Ces lettres ne feront pas de vous un poète talentueux, là n'est d'ailleurs pas la question. Mais le lecteur se surprendra peut-être à découvrir en Rilke l'un de ses semblables. L'écrivain de génie s'y révèle de fait d'une déconcertante accessibilité. Face aux doutes d'un jeune poète, Rilke conseille et rassure son correspondant, avec patience et humilité.
Et si la poésie dépendait moins du travail sur le texte que d'un travail sur soi ? À défaut de révéler les ressorts de la création littéraire, c'est une véritable éthique que le poète tâche d'exposer.
La traduction de l'écrivain Gustave Roud, longtemps introuvable, révèle brillamment la puissance poétique intacte de ces lettres. Demeure un texte culte, universel : un guide pour tous ceux éprouvant cette « noble inquiétude de vivre ».
Né à Prague en 1875, Rainer Maria Rilke est sans doute le poète de langue allemande le plus important de la première moitié du XXe siècle. Au fil d'une vie ponctuée de nombreux voyages, il liera des amitiés avec quelques-uns des créateurs les plus novateurs de son époque : Auguste Rodin, dont il fut le secrétaire, Boris Pasternak, Marina Tsvetaïeva, Tolstoï, Lou Andreas-Salomé. Rilke succombera, en 1926, à une leucémie.
En proie à de multiples doutes quant à son inspiration, confronté à l'angoisse de la maladie dont il vient de connaître les affres, Rainer Maria Rilke se promène sur les rochers du château de Duino, non loin de Trieste, quand il entend soudain une voix. Celle-ci lui dicte ces mots : "Qui donc, si je criais, m'écouterait dans les ordres des anges ?" Il tient là la première sentence des Élégies de Duino, recueil dont la rédaction s'échelonne de 1912 à 1922. Ces dix années résument à elles seules les interrogations fondamentales du poète et y répondent. Dans ces poèmes, vie et mort ne s'opposent plus. Elles constituent des forces qui forment une "grande unité", un éternel devenir. Une inspiration entièrement renouvelée guide cette prose poétique, expression d'une vie intérieure intense dont elle suit le rythme. Comment vivre avec la menace de la mort ? Comment accepter les limites de l'homme, qui n'est ni animal ni Ange ? L'amour peut lui offrir ce soupçon d'éternité, permettre un dépassement. En acceptant de se plier à sa condition terrestre, l'homme peut résolument accepter la mort. Avec la figure tutélaire de l'Ange, intercesseur entre le monde visible et l'Invisible, la mort devient une condition de l'éternité.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Rainer Maria Rilke. Carnet de notes métaphysique et journal intime de Rilke lui-même, Les cahiers de Malte Laurids Brigge sont composées d'une mosaïque de fragments sur la solitude, l'enfance, la peur, la misère, l'écriture, la poésie et la mort. Malte, transfiguration du poète, est un jeune intellectuel descendant d'une noble famille danoise déchue. Solitaire, il vit dans une petite chambre au cinquième étage et erre dans Paris où il croise des êtres misérables, des fous, des malades. Il médite sur l'existence humaine, observe le monde étrange dans lequel il vit, se remémore ses souvenirs d'enfance, songe à Abelone, la jeune soeur de sa mère, évoque des oeuvres et des personnalités littéraires, note ses états d'âme, ses rêves, ses angoisses et ses joies. L'ouvrage se termine sur une sorte de parabole de l'enfant prodigue racontant l'histoire d'un enfant qui abandonne sa famille parce qu'il ne veut pas être aimé. Pour l'auteur des Lettres à un jeune poète, à l'époque secrétaire particulier d'Auguste Rodin, tout phénomène vécu par les hommes possède un secret aussi insaisissable qu'indicible. "J'apprends à voir...".
