Jusqu'à une époque très récente, les femmes françaises ont été contraintes par des lois, des principes et des normes sociales entravant leurs ambitions, leur visibilité, leur liberté. Pourtant, loin de n'être qu'assujetties, beaucoup d'entre elles ont su imposer la prise en compte de leur magie, de leurs désirs, de leurs volontés, se taillant des espaces de liberté, voire de réelles positions de puissance parmi leurs contemporains.
Le grand historien Robert Muchembled nous emmène à la rencontre de toutes ces insoumises : des guérisseuses paysannes du XVI siècle aux féministes d'aujourd'hui, en passant par les mystiques et « possédées » du XVII, mais aussi les favorites, courtisanes ou comédiennes des XVIII et XIX siècles adulées comme des reines et ayant plus de pouvoir qu'elles. Sans oublier un grand nombre de femmes de toutes conditions qui trouvaient divers moyens de contourner les interdits érigés par les hommes. Une histoire à rebours des idées reçues.
Ce livre n'est pas une biographie supplémentaire d'Henri IV, promu à la fin du XXe siècle idole monarchique des Français. Tentant de résoudre la plus extraordinaire énigme criminelle du temps des guerres de Religion - l'empoisonnement du prince de Condé à Saint-Jean d'Angély en 1588 -, Robert Muchembled démontre la responsabilité assurée d'un commanditaire dissimulé, père naturel, qui plus est, du fils posthume du prince assassiné : Henri de Navarre, futur roi de France. C'est donc une histoire (incomplète) de la personnalité secrète du Béarnais qui est ici proposée. Si elle diffère de la mythologie traditionnelle appliquée à son souvenir, elle lui rend toute son humanité : ses qualités et ses succès vont de pair avec des traits moins glorieux, indispensables, probablement, pour survivre et triompher durant l'une des périodes les plus tragiques du passé français. Dénué de scrupules moraux ou religieux, confiant (superstitieusement) en son étoile, le Vert-Galant élimine sans pitié ceux ou celles qui le gênent ; maître de la désinformation, grand producteur de fausses nouvelles, il forge lui-même sa propre légende, dispose de l'un des plus efficaces services secrets du temps, cumule les maîtresses comme un sultan oriental, dont l'épouse de son fils secret, et traite durement celui-ci (héritier au trône intermittent, puis rival de Louis XIII après le régicide). Bien qu'il véhicule des images fortes, d'ambitions effrénées, de sang, de poison, de violence, de désirs charnels, dignes de romans historiques ou policiers, le récit, chronologique, appuyé sur les documents d'époque (parfois inconnus, ou souvent mal mis en perspective) présente des faits réels et des personnages qui n'ont rien de fictif. Il invite à découvrir un exercice du pouvoir suprême plus chaotique, baroque et dramatique que celui évoqué par les manuels scolaires.
Ce livre explore un pan de l'imaginaire occidental. Le diable traditionnel n'en est pas le centre unique, car les métamorphoses de la figure du Mal indiquent aussi la façon dont les hommes conçoivent leur destin personnel et l'avenir de leur civilisation. Etroitement imbriquées, l'histoire du corps, celle de la culture, celle du lien social, fournissent les lignes de force d'une enquête qui embrasse le deuxième millénaire de l'ère chrétienne.
Tout commence avec l'affirmation de Satan sur la scène européenne, à partir du XIIe siècle, sous la double forme du terrible souverain luciférien régnant sur une immense armée démoniaque, et de la bête immonde lovée dans les entrailles du pécheur. Trois chapitres interrogent ensuite l'énigme de la chasse aux sorcières des XVIe et XVIIe siècles.
