 30 October 2020
- 9782307161196
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Les eaux melees - precede de "la greffe de printemps"
Roger Ikor
- Albin Michel
- 1 April 2014
- 9782226298874
Fuyant les pogroms qui, à la fin du XIXe siècle, ravagent sa Russie natale, Yankel Mykhanowitzki, un jeune casquettier juif, est venu chercher asile en France, terre de liberté et d'humanité. Il aime de tout son coeur cette nouvelle patrie, mais parviendra-t-il à « se greffer » sur son peuple ? Tenace et plein de bonne volonté, Yankel peu à peu se rapproche des Français... Toutefois, retenu en arrière par sa femme, Hannê, il s'arrête à mi-route. Autour de Yankel gravite une foule de personnages secondaires souvent fort pittoresques : son père le vieil Avrom, à la foi intransigeante, ses nombreux frères et soeurs, ses compatriotes aussi, fixés dans le vieux quartier du Marais... Mais le drame de l'immigration ne concerne pas le seul immigrant. Virelay, ce petit village de l'Ile-de-France où Yankel est venu finir ses jours, trop confiné, dépérit. Tout en protestant contre l'invasion des « étrangers », les meilleurs de ses habitants aspirent à un sang neuf. Dans la seconde partie du roman, Jacqueline Saulnier, la fille de Baptiste le maraîcher, épousera Simon, le fils de Yankel. L'étranger se fondra dans le vieux peuple : Les Eaux mêlées... Ce grand thème du brassage humain, nécessaire et vivifiant, est au coeur des Eaux mêlées. Car, s'il est vital pour un étranger de prendre racine dans sa nouvelle patrie, il est vital, pour un peuple, de savoir lui offrir son terreau. Ainsi, loin des outrances à la mode, Roger Ikor tente-t-il d'approfondir les problèmes réels qui se posent à la communauté des hommes.
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Foudroyé par une attaque cardiaque, Fenns, un Fenns déjà mûrissant, est arraché à l'existence superficielle où il tentait jusqu'alors de se réfugier, et de fuir. Pour la première fois, il regarde en face la « ceinture de ciel » qui étreint notre terre : existence de Dieu, survie de l'individu, tout ce qui, pour cet athée d'instinct, représente la tentation métaphysique, surgit sous la forme d'interrogations concrètes, charnelles et douloureuses. Qu'est-ce que lâme, si âme il y a ? Tel est, au fond, le problème par excellence, ici posé. Et c'est une coïncidence assurément intentionnelle qui le relie au mystère de l'amour, un amour non point né de l'érotisme, mais de cette soif d'impossible tendresse qu'avait tenté de peindre La Pluie sur la mer.
En fait, c'est la guérison de Fenns, corps et âme, qu'on suit pas à pas, cependant que l'ensemble de son univers bascule autour de lui : mort du père, explosion d'un impossible amour... D'autres destins interfèrent dans cette crise au ralenti, celui de Guège, celui des enfants, celui des Plaa, lui donnant son épaisseur romanesque et révélant les multiples dimensions du temps.
La Ceinture de Ciel chante comme un adagio mélancolique et insistant. -
J'ai de bonnes relations avec M. de Voltaire.
coute, petit, me dit-il un jour familirement. Tu viens de lire le journal. Tu y as absorb ta ration quotidienne de massacres, prises d'otages, lynchages et autres internements arbitraires en maisons de fous ; bref, l'ordinaire d'une journe de paix entre d'autres. a te reste sur le coeur ; a te rend morose. Il ne faut pas. Il faut toujours garder le coeur rire, surtout quand on l'aurait plutt pleurer.
Le cynisme aujourd'hui est roi. Il a ouvert les vannes tous les dbordements ; d'o ce Niagara d'atrocits, d'immondices et de sottises qui nous dgringole sur le crne. Tu veux ragir ? Alors, choisis bien ton arme : souris, aiguise rien qu'un soupon de cette ironie faussement dtache avec laquelle j'ai discrdit jadis la guerre ou le fanatisme, et le cynisme commencera se dcomposer. D'accord ? Je t'envoie mon fils. Suis-le.
Je l'ai suivi. C'tait un bon et brave jeune homme, toujours dans le vent, dans tous les vents successifs, toujours de bonne volont, toujours docile aux enseignements, mais toujours aussi, grce son sens de la mesure et de l'humain, retenu au bord des outrances impardonnables. En somme : candide. Ensemble, nous sommes alls la Grande Manif ; nous avons excursionn dans l'cologie et dans l'rotisme ; nous avons tt de la vie communautaire, plong dans la clandestinit, ras le terrorisme. De bons compagnons nous escortaient, To le copain, le vieux professeur Ozone, la petite Brengre qui est si mignonne, et le gendarme Sbastien Loreillon du Pigoulet, et Fred le nouveau Kierkegaard , d'autres encore...