"La racine a beau tout ignorer des fruits, il n'empêche qu'elle les nourrit."Ces Notes datent de 1898 et se composent de 40 brefs paragraphes. Rilke a alors 23 ans. On y décèle l'influence implicite de la Naissance de la tragédie. La distinction premier plan / arrière-fond, l'articulation entre solitude et communauté renvoient aux considérations nietzschéennes sur l'apollinien et le dionysiaque. Rilke, comme Nietzsche, appelle de ses voeux une réforme de la scène qui soit, du même coup, un bouleversement dans la culture et jusque dans la vie. L'autre grande influence, manifeste dans cette oeuvre, est celle de l'art italien - en particulier les primitifs - qu'il a découverts au printemps 1898, en visitant l'Italie. Si les réflexions de Rilke peuvent être rapprochées de celles de ses contemporains Max Reinhardt, Meyerhold ou Copeau qui, tous à leur manière, ont voulu en finir avec le théâtre "réaliste" et déclamatoire pour ouvrir la voie à un théâtre d'art, leur portée est évidemment tout autre. à la lumière de ce que sera l'oeuvre de Rilke, c'est sa poésie même qui, ici, se cherche. La mélodie des choses ne le quittera jamais. L'extrême attention portée à la fois au tout proche et à l'immensité de l'ouvert sera, jusqu'à la fin, l'un des traits constants de sa poésie ; la solitude en sera l'élément vital. Ce sont ses poèmes qui dresseront vraiment le théâtre de la mélodie des choses.
Dans ce poème en prose, Rilke relate un épisode de la vie d'un de ses ancêtres, Christoph Rilke, jeune noble parti en guerre en 1663 ; il est porte-drapeau, engagé volontaire dans la cavalerie de l'Empire d'Autriche en guerre contre l'Empire ottoman. Sous la plume du poète, Christoph Rilke devient l'étendard de la passion amoureuse. Durant le périple accompli par l'armée impériale, le cornette se lie d'amitié avec un marquis français qui lui confie en guise de protection une feuille de rose reçue de son amante. Une nuit dans un château de Hongrie, le jeune noble rencontre lui-même l'amour. C'est cependant le moment que l'armée turque choisit pour attaquer. Les cors résonnent, les tambours vibrent, mais le drapeau est absent. Le jeune homme se réveille trop tard, isolé et assailli par les flammes. Mais il veut encore porter haut son drapeau et court à la poursuite de son régiment, sa bannière en feu. Il est malgré tout vite cerné par ses ennemis et trouve la mort sur le champ de bataille. Il n'a alors que 18 ans. Sa dépouille ne sera jamais retrouvée. C'est son frère Otto qui héritera de ses biens.
Prague, ville où Rilke passa son enfance, est sans doute le personnage essentiel de ces deux récits. Le roi Bohusch et Frère et soeur, constituant ces Histoires pragoises, comptent parmi les tout premiers textes de Rilke. Nourris d'éléments autobiographiques, ils évoquent l'atmosphère qui régnait alors à Prague, et, en particulier, l'émergence du sentiment nationaliste anti-allemand de la jeunesse tchèque. Ces pages, écrivait Rilke, « m'ont rendu cher ce que j'avais à demi oublié et elles m'en ont fait don. Car de notre passé nous ne possédons que ce que nous aimons. Et nous voulons posséder tout ce que nous avons vécu ». R.M. Rilke
Après Lettres à un jeune poète, cette émouvante correspondance est une découverte majeure, riche de lumineuses leçons de vie
" Dans la vie, on n'éveille jamais assez souvent le sentiment du commencement en soi, et nul besoin pour cela d'un grand changement extérieur, car nous modifions le monde depuis notre coeur même, et si celui-ci veut bien être neuf et incommensurable, celui-là se présente alors comme au jour de sa création : infini. Si nous devions nous rencontrer un jour et pourquoi cela ne se réaliserait-il pas, vous réclamez que je vous raconte l'histoire d'un commencement nouveau qui se produisit durant une période de mon enfance des plus difficiles et en quelque sorte tout à fait désespérée. Que cela demeure une promesse entre nous. "
Cette émouvante correspondance avec la jeune Anita Forrer est une découverte majeure qui comblera tous les amoureux de l'oeuvre de Rainer Maria Rilke. Rendu pour la première fois accessible en langue française, cet échange épistolaire, qui peut se lire comme le prolongement des Lettres à un jeune poète, ouvrit à Anita Forrer des espaces spirituels insoupçonnés et donna un sens nouveau à son existence. Rilke fut son guide et son confident, comme il l'avait été quinze ans plus tôt pour Franz Xaver Kappus. Les lectrices et lecteurs d'aujourd'hui puiseront à leur tour dans ce texte inédit de lumineuses leçons de vie.