L'époque des Lumières voit le crépuscule du diable, tant à cause de l'accentuation d'un processus d'intériorisation du Mal que de l'invention du fantastique en littérature. Une vigoureuse accélération de ces mouvements marque les XIXe et XXe siècles. L'avant-dernier chapitre traque les métamorphoses subtiles du démon intérieur, compagnon d'un sujet occidental de plus en plus libéré de la peur de Satan mais convié à se méfier de lui-même et de ses pulsions. Le dernier revisite l'imaginaire diabolique actuel à travers l'exorcisme, la vogue du surnaturel, le cinéma, la BD, la publicité, les rumeurs urbaines, en distinguant un courant ironique à la française d'une vision tragique et maléfique dominante aux Etats-Unis.
L'orgasme est-il soluble dans l'histoire ? Émotion individuelle quasi incommunicable mais aussi réalité culturelle, il appartient et tout à la fois échappe à l'expérience collective. L'histoire de l'orgasme est celle du corps caché, des désirs interdits, de la chair corsetée par les tabous et les morales.
Enfouis dans les tréfonds des archives et des bibliothèques, les documents concernant cette vie physique, parfois libertine, n'en sont pas moins extraordinairement abondants et d'une surprenante force d'évocation. Le livre de Robert Muchembled exhume des sources fascinantes qui invitent à regarder d'un oeil neuf un passé souvent figé par de vertueuses sélections, pour découvrir " l'envers du décor " et réaliser que la sublimation des pulsions érotiques, bien au-delà du simple ascétisme religieux, a sans doute été le moteur caché du dynamisme de l'Occident jusqu'aux années 1960.
En matière de volupté, Angleterre et France ont suivi des chemins parallèles et les États-Unis conservent la profonde empreinte de ce modèle répressif commun, récemment abandonné par l'Europe hédoniste au profit d'une sexualité plastique dont les femmes sont les principales bénéficiaires. Libérées par la pilule des dangers et des angoisses liées aux obligations de reproduction, elles peuvent désormais réclamer l'égalité avec les hommes et rechercher sans complexe ce plaisir qu'on dit charnel...
Pourquoi l'odorat, ce sens primordial d'adaptation au danger comme de repérage du meilleur partenaire sexuel, demeure-t-il si méconnu ? Son histoire paradoxale, pour peu qu'on s'y attache, est des plus captivantes. Dans cette synthèse sans équivalent, Robert Muchembled mène l'enquête et présente les extraordinaires mutations de l'odorat en Occident, de la Renaissance au début du XIXe siècle. Les sources utilisées sont multiples et riches : manuels de physiognomonie ; oeuvres de médecins, philosophes, poètes, conteurs, théologiens, polémistes, moralistes ; traités de civilité, traités de « Secrets pour dames » ; édits royaux ; règlements du métier de gantier parfumeur, inventaires après-décès (apothicaires, gantiers parfumeurs) ; iconographie du sens olfactif... Muchembled s'empare de cet extraordinaire ensemble et dresse l'histoire du puissant refoulement qui, depuis un demi-millénaire, nous a fait considérer l'odorat comme le plus méprisable des sens avant que de le hisser récemment au rang du plus affûté. Des miasmes exhalés par les concentrations humaines aux émanations intimes nauséabondes, des senteurs « excrémentielles » (musc, civette et ambre) prétendument protectrices de la peste aux condamnations des moralistes, de la révolution olfactive du XVIIIe siècle, qui transforme la goutte de parfum floral ou fruité en vecteur d'hédonisme jusqu'aux dernières découvertes scientifiques, c'est à un extraordinaire voyage olfactif dans la civilisation des moeurs que Muchembled convie son lecteur.
Jeanne-Antoinette Poisson, marquise, puis duchesse de Pompadour, est une incomparable icône féminine. Elle fut la maîtresse et la favorite officielle de Louis XV durant près de deux décennies, de 1745 à sa mort en 1764. Si bien que la légende s'est emparée de sa personne dès le moment où elle est devenue le point de mire scandaleux de ses contemporains, en commettant avec le Roi Très Chrétien un double adultère, car elle était officiellement mariée, puis en étant intronisée, au grand dam des censeurs, comme sa concubine déclarée. Robert Muchembled nous retrace la destinée d'une fille d'un aventurier et d'une belle courtisane, qui sut obtenir les bonnes grâces des grands de la cour pour rester en contact avec les affaires de l'Etat et privilégier ses hommes de main. Grâce à des archives inédites et une documentation de première main, cette biographie de la Pompadour lève de nombreux mystères.