Au terme du voyage, une chose au moins est acquise : je me suis, moi, bien amus ; j'ai retrouv, moi, le coeur rire. Je vous souhaite la pareille. Je vous en souhaite mme une meilleure : de vous instruire en vous amusant. Aprs tout, l'histoire la plus apparemment futile ne propose-t-elle pas sa petite leon de morale ?
R. I. -
Après une longue vie passée dans leur petite boutique des Batignolles, M. et Mme Lavernerie sont contraints par lâge à se retirer. Comment vont-ils meubler ce grand espace vide qui s'ouvre devant eux ? On vit beaucoup plus vieux aujourd'hui que jadis, et la retraite n'est plus la simple conclusion d'une existence ; elle en constitue désormais un chapitre important. Existe-t-il un art de vieillir ? La société fait-elle tout ce qu'elle devrait pour ses « anciens » ? La maison de retraite est-elle la meilleure solution imaginable ?
Toutes ces questions, et bien d'autres, se lèvent sous les pas du lecteur tandis qu'il accompagne dans leur existence la plus quotidienne les nombreux personnages que LÉternité derrière fait graviter autour des deux protagonistes, Thérèse Lavernerie et sa fille Simone. On sait le goût que nourrit l'auteur des Eaux mêlées et du Tourniquet des innocents pour la richesse et la variété de destins humains étroitement enlacés. Ici comme dans ces deux autres oeuvres, le pitoyable côtoie le sublime, et le cocasse le tragique ou le touchant : face à la mort, le sourire persiste ; la dignité humaine est à ce prix.
Mais c'est finalement toujours l'épaisse coulée du Temps qui fait la vraie substance du roman. -
Au soir de sa vie, aprs trente annes de dsert sentimental, Andr dcouvre soudain les royaumes enchants de l'amour. Passion du corps avec la belle Katia, puis passion du coeur avec la douce Isabelle : l'tonnant n'est pas qu'il aime, mais qu'il soit aim, malgr la formidable diffrence dge qui le spare de ces deux jeunes femmes. Un tel miracle ne saurait se prolonger. Plus que la nature, le conformisme social lve la voix et fait rentrer les choses dans l'ordre. Du moins le souvenir des fleurs cueillies parfumera-t-il le chemin qui reste parcourir, jusqu' la chute sous l'horizon.
Mais le vrai sujet des Fleurs du soir dborde de loin ce chant du cygne d'un vieil homme. Ce n'est pas seulement par les yeux d'Andr que le lecteur peroit le monde de l'amour, c'est aussi par ceux des jeunes femmes. S'ajoute encore la vision propre de trois autres personnages, Helne, Herv, Maxime, troitement lis aux protagonistes et entre eux. Ainsi se construit une sorte d'hologramme de l'amour, en trois dimensions. La quatrime, c'est le temps. Le drame central des Fleurs du soir, en dfinitive, c'est le conflit de l'amour et du temps.
Roman d'amour, les Fleurs du soir, parce qu'elles prennent leur temps, nous aident retrouver le sens humain de la dure, c'est--dire, tout compte fait, de la vie.
R. Ikor -
Avec Frres humains , s'achve le cycle de six romans, entrepris il y a neuf ans par Roger Ikor, sous le titre collectif Si le Temps... . Ludovic Fenns, personnage central de l'oeuvre, a vieilli ; le voici aux portes de la mort. Pourtant la soif ingnue, qui le possdait depuis le dbut, de vivre pleinement sa vie d'homme, de s'accomplir, loin de s'teindre, le dvore plus que jamais. Dun ct les hommes, la socit humaine entire ; de l'autre, lui-mme, individu et personne, entour des siens : s'accomplir, il le sait maintenant, c'est assumer la fois l'un et l'autre. Quelle poque magnifique que la ntre ! s'crie-t-il juvnilement ; et il se lance jusqu' l'puisement par les chemins du monde, jaloux en somme de ces cosmonautes qui peuvent prendre la Terre entire sous leur regard. Mais sa femme, sa fille, ses amis, l'ancrent dans son foyer, sa maison, sa ville, dans ce coin d'espace assez petit pour que le Temps y reprenne sve et dure ; mais sa mre agonise douloureusement, lui rappelant les dimensions la fois humbles et infinies de ltre humain. La vraie fraternit ne s'installe-t-elle pas plutt dans la prsence concrte des individus que dans l'vocation abstraite des masses humaines, gnratrice de mpris ? La vraie fraternit, et aussi la vraie grandeur... On voit la complexe richesse d'un livre o se condensent et se rsolvent tous les thmes du cycle, sans que les personnages perdent jamais de leur ralit la plus charnelle.