Trois textes brefs, Samskila, Poupées de cire et Mitsou, sont réunis par une même tension qui va de l'étrangeté au paradoxe jusqu'à l'expérience de la perte. En annexe, La Morale du joujou de Baudelaire.
Auguste Rodin (1840-1917) intensiviertseine zeichnerische Tätigkeit als etwa 10-Jähriger und besucht ab 1854 in der Zeichen- und Mathematikschule La Petite ÉcoleKurse von Henri Lecoq de Boisbaudran (1802-1897) und des MalersJean-Hilaire Belloc (1786-1866). Dort entdeckt er für sich die Bildhauerei. Er verlässt 1857diese Schule und versucht, an der berühmten École nationale supérieure des beaux-artsaufgenommen zu werden, scheitert aber dreimal.Ab 1864 beginnt eineachtjährige Zusammenarbeit mit dem Bildhauer Albert-Ernest Cartier-Belleuse (1824-1887), der sich eine 1873 Kooperation mit dem belgischen Bildhauer Antoine-Joseph van Rasbourgh (1831-1902) anschließt.
Zu seinen ersten großen Werken zählen u. a. Der Mann mit der gebrochenen Nase(1864), die später vom franzsischen Staat angekauftelebensgroße Figur Das eherne Zeitalter(1875/1876), der auch für das zukünftige Museum der dekorativen Künsteein nie fertiggestelltes Portalbestellte. Diesen Arbeiten folgten im Lauf der Jahreu. a. Der Kuss (1886),die Bürger von Calais(1889) und Der Schreitende(1877-1880 und 1900). Seine Hauptarbeit ist wohl Das Hllentor(1880-1817), an dem er 37 Jahre lang und bis kurz vor seinem Tod arbeitete und aus dem seine bekannteste andere Figur, Der Denker, stammt, dessen Kopie über dem Grab der ebenfalls 1917 gestorbenen, spät geheirateten Rose Beuret steht.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Rainer Maria Rilke. À la fois poème lyrique en prose, récit épique et méditation sur l'expérience de la vie et de la mort, le Chant de l'amour et de la mort s'inspire du tragique souvenir de l'un des ancêtres du poète, le cornette (porte-étendard) Christophe Rilke qui, après avoir découvert l'amour dans les bras d'une jeune femme, est tué lors d'une chevauchée héroïque pendant une bataille entre les armées de l'Empire austro-hongrois et de l'Empire ottoman. Pour l'auteur même des Lettres à jeune poète, cette oeuvre de jeunesse écrite en une seule nuit a "le rythme du sang qui le traverse, qui le porte, qui l'entraîne d'un bout à l'autre, sans qu'il y ait un moment d'hésitation ou d'incertitude."
Today still considered a "Bad Boy", Pascin was a brilliant artist who lived and worked in the shadow of contemporaries such as Picasso, Modigliani, and several others. A specialist of the feminine form, his canvasses are as tormented as his party lifestyle. The artist, considered scandalous for the erotic character of his works, exhibited in numerous Salons, notably in Berlin, Paris, and New York.
Après le décès tragique de son mari, Mme Wanka arrive à Prague avec ses deux enfants, Zdenko, 20 ans, et Louisa, 18 ans. Un monde nouveau s'ouvre alors aux deux jeunes gens. Mais tandis que Louisa connaît encore les peurs de l'enfance, son frère, étudiant en médecine, s'affirme. Très vite, il se mêle à la jeunesse tchèque nationaliste. Un engrenage qui ne se révélera pas sans danger. Au prix de nouvelles épreuves, Louisa devra alors mûrir pour devenir une femme.
Un récit plein de finesse sur les tumultes du passage à l'âge adulte.