L'actualité place sans cesse la violence sur le devant de la scène. Thème important pour les sociologues et les politiques, elle est aussi un objet d'histoire. À rebours du sentiment dominant, Robert Muchembled montre que la brutalité et l'homicide connaissent une baisse constante depuis le XIIIe siècle. La théorie d'une " civilisation des mœurs ", d'un apprivoisement, voire d'une sublimation progressive de la violence paraît donc fondée.
Comment expliquer cette incontestable régression de l'agressivité ? Quels mécanismes l'Europe a-t-elle réussi à mettre en œuvre pour juguler la violence ? Un contrôle social de plus en plus étroit des adolescents mâles et célibataires, doublé d'une éducation coercitive des mêmes classes d'âge fournissent les éléments centraux de l'explication.
Progressivement, la violence masculine disparaît de l'espace public pour se concentrer dans la sphère domestique, tandis qu'une vaste littérature populaire, ancêtre des médias de masse actuels, se voit chargée d'un rôle cathartique : ce sont les duels des Trois Mousquetaires ou de Pardaillan, mais aussi, dans le genre policier inventé au XIXe siècle, les crimes extraordinaires de Fantômas qui ont désormais à charge de traduire les pulsions violentes.
Les premières années du XXIe siècle semblent toutefois inaugurer une vigoureuse résurgence de la violence, notamment de la part des " jeunes de banlieues ".
L'homme redeviendrait-il un loup pour l'homme ?
Robert Muchembled
Professeur à l'université de Paris-Nord, Visiting Professor à l'université du Michigan à Ann Arbor, ancien membre de l'Institute for Advanced Study de Princeton, il a écrit plus de vingt ouvrages traduits en une vingtaine de langues. Il a notamment publié, au Seuil, Une histoire du diable (2000) et L'Orgasme et l'Occident (2005).
Why is our sense of smell so under-appreciated? We tend to think of smell as a vestigial remnant of our pre-human past, doomed to gradual extinction, and we go to great lengths to eliminate smells from our environment, suppressing body odour, bad breath and other smells. Living in a relatively odour-free environment has numbed us to the importance that smells have always had in human history and culture.
In this major new book Robert Muchembled restores smell to its rightful place as one of our most important senses and examines the transformation of smells in the West from the Renaissance to the beginning of the 19th century. He shows that in earlier centuries, the air in towns and cities was often saturated with nauseating emissions and dangerous pollution. Having little choice but to see and smell faeces and urine on a daily basis, people showed little revulsion; until the 1620s, literature and poetry delighted in excreta which now disgust us. The smell of excrement and body odours were formative aspects of eroticism and sexuality, for the social elite and the popular classes alike. At the same time, medicine explained outbreaks of plague by Satan's poisonous breath corrupting the air. Amber, musk and civet came to be seen as vital bulwarks against the devil's breath: scents were worn like armour against the plague. The disappearance of the plague after 1720 and the sharp decline in fear of the devil meant there was no longer any point in using perfumes to fight the forces of evil, paving the way for the olfactory revolution of the 18th century when softer, sweeter perfumes, often with floral and fruity scents, came into fashion, reflecting new norms of femininity and a gentler vision of nature.
This rich cultural history of an under-appreciated sense will be appeal to a wide readership.
Consacré aux racines de la spécificité culturelle française, l'ouvrage étudie, au travers des rapports entre politesse et politique, l'évolution de l'idée nationale.