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Avec Les Murmures de la Guerre, Roger Ikor, prix Goncourt 1955, aborde l'une des questions brûlantes de notre époque.
Le sergent Fenns, son héros, participe à une guerre qui ressemble singulièrement à la guerre d'Algérie. Au cours des premiers combats, il est partagé d'abord entre la peur et l'exaltation. Il passe ensuite au P.C. du colonel Berriou, type même du baroudeur. C'est alors que Fenns, pacifiste par tradition et par goût, se voit confronté avec le problème de la torture.
Dans un climat qu'exacerbent les attentats terroristes, qui a raison ? Berriou, qui au nom de l'efficacité soutient le bien-fondé des « interrogatoires renforcés » ? Plaa, l'ancien chef de Fenns, qui, pour obéir aux appels de sa conscience et de sa foi, se refuse à torturer ?
Ce roman s'inscrit dans le cycle intitulé « Si le temps... » À travers les différentes phases de la guerre, Roger Ikor aborde avec clarté, au coeur même de personnages déchirés, un problème qui nous concerne tous. -
Personnage central de Si le temps..., l'architecte Ludovic Fenns a atteint la cinquantaine quand commence Les Poulains, cinquième roman du cycle, et qui, en soi, forme un tout.
Nous est contée ici sa réconciliation avec la vie, grâce à la conscience qu'il prend de ses liens nécessaires avec les autres hommes, avec la société. Assailli au début par une bande de voyous, cette circonstance l'incite à s'occuper des problèmes de la jeunesse. Fenns élit domicile dans la Maison de Jeunes de la petite ville et il partage ses difficultés, ses drames, ses joies. Mais derrière elle, se profilent les questions fondamentales, sociales ou politiques, de toute notre société. À la fin, Ludovic rencontrera la femme à laquelle il unira sa vie, sous le signe de l'harmonie d'un être d'accord avec lui-même, d'accord avec ses semblables, et équilibrant en lui mille forces contradictoires dont il ne rejette aucune.
C'est la quête d'une sagesse qu'il poursuit tout au long de sa vie. Nous l'avions vu successivement se défendre contre les séductions de l'utopie (Le Semeur de vent), puis de la plus sauvage des réalités, la guerre et la torture (Les Murmures de la guerre) ; rechercher en vain la douceur de l'amour-tendresse (La Pluie sur la mer) et hésiter au bord de la religion (La Ceinture de Dieu).
« Les Poulains » est un roman éclatant de vie et de vérité. Il se détache dans le décor d'une petite ville de province sur laquelle chacun pourra mettre un nom. L'auteur des Fils d'Avrom (Prix Goncourt 1955) a traité, en grand romancier, des problèmes d'un homme mûr et de ceux de la jeunesse, avec une incomparable maîtrise. -
Ce que je voudrais aujourd'hui, c'est te parler à toi, mon enfant. Trente ans ont passé, tout rond, depuis notre retour d'Allemagne. Non que j'attache de l'importance aux anniversaires. Ça se trouve comme ça, voilà tout.
Maintenant, ma génération est en train de pénétrer doucement dans la retraite, quand ce n'est pas dans la mort. Et elle s'aperçoit que rien n'a été exprimé de ce qui fait sa substance.
Cela signifie qu'il me faut parler, coûte que coûte, avant qu'il soit trop tard. Non pas seulement parce que chaque génération humaine a le droit, et le devoir, de lancer au passage son message propre, mais parce que, si elle ne le fait pas, une déchirure s'ouvre dans le tissu de l'humanité, et c'est vous, vous la génération d'après, qui en souffrez. J'ose affirmer que d'une certaine manière le présent désarroi des esprits est dû à l'étouffement dont notre génération a été victime. Effet au moins indirect, mais quelquefois en ligne toute droite [...].
Ma génération n'a pas eu de jeunesse. Voilà le fond de notre vérité, voilà ce qui n'a pas été dit, voilà ce qui doit être clamé [...].
Voilà pourquoi, trente ans après, j'entreprends de raconter ce que fut la captivité.