Première partie
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TRADUCTION ET PRÉFACE DE LIONEL-ÉDOUARD MARTIN
ÉDITION BILINGUE
Si Rainer Maria Rilke (1875-1926) est sans doute un des poètes d'expression allemande les plus universellement connus du premier quart du XXe siècle (et « le meilleur poète d'Europe » aux yeux de Verhaeren), en France on lit surtout ses Lettres à un jeune poète et ses deux grands recueils des années 1920 (Les Élégies de Duino et les Sonnets à Orphée), pour ne retenir de ses Poèmes nouveaux, publiés en deux tomes en 1907 et 1908, que quelques poèmes emblématiques tels que La panthère ou La cathédrale.
Or, c'est avec ce livre (et son pendant narratif, écrit à la même époque : Les Cahiers de Malte Laurids Brigge) que Rilke devient vraiment lui-même, qu'il commence à manifester son projet poétique (et la voix pour l'accompagner) tel que Maurice Blanchot le formulera plus tard en écrivant : « Voir comme il faut, c'est essentiellement mourir, c'est introduire dans la vue ce retournement qu'est l'extase et qu'est la mort. Ce qui ne signifie pas que tout sombre dans le vide. Au contraire, les choses s'offrent alors dans la fécondité inépuisable de leur sens que notre vision habituellement ignore, elle qui n'est capable que d'un seul point de vue. »
Ce sont ces « poèmes de l'oeil », de l'oeil posé sur les choses et les paysages, sur les monuments, sur les scènes d'intérieur, sur tout ce qui fait le monde sensible, que nous souhaitons [re]faire découvrir au lecteur français, dans une édition bilingue (actuellement la seule disponible sur le marché éditorial) et dans une traduction nouvelle qui cherche à rendre, avec toutes les difficultés de l'entreprise, la beauté du texte original.
Image de couverture : Max Slevogt, Die schwarzen Panther
Longtemps après sa disparition (en 1926), l'oeuvre de Rainer Maria RILKE reste toujours très vivante, parce qu'elle peut parler à chacun. Par-delà les différences de culture et de sensibilité. Si nous cherchons des réponses à nos questions les plus fortes, alors Rilke devient un vrai passeur : celui qui aide à montrer le chemin. Les Elégies de Duino et Les Sonnets à Orphée, qui représentent le centre de gravité de cette oeuvre, nous disent que l'existence est pleinement vécue si l'on accepte la mort, et qu'il faut aimer ce monde pour lequel nous sommes faits, malgré tout. Leçons de vie, ces grands poèmes se situent entre soleil et ombre, là où la lumière ne blesse pas les yeux, mais éclaire le coeur.
De même qu'Alban Berg treize ans plus tard dédiera son concerto pour violon « à la mémoire d'un ange », Rilke compose en 1922 - et comme d'un seul souffle en trois semaines - les 55 sonnets constitutifs des Sonnets à Orphée à la mémoire (comme « tombeau », écrit-il en sous-titre du cycle) de Véra Ouckama Knoop (1900-1919), jeune danseuse qu'il avait prise en affection et qu'il incarne dans la figure d'Eurydice, pour dire que, face à la mort, il n'est d'espoir que de re-vie. Cette dernière, seul le chant du poète archétypal - le chant d'Orphée -, permet de l'envisager, au sens premier du verbe : ainsi voit-on la rose refleurir chaque année ; ainsi la fleur coupée, languissante, recouvre-t-elle sa vigueur pour peu qu'on la dispose dans un vase et l'humecte ; ainsi le printemps se révèle-t-il riche de promesses au sortir de l'hiver ; ainsi l'eau des aqueducs longe-t-elle, vive et perpétuelle, les tombeaux pour alimenter la bouche volubile des fontaines. Une strophe parmi d'autres dans le recueil résume peut-être cet espoir et cette sérénité :
Seul qui mangea avec les morts
du pavot, leur pitance,
saura des plus légers accords
garder la souvenance.
Comme si la mort seule nous unissait au chant. Comme si la mort seule en était l'origine.
Était-il, cet élan, dans l'auto qui virait ?