L'invention de codes de civilité est une invention politique, et c'est en analysant leurs relations parfois conflictuelles que l'auteur à la suite de Norbert Elias, cherche à définir ce qui constitue le lien social et fonde le contrat entre les citoyens.
Du XVIe siècle à nos jours, ce livre cherche à donner un sens à l'identité de la France.
Le XVIe siècle marque la naissance du mythe fondateur de l'Occident: celui du Moi et du Sujet-Roi. Face aux interdits religieux et politiques renforcés, hommes et femmes développent des stratégies de "contournement" des valeurs, d'adaptation ou de refus. Les deux sexes ne sont cependant pas égaux dans cette ascension du Moi: exclues de la sphère du pouvoir, les femmes n'ont de choix qu'entre soumission et transgression. La passion est le moyen qu'elles inventent et revendiquent pour s'émanciper de la tutelle masculine et proclamer leur identité. Leur désobéissance est sévèrement punie et les annales judiciaires conservent des récits de procès de femmes adultères, de veuves amoureuses, de célibataires charmeuses, qui ont parfois payé de leur vie la volonté de gagner l'amour ou de défier la domination des hommes. C'est sous la figure emblématique de la reine Margot que Robert Muchembled place ses récits de passions de femmes, en mettant au jour l'histoire de l'Ego féminin.
Jusqu'à une époque très récente, les femmes françaises ont été contraintes par des lois, des principes et des normes sociales entravant leurs ambitions, leur visibilité, leur liberté. Pourtant, elles n'ont jamais été réellement brisées ni fondamentalement assujetties. Beaucoup d'entre elles ont su imposer la prise en compte de leur magie, de leurs désirs, de leurs volontés, se taillant des espaces de liberté, voire de réelles positions de puissance parmi leurs contemporains.
Le grand historien Robert Muchembled nous emmène à la rencontre de toutes ces insoumises : des guérisseuses paysannes du XVIe siècle aux féministes d'aujourd'hui, en passant par les mystiques et « possédées » du XVIIe, mais aussi les favorites, courtisanes ou comédiennes des XVIIIe et XIXe siècles adulées comme des reines et ayant plus de pouvoir qu'elles. Sans oublier un grand nombre de femmes de toutes conditions qui trouvaient divers moyens de contourner les interdits érigés par les hommes. Une autre histoire des Françaises !
En France, le jeu de séduction réciproque galant développé à la Cour dès le règne de François Ier définit l'homme comme séducteur, actif, au contraire de la femme séduisante, passive, créant lentement pour les privilégiés une illusion d'harmonie relative entre les sexes. Paris, reine du monde érotisée, produit en contrepoint les conditions nouvelles d'une séduction féminine capitale, longtemps diabolisée sous les traits de la femme fatale opposée à l'épouse chaste et obéissante, avant de s'apaiser, depuis les années folles, à travers le mythe de la Parisienne au charme exceptionnel.
Les XIXe et XXe siècles connaissent pourtant subrepticement un retour en arrière misogyne, issu d'une réactivation laïque de l'antiféminisme, car pour les bourgeois triomphants le seul rôle féminin décent est, éternellement, celui de conjointe et de mère. À notre époque, le vieux modèle paternaliste fondé sur la primauté multiséculaire du mariage hétérosexuel a volé en éclats. Les femmes affirment de plus en plus leur part de séduction, au point d'engendrer un grand malaise parmi les nouvelles générations masculines, qui n'en possèdent plus le privilège.
Utilisant des productions marquantes - oeuvres littéraires, films, bandes dessinées -, pour repérer les théories et les pratiques, Robert Muchembled convie lectrices/lecteurs à une délectable plongée dans le passé, à la découverte des extraordinaires métamorphoses de la séduction amoureuse : une grande passion française constitutive de l'identité nationale, engagée depuis les années 1970 dans une nouvelle mutation décisive sous le souffle des aspirations libératrices de la féminité.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.