Tu me dis que le sujet a déjà maintes fois été traité. Non. Pas vrai. Il n'existe à l'heure présente sur la captivité aucun roman qui en rende compte avec autant de force que tant de romans firent pour la guerre de 14-18. Rien de mieux que des oeuvres estimables, mais qui ne suffisent pas [...].
Il ne me restait qu'à relater ma propre captivité, en forme de témoignage. Mes souvenirs de captivité, si tu préfères. C'est ce que j'ai fait : ainsi est né ce livre. Riger Ikor -
« Ah ! si l'argent n'existait pas ! »
Combien d'utopistes, combien de malheureux aussi n'ont-ils pas poussé ce cri au long des siècles ? Plus de vols, plus de crimes crapuleux, plus de sordides querelles d'intérêt : le bonheur universel régnerait sur la terre... Hélas ! On sait bien que ce n'est là qu'une illusion. Ce qu'on sait moins, c'est que l'illusion peut être redoutable. Qui sème le vent récolte bien souvent la tempête.
C'est ce qui arrive à M. Clare, « semeur de vent », créateur des « villages sans argent », qui, pour avoir trop négligé le poids du réel et de la raison, pour sêtre trop abandonné aux élans mystiques et passionnels, finit par devenir un véritable bouc émissaire sur qui se concentre la colère des hommes. Son échec dramatique dégage cependant la route à Ludovic Fenns, le jeune architecte en quête de sa propre vie.
Nous retrouverons celui-ci dans les ouvrages suivants du cycle. Car Le semeur de vent n'est que le premier tome d'une oeuvre monumentale, à laquelle l'auteur des EAUX MÊLÉES va demander de l'aider à préciser la ligne du progrès humain. N'est-ce pas là le maître problème, dans la confusion de notre époque ? -
Va-t-on enfin se décider à briser l'activité délétère des sectes qui pullulent et se multiplient sur notre pourriture ? L'une d'elles avait envahi l'esprit du plus jeune de mes fils. Il en est mort, assassiné sous l'apparence d'un suicide. Il avait vingt ans. D'innombrables jeunes gens se tuent comme lui, sans raison valable. La société, qui se dit libérale et n'est que lâche et veule, ne fait rien pour endiguer l'épidémie, rien pour paralyser les responsables, rien pour chercher en elle-même les germes cachés du fléau, rien pour offrir l'espoir à ceux qui, entrant dans la vie, ne voient devant eux que ténèbres sans une lueur de joie. Elle ne fait rien que leur ôter toute protection, les livrer prématurément à eux-mêmes, coupés de leur famille, dépouillés de loi morale. Aidant ainsi à leur désarroi, elle se rend complice du crime. Au nom de mon fils, assassiné pour rien, au nom de tous ces jeunes morts, morts pour rien, au nom de la vie et au nom de l'homme, saccagés pour rien, je porte plainte. Plainte auprès de vous, monsieur le Président de la République, qui incarnez notre pays et notre civilisation, mais aussi auprès de nous tous, hommes de l'Occident malade. Je porte plainte au nom de l'avenir qui crie au secours.
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Est-il possible, en notre temps de fureurs, d'examiner sans haine et sans colère les problèmes que soulève l'existence en France de la peine de mort ?
C'est ce que j'ai essayé de faire, au risque de paraître parfois cruellement glacé. J'ai mis d'autant plus de soin à me garder de la passion que jétais moi-même au départ personnellement partagé : pour avec remords, contre avec regret. En même temps, la violence des polémiques en cours, évidemment disproportionnée à leur objet, me paraissait sonner faux. Car enfin, les exécutions capitales sont devenues si rares que même ceux qu'elles révoltent jusqu'au fond de leur être ne sauraient leur reconnaître une influence appréciable sur nos moeurs et notre pensée. Je soupçonnais donc l'alibi ; seul un raisonnement inflexible avait chance de le démasquer.
Effectivement, à mesure que j'avançais dans mes réflexions, j'ai vu se lever à chaque pas les plus graves problèmes de fond que posent la justice et la morale, et dont le débat sur la peine de mort semble avoir pour mission de nous détourner. Mon opinion alors s'est mise à évoluer. Plutôt hostile initialement à la peine de mort, jy suis devenu plutôt favorable. En définitive, je crois nécessaire de la maintenir, au moins pour l'instant, mais en la réservant à ce que tout nous pousse à nommer, même en droit commun, crimes contre l'humanité.
Avec le voeu ardent qu'il n'y ait jamais à l'appliquer.
R.I.