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Hegel : temps et histoire
Jean-Marie Vaysse
- Presses universitaires de France (réédition numérique FeniXX)
- Philosophies
- 5 November 2015
- 9782130683056
Le temps relevant, chez Hegel, de la nature et de l'esprit, on ne peut se borner à dire que tout advient et passe dans le temps, car il est lui-même ce surgissement et ce passage. Si la mobilité est le concept fondamental d'une logique permettant de penser la nature et l'esprit, la question de la temporalité traverse ces deux règnes, et met fin à la rupture entre nature et histoire. Forme de l'extériorité du vrai appelant sa suppression, le temps ouvre une histoire par laquelle l'éternité vit dans un temps effectif auquel elle donne sens. Hegel a compris en quoi l'être procède du temps, qui est expression de la mobilité infinie du devenir, extériorisation d'une négativité advenant dans le monde comme histoire. La pensée du temps est pensée du présent et non métaphysique de la présence : tel est le sens de ce que l'on peut appeler le hégélianisme.
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Spinoza est le penseur de la totalité qui, allant de l'être au connaître, fait, contre la tradition métaphysique, de l'Absolu le principe d'affirmation d'une finitude essentielle et montre que l'homme, tout en n'étant pas « comme un empire dans un empire », peut cependant accéder au savoir de son appartenance à la totalité comme cause prochaine, en une intuition intellectuelle que la tradition réservait à Dieu. Heidegger est le penseur de la finitude ontologique, pour qui la pensée de l'Être est ancrée dans l'analytique du Dasein comme cet étant dont la seule essence est l'existence finie. Là où Spinoza propose une éthique excédant la logique de la métaphysique, Heidegger entreprend un travail de déconstruction de celle-ci, visant à sa métamorphose en une autre pensée permettant de rejouer le logos, la mort, le divin. Heidegger parle peu de Spinoza qui semble court-circuiter le fil historial de sa lecture de la métaphysique. Comment comprendre ce quasi-silence, si ce n'est en admettant que l'éthique fait retour dans l'ontologie fondamentale? L'ethos doit alors se penser comme un séjour, qui est tout à la fois un habiter et une manière d'exister ordonnés à une vérité de l'Être. Celui-ci n'est le transcendant absolu qu'en tant qu'il n'est pas un transcendant ontique mais l'immanence de ce fond abyssal auquel tout ek-sister doit s'arracher et à partir duquel il trouve sa tenue. Joie active la béatitude est l'affect ontologique par excellence, et elle est aussi l'angoisse comme sérénité. Le mutisme de Heidegger pourrait ainsi signifier un accord impensé avec la seule pensée qui ne se laisse pas intégrer dans une histoire de l'Être et qui demeure comme une « anomalie sauvage ».
Jean-Marie Vaysse (1950-2011) était Professeur de philosophie à l'Université Toulouse II-Le Mirail. -
Communauté et modernité
Gérard Raulet, Jean-marie Vaysse
- Editions L'Harmattan
- La philosophie en commun
- 1 June 1995
- 9782296306813
La communauté n'est pas, contrairement à ce qui est généralement admis, une notion pré- ou anti-moderne mais bien, comme cet ouvrage s'efforce de le montrer, un opérateur logique essentiel dans la manière dont la modernité se pense et, du même coup, un enjeu essentiel dans le débat actuel autour de la "condition post-moderne".