Nous sommes au début des années 1500 à Hispaniola (actuellement Haïti). Après le génocide perpétré par les conquérants espagnols à l'encontre des Indiens autochtones et le repeuplement de l'île par l'arrivée d'esclaves noirs venus d'Afrique, les Indiens survivants se trouvent à la croisée des chemins: doivent-ils reprendre la lutte armée contre un occupant plus cruel que jamais, avec le renfort des esclaves noirs devenus leurs alliés naturels ? Doivent-ils au contraire pactiser avec un ennemi ébranlé par le courage, l'intelligence, la ténacité de la résistance qui lui est opposée ? C'est dans ce contexte historique que se situe le drame de Jean Métellus, dont le personnage central est le Cacique Henri. Ce chef indien, élevé et formé aux humanités par l'évêque Las Casas, tout en restant attaché aux traditions séculaires de son peuple, s'engage alors dans un implacable combat contre les Espagnols, en usant toutefois avec les vaincus d'une insolite générosité. Sa femme Adoracíon, avec qui il rêve de « réinventer la vie au coeur des montagnes », l'aidera à construire une sorte de cité idéale, d'où seront bannis les antagonismes raciaux et les inégalités sociales. Mais le rapport des forces est tel que l'heure du choix arrive inexorablement. Qui l'emportera, du Cacique, enclin, pour assurer la liberté des Indiens, à céder aux habiles avances des envoyés de Charles Quint, au prix du sacrifice de ses frères noirs, ou d'Adoracíon, déterminée, dont la féminité intransigeante a des accents étonnamment modernes? Après « Anacaona » où Jean Métellus faisait revivre le destin de la jeune reine, brûlée vive sur la croix par les successeurs de Colomb, cet « Henri le Cacique » nous plonge à nouveau au coeur de la réalité haïtienne dont la sorcière Amaranta prédit la douloureuse pérennité.
Le deuxième ouvrage de Jean Métellus avec Jean-Jacques Dessalines omniprésent. Après L'année Dessalines , Jean Métellus nous fait découvrir ceux qui ont, dans la continuité du travail de Toussaint Louverture, libéré Haïti. Les personnalités des Généraux Dessalines, Christophe, Pétion, ainsi que celles de Leclerc, Andrieux et Rochambeau sont exposées. Outre l'aspect dramatique qui empoigne le lecteur, les tirades qui sont, en fait, plus des poèmes en disent long sur l'émotion et le caractère tragique des situations.
À propos de « Au Pipirite Chantant » Claude Mouchard écrivait ce texte qui pourrait introduire « Hommes de Plein Vent » : Ces figures hautaines et familières tournent lentement, développent graduellement toute leur stature - Piero della Francesca zébrés du soleil des tropiques... Certes, nous sommes bien, nous aussi, lecteurs occidentaux, visés par un tel écrit, mais c'est à notre place et dans nos responsabilités propres. Rien qui ne soit source ou cratère, présence excessive, éruptive, s'enveloppant impérieusement elle-même.