Ou bien dans le regard, où l'on prit et retint,
pour les perdre à nouveau, les baroques figures
d'anges qui se dressaient, parmi les campanules,
dans la prairie, emplies de souvenirs, avant
que le parc du château n'encerclât, clos, la course,
et qu'il ne la frôlât, qu'il ne la recouvrît,
la relâchant soudain : le portail était là,
qui, comme s'il l'avait appelé, désormais
contraignait à tourner le long front du bâti,
après quoi l'on stoppa. Éclat d'un glissement
sur la porte vitrée ; et par son ouverture
jaillit un lévrier, qui porta ses flancs creux,
comme il en descendait, contre le plat des marches.
Ce sont ces « poèmes de l'oeil », de l'oeil posé sur les choses et les paysages, sur les monuments, sur les scènes d'intérieur, sur tout ce qui fait le monde sensible, que nous souhaitons [re]faire découvrir au lecteur français, dans une édition bilingue (actuellement la seule disponible sur le marché éditorial) et dans une traduction nouvelle qui cherche à rendre, avec toutes les difficultés de l'entreprise, la beauté du texte original.
« Rainer, le soir tombe, je t'aime. Un train hurle. Les trains sont des loups, les loups c'est la Russie. Pas un train, non - c'est toute la Russie qui hurle après toi. Rainer, ne sois pas fâché contre moi, fâché ou pas, cette nuit je couche avec toi. Une fissure dans l'obscurité, parce qu'il y a des étoiles, je ferme : la fenêtre. (Quand je pense à toi et moi je pense fenêtre, pas lit.) Les yeux grands ouverts, car dehors il fait encore plus noir que dedans. Le lit est un bateau, nous partons en voyage. » M.T.
C'est par Boris Pasternak, alors au début de sa carrière d'écrivain, que Marina Tsvétaïeva entre en correspondance avec celui qui incarne la poésie, le grand Rainer Maria Rilke. « Poétesse-née », d'après les mots de Pasternak, elle séduit Rilke et leurs échanges deviennent très vite aussi amoureux que poétiques. Leur correspondance ne durera que quatre petits mois, entre mai et septembre 1926. Elle s'arrête brutalement, avec la maladie de Rilke et sa mort le 29 décembre 1926, sans qu'ils n'aient pu jamais se rencontrer. Cette passion épistolaire et éthérée est une histoire d'amour comme on les aime, triste et belle.
Ce livre audio a reçu en 2019 un Coup de coeur de la parole enregistrée de l'Académie Charles Cros, catégorie Correspondances,
Écrits en 1922 à Muzot, dans le Valais, en « quelques jours de saisissement immédiat » et conjointement aux dernières Élégies de Duino, auxquelles ils sont jumelés, les Sonnets à Orphée, sont une oeuvre magistrale et cristalline de Rilke. Après des décennies de traductions diverses, ils n'ont pas perdu un iota, ou un électron, de leur magnétisme, de leur puissance dionysiaque. Rilke affirme « le chant est existence » et son chant perpétue, en effet, une vibration lyrique de l'existence et de la pensée.
Le poète, selon Goethe, atteint au plus haut degré de l'art lorsqu'il rivalise avec la réalité, c'est-à-dire lorsque ses tableaux sont tellement animés par l'esprit, que chacun croit les avoir sous les yeux. À son plus haut point de perfection, la poésie paraît toute extérieure ; plus elle se retire dans le monde intérieur, plus elle est en danger de se perdre. Représenter le sentiment intérieur sans le revêtir d'une forme matérielle empruntée au monde extérieur, ne pas animer et spiritualiser la forme extérieure, sont les deux extrêmes par lesquels on entre dans la prose. Ce qui manque à la plupart de nos jeunes poètes, c'est que les sentiments personnels qu'ils expriment n'ont pas assez d'importance, et qu'ils ne savent pas trouver des images dans le monde qui les entoure. Dans les cas les plus favorables, il leur arrive de trouver des formes qui traduisent fidèlement leur pensée et répondent à la situation de leur âme ; mais saisir des images pour elles-mêmes, parce qu'elles sont poétiques, et lors même qu'elles ne seraient point en harmonie avec notre disposition intérieure, c'est à quoi ils ne songent pas... - -
Des conseils aux jeunes poètes, avec les réflexions de Goethe, Rainer Maria Rilke, Sully Prudhomme (prix Nobel de littérature), Jonathan Swift.